Avertissement
Depuis 2024, l’estimation de l’empreinte carbone est coproduite par l’Insee et le SDES selon une méthodologie révisée fondée sur les tableaux internationaux entrées-sorties « Figaro » développés par Eurostat.
La publication Émissions de gaz à effet de serre et empreinte carbone de la France : une baisse significative en 2023 analyse plus précisément l’évolution des émissions des unités résidentes et de l’empreinte carbone au regard de l’activité économique. Une note détaille la méthodologie employée pour l’estimation (voir bloc méthodologie).
L’empreinte carbone estimée à 9,4 t CO2 eq par personne
En 2023, l’empreinte carbone est estimée à 644 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq), soit en moyenne 9,4 tonnes équivalent CO2 par personne.
Les émissions associées aux importations représentent un peu plus de la moitié de l’empreinte (56 %, soit 362 Mt CO2 éq). Parmi celles-ci, 146 Mt CO2 éq (23 %) sont associées à des biens et services destinés à la demande finale intérieure et 216 Mt CO2 éq (33 %) à des importations de matières premières ou des produits semi-finis pour répondre aux besoins de l’appareil productif en France.
Les émissions intérieures (44 %) se composent de 101 Mt CO2 éq émises directement par les ménages (16 %) via l’équipement de chauffage de leur logement ou la combustion de carburants de leurs véhicules et de 180 Mt CO2 éq (28 %) associées à la production intérieure de biens et services destinés à la demande finale française.
Les émissions liées aux importations représentent près du triple de celles liées aux exportations. Compte tenu de ce solde d’émissions déficitaire, l’empreinte carbone est 60 % plus élevée que les émissions des unités résidentes (403 Mt CO2 éq).
L’empreinte carbone et les inventaires de GES en 2023
En Mt CO2 eq
Note : en 2023, l’empreinte carbone de la demande finale est de 644 Mt CO2 éq. Elle se décompose en 362 Mt CO2 éq d’émissions importées, 180 Mt CO2 éq d’émissions intérieures et 101 Mt CO2 éq d’émissions directes des ménages.
Champ : France et Saint-Martin ; GES (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).
Sources : Insee ; Eurostat ; Douanes ; Citepa ; OCDE. Traitements : Insee et SDES, 2024
L’empreinte carbone d’un pays correspond aux émissions de gaz à effet de serre (GES) associées à sa demande finale intérieure. Celle-ci est constituée de la consommation des ménages, des administrations publiques, des organismes à but non lucratifs ainsi que des investissements, qu’ils proviennent de biens et services produits sur le territoire national ou importés. Elle inclut également les émissions directes des ménages liées à l’usage de leur logement ou de leur véhicule.
L’inventaire national des unités résidentes (compte d’émissions dans l’air également dénommé, AEA pour Air Emissions Accounts) comptabilise, pour sa part, les émissions de GES générées par les activités des unités économiques résidentes en France. Il inclut donc les émissions associées aux exportations, mais pas celles associées aux importations. L’inventaire de GES des unités résidentes reprend les informations de l’inventaire « Secten » sur les GES émis sur le territoire national par les activités économiques et les ménages mais applique, pour le transport uniquement, le principe de résidence : les émissions des étrangers en France sont exclues alors que les émissions des Français à l’étranger sont incluses. Les émissions au format AEA sont légèrement supérieures aux émissions au format « Secten » (403 Mt CO2 éq contre 373 Mt CO2 éq en 2023).
Une baisse de 13,4 % entre 1990 et 2023
En 2023, l’empreinte diminue de 4,1 % par rapport à 2022 et présente un niveau inférieur de 6,9 % à celui de 2019 (- 48 Mt CO2 éq). Les émissions importées se replient de 5,5 % (- 21,0 Mt CO2 éq), expliquant ainsi les trois quarts de la baisse totale de l’empreinte carbone, alors que les émissions intérieures (hors ménages) sont quasi stables (- 1,4 %, soit - 2,5 Mt CO2 éq). La mise à l’arrêt de l’économie en 2020 avait provoqué une baisse historique de l’empreinte entre 2019 et 2020 (- 10,3 %), suivie d’un rebond en 2021 (+ 7,4 % par rapport à 2020) et dans une moindre mesure en 2022 (+ 0,8 % par rapport à 2021) avec la fin progressive des restrictions de déplacement et la reprise de l’activité économique.
En 2023, l’empreinte carbone de la France est inférieure de 13,4 % à son niveau de 1990. Après avoir connu une hausse sensible au cours des années 2000, elle se réduit quasi continûment depuis la crise financière de 2008 (- 1,7 % par an en moyenne entre 2010 et 2023). Entre 1990 et 2023, les émissions directes des ménages et celles des activités économiques intérieures hors exportations ont nettement baissé (- 19,7 % et - 39 % respectivement), alors que les émissions importées augmentaient de 12,6 %. Plusieurs facteurs contribuent à cette hausse comme la délocalisation de certaines productions ou l’augmentation de la demande finale française pour des produits principalement produits à l’étranger.
Compte tenu de l’augmentation de la population, la baisse de l’empreinte carbone rapportée au nombre d’habitants est plus marquée : - 26 % entre 1990 (12,8 t CO2 éq/personne) et 2023 (9,4 t CO2 éq/personne).
Évolution de l’empreinte carbone selon l’origine des émissions de 1990 à 2023
En Mt CO2 eq
Lecture : en 2023, les émissions de GES associées aux importations s’élèvent à 362 Mt CO2 éq.
Note : pour l'empreinte carbone, les données de 1990 à 2009 sont rétropolées à partir du calcul de l'année 2010, et les données 2022 et 2023 sont provisoires.
Champ : France et Saint-Martin ; GES (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).
Sources : Insee ; Eurostat ; Douanes ; Citepa ; OCDE. Traitements : Insee et SDES, 2024
73 % des GES de l’empreinte carbone sont du CO2
L’empreinte carbone peut être ventilée sous différentes formes, notamment pour répondre aux questions suivantes :
- quelles sont les parts des différentes substances gazeuses dans l’estimation de l’empreinte ?
- dans quels pays sont émis les GES de l’empreinte de la France ?
- quelles branches d’activité dans le monde émettent les GES de l’empreinte de la France ?
- dans quels biens et services de la demande finale intérieure française sont incorporées les GES ?
- quels sont les secteurs institutionnels qui induisent les émissions de l’empreinte ?
- quels sont les grands postes de consommation de l’empreinte ?
Décomposition de l’empreinte carbone de la France en 2021
* FBCF = formation brute de capital fixe.
** APU = administrations publiques.
Lecture : chaque barre représente l'empreinte carbone 2021 de la France décomposée différemment.
Champ : France et Saint-Martin ; GES (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).
Sources : Insee ; Eurostat ; Douanes ; Citepa ; OCDE. Traitements : Insee et SDES, 2024
73 % des GES de l’empreinte carbone sont du CO2 provenant principalement de la combustion d’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon) et de procédés industriels. 20 % de l’empreinte carbone est constituée de méthane (CH4) issu de la fermentation entérique des ruminants, de la décomposition organique des déchets et de l’extraction de produits fossiles. Le protoxyde d’azote (N2O), principalement lié aux utilisations d’engrais azotés dans l’agriculture, représente 6 % de l’empreinte. Le solde des GES est constitué des gaz fluorés utilisés dans l’industrie, dans les aérosols ou pour la réfrigération. Comme pour les inventaires, les émissions liées à l’usage des terres, leur changement d’affection et les forêts (UTCATF) ne sont pas comptabilisées.
13 % des GES de l’empreinte carbone ont été émis dans l’Union européenne (UE) – (hors France) en 2021. Si l’UE27 est ainsi à l’origine de près d’un quart des émissions importées, c’est toutefois moins que la part que représentent les produits de l’UE dans les importations françaises (54 %). En effet, les biens produits dans l’UE et importés en France incorporent en partie des émissions extra-européennes (matières premières, énergie, etc.). En 2021, la Chine (9 % des GES de l’empreinte carbone de la France), la Russie (6 %) et les États-Unis (2 %) sont les principaux pays non européens de provenance des GES de l’empreinte carbone.
L’industrie (22 %), l’agriculture (17 %) et les activités extractives (8 %) sont à l’origine de près de la moitié des émissions comptabilisées dans l’empreinte carbone. Ces branches d’activité, situées partout dans le monde, contribuent fortement à la production de biens ou de services destinés à la demande finale intérieure française. La production et la distribution d’électricité et de chaleur et la distribution de gaz représentent 15 % des émissions et les transports 8 % (sans compter les émissions directes des ménages pour leurs transports avec leurs véhicules).
Plus des deux tiers des émissions de l’empreinte carbone sont concentrées dans des biens industriels manufacturés (36 %), des services marchands ou publics (20 %) et des biens et services de la construction (12 %) consommés par les Français. Les émissions de la construction incorporent notamment les émissions originelles de l’acier, du ciment, du verre mobilisés comme matières premières.
62 % des GES de l’empreinte carbone sont associés à la consommation finale, 20 % aux investissements des acteurs économiques, 17 % aux émissions directes des ménages, via le chauffage de leur logement ou la combustion de carburant de leurs véhicules, et 1 % aux variations de stocks. Plus de 80 % des émissions de la consommation finale proviennent des ménages, le reste venant des administrations publiques et des institutions à but non lucratif. 60 % des investissements sont réalisés par des entreprises, 16 % par les administrations publiques et 23 % par les ménages.
Les émissions associées aux biens et services consommés peuvent être affectées à de grands « postes de consommation » afin de mieux identifier l’impact sur le climat de nos modes de vie. Les déplacements, l’habitat et l’alimentation concentrent 68 % de l’empreinte carbone, en proportions pratiquement équivalentes. Les services publics représentent 12 % des émissions de l’empreinte carbone.
L’empreinte carbone moyenne d’un Français supérieure de 50 % à la moyenne mondiale
Les comparaisons internationales d’empreinte carbone, estimées à partir des tableaux internationaux entrées-sorties développés par Eurostat, montrent une grande variabilité selon les pays.
L’empreinte carbone moyenne mondiale est de 6,6 t de CO2 éq par personne. Certains pays (Amérique du Nord, Moyen-Orient) ont des empreintes carbone supérieures à 20 t de CO2 éq par personne alors que d’autres présentent des empreintes carbone inférieures à 3 t de CO2 éq par personne.
Ainsi, en moyenne, le mode de vie d’un Américain a un impact sur le climat près de 8 fois plus important que celui d’un Indien. L’empreinte carbone moyenne d’un Français est supérieure de 50 % à la moyenne mondiale mais un peu inférieure à la moyenne de l’UE27 (10,5 t de CO2 éq par personne) et à l’empreinte carbone d’un Chinois.
Comparaison internationale d’empreintes carbone en 2021
En tonnes de CO2 éq par habitant
Champ : GES (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).
Sources : pour les données françaises : Insee ; Eurostat (FIGARO) ; Douanes ; Citepa ; OCDE ; pour les autres pays : Eurostat (FIGARO) ; ONU. Traitements : Insee et SDES, 2024
Par construction, l’estimation de l’empreinte carbone conduit à attribuer les émissions de GES au consommateur final. Pour autant le consommateur ne peut être seul responsable de son empreinte carbone. Si les comportements individuels sont un levier de réduction d’empreinte, les politiques publiques et les conditions de production des biens et services peuvent également contribuer à réduire les GES de l’empreinte carbone.
Auteurs : Manuel BAUDE, SDES et Sylvain LARRIEU, Insee
Méthodologie
L'empreinte carbone de la France est un indicateur calculé par le Service des données et études statistiques (SDES) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Le calcul de l’empreinte carbone d’un pays n’est pas encadré par des normes ou des règles internationales ou nationales. Il existe différentes approches méthodologiques. La modélisation macroéconomique (calcul « input-output ») est la méthodologie privilégiée par les organismes statistiques internationaux et la communauté scientifique. C’est également l’approche méthodologique retenue par le SDES et l’Insee.
Les modalités de calcul sont détaillées dans la note méthodologique « Estimation de l’empreinte carbone de la France entre 1990 et 2023 » (novembre 2024).
L’indicateur de l'empreinte carbone est calculé :
- pour l’ensemble de la demande finale intérieure (consommation des ménages, Formation brute de capital fixe, consommation des administrations publiques, des institutions sans but lucratif au service des ménages) ;
- pour l'ensemble des GES : CO2, CH4, N2O et gaz fluorés (GF) ;
- pour la France et les outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin), soit le « périmètre de Kyoto ».
Pour les années 2010 à 2021 : l'empreinte carbone est calculée selon la méthode SNAC simplifiée fondé sur le modèle « Figaro » développé par Eurostat. Les contenus unitaires en GES des importations résultent de l'exploitation du tableau international entrées-sorties (MRIO) « Figaro ». Les données nationales utilisées (demande finale, production, commerce international) sont tirées des comptes nationaux diffusés par l'Insee. Les émissions de GES au format Air Emissions Account (AEA ou comptes d'émissions dans l'air) sont estimées par Eurostat ou le Citepa pour la France. Les données d'émissions et les données économiques sont présentées dans la nomenclature NACE en 64 positions.
Pour les années 2021 à 2023 : l’empreinte carbone fait l'objet d’une « estimation provisoire ». Les émissions intérieures sont estimées à partir de données provisoires mais exhaustives alors que les contenus unitaires des importations prolongent les tendances passées.
Pour les années 1990 à 2009 : l’empreinte carbone est rétropolée depuis l'année 2010. Les émissions intérieures sont estimées en fonction de l’évolution de l’intensité en GES de la production nationale (correspondant au contenu unitaire en émissions des exportations) et leur volume. Les émissions importées sont estimées en fonction de l'évolution de l'intensité en GES du PIB de la production mondiale et du volume des importations.
Données
Les données diffusées sont afférentes aux émissions nationales et aux émissions contenues dans l’empreinte carbone.