En 2021, l’empreinte carbone par habitant est estimée à 8,9 t CO2 eq
En 2021, selon des estimations provisoires, l’empreinte carbone est estimée à 604 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 eq). Après la baisse historique des émissions entre 2019 et 2020 (- 9,0 %) liée à la crise sanitaire, l’empreinte carbone augmente de 7,4 % entre 2020 et 2021.
Les émissions associées aux importations représentent un peu plus de la moitié (51 %) de l’empreinte. Elles proviennent :
- des biens et services importés et destinés à la demande finale intérieure (132 Mt CO2 eq) ;
- des matières premières ou des produits semi-finis importés et consommés par l’appareil productif intérieur (176 Mt CO2 eq).
Le reste de l’empreinte carbone (49 % en 2021) est composé d’émissions intérieures :
- 113 Mt CO2 eq émises directement par les ménages ;
- 183 Mt CO2 eq associées à la production intérieure de biens et services destinées à la demande finale française hors exportations.
Par rapport à 1995, l’empreinte carbone de la France a diminué de 9 %. Les émissions intérieures ont nettement baissé (- 27 %) tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues de 20 %. Après une progression entre 1995 et le milieu des années 2000, le niveau de l'empreinte amorce une décroissance sur la dernière décennie.
En 2021, l’empreinte carbone par personne est estimée à 8,9 t CO2 eq (estimation provisoire). Compte tenu de l’augmentation de la population, l’évolution de l’empreinte carbone rapportée au nombre d’habitants diminue significativement (- 20 %) entre 1995 (11,2 t CO2 eq/personne) et 2021. Entre 1995 et 2005, l’empreinte carbone par personne s’est maintenue à un niveau d’environ 11 t CO2 eq, avant d’amorcer une décroissance.
En 2018, année pour laquelle le dernier calcul dit « détaillé » est disponible (voir méthodologie), l’empreinte carbone est estimée à 620 Mt CO2 eq, en baisse de 6,5 % par rapport à 1995. Rapportée à la population, l’empreinte carbone par personne est estimée à 9,2 t CO2 eq en 2018.
En Mt CO2 eq
(e) = estimations provisoires.
Note : l'empreinte carbone couvre les trois principaux gaz à effet de serre : le CO2, le CH4 et le N2O ; données non-corrigées du climat.
3/4 de l’empreinte concernent les déplacements, l’habitat et l’alimentation
En 2021, l’empreinte carbone est composée pour 78 % de CO2, 15 % de CH4 et 7 % de N2O (estimation provisoire).
En Mt CO2 eq
(e) = estimations provisoires.
L’empreinte carbone peut être décomposée en biens et services consommés pour satisfaire la demande finale, et en émissions directes des ménages.
Cette décomposition est conforme à la nomenclature des activités françaises (NAF) désagrégée en 64 classes de produits (biens et services). Les gaz à effet de serre sont ici affectés aux biens ou services consommés en tenant compte des émissions de toutes les branches d’activités ayant contribué à la production de ces biens ou services. Les émissions directes des ménages ainsi que celles associées à cinq produits de la NAF représentent à elles seules plus de la moitié de l’empreinte carbone (56 %) : la consommation de carburants pour les véhicules particuliers, le chauffage des logements ainsi que les émissions associées à la consommation de biens agroalimentaires et agricoles, de travaux de construction et de produits énergétiques.
En kt CO2 eq
Les émissions associées aux biens et services consommés peuvent être affectées à de grands « postes de consommation » afin de mieux identifier l’impact sur le climat de nos modes de vie. Les déplacements, l’habitat et l’alimentation représentent les trois quarts de l’empreinte carbone (voir La décomposition de l’empreinte carbone de la demande finale de la France par postes de consommation, Document de travail , juillet 2022).
En tonnes de CO2 eq par an et par personne
Comparaison des estimations d’empreinte carbone
Les modalités de calcul de l’empreinte carbone ne sont ni normées ni standardisées à l’échelle internationale. L’approche développée par le Service des données et études statistiques (SDES) est fondée sur une modélisation macro-économique « input-output » également mobilisée par la plupart des organismes statistiques internationaux.
Les sources de données et hypothèses retenues pour l’élaboration des modèles de calcul sont propres à chaque producteur.
Sont présentés ci-après les résultats du modèle « Icio » de l’OCDE qui couvre uniquement le CO2 d’origine énergétique, ainsi que ceux issus du modèle « Exiobase » qui portent sur l’ensemble des GES et ceux issus du modèle « Figaro » d’Eurostat qui ne porte que sur le CO2.
- L’empreinte carbone de la demande finale estimée par l’OCDE (CO2 d’origine énergétique uniquement)
L’OCDE calcule une empreinte carbone en s’appuyant sur un périmètre de GES plus restreint (CO2 énergétique uniquement) que celui de l’indicateur français (CO2, CH4, N2O). La méthodologie de calcul de l’empreinte n’est pas non plus identique à celle de la France.
Selon les estimations de l’OCDE, en 2018 (année la plus récente disponible), l’empreinte carbone de la France (6,8 t CO2/habitant) est inférieure à la moyenne européenne (7,8 t CO2/habitant). En 2018 l’empreinte carbone de l’Allemagne calculée par l’OCDE était de 10,4 t CO2/habitant et la moyenne mondiale s’établissait à 4,4 t CO2/habitant.
L’estimation de 2018 de l’OCDE pour la France (6,8 t CO2/habitant) est un peu inférieure à l’estimation du SDES pour la même année : 7,3 t CO2/habitant. À noter que le SDES tient compte du CO2 issu de la combustion d’énergie et de celui issu des procédés industriels alors que l’OCDE estime l’empreinte carbone pour le CO2 issu de la combustion d’énergie uniquement.
En t CO2 (CO2 d’origine énergétique uniquement)
- La comparaison de l’estimation d’empreinte du SDES et des estimations issues du modèle « Exiobase » de l’OCDE et de « Figaro » d’Eurostat
Cette comparaison montre une forte similarité des évolutions de l’empreinte, tant sur le périmètre des trois GES que pour le CO2 seul. Les niveaux varient toutefois selon les modèles, les différences pouvant s’expliquer notamment par le champ couvert (émissions de CO2 énergétique seulement pour l’OCDE, par exemple) mais aussi par les sources de données utilisées et les hypothèses retenues par les différents organismes pour construire leur modèle.
En Mt CO2 eq
En Mt CO2 eq
La hausse tendancielle de la part des émissions importées est également commune aux quatre modélisations.
En Mt CO2 eq
Sources des données et méthodologie du calcul
Le calcul de l’empreinte carbone par le Service des données et études statistiques (SDES) couvre le CO2, le CH4 et le N2O qui représentent 96 % (en équivalent CO2) des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto. Le champ géographique porte sur la France métropolitaine et l’outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin), soit le « périmètre Kyoto ».
L’empreinte est calculée à partir d’une méthode d’analyse « input-output » étendue à l’environnement, promue par Eurostat et l’OCDE.
Elle permet d’exprimer un niveau d’émissions en fonction de la demande finale. L’empreinte carbone est calculée pour l’ensemble des composantes de la demande finale intérieure (consommation des ménages, des administrations publiques, des institutions sans but lucratif au service des ménages et la formation brute de capital fixe).
- Pour les années 1995, 2000, 2005, 2010 à 2018
L’empreinte carbone résulte d’un calcul détaillé fondé sur la combinaison de « Tableaux Entrées Sorties symétriques » (TES symétriques) de la Comptabilité nationale avec des comptes environnementaux d’émissions de GES ventilés par branches d’activités (Naméa - Air) selon la nomenclature d’activités économiques française (NAF).
Les émissions de GES associées aux importations résultent du calcul « input-output » précité appliqué aux données économiques et environnementales de l’UE.
Les conditions de productions des pays exportateurs sont estimées par zone géographique, le modèle utilisé distinguant 19 zones géographiques dans le monde.
Les émissions de GES des pays hors UE résultent d’un ajustement des intensités en émissions des différentes branches d’activités des différentes zones exportatrices comparées à celles de l’UE (intensité en CO2 du kWh pour la production d’électricité, intensité en CH4 ou N2O de la valeur ajoutée de l’agriculture, et intensité en CO2, CH4 et N2O du PIB pour les autres branches d’activités, sources AIE et FAO).
Pour les activités extractives étrangères, l’intensité en émission des branches est déterminée en se référant aux analyses en cycle de vie. Afin de supprimer un effet prix lié à la volatilité des prix, l’intensité de référence est corrigée des variations du cours du pétrole brut.
Les statistiques d’importations françaises par branche d’activités et par pays exportateur permettent de ventiler les émissions importées en fonction de leur zone géographique d’origine.
- Pour les années 2019 à 2021
L’empreinte carbone fait l’objet d’une « estimation provisoire » en raison de l’indisponibilité des « Tableaux Entrées Sorties » pour les années récentes.
L’estimation se fonde ainsi sur les évolutions en valeur de la demande finale, des importations et de l’intensité en émissions de la production de la France et l’UE.
Les évolutions de la demande et des importations sont ventilées en 64 branches pour 2019 et 2020 et en 38 branches pour 2021.
Pour 2021, seules sont disponibles des estimations agrégées relatives aux intensités d’émission pour la France ; pour l’UE, ce sont les données relatives aux intensités d’émission de l’année 2020 qui sont appliquées. Pour ces estimations, la structure de l’appareil productif national et celle des pays exportateurs (coefficients techniques des branches d’activités) sont celles issues du dernier calcul détaillé, soit 2018.
Les estimations d’empreinte reposant sur des estimations provisoires peuvent donner lieu à des révisions sensibles lorsque les données détaillées deviennent disponibles.
Données
Consulter les données détaillées sur le calcul de l'empreinte carbone.
Méthodologie
Notice méthodologique et données d'explications à consulter :
Auteur : Manuel BAUDE, SDES