Les éco-activités et l’emploi environnemental en 2019

Environnement
Publié le 12/07/2022
En 2019, les éco-activités représentent 2,1 % de la valeur ajoutée de l’ensemble des activités économiques et 2,3 % de l’emploi total en France. L’agriculture biologique et les activités de maîtrise de l’énergie regroupent les volumes d’emploi les plus importants, devant la gestion des déchets et la production d’énergie renouvelable. Entre 2004 et 2019, la valeur ajoutée des éco-activités a progressé à un rythme deux fois plus soutenu que dans l’ensemble de l’économie. Excédentaire entre 2004 et 2018, le commerce extérieur des éco-activités présente un léger déficit en 2019 en lien avec la forte progression des importations de véhicules électriques.
Les éco-activités : des activités économiques multiples à vocation environnementale

Les éco-activités regroupent les entreprises ou certains de leurs établissements, les administrations et associations dont l’objet est la préservation de l’environnement et des ressources naturelles.

Les éco-activités produisent différents types de biens ou services :

  • des procédés ou technologies permettant de prévenir, réduire ou mesurer les dommages à l’air, au climat, à l’eau, aux sols, ainsi que ceux visant à minimiser l’usage des ressources naturelles ou à favoriser leur réutilisation ;
  • des technologies ou équipements permettant de traiter les déchets et les eaux usées (stations d’épuration) et de restaurer les milieux naturels dégradés ;
  • des services de gestion des déchets, des eaux usées, de lutte contre le bruit, de protection de la biodiversité, de gestion durable de la forêt et de l’ensemble des ressources minérales et énergétiques, ainsi que les services de soutien ou de développement (formations environnementales, administration générale, ingénierie, R&D, etc.).

Depuis 15 ans, la valeur ajoutée des éco-activités progresse plus vite que celle de l’ensemble de l’économie

Avec 2,1 % de la valeur ajoutée et 2,3 % de l’emploi total, les éco-activités occupent une place encore modeste dans l’ensemble des activités économiques françaises.

 

Production, valeur ajoutée, emploi et commerce extérieur dans les éco-activités, en 2019

En millions d'euros et en équivalents temps plein

Champ : France.

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© Sources : SDES ; Insee, Ésane, EAP, Comptes nationaux base 2014 ; Douanes ; Ademe ; Agence Bio. Traitements : SDES, 2022.
 p = données provisoires.
Notes : les exportations et les importations sont évaluées franco à bord (FAB) ; les échanges extérieurs portant sur l'agriculture et les services n'étant pas valorisés au niveau des éco-activités, ils ont été exclus de la ligne « Ensemble des branches » pour les exportations et importations afin d'établir un ratio pertinent. La ligne « Ensemble des branches » porte sur les produits industriels (sections NAF B à E) pour les exportations et importations.
Du fait des arrondis, les totaux et sous-totaux peuvent différer de la somme des catégories.

 

Toutefois, la valeur ajoutée comme l’emploi progressent de façon bien plus soutenue dans les éco-activités que dans l’ensemble de l’économie.

La valeur ajoutée des éco-activités s’est ainsi accrue de 85 % entre 2004 et 2019 en euros courants, contre + 42 % pour l’ensemble des branches. Hors inflation, les progressions sont respectivement de 55 % et de 20 %. Ce dynamisme plus marqué s’accompagne d’une progression également supérieure de l’emploi : + 53 % dans les éco-activités contre + 9 % dans le reste de l’économie.

La dynamique des éco-activités n’a toutefois pas été régulière sur cette période. Au cours de la deuxième moitié des années 2000, la forte progression des éco-activités a été favorisée par les soutiens aux énergies renouvelables. Après une croissance plus modérée entre 2011 et 2016, les éco-activités retrouvent un rythme de croissance soutenu à partir de 2017, sous l’impulsion de l’agriculture biologique et des énergies renouvelables (+1,7 % pour la valeur ajoutée et + 3,5 % pour l’emploi en 2019).

 

Évolution de la valeur ajoutée et de l'emploi dans les éco-activités et dans l'ensemble de l'économie, entre 2004 et 2019

En indice base 100 en 2004

Champ : France.

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© Sources : SDES ; Insee, EAP, Ésane, Comptes nationaux base 2014 ; Ademe, Agence Bio.
 p = données provisoires.
Note : valeur ajoutée en euros courants, emploi en équivalent temps plein.

Agriculture biologique et maîtrise de l’énergie sont les principaux pourvoyeurs d’emploi

Les éco-activités emploient 610 100 personnes en équivalent temps plein (ETP) en 2019. Avec respectivement 114 000 ETP et 101 000 ETP, l’agriculture biologique et les activités de maîtrise de l’énergie (rénovation énergétique des bâtiments, installation de chaudières à condensation, fabrication d’équipements sobres en énergie, etc.) sont les domaines environnementaux concentrant les volumes d’emploi les plus importants en 2019. La gestion des déchets (89 000 ETP), les énergies renouvelables (80 000 ETP) et la gestion des eaux usées (58 000 ETP) mobilisent également des effectifs conséquents. A eux seuls ces cinq domaines représentent 72 % de l’emploi des éco-activités.

Ventilées par type d’activité, les éco-activités sont constituées à 38 % par des emplois de service. Il s’agit majoritairement de la gestion des déchets et des eaux usées, la distinction entre services publics et services privés étant liée au mode de gestion adopté par les intercommunalités, soit en délégation de service public, soit en régie.

Un peu plus du quart des emplois sont situés dans la construction. Dans cette branche, les éco-activités portent sur des travaux de rénovation énergétique des logements, d’installation de pompes à chaleur, de maintenance des équipements, de construction de centres de tri des déchets, de remplacement et entretien des canalisations pour la collecte des eaux usées, etc.

Près du cinquième des emplois des éco-activités relèvent de l’agriculture. Il s’agit des emplois de l’agriculture biologique, en fort développement au cours des dernières années.

La fabrication ou production de biens (produits manufacturés, énergie renouvelable, récupération de matières de recyclage) représentent 15 % des emplois. Ces effectifs sont mobilisés à la fabrication d’équipements nécessaires à la fourniture d’énergie renouvelable ainsi qu’à leur exploitation. Ils portent aussi sur la fabrication de produits sobres en énergie, de véhicules électriques (équipements ménagers performants) et sur la préparation de matières premières usagées en vue de leur recyclage.

L’emploi dans la production auxiliaire correspond aux moyens en personnel chargé par l’entreprise ou l’établissement d’assurer le respect de normes environnementales (par exemple la maintenance ou l’exploitation de machines destinées à filtrer ou épurer l’air ou l’eau avant d’être rejetés). Ces emplois représentent à peine 2 % du total.

 

Emploi par domaine environnemental et par type d'activité en 2019

En équivalents temps plein

Champ : France.

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© Sources : SDES ; Insee, EAP, Esane, Comptes nationaux base 2014 ; Ademe; Agence BIO. Traitements : SDES, 2022.
 Note : du fait de la présence des arrondis, les totaux peuvent différer de la somme des emplois en colonne ou en ligne.

Sur longue période, une croissance des éco-activités soutenue

Dans les 212 000 emplois supplémentaires que comptent les éco-activités en 2019 par rapport à 2004, 44 % proviennent de l’agriculture biologique, 22 % de la production d’énergies renouvelables (EnR) et 19 % des activités de maîtrise de l’énergie. Dans ces trois groupes d’activité, l’emploi s’est accru de respectivement 10,2 %, 6 % et 3,4 % par an en moyenne sur la période 2004-2019.

La croissance de ces emplois peut en partie résulter de reconversions ou s’accompagner de destructions d’emplois dans le reste de l’économie. Ainsi l’emploi dans l’agriculture biologique progresse rapidement depuis le milieu des années 2000, essentiellement sous la forme de conversions d’exploitations, mais, ce dynamisme n’enraye pas la baisse régulière du nombre d’emplois agricoles.

 

Évolution du nombre d’emplois par domaine environnemental

En équivalents temps plein

Champ : France.


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© Sources : SDES ; Insee, EAP, Esane, Comptes nationaux base 2014 ; Ademe ; Agence Bio. Traitements : SDES, 2022.
p = données provisoires. Note : protection des sols, des eaux souterraines et des eaux de surface : y compris agriculture biologique.

 

D’autres activités environnementales progressent rapidement au cours des dernières années observées. Ainsi, l’emploi dans la filière biogaz a plus que doublé entre 2014 et 2019, en lien avec l’accroissement constant des capacités de production électrique, notamment pour les unités de méthanisation.

Après une première croissance importante dans la deuxième moitié des années 2000, le volume d’emploi dans la filière des pompes à chaleur a doublé entre 2014 et 2019. La hausse continue du parc de pompes à chaleur, en accélération au cours des dernières années, conduit, au-delà des emplois de fabrication, à un accroissement des travaux d’installation et de maintenance.

Encore marginale dans les années 2000, la production de véhicules électriques, s’est fortement développée au cours de la décennie suivante avec une nette accélération en 2018 et 2019. Cet essor n’a cependant pas permis d’inverser la tendance à la baisse des effectifs de l’industrie automobile (27 400 emplois détruits entre 2010 et 2019). La production de véhicules électriques mobilise 1 500 ETP en 2019, ce qui reste inférieur à 2 % de l’emploi dans l’ensemble de la construction automobile.

Une diffusion des éco-activités variable selon les branches

Avec la forte progression des surfaces « certifiées bio » depuis le milieu des années 2000, l’emploi dans l’agriculture biologique constitue 16 % des emplois agricoles en 2019, part multipliée par 4 depuis 2004.

Dans la production d’énergie, 24 % des emplois relèvent des éco-activités, contre 14% en 2004. Il s’agit notamment des emplois assurant l’exploitation et la maintenance des équipements fournissant de l’énergie renouvelable (filières éolienne, photovoltaïque, bois-énergie, et dans une moindre mesure, géothermie et biogaz, dont l’essor est plus récent).

Les éco-activités représentent 9 % des emplois de la construction en 2019, contre 6 % en 2004. Il s’agit notamment des emplois relatifs à la rénovation énergétique des logements ou à la construction d’équipements de traitement des eaux usées ou des déchets (stations d’épuration, déchetteries). La progression de ces emplois est en partie stimulée par le contexte réglementaire (mise au norme de stations d’épuration des eaux usées, politiques de soutien à l’isolation des logements).

Dans le vaste domaine des services, les éco-activités, telles que mesurées ici, restent encore marginales et essentiellement liées à la gestion des déchets. Des potentialités de développement existent toutefois, notamment dans l’architecture, l’ingénierie et la recherche et développement.

 

Part des éco-activités dans l’emploi total de la branche

En % des ETP totaux

Champ : France.

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© Sources : SDES ; Insee, Ésane, EAP, Comptes nationaux base 2014 ; Douanes ; Ademe ; Agence Bio. Traitements : SDES, 2022.
Notes : le ratio est calculé au niveau section de la nomenclature d’activités (NAF) pour les lettres A, C, D, F, M, N et O ; données 2019 provisoires.

Une balance commerciale des éco-activités légèrement déficitaire

En 2019, les exportations de produits relevant des éco-activités s’élèvent à 9,1 milliards d’euros (Md€) et les importations à 9,3 Md€. La balance commerciale des éco-activités apparaît ainsi légèrement déficitaire alors qu’elle était en excédent depuis 2004. Le commerce extérieur de produits relevant des éco-activités concerne essentiellement les activités industrielles (les exportations des éco-activités représentent 1,7 % de l’ensemble des exportations de produits industriels). La forte progression des importations de véhicules électriques en 2019 explique en grande partie la dégradation du solde commercial.

La France en-dessous de la moyenne européenne

En 2019, la France, avec 2,1 % de sa valeur ajoutée dans les éco-activités, se situe en dessous de la moyenne de l’Union européenne (UE à 27) qui est de 2,6 %.

Le verdissement de l’économie paraît plus avancé dans les pays scandinaves (part de 6,7 % de la valeur ajoutée dans les éco-activités en Finlande et 3,9 % en Suède et au Danemark), ainsi qu’en Estonie et en Autriche.

La Finlande se détache nettement des autres pays de l’UE par la place prise par les activités de production d’énergie renouvelable et de maîtrise de l’énergie : la part de ces activités dans la valeur ajoutée totale est plus de deux fois plus élevée que la moyenne de l’UE.

Cette surreprésentation est aussi observée, dans une moindre mesure, en Autriche et en Estonie, pays dans lesquels les activités liées à la biodiversité et à la protection des sols et des masses d’eau dégagent une valeur ajoutée relative plus élevée que celle de l’UE.

 

Part des éco-activités dans la valeur ajoutée brute totale dans les pays de l’Union européenne, en 2019

En %

Champ : Union Européenne. - © Source : Eurostat.
Champ : Union Européenne. - © Source : Eurostat
Note : données éco-activités et ratios non disponibles pour la Grèce, la Hongrie, Chypre et la Slovaquie. Données éco-activités provisoires pour la France et la Pologne, estimées pour l’Irlande. L’agrégat mesurant la valeur ajoutée des éco-activités pour l’UE à 27 est estimé, ne reposant pas sur la somme des valeurs des États membres. 

Méthodologie

Les éco-activités regroupent les activités économiques qui produisent des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources.

Elles sont classées par domaine environnemental : neuf domaines relèvent de la protection de l'environnement (classification CEPA adoptée comme norme internationale en 2002) et sept domaines de la gestion durable des ressources naturelles (classification CReMA développée sous l’égide d'Eurostat). Ces deux nomenclatures sont en phase de redéfinition dans le cadre d'une taskforce mise en place par Eurostat en 2017.

Les résultats présentés s'appuient sur ces deux classifications. Les « activités transversales », i.e. administration générale, R&D environnementale et ingénierie environnementale, couvrent la plupart des domaines environnementaux, mais les valeurs de production, de valeur ajoutée ou d’emploi n’ont pu être ventilées dans les domaines environnementaux, faute de données suffisamment précises.

Cette publication se fonde sur de multiples sources de données :

- SDES : comptes de la dépense de protection de l’environnement mobilisant notamment les résultats de l’enquête Antipol de l'Insee (enquête annuelle sur les dépenses de l’industrie pour protéger l’environnement), la DGFiP (Direction générale des Finances publiques), l’UPDS (Union des professionnels de la dépollution des sites), la FNTP (Fédération nationale des travaux publics), les ministères de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ;

- Insee : EAP (enquêtes annuelles de production), Ésane, Comptes nationaux, COFOG (dépenses des administrations publiques par fonction) ;

- Douanes et Eurostat pour le commerce extérieur ;

- Agence Bio sur les exploitations certifiées Agriculture biologique.

Pour le domaine des énergies renouvelables, la production par produit (photovoltaïque, éolien, pompes à chaleur, solaire thermique, etc.) est issue des bilans annuels du SDES, ainsi que des études de l’Ademe sur les marchés et emplois concourant à la transition énergétique.

Les valeurs pour l’année 2019 sont des estimations provisoires. En effet, les séries de l’année N ne deviennent définitives que l’année N + 3, notamment avec l’introduction des résultats définitifs des enquêtes annuelles de production (EAP), des sources Ésane et des comptes de dépenses de protection de l’environnement. La mise à jour des données pour l’année 2020 sera réalisée au cours de l’année 2022.

Estimation de l’emploi : les sources d’emploi classiques étant le plus souvent inopérantes au niveau de détail requis par les éco-activités, l’emploi est alors estimé en appliquant à la production un ratio de productivité (production/emploi) tiré des statistiques structurelles d’entreprises (dispositif Ésane) ou des comptes nationaux. L'estimation de l'emploi dans les domaines des énergies renouvelables et de la maîtrise de l'énergie s’appuie sur les résultats de l’étude annuelle de l’Ademe sur les marchés et emplois concourant à la transition énergétique.

Estimation de la valeur ajoutée : l’estimation de la valeur ajoutée suit la même démarche que celle adoptée pour l’estimation de l’emploi. La valeur ajoutée est estimée en appliquant à la production le ratio production/valeur ajoutée tiré des données Ésane ou des comptes nationaux.

Type d’activité : le type d’activité est construit à partir de la décomposition des activités productives dans la nomenclature d’activités française (NAF). Des regroupements ont été opérés sur cette base. On a ainsi comptabilisé comme emplois de service ceux appartenant à une entité productive classée dans la section E de la NAF (production et distribution d’eau, assainissement, gestion des déchets et dépollution), à l’exception des emplois de récupération de matières de recyclage, comptabilisés dans la fabrication d’autres biens. Les emplois de service de la section E s’ajoute aux autres emplois du même type des éco-activités (administration générale, ingénierie, R&D…). Les emplois de fabrication de biens de ce graphique sont issus des éco-activités classées dans les sections C (industrie manufacturière), D (production et distribution d’énergie) ou E de la NAF une fois déduits les emplois de service pour cette dernière. (Voir tableau donnant la répartition des emplois par type d’activité et par domaine environnemental).

La production auxiliaire regroupe les activités qui, dans le domaine environnemental, visent à adapter le processus de production de l’entreprise ou de l’établissement en vue de limiter les rejets d’émissions polluantes ou de réduire l’utilisation de ressources naturelles (mise en place de filtres ou d’appareil de mesure par exemple). Ces emplois sont situés majoritairement dans l’industrie manufacturière, mais ils sont isolés ici car ils correspondent à des tâches spécifiques exercées au sein d’entreprises dont les activités principales ne relèvent pas des éco-activités.  

La comparaison avec les pays de l’Union européenne se fonde sur la valeur ajoutée car les chiffres d’emploi publiés par Eurostat ne permettent pas de calculer un ratio homogène. L’emploi total est donné en milliers de personnes, quelle que soit la durée annuelle de travail, alors que l’emploi dans les éco-activités est mesuré en équivalent temps plein.

Les résultats présentés ne peuvent être régionalisés, sauf pour certains domaines comme la gestion des eaux usées, la gestion des déchets et la dépollution.

Auteur : Frédéric Nauroy, SDES

Données

Télécharger le fichier de données sur les éco-activités en 2019

Archives

L'archivage des résultats précédents des éco-activités et l’emploi environnemental est accessible sur la bibliothèque numérique de la statistique publique (BNSP).

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