Les éco-activités mobilisent 2,7 % de l’emploi national
La valeur ajoutée des éco-activités a un peu plus que doublé entre 2004 et 2021 en euros courants : hausse de 115 % contre + 45 % pour l’ensemble des branches. Hors inflation, les progressions sont respectivement de 75 % et de 18 %. Ce dynamisme plus marqué s’accompagne d’une progression également supérieure de l’emploi : + 86 % dans les éco-activités contre + 12 % dans l’ensemble de l’économie.
Malgré ce dynamisme plus fort, les éco-activités occupent une place encore modeste dans l’ensemble des activités économiques françaises : 2,4 % de la valeur ajoutée et 2,7 % de l’emploi total.
Production, valeur ajoutée, emploi et commerce extérieur dans les éco-activités, en 2021
En millions d'euros et en équivalents temps plein
Notes : les exportations et les importations sont évaluées franco à bord (FAB) ; les échanges extérieurs portant sur l'agriculture et les services n'étant pas valorisés au niveau des éco-activités, ils ont été exclus de la ligne « Ensemble des branches » pour les exportations et importations. Ces dernières portent sur les produits industriels (sections NAF B à E pour : industries extractives ; industrie manufacturière ; énergie ; eau potable, assainissement, déchets, dépollution).
Du fait des arrondis, les totaux et sous-totaux peuvent différer de la somme des catégories.
Champ : France.
Sources : SDES ; Insee, Ésane, EAP, Comptes nationaux base 2014 ; Douanes ; Ademe ; Agence Bio. Traitements : SDES, 2024
En 2021, la valeur ajoutée des éco-activités croît de 15 % à prix courants après une stabilisation en 2020. Ce rebond s’explique en grande partie par le report d’activités et de commandes en raison des confinements intervenus en 2020.
Ainsi, les activités liées à la maîtrise de l’énergie, en recul en 2020 en raison l’arrêt des chantiers une partie de l’année, retrouvent une forte vigueur en 2021. Pour les activités produisant des énergies renouvelables, assez peu affectées en 2020, la valeur ajoutée croît de 15 % en 2021. Le constat est similaire pour l’agriculture biologique dont la valeur ajoutée accélère sensiblement en 2021.
Évolution de la valeur ajoutée et de l'emploi dans les éco-activités et dans l'ensemble de l'économie, entre 2004 et 2021
En indice base 100 en 2004
Notes : données 2020 provisoires ; valeur ajoutée en euros courants, emploi en équivalent temps plein.
Champ : France.
Sources : SDES ; Insee, EAP, Ésane, Comptes nationaux base 2014 ; Ademe, Agence Bio. Traitements : SDES, 2024
140 000 emplois dans l’agriculture biologique
Les éco-activités emploient 745 000 personnes en équivalent temps plein (ETP) en 2021. La plus importante contribution vient de l’agriculture biologique avec près de 140 000 ETP. Les activités de maîtrise de l’énergie (rénovation énergétique des bâtiments, installation de chaudières à condensation, fabrication d’équipements sobres en énergie, etc.) suivent de près avec 126 900 ETP. Les filières de production d’énergies renouvelables totalisent 109 800 ETP. Les domaines de gestion des déchets et de gestion des eaux usées avec respectivement 102 000 ETP et 57 700 ETP mobilisent également des effectifs importants. À eux seuls, ces cinq domaines représentent 72 % de l’emploi des éco-activités.
Ventilées par type d’activité, les éco-activités sont constituées à 40 % par des emplois de service. Ces emplois sont essentiellement occupés dans la gestion des déchets et des eaux usées, l’administration générale, les activités de préservation de la biodiversité et la R&D. Dans les éco-activités, les emplois de service relèvent, à parts quasi égales, des administrations publiques (53 %) et du secteur privé (47 %). Dans la gestion des déchets et des eaux usées, la distinction entre secteur public et secteur privé dépend du mode de gestion adopté par les intercommunalités, soit en délégation de service public, soit en régie.
Un quart des emplois est situé dans la construction. Cela porte sur des travaux de rénovation énergétique des logements, d’installation d’équipements énergétiques (pompes à chaleur, panneaux photovoltaïques), de construction de centres de tri des déchets, de remplacement et entretien des canalisations pour la collecte des eaux usées, etc.
Près d’un cinquième des emplois des éco-activités relève de l’agriculture. Il s’agit des emplois de l’agriculture biologique, en fort développement au cours de la décennie 2010.
La fabrication ou la production de biens (produits manufacturés, électricité ou chaleur renouvelable, récupération de matières de recyclage) représentent 16 % des emplois. Ces effectifs sont mobilisés à la fabrication d’équipements nécessaires à la fourniture d’énergie renouvelable ainsi qu’à leur exploitation. Ils portent aussi sur la fabrication de produits sobres en énergie (équipements ménagers les plus performants), de véhicules électriques et sur la préparation de matières premières usagées en vue de leur recyclage.
L’emploi dans la production auxiliaire correspond aux moyens en personnel de l’entreprise ou de l’établissement chargés d’assurer le respect de normes environnementales (par exemple la maintenance ou l’exploitation de machines destinées à filtrer ou épurer l’air ou l’eau avant d’être rejetés). Ces emplois représentent à peine plus de 1 % du total.
Emploi par type d'activité en 2021
En équivalents temps plein
Note : du fait de la présence des arrondis, les totaux peuvent différer de la somme des emplois en colonne ou en ligne.
Champ : France
Sources : SDES ; Insee, EAP, Ésane, Comptes nationaux base 2014 ; Ademe ; Agence Bio. Traitements : SDES, 2024
Des secteurs en croissance rapide
Sur les 344 200 emplois supplémentaires que comptent les éco-activités en 2021 par rapport à 2004, près des trois quarts proviennent de l’agriculture biologique (33 %), de la production d’énergies renouvelables (22 %) et des activités de maîtrise de l’énergie (16 %). Dans ces trois groupes d’activité, l’emploi s’est accru de respectivement 10,2 %, 7,3 % et 3,5 % par an en moyenne sur la période 2004-2021.
Un niveau de détail plus fin permet de déceler l’émergence ou le dynamisme marqué de certaines activités au cours des dernières années. Ainsi, l’emploi dans la filière biogaz a été multiplié par trois entre 2016 et 2021, en lien avec l’accroissement des capacités de production électrique, notamment pour les unités de méthanisation.
Après une première croissance importante entre 2004 et 2008, suivie d’un reflux jusqu’en 2013, le volume d’emploi dans la filière des pompes à chaleur croît à nouveau sensiblement depuis 2014. On compte ainsi trois fois plus d’emplois dans cette filière en 2021 qu’en 2016. La hausse continue du parc de pompes à chaleur, en accélération au cours des dernières années, conduit, au-delà des emplois de fabrication et d’installation, à un accroissement des travaux de maintenance.
Enfin, l’emploi dans la construction de véhicules électriques s’est fortement accru au cours des dernières années, son niveau étant six fois plus élevé en 2021 qu’en 2016. La production de véhicules électriques et hybrides rechargeables mobilise 4 600 ETP en 2021, ce qui représente 4,6 % de l’emploi dans l’ensemble de l’industrie automobile contre 0,7 % en 2016.
Évolution du nombre d’emplois par domaine environnemental
En équivalent temps plein
Note : la protection des sols, des eaux souterraines et des eaux de surface inclut l’agriculture biologique.
Champ : France.
Sources : SDES ; Insee, EAP, Ésane, Comptes nationaux base 2014 ; Ademe ; Agence Bio. Traitements : SDES, 2024
La croissance de l’emploi dans les éco-activités n'engendre pas forcément de créations nettes d'emplois à l'échelle de l'économie. On observe en effet des destructions d’emplois dans des activités plus traditionnelles ou des reconversions. Par exemple, l’emploi dans l’agriculture biologique progresse rapidement depuis la fin des années 2000, essentiellement sous la forme de conversions d’exploitations. Cependant, ce dynamisme ne permet pas de contrecarrer la baisse régulière du nombre d’emplois agricoles.
Le même phénomène touche l’industrie automobile avec l’électrification des véhicules. Encore marginale dans les années 2000, la production de véhicules électriques, s’est fortement développée au cours de la décennie suivante avec une franche accélération à partir de 2018. Cet essor n’a cependant pas permis d’inverser la tendance à la baisse des effectifs de l’industrie automobile (30 400 emplois supprimés entre 2010 et 2021).
Une diffusion variable selon les branches
Si l’emploi dans les éco-activités constitue 2,7 % de l’emploi total, il s’agit d’une moyenne qui masque l’inégale diffusion de ces activités dans les différentes branches.
La part des éco-activités dans l’ensemble des emplois agricoles (agriculture biologique, sylviculture) s’est fortement accrue entre 2004 et 2021, passant de 4 % à 20 %. Cette forte progression est portée par l’agriculture biologique, le nombre d’emplois dans la sylviculture ayant diminué.
Dans l’industrie manufacturière, 2,3 % des emplois relèvent des éco-activités en 2021, cette part étant de 1,5 % en 2004. Pour certains produits, le marché a connu une expansion rapide (véhicules électriques, foyers-poêles à bois, biocarburants, pompes à chaleur), alors que pour d’autres, il s’est tari (échappements automobiles, sacs à déchets).
Dans la production d’énergie, 26 % des emplois relèvent des éco-activités, contre 14 % en 2004. Il s’agit notamment des emplois assurant l’exploitation et la maintenance des équipements fournissant de l’énergie renouvelable : filières hydroélectricité, bois-énergie, éolien, photovoltaïque et, dans une moindre mesure, la géothermie et le biogaz, dont l’essor est plus récent.
Les éco-activités représentent 9,5 % des emplois de la construction en 2021, contre 5,8 % en 2004. Il s’agit notamment des emplois relatifs à la rénovation énergétique des logements ou à la construction d’équipements de traitement des eaux usées ou des déchets (stations d’épuration, déchetteries). La progression de ces emplois est en partie stimulée par le contexte réglementaire avec la mise aux normes de stations d’épuration des eaux usées ou les mesures de soutien à l’isolation des logements. La construction neuve de bâtiments basse consommation ou à énergie positive n’est pas comprise dans ces résultats.
Dans les activités de service dans lesquelles les éco-activités sont présentes, ces dernières restent marginales. Les éco-activités génèrent 2 % des emplois de l’ensemble des activités suivantes : services administratifs et de soutien, activités scientifiques et techniques, administration publique et enseignement. Des potentialités de développement existent toutefois, notamment dans l’architecture, l’ingénierie et la recherche et développement.
Part des éco-activités dans l’emploi total de la branche
En % des ETP totaux
Notes : le ratio est calculé au niveau section de la nomenclature d’activités (NAF) pour les lettres A, C, D, F et pour les services, le ratio se réfère à l’ensemble des sections M, N, O et P, dans lesquelles les éco-activités sont présentes. N’est pas représentée sur ce graphique, la part des éco-activités dans la section E (production et distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution) car hormis la production et distribution d’eau potable toutes les activités de cette section sont considérées comme spécifiquement environnementales.
Champ : France.
Sources : SDES ; Insee, Ésane, EAP, Comptes nationaux base 2014 ; Douanes ; Ademe ; Agence Bio. Traitements : SDES, 2024
Le déficit de la balance commerciale se creuse
En 2021, les importations de produits relevant des éco-activités s’élèvent à 16,4 milliards d’euros (Md€), soit 2,8 % des importations de produits industriels, tandis que les exportations de produits relevant des éco-activités s’établissent à 12,8 Md€, soit 2,5 % des exportations de produits industriels. La balance commerciale des éco-activités apparaît ainsi déficitaire de près de 3,7 Md€. De 2004 à 2018, le solde commercial des éco-activités était toujours en excédent, dépassant même les 2 Md€ en 2006 et 2007. Un premier déficit, cependant très limité (- 300 millions d’euros), apparaît en 2019. Il s’accroît fortement au cours des deux années suivantes.
La forte progression des importations de véhicules électriques en 2019 et 2020, mais surtout en 2021, explique en grande partie la dégradation du solde commercial des éco-activités. Les exportations de véhicules électriques progressent également, mais à un rythme bien plus modéré : entre 2018 et 2021, la valeur des exportations est multipliée par trois, celle des importations par 13.
Les échanges extérieurs de produits relatifs aux énergies renouvelables contribuent également à la détérioration du solde commercial des éco-activités. Leur solde est négatif de 2,3 Md€ en 2021 contre 1,2 Md€ en 2020, en raison principalement d’un doublement de la valeur des importations de biocarburants.
Les matières premières de recyclage dégagent, pour leur part, un solde commercial positif de 4,1 Md€, près de deux fois plus élevé qu’en 2020. Ce résultat, le plus élevé depuis 2004, tient essentiellement aux exportations de matières métalliques de recyclage, dont la valeur croît de 78 % entre 2020 et 2021. Ce mouvement permet seulement d’amoindrir le déficit commercial des éco-activités.
Les éco-activités regroupent les entreprises ou certains de leurs établissements, les administrations publiques et les associations dont l’objet est la préservation de l’environnement et des ressources naturelles.
Les éco-activités produisent différents types de biens ou services :
- des procédés ou technologies permettant de prévenir, réduire ou mesurer les dommages à l’air, au climat, à l’eau, aux sols et/ou de minimiser l’usage des ressources naturelles ;
- des technologies ou équipements permettant de traiter les déchets et les eaux usées (stations d’épuration) et de restaurer les milieux naturels dégradés ;
- des services de gestion des déchets, des eaux usées, de lutte contre le bruit, de protection de la biodiversité, de gestion durable de la forêt et de l’ensemble des ressources minérales et énergétiques, ainsi que les services de soutien ou de développement (formations environnementales, administration générale, ingénierie, R&D, etc.).
La production porte sur des activités marchandes ou non marchandes. Dans certains cas, elle peut s’exercer pour usage final propre ou à titre auxiliaire (voir méthodologie).
Méthodologie
Les éco-activités regroupent les activités économiques qui produisent des biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources naturelles.
Elles sont classées par domaine environnemental : neuf domaines relèvent de la protection de l'environnement (classification CEPA adoptée comme norme internationale en 2002) et sept domaines de la gestion durable des ressources naturelles (classification CReMA développée sous l’égide d'Eurostat).
Cette publication se fonde sur de multiples sources de données :
- SDES : comptes de la dépense de protection de l’environnement mobilisant notamment les résultats de l’enquête Antipol de l'Insee (enquête annuelle sur les dépenses de l’industrie pour protéger l’environnement), la DGFiP (direction générale des finances publiques), l’UPDS (Union des professionnels de la dépollution des sites), la FNTP (Fédération nationale des travaux publics), le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ;
- Insee : EAP (enquêtes annuelles de production), Ésane, Comptes nationaux (base 2014), COFOG (dépenses des administrations publiques par fonction) ;
- Douanes, Ademe et Eurostat pour le commerce extérieur ;
- Agence Bio sur les exploitations certifiées Agriculture biologique
- Céreq, base Reflet ; MENJ, MESR, bases BCP et Sise, Insee, comptes nationaux et Ésane pour l’estimation des montants consacrés aux formations environnementales
Pour le domaine des énergies renouvelables, la production par produit (photovoltaïque, éolien, pompes à chaleur, solaire thermique, etc.) est issue des bilans énergétiques établis par le SDES, ainsi que des études de l’Ademe sur les marchés et emplois concourant à la transition énergétique.
Compte-tenu de la multiplicité des sources utilisées, disponibles à des dates variables, les résultats portent sur l’année 2021. L’actualisation 2022 fera l’objet d’une transmission annuelle à Eurostat fin octobre 2024.
Estimation de l’emploi : les sources d’emploi classiques étant le plus souvent inopérantes au niveau de détail requis par les éco-activités, l’emploi est alors estimé en appliquant à la production un ratio de productivité (production/emploi) issu du dispositif Ésane ou des comptes nationaux. Sur les activités de gestion des eaux usées et de gestion des déchets, les résultats d’emploi proviennent respectivement des comptes nationaux et de la base Flores de l’Insee. L'estimation de l'emploi dans les domaines des énergies renouvelables et de la maîtrise de l'énergie s’appuie sur les résultats de l’étude annuelle de l’Ademe sur les marchés et emplois concourant à la transition énergétique.
Estimation de la valeur ajoutée : l’estimation de la valeur ajoutée suit la même démarche que celle adoptée pour l’estimation de l’emploi. La valeur ajoutée est estimée en appliquant à la production le ratio valeur ajoutée/production tiré des données Ésane ou des comptes nationaux.
Type d’activité (tableau donnant la répartition des emplois par type d’activité et par domaine environnemental)
Le type d’activité est construit à partir de la décomposition des activités productives dans la nomenclature d’activités française (NAF). Des regroupements ont été opérés sur cette base. Aux emplois de services « classiques » (activité de l’entreprise classée dans les sections I à U de la NAF) s’ajoutent ceux de la section E (production et distribution d’eau, assainissement, gestion des déchets et dépollution). Ces derniers sont obtenus en déduisant du total des emplois de la section E ceux dédiés à la récupération de matières premières de recyclage, comptabilisés dans la fabrication d’autres biens. Les emplois de fabrication de biens portent sur les activités classées dans les sections C (industrie manufacturière), D (production et distribution d’énergie) ou E de la NAF, une fois déduits les emplois de service pour cette dernière.
La production auxiliaire regroupe les activités qui visent à adapter le processus de production de l’entreprise ou de l’établissement en vue de limiter les rejets d’émissions polluantes ou de réduire l’utilisation de ressources naturelles (mise en place de filtres ou d’appareil de mesure par exemple).
Ces résultats n’incluent pas de données sur les bâtiments neufs les plus performants en matière énergétique, du fait qu’il existe encore des questions méthodologiques aux niveaux des pays européens sur le sujet. Pour autant, les données sur les éco-activités transmises à Eurostat et disponibles sur son site en tiennent compte, sans comparaison possible avec les autres pays européens.
Les résultats présentés ne peuvent être régionalisés, sauf pour certains domaines comme la gestion des eaux usées, la gestion des déchets et la dépollution.
Données
Données détaillées des graphiques et tableaux associés à la publication.
Auteur : Frédéric Nauroy, SDES
Résultats précédents
Archives
L'archivage des résultats précédents des éco-activités et l’emploi environnemental est accessible sur la bibliothèque numérique de la statistique publique (BNSP).