Les effets du changement climatique en France - Synthèse des connaissances en 2022

Changement climatique
Publié le 21/12/2022
Les changements climatiques en cours et à venir sont sans précédent depuis des milliers d’années. Tous les milieux physiques, atmosphère, terres, océans et cryosphère, sont concernés. Ces bouleversements affectent d’ores et déjà les sociétés humaines contraintes de s’adapter. Si certains changements sont irréversibles pour des siècles, la réduction massive et mondiale des émissions de gaz à effet de serre (GES) pourrait stopper ou atténuer certains changements.

Une influence des activités humaines sans équivoque

Grâce aux GES présents naturellement dans l’atmosphère, la Terre absorbe une partie de l’énergie qu’elle reçoit du Soleil. Ce phénomène naturel, appelé « effet de serre », rend la vie possible sur Terre : sans lui, la température moyenne de la planète serait en effet de l’ordre de - 18 °C. Ces GES jouent donc un rôle important dans la régulation du climat. Cependant, depuis l’ère préindustrielle, les concentrations mondiales des GES émis par les activités humaines ont crû de façon notable et l’effet de serre s’amplifie. L’augmentation de l’énergie emmagasinée par la Terre a des impacts sur les grands équilibres qui régissent le climat actuel. L’influence des activités humaines, en particulier la consommation de combustibles fossiles, à l’origine d’émissions de GES dans l’atmosphère, est sans équivoque (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2021).

Élévation des températures moyennes et élévation du niveau moyen des mers et océans

En France métropolitaine, de 1900 à nos jours, les températures moyennes ont augmenté d’environ 1,7 °C, une valeur plus forte que celle observée en moyenne mondiale (+ 1,2 °C). Ce réchauffement a connu un rythme variable, avec une augmentation particulièrement marquée depuis la fin du XXe siècle. Depuis 1980, la tendance observée est d’environ + 0,3 °C par décennie. Avec un écart de + 2,3 °C par rapport à la moyenne 1961-1990, l’année 2020 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France métropolitaine. Les précédents records dataient respectivement de 2018 et 2014. Avec une température annuelle moyenne de 12,9 °C, l’année 2021 est plus conforme à la normale 1921-2020 que les années précédentes mais reste plus chaude de plus de 1 °C par rapport à la moyenne 1961-1990. L’année 2022 sera probablement un nouveau record.

 

Écart à la normale* des températures moyennes annuelles, en France métropolitaine
En °C

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*normale = moyenne 1961-1990.
Sources : Météo-France ; Onerc, 2022

 

La fonte des calottes glaciaires et des glaciers de montagne ainsi que la dilatation des océans, consécutives au réchauffement global, engendrent une augmentation du niveau moyen des mers et des océans. Celui-ci a augmenté de 0,23 m depuis 1900, dont 6 cm depuis 2000. Le niveau moyen d’augmentation du niveau des mers est passé de 1,3 mm par an entre 1901 et 1971, à 1,9 mm par an entre 1971 et 2006, puis à 3,8 mm par an entre 2006 et 2020. Ces données moyennes cachent des hausses du niveau marin différentes selon le lieu en fonction de l’effet des vagues et des marées, des mouvements verticaux du socle rocheux, de la nature géologique du terrain et l’affaissement du sol lié au pompage d’eaux souterraines.

 

Évolution du niveau moyen des océans depuis la fin du XXe siècle
En cm

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Sources : E.U. Copernicus Marine Service Information/Copernicus Service, 2020

Des impacts physiques qui menacent les sociétés

Les effets physiques du changement climatique modifient les conditions hydrologiques et météorologiques (cycle de l’eau, accentuation des sécheresses ou des épisodes de pluies diluviennes, etc.) et perturbent les écosystèmes (feux de forêts, modification des dates des vendanges, évolution des dates de migrations de certains oiseaux, acidification des océans et dégradation des récifs coralliens, etc.). Ces modifications de l’environnement affectent les sociétés humaines et l’économie dans des domaines comme la santé (62 % de la population française est estimée exposée de façon forte aux risques climatiques), le tourisme (- 12 % d’enneigement en moyenne sur les massifs français par rapport à la moyenne 1981-2010) et l’agriculture (contribution à la stagnation des rendements de blé tendre après 35 ans de croissance).

La montée des eaux expose les aménagements urbains du littoral au risque de submersion ou d’érosion côtière. Ainsi, en France, 850 000 personnes habitent dans des zones où l’altitude est inférieure à la hauteur atteinte par la mer avec une occurrence centennale. Plus de 10,4 millions de maisons sont localisées dans des zones d'exposition moyenne ou forte au phénomène de retrait-gonflement des argiles, d'après le nouveau zonage de l'aléa prévu dans le cadre de la loi Elan (évolution du logement, de l'aménagement et du numérique). Ces risques sont accentués par la recrudescence des sécheresses provoquées par le changement climatique. En 2020, les désordres consécutifs à la sécheresse sont responsables de 73 % de la sinistralité couverte (hors automobile) par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, soit environ 1 100 millions d’euros.


Impact du changement climatique en France déjà visible et à venir, d’ici 2050
 

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Source : Observatoire national des effets du réchauffement climatique, novembre 2018

L'ampleur des changements à venir subordonné aux émissions de GES futures

La masse future des émissions de GES au plan mondial déterminera le rythme et l'ampleur du réchauffement. Celui-ci dépassera vraisemblablement une augmentation de + 1,5 °C à l’échelle mondiale au cours du siècle prochain. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) modélise en effet différents scénarios d’évolution de la température en fonction d’hypothèses socio-économiques et de projections d’émissions de GES. À la fin du siècle, le Giec estime que la température moyenne du globe aura augmenté de + 1,4 à + 4,4 °C . Compte tenu de l’inertie climatique, le niveau des mers continuera d’augmenter pendant plusieurs siècles, même après l’arrêt des émissions de GES.

Les événements climatiques extrêmes (sécheresse, canicules, fortes précipitations, cyclones) vont augmenter en fréquence et en intensité. Un événement de température extrême, qui se produisait 1 fois tous les 10 ans en 1900, sera vraisemblablement observé 4 fois tous les 10 ans avec + 1,5 °C de réchauffement et de 9 à 10 fois avec + 4 °C de réchauffement.

Atténuation des émissions de GES et adaptation des sociétés

Pour limiter les préjudices susceptibles d’être causés par les effets du changement climatique, deux leviers d’action sont possibles : l’atténuation des émissions de GES et l’adaptation des sociétés aux effets du changement climatique. En matière d’atténuation, les objectifs de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) visent une réduction des émissions de GES sur le territoire national permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, ainsi qu’une réduction de l’empreinte carbone des Français. Au-delà de ces objectifs de long terme, la France doit s’adapter au changement climatique que les émissions de GES accumulées dans l’atmosphère rendent désormais inéluctable. En 2018, elle s’est ainsi dotée d’un deuxième plan national d’adaptation au changement climatique qui vise à mettre en œuvre les actions nécessaires pour adapter, d’ici 2050, les territoires aux changements climatiques attendus. Parallèlement, dans le cadre des plans climat-air-énergie territoriaux, les collectivités territoriales instaurent des stratégies locales d’adaptation. Certains acteurs économiques attribuent un prix au carbone dans le cadre de leurs stratégies d’affaires. Ce coût, interne à l’entreprise, correspond aux risques financiers (taxation future des émissions de GES, anticipation de réduction des quotas d’émissions de GES imposés dans le cadre du marché européen aux plus gros émetteurs) ou aux risques associés à la réputation de l’entreprise en raison de son impact défavorable sur le climat.

L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) estime le montant de l’ensemble des investissements en faveur du climat en France à 84 milliards d’euros en 2021. Ces investissements ont augmenté de près de 80 % depuis 10 ans. L’ampleur de l’augmentation observée entre 2020 et 2021 (+ 27 %) résulte en partie du décalage de projets retardés par les confinements imposés en 2020 par la pandémie de Covid-19. Cependant, I4CE estime à plus de 20 milliards d’euros supplémentaires les investissements qui auraient été nécessaires pour se conformer à la trajectoire de réduction des émissions de GES décrite dans la SNBC. Les investissements comptabilisés portent uniquement sur la réduction des émissions dans les bâtiments (construction performante et rénovation énergétique), le transport (véhicules bas carbone et infrastructures ferroviaires, de transport collectif urbain et d’approvisionnement énergétique des véhicules propres, voies cyclables) et la production d’énergie (sources renouvelables, électricité nucléaire). Ceux qui sont nécessaires à l'adaptation au changement climatique ne sont pas pris en compte.

 

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Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2022 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2022

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