L’influence des activités humaines est sans équivoque
Grâce aux GES présents naturellement dans l’atmosphère, la Terre absorbe une partie de l’énergie qu’elle reçoit du Soleil. Ce phénomène naturel, appelé « effet de serre », rend la vie possible sur Terre : sans lui, la température moyenne de la planète serait en effet de l’ordre de - 18 °C. Ces GES jouent donc un rôle important dans la régulation du climat. Cependant, depuis l’ère préindustrielle, les concentrations mondiales des GES émis par les activités humaines ont crû de façon notable et l’effet de serre s’amplifie. L’augmentation de l’énergie emmagasinée par la Terre a des impacts sur les grands équilibres qui régissent le climat actuel. L’influence des activités humaines, en particulier la consommation de combustibles fossiles, à l’origine d’émissions de GES dans l’atmosphère, est sans équivoque (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, GIEC, 2023).
Élévation des températures moyennes et du niveau moyen des mers et océans
En France métropolitaine, de 1900 à nos jours, les températures moyennes ont augmenté de 1,7 °C, une valeur plus forte que celle observée en moyenne mondiale (+ 1,2 °C). La hausse globale mondiale des températures prend en compte les océans qui se réchauffent moins vite que les continents. Ce réchauffement a connu un rythme variable, avec une augmentation particulièrement marquée depuis la fin du XXe siècle. Depuis 1960, la tendance observée est d’environ + 0,3 °C par décennie. Avec un écart de + 2,7 °C par rapport à la moyenne 1961-1990, l’année 2022 a été, en France métropolitaine, l’année la plus chaude jamais enregistrée. La température moyenne annuelle a atteint 14,5 °C. Les précédents records dataient respectivement de 2020, 2018 et 2014.
Écart à la normale* des températures moyennes annuelles, en France métropolitaine
En °C
*normale = moyenne 1961-1990.
Source : Météo-France, Onerc, 2023
La fonte des calottes glaciaires et des glaciers de montagne ainsi que la dilatation des océans, consécutives au réchauffement global, engendrent une augmentation du niveau moyen des mers et des océans. Celui-ci a augmenté de 23 cm environ depuis 1900. Le rythme d’élévation du niveau des mers s’accélère. Le niveau moyen d’augmentation du niveau des mers est passé de 1,4 mm par an entre 1901 et 1990, à 3,4 mm par an entre 1993 et 2022. Il est de 4,2 mm par an en moyenne sur la période 2007-2022. Ces données moyennes cachent des hausses du niveau marin différentes selon le lieu en fonction de l’effet des vagues et des marées, des mouvements verticaux du socle rocheux, de la nature géologique du terrain et de l’affaissement du sol lié au pompage d’eaux souterraines.
Évolution du niveau moyen des océans depuis la fin du XXe siècle
En cm
Source : E.U. Copernicus Marine Service Information/Copernicus Service, 2023
Des impacts physiques qui menacent les sociétés
Les effets physiques du changement climatique modifient les conditions hydrologiques et météorologiques (cycle de l’eau, accentuation des sécheresses ou des épisodes de pluies diluviennes, etc.) et perturbent les écosystèmes (feux de forêts, modification des dates des vendanges, évolution des dates de migrations de certains oiseaux, acidification des océans et dégradation des récifs coralliens, etc.). Ces modifications de l’environnement affectent les sociétés humaines et l’économie dans des domaines comme la santé (62 % de la population française est estimée exposée de façon forte aux risques climatiques), le tourisme (- 12 % d’enneigement en moyenne sur les massifs français par rapport à la moyenne 1981-2010) et l’agriculture (contribution à la stagnation des rendements de blé tendre après 35 ans de croissance).
La montée des eaux expose les aménagements urbains du littoral au risque de submersion ou d’érosion côtière. Ainsi, en France, 5 millions d’habitants et 850 000 emplois sont menacés par les submersions. Plus de 10,4 millions de maisons sont localisées dans des zones d’exposition moyenne ou forte au phénomène de retrait-gonflement des argiles, d’après le nouveau zonage de l’aléa prévu dans le cadre de la loi Elan. Ces risques sont accentués par la recrudescence des sécheresses provoquées par le changement climatique. En 2022, la charge des sinistres couverts par le régime des catastrophes naturelles (inondations, sécheresse, risques géotechniques, tempêtes) a été supérieure à la moyenne 1982-2022, notamment en raison des épisodes de sécheresse qui représentent 90 % de la sinistralité (2,9 milliards d’euros, soit la sinistralité la plus importante jamais connue par le régime Cat Nat depuis 1982).
Impact du changement climatique en France, déjà visible et à venir, d’ici 2050
Source : Observatoire national des effets du réchauffement climatique, novembre 2018
L'ampleur des changements à venir subordonné aux émissions de GES futures
Quelle que soit la masse future des émissions de GES, le réchauffement se poursuivra et dépassera vraisemblablement une augmentation de + 1,5 °C au cours du siècle prochain. Le GIEC restitue différents scénarios d’évolution de la température en fonction d’hypothèses socio-économiques et de projections d’émissions de GES. À la fin du siècle, la température moyenne du globe aura augmenté de + 1,4 à + 4,4 °C. Compte tenu de l’inertie climatique, le niveau des mers continuera d’augmenter pendant plusieurs siècles, même après l’arrêt des émissions de GES.
Les événements climatiques extrêmes (sécheresse, canicules, fortes précipitations, cyclones) vont augmenter en fréquence et en intensité. Un événement de température extrême qui se produisait 1 fois tous les 10 ans en 1900, sera vraisemblablement observé 4 fois tous les 10 ans avec + 1,5 °C de réchauffement et de 9 à 10 fois avec + 4 °C de réchauffement.
Réduire les émissions de GES et s’adapter aux modifications de l’environnement
Pour limiter les préjudices susceptibles d’être causés par les effets du changement climatique, deux leviers d’action sont possibles : l’atténuation des émissions de GES et l’adaptation des sociétés aux effets du changement climatique. En matière d’atténuation, les objectifs de la stratégie nationale bas-carbone visent une réduction des émissions de GES sur le territoire national permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, ainsi qu’une réduction de l’empreinte carbone des Français.
Au-delà de ces objectifs de long terme, la France doit s’adapter au changement climatique que les émissions de GES accumulées dans l’atmosphère rendent désormais inéluctable. En 2018, elle s’est ainsi dotée d’un deuxième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) qui vise à mettre en œuvre les actions nécessaires pour adapter, d’ici 2050, les territoires aux changements climatiques attendus. La révision en cours du PNACC sera fondé sur des trajectoires de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). Ces trajectoires s’inscriront dans des scénarios de réchauffement planétaire de + 1,5 °C en 2100 (+ 2 °C en France métropolitaine) et de + 3 °C en 2100 (+ 4 °C en France métropolitaine).
Parallèlement, dans le cadre des plans climat-air-énergie territoriaux, les collectivités territoriales instaurent des stratégies locales d’adaptation. Certains acteurs économiques attribuent un prix au carbone dans le cadre de leurs stratégies d’affaires. Ce coût, interne à l’entreprise, correspond aux risques financiers (taxation future des émissions de GES, anticipation de réduction des quotas d’émissions de GES imposés dans le cadre du marché européen aux plus gros émetteurs) ou aux risques associés à la réputation de l’entreprise en raison de son impact défavorable sur le climat.
Données
Données associées à l'article
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2023 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
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