Électricité et gaz de réseau, les énergies de chauffage les plus utilisées
Au 1er janvier 2020, selon l’enquête Logement (voir méthodologie), le chauffage des résidences principales repose majoritairement sur deux énergies finales en France métropolitaine : l’électricité (37,2 %, dont 5,1 % par une pompe à chaleur) et le gaz de réseau (35,8 %, essentiellement du gaz naturel).
Les autres sources d’énergie sont utilisées à titre principal par un peu plus d’un quart des ménages : bois (10,5 %), fioul (9,6 %), réseaux de chaleur (5,3 %) et gaz de pétrole liquéfié (GPL) stocké localement en citerne ou en bouteille (1,5 %).
Ainsi 47 % des ménages utilisent directement un combustible fossile (gaz de réseau, GPL, fioul) comme source de chauffage de leur résidence principale.
Répartition des logements en 2020 selon leur énergie principale de chauffage
En %
Champ : résidences principales de France métropolitaine.
Source : SDES, enquête logement 2020
Dans les appartements, l’emploi du gaz de réseau est plus fréquent (44 % contre 30 % en maison) et les réseaux de chaleur occupent une place notable (12 % contre 0 %). L’électricité est presque autant utilisée dans les logements individuels et collectifs, mais les pompes à chaleur sont essentiellement installées en maison (9 % contre 1 % en appartement). Les autres énergies concernent principalement l’habitat individuel : 18 % pour le bois (contre 1 % en appartement), 14 % pour le fioul (contre 4 %) et 2 % pour le GPL en citerne ou bouteille (contre moins de 1 %).
L’énergie de chauffage reste liée à la période de construction
L’énergie de chauffage des logements en 2020 est encore souvent dépendante des installations réalisées à l’époque de leur construction.
Ainsi, les réseaux de gaz et de chauffage central à eau chaude ne s’étant déployés qu’à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, les logements construits dans la décennie 1860 sont, en 2020, peu chauffés au gaz (21 %) et davantage à l’électricité (44 %), énergie plus simple à installer en rénovation dans des immeubles originellement dépourvus de chauffage central.
Avec le déploiement des réseaux, la part du gaz de réseau comme énergie principale de chauffage en 2020 augmente continûment pour les logements construits jusqu’au milieu des années 1950 (si l’on excepte ceux de la guerre 1939-1945 et de l’immédiat après-guerre). La part maximale de 60 % est atteinte pour les logements construits en 1955.
Énergie de chauffage principale en 2020 selon l’année de construction du logement
En %
Lecture : pour disposer de suffisamment d’observations, les dates de construction avant 1950 sont regroupées par décennie et présentées pour l’année médiane. Ainsi, le point 1945 représente les logements construits entre 1940 et 1949 (11 % d’entre eux sont chauffés au fioul ou au GPL en 2020). À partir de 1950, les dates de construction sont représentées, chaque année, sur 5 années glissantes pour lisser les évolutions. Ainsi, l’année 1952 représente les logements construits entre 1950 et 1955 (13 % d’entre eux sont chauffés au fioul ou au GPL en 2020). Le graphique s’arrête en 2015, car la base de sondage de l’enquête Logement 2020 porte sur la situation au 1er janvier 2018.
Champ : résidences principales de France métropolitaine en 2020 construites de 1860 à 2017.
Source : SDES, enquête logement 2020
Au cours des années 1950 et 1960, les réseaux de chaleur se développent dans les immeubles urbains tandis que l’usage du fioul domestique devient plus fréquent dans les maisons (notamment rurales) des années 1960. La part de ces deux énergies de chauffage est ainsi aujourd’hui la plus élevée dans les logements construits à la fin des années 1960 (à un peu plus de 15 %), au détriment du gaz de réseau qui reste néanmoins prédominant parmi les constructions de cette période (46 % en 1969 contre 60 % en 1955). Les réseaux de chaleur construits à l’époque utilisaient principalement des énergies fossiles. Ils ont depuis souvent changé de source d’alimentation pour privilégier les énergies renouvelables. Dans les réseaux de gaz, le gaz naturel a remplacé le gaz manufacturé après la guerre, tout en conservant les infrastructures des immeubles.
Dans les années 1970 et 1980, le chauffage électrique supplante rapidement le gaz de réseau et plus encore le fioul et les réseaux de chaleur. Cette évolution intervient dans le contexte de l’arrivée sur le marché, à partir de 1971, de systèmes de chauffage électrique performants, de la forte hausse des prix des énergies fossiles (chocs pétroliers de 1973-1974 et de 1978-1979) et de l’essor de l’industrie nucléaire française à partir du plan Messmer en 1974.
Les logements de 1990 sont ainsi chauffés à 57 % par l’électricité contre seulement 14 % de ceux de 1970. La part des ménages se chauffant principalement au bois progresse également et atteint un point haut au milieu des années 1980 : 16 % en 1985, alors qu’elle n’est que de 6 % dans les logements construits en 1970.
À la faveur du contre-choc pétrolier de 1986 et d’un niveau des prix des énergies fossiles durablement bas jusqu’à la fin des années 1990, les chauffages au gaz naturel, au GPL et dans une moindre mesure au fioul rebondissent ensuite aux dépens du chauffage électrique.
Le gaz de réseau chauffe ainsi, en 2020, 36 % des logements construits en 2000 (contre 26 % de ceux de 1990), le GPL stocké localement 4 % (contre 1 %), le fioul 7 % (contre 5 %), et le chauffage électrique seulement 40 % (contre 57 %), dont 6 % pour les pompes à chaleur.
Au cours des années 2000, la hausse rapide des prix des énergies fossiles entraîne un nouveau report de ces énergies vers le chauffage électrique, tout en favorisant l’émergence des pompes à chaleur. Pour les constructions de la fin des années 2000, la proportion de logements chauffés au gaz de réseau n’est plus que de 22 % en 2020 et la part du fioul et du GPL devient négligeable (à 2 %), alors que la part de l’électrique atteint 62 % (dont 9 % par pompes à chaleur).
Après 2010, les pompes à chaleur accentuent leur essor. Elles concernent, en 2020, 17 % des logements (et 31 % des maisons) construits en 2015.
La décennie 2010 est aussi marquée par le développement des chaudières à gaz à condensation et des réseaux de chaleur par biomasse ou récupération des déchets, favorisés par la réglementation thermique de 2012, au détriment du chauffage électrique traditionnel, moins performant en termes de rendement. L’effet est particulièrement net dans les logements collectifs, où, en 2020, le gaz de réseau chauffe 58 % des appartements construits en 2015 (contre 27 % de ceux construits en 2009) et les réseaux de chaleur 14 % (contre 5 %), alors que l’électricité redescend à 25 % (contre 66 %).
Un partage entre électricité et gaz de réseau selon la douceur du climat
Les énergies de chauffage varient également, bien que dans une moindre mesure, en fonction de la zone climatique. Dans le nord et le nord-est (zones H1a et H1b de la réglementation thermique et environnementale), 44 % des ménages utilisent le gaz de réseau comme énergie principale de chauffage en 2020, contre 31 % l’électricité. Dans le sud-est (zone H3), aux hivers plus doux, ces parts s’inversent respectivement à 24 % et 54 %.
Ces choix sont à rapprocher des qualités respectives de ces modes de chauffage dans leur version traditionnelle : meilleur rendement thermique pour le chauffage central au gaz, facilité d’installation et d’entretien pour le chauffage électrique.
Énergie de chauffage principale en 2020 selon la zone climatique
Part du gaz de réseau (en %) Part de l’électricité (en %)
Lecture : au 1er janvier 2020, le gaz de réseau et l’électricité sont l’énergie principale de chauffage de respectivement plus de 42 % et moins de 35 % des ménages en zone climatique H1a de la réglementation thermique et environnementale.
Champ : résidences principales de France métropolitaine.
Source : SDES, enquête logement 2020
Pour les maisons, la part du gaz de réseau diminue nettement suivant un axe climatique nord-ouest/sud-est, passant de 47 % en zone H1a à 16 % en zone H3. Dans le collectif, seul le sud (zones H3 et H2c) se particularise clairement avec une part du chauffage électrique de 53 % contre moins de 40 % sur le reste de la métropole. Les réseaux de chaleur sont particulièrement présents dans les appartements d’Île-de-France (22 % contre 12 % au niveau global). Les pompes à chaleur sont moins utilisées dans les maisons du nord (5 %) que dans le reste de la France métropolitaine (10 %).
Les petits appartements principalement chauffés à l’électricité
Le recours au chauffage électrique diminue nettement avec la surface des appartements jusqu’au seuil d’environ 70 m2. Ainsi, 73 % des appartements de moins de 20 m2, souvent occupés par des étudiants, sont chauffés par le réseau électrique en 2020 contre à peine plus de 25 % de ceux de 70 m2 et plus. Dans les petites surfaces, la facilité d’installation et d’entretien l’emporte vraisemblablement sur le critère de rendement thermique, d’autant plus que le parc locatif privé est surreprésenté dans cette catégorie d’appartements.
Part de l’électricité comme énergie principale de chauffage des appartements en 2020 selon leur surface
En %
Lecture : au 1er janvier 2020, l’électricité est l’énergie principale de chauffage de 73 % des appartements de moins de 20 m2.
Champ : appartements résidences principales de France métropolitaine.
Source : SDES, enquête logement 2020
Les réseaux de gaz et de chaleur prédominants dans le parc collectif social
Au 1er janvier 2020, les appartements du secteur social sont à 74 % chauffés par les réseaux urbains (gaz, chaleur) contre 56 % de ceux dont l’occupant est propriétaire et 40 % de ceux du parc locatif privé. Cette spécificité du parc collectif social ne s’explique qu’en partie par son développement après-guerre, la taille plus grande de ses appartements, sa localisation importante en Île-de-France et moindre dans le sud.
Énergie de chauffage principale des appartements en 2020 selon le statut d’occupation
En %
Lecture : au 1er janvier 2020, l’énergie principale de chauffage de 7 % des appartements locatifs du secteur privé provient d’un réseau de chaleur.
Champ : appartements résidences principales de France métropolitaine.
Source : SDES, enquête logement 2020
Des énergies plus diversifiées dans les maisons des zones rurales
Les maisons situées en zones rurales disposent beaucoup moins souvent d’un accès à un réseau de gaz que les autres. Elles sont 31 % à appartenir à une commune desservie par un réseau de gaz alors que celles des unités urbaines le sont à 92 %. De ce fait, seules 8 % d’entre elles se chauffent au gaz de réseau contre 41 % des maisons des unités urbaines.
Ce moindre accès au gaz n’est pas compensé par un recours accru au chauffage électrique traditionnel (28 % comme dans les autres maisons), mais par l’emploi des autres modes de chauffage : bois (29 % contre 12 %), fioul (20 % contre 11 %), pompe à chaleur (11 % contre 7 %) ou encore GPL stocké localement (4 % contre 1 %).
Énergie de chauffage principale des maisons en 2020 selon la taille d’unité urbaine
En %
Lecture : au 1er janvier 2020, l’énergie principale de chauffage de 11 % des maisons situées hors unités urbaines provient d’une pompe à chaleur.
Champ : maisons résidences principales de France métropolitaine.
Source : SDES, enquête logement 2020
Plus de pompes à chaleur et de fioul dans les grandes maisons
L’usage des pompes à chaleur augmente sensiblement avec la taille des maisons, passant de 3 % dans celles de moins de 80 m2 à 14 % dans celles de 130 m2 et plus. C’est aussi le cas dans une moindre mesure pour le fioul (de 9 % à 17 %) et le bois (de 14 % à 18 %). Les petites maisons utilisent beaucoup plus le chauffage électrique traditionnel que les grandes (41 % contre 20 %). Ce résultat suggère un intérêt économique croissant à installer des chaudières au fioul et des pompes à chaleur dans les grandes surfaces, les ménages étant par ailleurs fortement encouragés ces dernières années à substituer les unes par les autres.
Énergie de chauffage principale des maisons en 2020 selon leur surface
En %
Lecture : au 1er janvier 2020, l’énergie principale de chauffage de 3 % des maisons résidences principales de moins de 80 m2 provient d’une pompe à chaleur.
Champ : maisons résidences principales de France métropolitaine.
Source : SDES, enquête logement 2020
En maison, le fioul davantage utilisé par les retraités âgés et les agriculteurs
Les retraités de 75 ans et plus et les agriculteurs utilisent beaucoup plus fréquemment le fioul pour chauffer leur maison que les autres catégories socioprofessionnelles (respectivement 24 % et 25 % contre 12 %), même quand celles-ci habitent en dehors des unités urbaines (17 %).
S’agissant des retraités âgés, ce constat peut en partie s’expliquer par l’occupation plus fréquente de maisons construites de 1949 à 1974 (dans 32 % des cas contre 18 % au niveau global) et vraisemblablement par leur moindre inclination à modifier leur installation thermique.
Les agriculteurs se chauffent également nettement plus souvent au bois : 43 % contre 28 % des autres catégories sociales habitant en zone rurale.
Énergie de chauffage principale des maisons en 2020 selon la catégorie socioprofessionnelle
En %
Lecture : au 1er janvier 2020, l’énergie principale de chauffage de 11 % des ménages dont la personne de référence est agriculteur provient d’une pompe à chaleur.
Champ : maisons résidences principales de France métropolitaine.
Source : SDES, enquête logement 2020
Parmi les autres actifs, les cadres ont nettement plus souvent recours au gaz de réseau dans leur maison que les autres catégories (41 % contre 28 %). Cet écart persiste quand on limite la comparaison aux ménages des communes disposant d’un accès au gaz de réseau (51 % contre 40 %). À l’inverse, les ouvriers utilisent davantage le bois (25 % contre 17 % pour les autres catégories), même quand on se restreint aux communes rurales (34 % contre 29 %). Ceci peut renvoyer en partie au fait que le bois est une source d’énergie moins onéreuse.
Méthodologie
- Source : enquête logement 2020 (SDES)
L’enquête logement (EnL) est une enquête de la statistique publique, réalisée depuis 1955 tous les 4 à 6 ans par l’Insee et exceptionnellement par le SDES pour l’enquête 2020. Elle renseigne sur les caractéristiques et la qualité des résidences principales, leur équipement (notamment énergétique), les dépenses pour le logement, leurs occupants, leurs ressentis sur leur logement et leur environnement, leur mobilité, etc. L’enquête a été réalisée d’octobre 2019 à avril 2021 par sondage sur un échantillon d’environ 37 000 logements, représentatif des résidences principales de France métropolitaine.
- L’énergie principale des logements
L’énergie principale des logements est définie à partir de la forme d’énergie qui arrive dans le bâtiment (par exemple, fluide caloporteur pour les réseaux de chaleur, gaz pour le gaz de réseau). Les pompes à chaleur utilisent principalement l’énergie thermique du milieu environnant mais aussi une quantité non négligeable d’électricité, ce qui explique leur rattachement à l’électricité. Lorsque le logement est chauffé par plusieurs sources d’énergie, des règles de priorité permettent de retenir celle considérée comme principale.
Pour en savoir plus : méthodologie de fixation et redressement de l'énergie principale
- Choix des critères d’analyse statistique
Les déterminants retenus résultent d’analyses « toutes choses égales par ailleurs ». Par souci de lisibilité, chacun de ces déterminants est examiné séparément sans indiquer toutes les corrélations entre les facteurs.
Auteur : François BOUTON, SDES
Données
Données détaillées des graphiques publiés dans cet article.