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Les forêts en France – Extrait du Bilan environnemental 2024

Environnement
Publié le 10/02/2025
Avec près d’un tiers du territoire métropolitain couvert par des bois et forêts, la France est le quatrième pays européen en matière de boisement derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne. Elle abrite une forêt riche et diversifiée en essences (feuillus, résineux), en types de peuplement (pur ou mélangé) et en structures (futaie régulière ou irrégulière, taillis) qui participent à l’équilibre de cet écosystème. Au-delà des services d’approvisionnement (ressources en bois, champignons, etc.), récréatifs et culturels qu’elle procure, la forêt joue un rôle majeur dans la régulation du climat, du cycle de l’eau, des sols (réservoir de biodiversité, puits de carbone, lutte contre l’érosion, etc.).

La forêt française, un écosystème diversifié en développement

Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, la surface forestière métropolitaine s’est continûment accrue du fait de la déprise agricole et de la déprise rurale. La déprise agricole engagée au XIXe siècle a libéré les terres les moins productives pour l’agriculture, lesquelles se sont boisées progressivement et génèrent, avec un temps de décalage des volumes de bois supplémentaires. La déprise rurale et l’émergence des énergies fossiles ont abaissé la pression sur le bois de chauffage, ce qui a entraîné l’abandon des traitements en taillis et taillis sous futaie et un allongement des durées des révolutions : les arbres de ces peuplements grossissent et leur volume s’accroît. La forêt a ainsi progressé de plus de 20 % depuis 1985 pour atteindre 17,5 millions d’hectares (ha) en 2023, soit une couverture de 31,8 % du territoire métropolitain. Le taux de couvert boisé est particulièrement fort en Corse, dans le massif vosgien, le Jura, les Cévennes et dans les départements de la Gironde et des Landes . En outre-mer, 8,24 millions d’ha de forêt sont recensés (dont 97,4 % sur le seul territoire de la Guyane).

 

Taux de boisement par département en France métropolitaine, en 2023

© SDES

Source : IGN, inventaire forestier national, 2018 - 2022. Traitements : SDES, 2024

 

La forêt métropolitaine est constituée majoritairement de forêts privées (environ 13,1 millions d’ha), mais également de forêts domaniales (1,55 million d’ha) et d’autres forêts publiques (2,8 millions d’ha). Regroupant 190 essences (3 250 essences en outre-mer), elle se partage entre des peuplements dits « purs » à essence exclusive (7,1 millions d’ha) et des peuplements mélangés (7,5 millions d’ha). Le massif landais, quasi exclusivement composé de pins maritimes, se distingue des forêts du nord-est de la France et du Massif central qui constituent les forêts les plus diversifiées.

Entre 1985 et 2023, le volume de stock de bois sur pied tel que publié par l’IGN est passé de 137 m3/ha à 172 m3/ha en moyenne, pour atteindre 2,8 milliards de m3 en 2023. Les feuillus (principalement des chênes) représentent 65 % de ce stock. La production biologique annuelle de bois brute est d’environ 87,8 millions de m3, sur la période 2013-2023, soit 5,4 m3/ha (59 % de feuillus et 41 % de résineux). Les régions ayant une production annuelle moyenne par hectare inférieure à la moyenne nationale sont principalement les régions du pourtour méditerranéen.

La forêt française héberge de nombreuses espèces animales et végétales (72 % de la flore métropolitaine), dont certaines remarquables. Essentiels à la biodiversité forestière, le bois mort sur pied et les chablis (148 millions de m3) et le bois mort au sol (289 millions de m3) constituent des habitats pour les espèces à enjeu de conservation. Bien que la forêt soit l’écosystème le moins impacté par les activités humaines, de nombreuses espèces de plantes, mammifères et oiseaux sont menacées. Sur les 289 espèces et habitats remarquables des écosystèmes forestiers évalués par la directive Habitats-Faune-Flore (2013-2018), seuls 31 % étaient dans un état de conservation favorable.

 

État de conservation des espèces et habitats remarquables sélectionnés pour l’écosystème forestier sur la période 2013-2018
En %

© SDES

Note : analyse faite à partir de 289 évaluations (espèces et habitats) portant sur l'écosystème forestier.
Source : UMS PatriNat (AFB-CNRS-MNHN), 3ᵉ rapportage DHFF, 2019. Traitements : UMS PatriNat ; SDES

De nombreux services rendus par les écosystèmes forestiers

Considérées comme l’un des plus grands puits de carbone de la planète, les forêts retiennent le carbone dans leur biomasse. Elles participent de fait à la lutte contre le changement climatique. On estime ainsi à 1,3 milliard de tonnes la quantité de carbone stocké dans la biomasse ligneuse (bois aérien et souterrain) des forêts de production françaises métropolitaines, les trois quarts de ce stock s’accumulant dans les bois feuillus

 

Stock de carbone dans la biomasse ligneuse en 2022
En %

© SDES

Champ : France métropolitaine.
Source : compte de la forêt 2023

 

La quantité de carbone stocké augmente en moyenne de 13 millions de tonnes chaque année sur la période 2007-2020, ce flux faisant l’objet de fortes fluctuations en lien avec les événements climatiques extrêmes pouvant survenir.

Intervenant dans le cycle de l’eau, la forêt assure également un rôle de purificateur en filtrant l’eau par le biais d’un système racinaire complexe allié à une matière organique riche qui favorise sa rétention dans le sol. Avec plus de 700 millions de visites annuelles, elle est aussi le lieu privilégié de nombreuses activités récréatives qui connaissent un engouement notamment grâce au tourisme vert.

La forêt fournit enfin des ressources naturelles dont tire profit l’économie française. Fin 2022, les terres forestières étaient valorisées à hauteur de 28,4 milliards d’euros (Md€) et la forêt métropolitaine française comptait près de 3,1 milliards de m3 de bois sur pied disponibles pour la production. Avec la hausse du prix du bois, la valeur des stocks de bois en forêt de production dépasse désormais 110 Md€. L’augmentation annuelle du stock de bois sur pied entre début 2007 et fin 2022 est estimée à 1 % en moyenne. Bien que les prélèvements de bois (récolte + pertes d’exploitation) demeurent largement inférieurs à la production biologique nette de la mortalité, le taux de prélèvement augmente en raison d’une baisse de la production biologique combinée à une hausse des prélèvements et de la mortalité. En 2022, la filière forêt-bois française mobilise plus de 198 000 emplois équivalents temps plein, sa production atteint 50 Md€ et sa valeur ajoutée 17 Md€. Le bois est également utilisé à des fins énergétiques (production de chaleur, électricité, biocarburants de 2e génération). En 2022, le bois-énergie représentait 34 % de la production d’énergie renouvelable en France.

La forêt est un placement recherché pour plusieurs raisons : valeur refuge, lieu d’agrément ou mise à disposition de bois de chauffage. Des frais notariaux plafonnés à 10 % depuis 2016 encouragent également les transactions, en nombre croissant (plus de 20 000 depuis 2021).

Des écosystèmes fragiles menacés par les aléas climatiques et biologiques

Les conditions météorologiques (sécheresse, température et vent) ont une forte influence sur la sensibilité des végétaux au feu et sur la propagation des incendies. Avec ses nombreux massifs forestiers, la France est particulièrement exposée au risque d’incendies notamment en Corse, sur le pourtour méditerranéen, les Cévennes, les piémonts alpins et pyrénéens ou encore les Landes. À la suite des efforts engagés ces dernières années dans la lutte opérationnelle et stratégique contre les incendies, les feux de forêt d’un hectare ou plus se distinguent par des surfaces détruites plus faibles.

En 2023, 2 674 incendies de forêt se sont déclarés en France sur plus de 5 385 ha, soit la moitié du département de Paris (en net repli par rapport à 2022 dont le nombre d’incendies s’élevait à 4 378). Parmi ces incendies, 472 d’un hectare ou plus ont été recensés en France métropolitaine et dans les outre-mer. Les départements des Pyrénées-Orientales (1 260 ha) et de Haute-Corse (671 ha) concentrent à eux deux 37 % de la surface nationale détruite en 2023.

Grâce à la mise en place des dispositifs de prévention et de lutte contre les incendies, les surfaces parcourues annuellement par les incendies de forêt décroissent en zone méditerranéenne. En moyenne sur la période 2014-2023, 9 000 ha ont été détruits par an par les feux de forêt et de végétation, contre 35 000 ha sur la période 1981-1990. Les causes de départ d’incendies sont multiples : naturelles, accidentelles, involontaires ou issues d’actes de malveillance. Sur les 805 actes attribués de façon certaine en 2023, 71 % sont involontaires ou accidentels, 21 % malveillants et 8 % d’origine naturelle.

 

Nombre de feux de forêt et de végétation, par département, en 2023
(de plus de 1 ha, carte de gauche ; de moins de 1 ha, carte de droite)

© SDES


Source : BDIFF, extraction au 11 décembre 2024

 

Les tempêtes, bien que peu fréquentes, peuvent provoquer également de nombreux dommages. En 1999, 6 % de la surface forestière (968 000 ha) était touchée par les tempêtes Lothar et Martin. Les épisodes répétés de sécheresse (cas de l’est de la France, par exemple) participent aussi à affaiblir les forêts, notamment les résineux, qui se retrouvent impactés par les scolytes, insectes ravageurs, nécessitant la coupe précoce des bois. Le réchauffement climatique et la densification des échanges commerciaux peuvent, par ailleurs, menacer les forêts françaises en facilitant l’émergence de pathogènes et ravageurs comme cela est le cas en France depuis quelques années avec l’apparition du capricorne asiatique des agrumes (impacts sur les chênes et les érables) ou du nématode du pin (impacts sur les conifères). La progression significative des populations d’ongulés sauvages (cerfs, chevreuils, sangliers) peut nuire aussi aux régénérations forestières en détruisant les pousses et bourgeons des essences recensements plantées.

Ces conditions de plus en plus défavorables aux arbres conduisent à une altération directe de leur état physiologique. Ainsi sur la période 2021-2023, la France compte 186 millions d’arbres altérés (vivants ou morts sur pied depuis moins de cinq ans), parmi les 2 270 millions d’arbres qualifiés, soit un taux d’arbres forestiers altérés de 8 %. Ce taux est identique en termes de volume (174 millions de m3 altérés).

Des écosystèmes à préserver

Pour faire face aux pressions qu’ils subissent, des dispositifs de protection sont mis en place sur certains massifs. Ainsi, en 2024, 2,3 % des surfaces forestières métropolitaines étaient couvertes par un dispositif de protection forte au sens de la stratégie nationale des aires protégées.


Au sein des protections, on retrouve les outils de protection suivants :

  • Les zones cœur de parcs nationaux qui représentent 40 % de la surface totale de forêts sous protection forte. La surface de forêt en cœur de parc (162 231 ha) a fortement augmenté depuis 2019, à la suite de la création du parc national de forêts dont le cœur de parc couvre 56 614 ha de forêts.
  • Les arrêtés de protection (biotope, géotope et habitats naturels) représentent 25 % de la surface totale des forêts sous protection forte. Au sein de ces dispositifs, la forêt couvre plus de la moitié des surfaces terrestres.
  • Le réseau des réserves naturelles (nationales, régionales et de Corse) représente 23 % de la surface des forêts sous protection forte. Les forêts couvrent près de 47 % des 201 645 ha des réserves naturelles terrestres métropolitaines.
  • Les réserves biologiques (intégrales et dirigées) couvrent 8 % de la surface totale des forêts sous protection forte.
  • Les réserves nationales de chasse et faune sauvage.

 

Surface de forêt par type d’aire protégée sous statut de protection réglementaire en 2024
En km2

© SDES

Champ : France métropolitaine.
Source : PBD Forêt V2, IGN, 2023 ; Base des espaces protégés, INPN, PatriNat 2024.

 

Ces différentes surfaces ont vocation à augmenter via la création de 50 réserves biologiques (intégrales ou dirigées) d’ici à 2030 pour atteindre l’objectif de couverture de 10 % du territoire national. Par ailleurs, plus de 19 % des forêts intègrent le dispositif Natura 2000.


Les réserves biologiques sont des outils réglementaires protégeant des espèces et des habitats considérés comme remarquables ou représentatifs des milieux forestiers. En 2024, la France compte 246 réserves biologiques réparties comme suit :

  • 95 réserves biologiques intégrales couvrant 104 395 ha de forêts. Les interventions humaines y sont réduites au strict minimum : l’exploitation forestière, ainsi que la chasse au petit gibier, y sont interdites et l’accès public y demeure souvent possible sous conditions.
  • 181 réserves biologiques dirigées couvrant 32 059 ha de forêts. Dans ces espaces, la gestion y est interventionniste et ciblée sur des enjeux patrimoniaux forts : création ou entretien de milieux ouverts, travaux de gestion hydraulique, lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

 

Surface des réserves biologiques intégrales et dirigées en France en 2024
En ha

© SDES

Champ : France.
Source : Patrinat, INPN, 2024.

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Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2024 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

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