Les forêts en France – Synthèse des connaissances en 2022

Environnement
Publié le 09/12/2022
Avec près d’un tiers du territoire métropolitain couvert par des bois et forêts, la France est le quatrième pays européen en matière de boisement derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne. Elle abrite une forêt riche et diversifiée en essences (feuillus, résineux), en types de peuplement (pur ou mélangé) et en structures (futaie régulière ou irrégulière, taillis) qui participent à l’équilibre de cet écosystème. Au-delà des services d’approvisionnement (ressources en bois, champignons, etc.), récréatifs et culturels qu’elle procure, la forêt joue un rôle majeur dans la régulation du climat, du cycle de l’eau, des sols (réservoir de biodiversité, puits de carbone, lutte contre l’érosion, etc.).

La forêt française, un écosystème diversifié en développement

Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, la surface forestière métropolitaine s’est continûment accrue. Elle a ainsi progressé de plus de 20 % depuis 1985 pour atteindre 17,1 millions d’hectares (ha) en 2021, soit une couverture de 31 % du territoire métropolitain.

Cette extension du couvert boisé est particulièrement marquée en Corse, dans le massif vosgien et dans le Jura. En outre-mer, avec 8,24 millions d’hectares de forêt recensés (dont 97,4 % en Guyane), la forêt couvre près de 85 % du territoire ultramarin.

La forêt métropolitaine est constituée majoritairement de forêts privées (environ 12,8 millions d’ha), mais également de forêts domaniales (1,5 million d’ha) et d’autres forêts publiques (2,8 millions d’ha).

Regroupant 190 essences (3 250 essences en outre-mer), elle se partage entre des peuplements dits « purs » à essence exclusive (7,1 millions d’ha) et des peuplements mélangés (7,5 millions d’ha). Le massif landais, quasiment exclusivement composé de pins maritimes, se distingue des forêts du nord-est de la France et du Massif central qui constituent les forêts les plus diversifiées.

 

Taux de boisement par grande région écologique en 2017

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Note : l’année moyenne 2017 correspond aux campagnes d’inventaires de 2015 à 2019.
Champ : toute la forêt.
Source : IGN, inventaire forestier national, 2019. Traitements : SDES, 2021

 

Entre 2007 et 2020, le volume de stock de bois sur pied est passé de 175 m3/ha à 189 m3/ha en moyenne, pour atteindre 3,1 milliards de m3 fin 2020. Les feuillus (principalement des chênes) représentent 64 % de ce stock. La production biologique annuelle de bois est d’environ de 87,8 millions de m3, soit 5,5 m3/ha (59 % de feuillus et 41 % de résineux), celle de la région Grand Est étant la plus élevée avec 7 m3/ha/an.

La forêt française héberge de nombreuses espèces animales et végétales (72 % de la flore métropolitaine), dont certaines remarquables. Essentiel à la biodiversité forestière, le bois mort sur pied (128 millions de m3) et au sol (264 millions de m3) constitue des habitats pour les espèces à enjeu de conservation. Bien que la forêt soit l’écosystème le moins impacté par les activités humaines, de nombreuses espèces de plantes, mammifères et oiseaux sont menacées. Sur les 289 espèces et habitats remarquables des écosystèmes forestiers évalués par la directive Habitats-Faune-Flore (2013-2018), seuls 31 % étaient dans un état de conservation favorable.

 

État de conservation des espèces et habitats remarquables sélectionnés pour l’écosystème forestiers
En %

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Note : analyse faite à partir de 289 évaluations (espèces et habitats) portant sur l'écosystème forestier.
Source : UMS PatriNat (AFB-CNRS-MNHN), 3e rapportage DHFF, 2019. Traitements : UMS PatriNat ; SDES

De nombreux services rendus par les écosystèmes forestiers

Considérées comme un des plus grands puits de carbone de la planète, les forêts retiennent le carbone dans leur biomasse. Elles participent de fait à la lutte contre le changement climatique. On estime ainsi à 1,3 milliard de tonnes la quantité de carbone stocké dans la biomasse ligneuse (bois aérien et souterrain) des forêts de production françaises métropolitaines, les trois quarts de ce stock s’accumulant dans les bois feuillus. La quantité de carbone stocké augmente en moyenne de 14 millions de tonnes chaque année sur la période 2007-2018, ce flux faisant l’objet de fortes fluctuations en lien avec les événements climatiques extrêmes pouvant survenir.

 

Stock de carbone dans la biomasse ligneuse en 2019
En %

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Champ : France métropolitaine.
Source : compte de la forêt - convention 2021-2022

 

Intervenant dans le cycle de l’eau, la forêt assure également un rôle de purificateur en filtrant l’eau par le biais d’un système racinaire complexe allié à une matière organique riche qui favorise sa rétention dans le sol. Avec plus de 700 millions de visites annuelles, elle est aussi le lieu privilégié de nombreuses activités récréatives qui connaissent un engouement notamment grâce au tourisme vert.

La forêt fournit enfin des ressources naturelles dont tire profit l’économie française. Début 2020, les terres forestières sont valorisées à hauteur de 25 milliards d’euros. Fin 2019, la forêt métropolitaine française compte près de 3,1 milliards de m3 de bois sur pied disponibles pour la production. La valeur des stocks de bois en forêt de production avoisine 66 milliards d’euros. L’augmentation annuelle du stock sur pied entre début 2007 et fin 2019 est estimée à + 1,1 % en moyenne. Bien que les prélèvements de bois (récolte + pertes d’exploitation) demeurent largement inférieurs à la production biologique nette de la mortalité, le taux de prélèvement augmente en raison d’une baisse de la production biologique et d’une hausse des prélèvements. En 2020, la filière forêt-bois française mobilise près de 185 000 emplois équivalents temps plein, sa production atteint 40,2 milliards d’euros et sa valeur ajoutée 17,3 milliards d’euros (0,9 % du PIB). Le bois est également utilisé à des fins énergétiques (production de chaleur, électricité, biocarburants de 2e génération). En 2020, le bois-énergie représentait 32,9 % de la production d’énergie renouvelable en France.

Des écosystèmes fragiles menacés par les aléas climatiques et biologiques

Les conditions météorologiques (sécheresse, température et vent) ont une forte influence sur la sensibilité des végétaux au feu et sur sa propagation. Avec ses nombreux massifs forestiers, la France est particulièrement exposée au risque d’incendies notamment en Corse, sur le pourtour méditerranéen, les Cévennes, les piémonts alpins et pyrénéens ou encore les Landes.

Afin de caractériser les efforts engagés ces dernières années dans la lutte opérationnelle et stratégique contre les incendies, les feux de forêt d’un hectare ou plus sont distingués des surfaces détruites plus faibles.

En 2021, 502 feux de forêt d’un hectare ou plus ont été recensés en métropole, soit près de 12 890 ha d’écosystèmes forestiers détruits. Les départements du Var (6 848 ha) et de l’Aude (1 266 ha) concentrent à eux deux 63 % de la surface nationale détruite cette même année. En moyenne sur la période 2006-2021, 9 780 ha ont été détruits par les feux de forêt et de végétation.

 

Nombre de feux de forêt et de végétation, par département en 2021

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Note : à gauche, le nombre de feux recensé de plus de 1 ha, à droite ceux de moins de 1 ha.
Source : BDIFF

 

Les tempêtes, bien que peu fréquentes, peuvent provoquer également de nombreux dommages. En 1999, 6 % de la surface forestière (968 000 ha) était touchée par les tempêtes Lothar et Martin. Les épisodes répétés de sécheresse (cas de l’est de la France, par exemple) participent aussi à affaiblir les forêts, notamment les résineux, qui se retrouvent impactés par les scolytes, insectes ravageurs, nécessitant la coupe précoce des bois.

Le réchauffement climatique et la densification des échanges commerciaux peuvent, par ailleurs, menacer les forêts françaises en facilitant l’émergence de pathogènes et ravageurs comme cela est le cas en France depuis quelques années avec l’apparition du capricorne asiatique des agrumes (impacts sur les chênes et les érables) ou du nématode du pin (impacts sur les conifères). La progression significative des populations d’ongulés sauvages (cerfs, chevreuils, sangliers) peut nuire aussi aux régénérations forestières en détruisant les pousses et bourgeons des essences recensements plantées.

Des écosystèmes à préserver

Pour faire face aux pressions qu’ils subissent, des dispositifs de protection sont mis en place sur certains massifs. Ainsi, en 2019, 1,8 % des surfaces forestières métropolitaines étaient couvertes par un dispositif de protection forte  (cœurs des parcs nationaux, réserves naturelles nationales, régionales et de Corse, réserves biologiques dirigées et intégrales, arrêtés préfectoraux de protection de biotope). Par ailleurs, plus de 40 % des forêts intègrent le dispositif Natura 2000.

Les réserves biologiques sont des outils réglementaires protégeant des espèces et des habitats considérés comme remarquables ou représentatifs des milieux forestiers. En novembre 2021, la France compte 246 réserves biologiques réparties comme suit :

  • 95 réserves biologiques intégrales couvrant 1 044 km2 de forêts. Les interventions humaines y sont réduites au strict minimum : l’exploitation forestière, ainsi que la chasse au petit gibier, y sont interdites et l’accès public y demeure souvent possible sous conditions.
  • 181 réserves biologiques dirigées couvrant 320 km2 de forêts : dans ces espaces, la gestion y est interventionniste et ciblée sur des enjeux patrimoniaux forts : création ou entretien de milieux ouverts, travaux de gestion hydraulique, lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

 

Surface des réserves biologiques intégrales et dirigées en France en 2022
En km2

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Champ : France.
Source : Patrinat, INPN, 2022

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Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2022 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

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