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Les forêts en France – Synthèse des connaissances en 2023

Environnement
Publié le 30/11/2023
Avec près d’un tiers du territoire métropolitain couvert par des bois et forêts, la France est le quatrième pays européen en matière de boisement derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne. Elle abrite une forêt riche et diversifiée en essences (feuillus, résineux), en types de peuplement (pur ou mélangé) et en structures (futaie régulière ou irrégulière, taillis) qui participent à l’équilibre de cet écosystème. Au-delà des services d’approvisionnement (ressources en bois, champignons, etc.), récréatifs et culturels qu’elle procure, la forêt joue un rôle majeur dans la régulation du climat, du cycle de l’eau, des sols (réservoir de biodiversité, puits de carbone, lutte contre l’érosion, etc.).

La forêt française, un écosystème diversifié en développement

Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, la surface forestière métropolitaine s’est continûment accrue. Elle a ainsi progressé de plus de 20 % depuis 1985 pour atteindre 17,5 millions d’hectares (ha) en 2021, soit une couverture de 32 % du territoire métropolitain. Cette extension du couvert boisé est particulièrement marquée en Corse, dans le massif vosgien, le Jura, les Cévennes et dans les départements de la Gironde et des Landes. En outre-mer, 8,24 millions d’hectares de forêt sont recensés (dont 97,4 % sur le seul territoire de la Guyane).

La forêt métropolitaine est constituée majoritairement de forêts privées (environ 12,8 millions d’ha), mais également de forêts domaniales (1,5 million d’ha) et d’autres forêts publiques (2,8 millions d’ha).

Regroupant 190 essences (3 250 essences en outre-mer), elle se partage entre des peuplements dits « purs » à essence exclusive (7,1 millions d’ha) et des peuplements mélangés (7,5 millions d’ha). Le massif landais, quasiment exclusivement composé de pins maritimes, se distingue des forêts du nord-est de la France et du Massif central qui constituent les forêts les plus diversifiées.

 

Taux de boisement par département en France métropolitaine

© SDES

Source : IGN, inventaire forestier national, 2018 - 2022. Traitements : SDES, 2023

 

Entre 1985 et 2022, le volume de stock de bois sur pied tel que publié par l’IGN est passé de 137 m3/ha à 173 m3/ha en moyenne, pour atteindre 2,8 milliards de m3 fin 2022. Les feuillus (principalement des chênes) représentent 65 % de ce stock. La production biologique annuelle de bois brute est d’environ de 87,8 millions de m3, sur la période 2013-2021, soit 5,4 m3/ha (59 % de feuillus et 41 % de résineux), les régions ayant une production annuelle moyenne par hectare inférieure à la moyenne nationale sont principalement les régions du pourtour méditerranéen.

La forêt française héberge de nombreuses espèces animales et végétales (72 % de la flore métropolitaine), dont certaines remarquables. Essentiel à la biodiversité forestière, le bois mort sur pied (138 millions de m3) et au sol (275 millions de m3) constitue des habitats pour les espèces à enjeu de conservation. Bien que la forêt soit l’écosystème le moins impacté par les activités humaines, de nombreuses espèces de plantes, mammifères et oiseaux sont menacées. Sur les 289 espèces et habitats remarquables des écosystèmes forestiers évalués par la directive Habitats-Faune-Flore (2013-2018), seuls 31 % étaient dans un état de conservation favorable.

 

État de conservation des espèces et habitats remarquables sélectionnés pour l’écosystème forestier sur la période 2013-2018
En %

© SDES

Note : analyse faite à partir de 289 évaluations (espèces et habitats) portant sur l'écosystème forestier.
Source : UMS PatriNat (AFB-CNRS-MNHN), 3ᵉ rapportage DHFF, 2019. Traitements : UMS PatriNat ; SDES

De nombreux services rendus par les écosystèmes forestiers

Considérées comme l’un des plus grands puits de carbone de la planète, les forêts retiennent le carbone dans leur biomasse. Elles participent de fait à la lutte contre le changement climatique. On estime ainsi à 1,3 milliard de tonnes la quantité de carbone stocké dans la biomasse ligneuse (bois aérien et souterrain) des forêts de production françaises métropolitaines, les trois quarts de ce stock s’accumulant dans les bois feuillus. La quantité de carbone stocké augmente en moyenne de 13 millions de tonnes chaque année sur la période 2007-2020, ce flux faisant l’objet de fortes fluctuations en lien avec les événements climatiques extrêmes pouvant survenir.

 

Stock de carbone dans la biomasse ligneuse en 2020
En %

© SDES

Champ : France métropolitaine.
Source : compte de la forêt 2023

 

Intervenant dans le cycle de l’eau, la forêt assure également un rôle de purificateur en filtrant l’eau par le biais d’un système racinaire complexe allié à une matière organique riche qui favorise sa rétention dans le sol. Avec plus de 700 millions de visites annuelles, elle est aussi le lieu privilégié de nombreuses activités récréatives qui connaissent un engouement, notamment grâce au tourisme vert. La forêt fournit enfin des ressources naturelles dont tire profit l’économie française. Fin 2021, les terres forestières étaient valorisées à hauteur de 27 milliards d’euros et la forêt métropolitaine française comptait près de 3,1 milliards de m3 de bois sur pied disponibles pour la production. Avec la hausse du prix du bois, la valeur des stocks de bois en forêt de production dépasse désormais 100 milliards d’euros. L’augmentation annuelle du stock sur pied entre début 2007 et fin 2021 est estimée à + 1 % en moyenne. Bien que les prélèvements de bois (récolte + pertes d’exploitation) demeurent largement inférieurs à la production biologique nette de la mortalité, le taux de prélèvement augmente en raison d’une baisse de la production biologique combinée à une hausse des prélèvements et de la mortalité. En 2021, la filière forêt-bois française mobilise près de 182 000 emplois équivalents temps plein, sa production atteint 37 milliards d’euros et sa valeur ajoutée 12 milliards d’euros. Le bois est également utilisé à des fins énergétiques (production de chaleur, électricité, biocarburants de 2ᵉ génération). En 2022, le bois-énergie représentait 31,8 % de la production d’énergie renouvelable en France.

Des écosystèmes fragiles menacés par les aléas climatiques et biologiques

Les conditions météorologiques (sécheresse, température et vent) ont une forte influence sur la sensibilité des végétaux au feu et sur sa propagation. Avec ses nombreux massifs forestiers, la France est particulièrement exposée au risque d’incendies, notamment en Corse, sur le pourtour méditerranéen, les Cévennes, les piémonts alpins et pyrénéens ou encore les Landes. Afin de caractériser les efforts engagés ces dernières années dans la lutte opérationnelle et stratégique contre les incendies, les feux de forêt d’un hectare ou plus sont distingués des surfaces détruites plus faibles. En 2022, sur les 4 378 feux de forêt, 1 211 feux d’un hectare ou plus ont été recensés en métropole, soit près de 58 580 ha d’écosystèmes forestiers détruits. Les départements de la Gironde (28 698 ha) et du Var (2 940 ha) concentrent à eux deux 54 % de la surface nationale détruite cette même année. En moyenne, sur la période 2013-2022, 15 000 ha ont été détruits par an par les feux de forêt et de végétation.

 

Nombre de feux de forêt et de végétation, par département en 2022

© SDES

Note : à gauche, le nombre de feux recensé de plus de 1 ha, à droite ceux de moins de 1 ha.
Source : BDIFF

 

Les tempêtes, bien que peu fréquentes, peuvent provoquer également de nombreux dommages. En 1999, 6 % de la surface forestière (968 000 ha) était touchée par les tempêtes Lothar et Martin. Les épisodes répétés de sécheresse (cas de l’est de la France, par exemple) participent aussi à affaiblir les forêts, notamment les résineux, qui se retrouvent impactés par les scolytes, insectes ravageurs, nécessitant la coupe précoce des bois. Le réchauffement climatique et la densification des échanges commerciaux peuvent, par ailleurs, menacer les forêts françaises en facilitant l’émergence de pathogènes et ravageurs comme cela est le cas en France depuis quelques années avec l’apparition du capricorne asiatique des agrumes (impacts sur les chênes et les érables) ou du nématode du pin (impacts sur les conifères). La progression significative des populations d’ongulés sauvages (cerfs, chevreuils, sangliers) peut nuire aussi aux régénérations forestières en détruisant les pousses et bourgeons des essences recensements plantées.

Des écosystèmes à préserver

Pour faire face aux pressions qu’ils subissent, des dispositifs de protection sont mis en place sur certains massifs. Ainsi, en 2023, 2,5 % des surfaces forestières métropolitaines étaient couvertes par un dispositif de protection forte (cœurs des parcs nationaux, réserves naturelles nationales, régionales et de Corse, réserves biologiques dirigées et intégrales, arrêtés préfectoraux de protection de biotope). Par ailleurs, plus de 40 % des forêts intègrent le dispositif Natura 2000.

Les réserves biologiques sont des outils réglementaires protégeant des espèces et des habitats considérés comme remarquables ou représentatifs des milieux forestiers. En 2022, la France compte 246 réserves biologiques réparties comme suit :

  • 95 réserves biologiques intégrales couvrant 1 044 km² de forêts. Les interventions humaines y sont réduites au strict minimum : l’exploitation forestière, ainsi que la chasse au petit gibier, y sont interdites et l’accès public y demeure souvent possible sous conditions.
  • 181 réserves biologiques dirigées couvrant 321 km² de forêts : dans ces espaces, la gestion y est interventionniste et ciblée sur des enjeux patrimoniaux forts : création ou entretien de milieux ouverts, travaux de gestion hydraulique, lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

 

Surface des réserves biologiques intégrales et dirigées en France en 2022
En km2

© SDES

Champ : France.
Source : Patrinat, INPN, 2022

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Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2023 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2023

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