Les métiers de l’économie verte rencontrent des difficultés de recrutement en 2020 et 2021

Environnement
Publié le 10/03/2022
Les projets de recrutement concernant les métiers de l’économie verte représentent 17 % de l’ensemble des intentions d’embauche en 2021, soit près de 460 000 projets exprimés par les employeurs. Plus de la moitié des recrutements dans les métiers de l’économie verte sont estimés difficiles à pourvoir, notamment dans les métiers du bâtiment. Les tensions sont principalement liées à une intensité d’embauche élevée et à un décalage entre les compétences requises par les employeurs et celles dont disposent les personnes en recherche d’emploi.

Un projet de recrutement sur six concerne un métier de l’économie verte

En 2021, près de 460 000 projets de recrutement ont concerné une famille professionnelle rattachée à l’économie verte (voir méthodologie), ce qui représente 17 % de l’ensemble des intentions d’embauche sur le marché du travail. Parmi ces projets, plus de la moitié sont jugés comme étant des recrutements « difficiles » (contre 45 % pour l’ensemble des intentions d’embauche, tous métiers confondus) et 21 % correspondent à des recrutements saisonniers (contre 32 %).

Le domaine du bâtiment rassemble 40 % des intentions d’embauche, avec des difficultés de recrutement élevées pour la grande majorité, jusqu’à plus de 80 % pour l’emploi de maçons ou de couvreurs.

Les recrutements proposés par les professionnels de l’animation socioculturelle représentent 19 % de l’ensemble des projets et concernent principalement des contrats saisonniers (65 %). Les projets de recrutement sur des contrats saisonniers concernent également de manière importante les métiers de bûcheronnage, de l’élagage, de la sylviculture et du jardinage.

Les conducteurs routiers et les jardiniers salariés représentent 7 % chacun des intentions d’embauche.

En 2021, les intentions d’embauche pour les métiers qui relèvent de l’économie verte diminuent par rapport à 2020 (- 5,1 %) alors qu’elles progressent très légèrement pour l’ensemble des métiers (+ 1,1 %). Cette diminution est particulièrement marquée pour les ingénieurs et cadres des transports et de la logistique, du contrôle-qualité et pour les techniciens des transports, du tourisme et des industries de process (industries de transformation). Les difficultés anticipées à l’embauche baissent par ailleurs de 6 % entre 2020 et 2021 (- 5,2 % pour l’ensemble des métiers).

 

Tableau : les projets de recrutement sur les métiers de l’économie verte pour 2021

Les projets de recrutement sur les métiers de l’économie verte pour 2021 - © SDES

 

Des difficultés de recrutement dans la majorité des métiers de l’économie verte

La tension sur un métier exprime les difficultés de recrutement observées sur le marché du travail. En 2020, sur les 35 métiers intégrés au périmètre de l’économie verte, seuls cinq posent peu de difficultés de recrutement (faible tension) : les jardiniers salariés, les agents qualifiés de laboratoire, les chercheurs (hors industrie et enseignement supérieur), les ouvriers de l’assainissement et du traitement des déchets et les professionnels de l’animation socioculturelle. Cinq métiers ont une tension qualifiée de moyenne, tandis que 25 métiers connaissent des tensions fortes ou élevées.

Parmi ces métiers, différents facteurs sont susceptibles d’expliquer les tensions observées :

  • l’intensité d’embauche, liée à un niveau élevé de recrutement générant un besoin important de candidats. La plupart des métiers en tension du bâtiment sont concernés, tout comme les mécaniciens, les techniciens et agents de maîtrise de l’environnement ainsi que les ingénieurs du contrôle-qualité ;
  • le manque de main-d’œuvre disponible. Celui-ci est considéré comme un facteur important pour les techniciens et agents d’encadrement d’exploitations agricoles, les techniciens et chargés d’études du BTP, les chefs de chantier/conducteurs de travaux, les ingénieurs du BTP, les techniciens des industries de process, les ingénieurs du contrôle-qualité, les conducteurs de transport en commun sur route, les ingénieurs et cadres des transports, de la logistique et de la recherche et développement ;
  • la non-durabilité de l’emploi, traduisant l’importance des conditions d’emploi pour l’attractivité du métier. Ce facteur peut compliquer les recrutements portant sur certains métiers en tension de la forêt, du gros et second œuvre dans le bâtiment ou de la conduite ;
  • le lien formation-emploi, traduisant le décalage entre les compétences requises par les employeurs et celles dont disposent les personnes en recherche d’emploi. Ce décalage apparaît comme un facteur important dans la majorité des métiers en tension du bâtiment, de la forêt, les techniciens et ingénieurs de l’agriculture, les techniciens et agents de maîtrise de la maintenance et de l’environnement, les mécaniciens, les conducteurs routiers, les ingénieurs et cadres des transports, de la logistique et de la R&D ;
  • les conditions de travail contraignantes. Celles-ci rendent les recrutements difficiles dans les métiers de la forêt, les maçons, les couvreurs, les menuisiers, les électriciens, les chefs de chantier, les mécaniciens et les conducteurs ;
  • l’inadéquation géographique entre la main-d’œuvre disponible et les territoires recruteurs. Celle-ci concerne davantage les métiers de la forêt, les techniciens et ingénieurs de l’agriculture, les ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment, les maçons, les charpentiers, les conducteurs et les ingénieurs des transports et de la logistique.

 

Tableau : les difficultés de recrutements sur les métiers de l’économie verte en 2020

Lles difficultés de recrutements sur les métiers de l’économie verte en 2020

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© SDES

Méthodologie

Deux approches ont été développées par l’Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte (Onemev) pour observer et mesurer l’emploi lié à l’économie verte : la première repose sur les activités des entreprises, la seconde, présentée ici, s’intéresse aux métiers des individus, en distinguant les métiers dits « verts » ou « verdissants » (voir concepts ci-après).

L’analyse des projets de recrutement et des métiers en tension se fonde sur la nomenclature des familles professionnelles (FAP), mise en place par la Dares. Les métiers de l’économie verte sont identifiés par 35 FAP, obtenues à partir de la correspondance avec les codes verts et verdissants du répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome) de Pôle emploi. La nomenclature des FAP est moins détaillée que celle du Rome, utilisée pour caractériser les offres et demandes d’emploi, ou des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) de l’Insee utilisée dans la quantification du nombre d’emplois de l’économie verte. Elle ne permet donc pas de reconstituer précisément le champ des métiers verts ou verdissants, ce qui explique que les statistiques sur les intentions d’embauches et tensions construites à partir des FAP n’opèrent pas cette distinction et ne couvrent que les « métiers de l’économie verte ».

Les sources de données mobilisées sont l’enquête « Besoin en main-d’œuvre » de Pôle emploi et les indicateurs de tension produits par la Dares et Pôle emploi. Depuis septembre 2020, la Dares et Pôle emploi ont rénové la grille d’analyse des tensions sur le marché du travail, en diffusant, d’une part, un indicateur principal qui permet de classer les métiers en fonction de leur degré de tension ; d’autre part, des indicateurs dits complémentaires, visant à comprendre le ou les facteurs à l’origine d’une éventuelle tension détectée sur un métier donné. L’indicateur synthétique de tension est un indicateur composite prenant en compte, pour chaque métier, le niveau des difficultés de recrutement anticipées par les employeurs, les offres d’emploi rapportées au nombre de demandeurs d’emploi, et la facilité qu’ont les demandeurs d’emploi à sortir des listes de Pôle emploi. Les données sont téléchargeables sur les sites de la Dares et de Pôle emploi.

Limites du périmètre des métiers de l’économie verte
Les diverses nomenclatures utilisées pour repérer les métiers verts et verdissants (Rome, PCS, FAP) ne permettent pas délimiter de façon précise l’ensemble des métiers à finalité directement environnementale ou dont les compétences évoluent pour intégrer les enjeux environnementaux. En particulier, les activités agricoles ne sont que partiellement intégrées. Ainsi, les exploitants « bio » ne sont pas pris en compte, car difficilement identifiables dans les nomenclatures alors qu’ils devraient être inclus dans les métiers verts. S’agissant des métiers verdissants, les métiers de la production agricole ne sont pas intégrés tandis que la plupart d’entre eux évoluent ou sont appelés à évoluer pour intégrer les enjeux environnementaux. À l’inverse, certains métiers sont intégralement considérés comme verts ou verdissants (professionnels de l’animation socio-culturels, conducteurs routiers, ouvriers du bâtiment, par exemple) alors que les finalités environnementales peuvent ne concerner qu’une partie des professionnels de ces métiers ou qu’une part de leur activité.

Pour plus d’informations sur l’approche « métiers », se référer à la méthodologie publiée sur la page Onemev du site du MTE (rubrique Les ressources > Les méthodologies) et la liste des métiers de l’économie verte dans la FAP. 

Auteur : Sophie Margontier, SDES

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