Du fait de l’importance de leurs mobilités locales, les ménages des communes rurales concentrent plus de 40 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des déplacements.
Les déplacements courts, majoritaires mais minoritaires en distance
En 2019, selon l’enquête mobilité des personnes, les déplacements de moins de 10 km représentent 71 % de l’ensemble des déplacements et 42 % des temps de transport, contre moins de 13 % des distances parcourues et moins de 13 % des émissions de gaz à effet de serre de la mobilité (amont, traînées et autres effets non-CO2 de l’aviation inclus).
A contrario, les déplacements de plus de 100 km ne représentent que 1,5 % des déplacements, mais près de 47 % des distances, et 45 % des émissions de gaz à effet de serre (amont, traînées et autres effets non-CO2 de l’aviation ; 37 % si l’on ne comptabilise que les émissions directes).
Répartition des caractéristiques de mobilité par classe de distance
En %
* En comptabilisant les émissions en amont ainsi que les traînées de condensation et autres effets non-CO2 de l’aviation (voir méthodologie)
Lecture : 40,6 % des distances parcourues concernent des déplacements dont la distance est supérieure ou égale à 10 km et strictement inférieure à 100 km.
Champ : déplacements des individus de 6 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Source : SDES-Insee, enquête mobilité des personnes 2018-2019
La voiture domine de 1 à 1000 km, surtout dans le rural
Les habitants des communes denses (38 % de la population) effectuent beaucoup plus fréquemment que les habitants des communes rurales (33 % de la population) des déplacements de très courte distance : 22 % de leurs déplacements font moins de 1 kilomètre contre 13 % pour les communes rurales. À l’inverse, leurs déplacements de 10 à 100 km sont deux fois moins fréquents (18 % contre 40 %).
Les habitants des communes rurales ont donc logiquement un usage plus important de la voiture, par rapport aux communes denses où la marche et l’usage des transports en commun est plus fréquent.
La marche domine en effet pour les déplacements les plus courts, alors que la voiture est le mode prédominant pour les déplacements entre 1 km et 1 000 km, quel que soit le territoire.
Répartition du nombre de déplacements par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
En %
Lecture : 58,1 % des déplacements (en nombre) réalisés par des habitants de communes densément peuplées ont une distance supérieure ou égale à 1 km et strictement inférieure à 10 km.
Champ : déplacements des individus de 6 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Source : SDES-Insee, enquête mobilité des personnes 2018-2019
Des distances du quotidien plus importantes dans le rural
Plus de la moitié des distances parcourues par les habitants des communes rurales (53 %) concernent des déplacements entre 10 et 100 km. C’est presque deux fois plus que pour les urbains (28 %).
Pour ces derniers, environ 29 % des distances parcourues concernent des déplacements de 1 000 km ou plus, une part nettement supérieure à celle des habitants des communes de densité intermédiaire (19 %) et des communes rurales (15 %).
Répartition des distances parcourues par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
En %
Lecture : 52,7 % des distances parcourues par les habitants de communes rurales concernent des déplacements dont la distance est supérieure ou égale à 10 km et strictement inférieure à 100 km.
Champ : déplacements des individus de 6 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Source : SDES-Insee, enquête mobilité des personnes 2018-2019
Les communes rurales surreprésentées dans les émissions
La voiture représente l’essentiel des émissions directes (93 %) sur les trajets inférieurs à 1 000 km. Au-delà de 1 000 km, les émissions de GES sont concentrées sur l’avion (à 86 % hors amont et effets non-CO2 de l’aviation ; à 92 % en les incluant).
Les habitants des communes rurales concentrent 42 % des émissions directes de gaz à effet de serre des déplacements (40 % avec amont et effets non-CO2 de l’aviation), soit une part supérieure à leur poids dans la population (33 %). 60 % de leurs émissions directes concernent des déplacements de 10 à 100 km, quasi-exclusivement en voiture.
Les habitants des communes densément peuplées concentrent 31 % des émissions directes de gaz à effet de serre (33 % avec amont et effets non-CO2 de l’aviation), soit une part moins importante que leur poids dans la population (38 %). Cette sous-représentation s’explique par de moindres émissions pour les déplacements du quotidien malgré des déplacements longue distance plus nombreux et plus longs. 28 % de leurs émissions (39 % avec amont et effets non-CO2 de l’aviation inclus) sont, de fait, liées à des déplacements de plus de 1 000 km, principalement en avion, contre moins d’un-tiers à des déplacements de 10 à 100 km.
Répartition des émissions de gaz à effet de serre directes par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
En %
Lecture : 28,2 % des émissions directes des mobilités des habitants de communes densément peuplées sont liées à des déplacements dont la distance est supérieure ou égale à 1 000 km
Champ : déplacements des individus de 6 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Source : SDES-Insee, enquête mobilité des personnes 2018-2019
Répartition des émissions de gaz à effet de serre (amont et traînées de condensation compris) par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
En %
Lecture : 38,9 % des émissions des mobilités (amont et effets non-CO2 de l’aviation inclus) des habitants de communes densément peuplées sont liées à des déplacements dont la distance est supérieure ou égale à 1 000 km
Champ : déplacements des individus de 6 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Source : SDES-Insee, enquête mobilité des personnes 2018-2019
Auteurs : Aurélien BIGO, chercheur sur la transition énergétique des transports et Fabien PEREZ, SDES
Méthodologie
Source
L’enquête mobilité des personnes (EMP) 2018-2019 recueille les caractéristiques détaillées des déplacements (distance, motif, durée, mode, etc.) des individus de 6 ans et plus résidant en France métropolitaine. Elle est représentative de la mobilité tout au long de la semaine (y compris le week-end) et de l’année (y compris les vacances scolaires, voyages). Pour plus d’informations, consulter cet article, "Enquête sur la mobilité des personnes 2018-2019".
Définitions et concepts
- Un déplacement est un mouvement d’une personne d’un lieu de départ vers un lieu d’arrivée. Il se caractérise par un unique motif, mais peut recouvrir l’usage d’un ou plusieurs modes de transports. Dans cette étude, c’est le mode principal (mode le plus lourd) qui est retenu lors de l’usage de plusieurs modes. Dans l’EMP, un trajet complexe est découpé en plusieurs déplacements ayant chacun un seul motif (par exemple, accompagner des enfants à l’école puis se rendre sur son lieu de travail). Ainsi, il faut être prudent concernant les reports modaux possibles en fonction de la distance des déplacements car certains déplacements ne sont pas indépendants les uns des autres.
- L’enquête mobilité des personnes a été enrichie d’estimations des émissions de gaz à effet de serre pendant le déplacement (dues à la combustion de carburant) mais aussi en amont (production du carburant ou de la source d’énergie) ou liées aux effets non-CO2 de l’aviation (notamment traînées de condensation) (voir notice méthodologique).
- La grille communale de densité, construite par l’Insee à partir de la répartition de la population, permet de distinguer trois types de communes : communes denses (38 % de la population), communes de densité intermédiaire (28 % de la population) et communes rurales (33 % de la population).
- La classification des modes de déplacements et des motifs est décrite dans le Dictionnaire des modalités des variables catégorielles de l’enquête mobilité des personnes de 2019.
Données
Données associées à la publication sous forme de tableaux et graphiques.