Les rejets de polluants dans l’air : résultats complémentaires du bilan de la qualité de l’air extérieur en France en 2021

Environnement
Publié le 13/10/2022
Des gaz et des particules sont rejetés directement dans l’atmosphère par les activités humaines, telles que les transports, l’industrie, le chauffage résidentiel ou l’agriculture, mais également par des phénomènes naturels comme les éruptions volcaniques, les embruns marins ou encore les brumes de sable. La quantité de ces rejets, aussi appelés émissions, est estimée chaque année au niveau national par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique. Ces estimations sont déclinées par secteur d’activité ou par source naturelle pour un ensemble de polluants, réglementés au niveau international ou européen. Dans le cadre du bilan de la qualité de l’air extérieur en France, seules les émissions de quelques polluants sont présentées. Il s’agit de polluants dont les quantités dans l’air, appelées également concentrations, sont réglementées au niveau européen ou de polluants qui peuvent avoir une influence sur les concentrations de polluants réglementés.

Les oxydes d’azote (NOx)

Les NOx regroupent le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). Ils sont essentiellement émis par des processus de combustion de combustibles fossiles ou de biomasse. En 2021, les sources de NOx se répartissent de la manière suivante : les transports (53 %) – essentiellement le transport routier, l’industrie (20 %), l’agriculture et la sylviculture (15 %) et l’usage des bâtiments et les activités du résidentiel et du tertiaire (11 %).

Les émissions de NOx ont diminué de 60 % sur la période 2000-2021, grâce aux progrès réalisés dans tous les secteurs. La baisse plus marquée de 2020 est principalement due au secteur du transport routier (- 23 % par rapport à 2019), impacté par les fortes limitations des déplacements prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

Sur la période 2000-2021, les améliorations observées pour le secteur du transport routier s’expliquent par le renouvellement du parc de véhicules, par l’équipement progressif des véhicules en pots catalytiques depuis 1993 et par le développement d’autres technologies de réduction des émissions. La baisse des émissions de ce secteur est également à mettre en parallèle de la mise en place de normes européennes d’émission sur les véhicules. Ces différentes avancées ont permis de compenser la hausse des émissions induite par l’intensification du trafic et l’accroissement du parc.

 

Les particules de diamètre inférieur à 10 micromètres (PM10) et inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5)

Les particules présentes dans l’air peuvent être primaires (émises directement dans l’air par des activités humaines ou des sources naturelles) ou secondaires (formées par réactions chimiques entre plusieurs polluants déjà présents dans l’atmosphère). Les substances impliquées dans la formation de ces particules secondaires proviennent des activités industrielles et agricoles, du secteur résidentiel et tertiaire et du transport routier. Par ailleurs, des apports transfrontaliers de particules, primaires et secondaires, s’observent fréquemment.

Des particules sont rejetées directement dans l’air par des activités humaines. En France, en 2021, quatre grands secteurs concentrent les émissions de PM10 :

  • l’usage des bâtiments et les activités du résidentiel et du tertiaire (combustion du bois majoritairement) : 36 % ;
  • l’industrie : 26 % ;
  • les activités agricoles, élevages et labours des cultures principalement : 25 % ;
  • les transports, échappement de combustibles brûlés et usures des routes, freins et pneus essentiellement : 14 %.

Les émissions de PM10 ont baissé de 53 % sur la période 2000-2021. Depuis 2010, cette diminution ralentit dans les secteurs de l’industrie (industrie manufacturière et transformation d’énergie) et de l’agriculture. La réduction des émissions de PM10 depuis 2000 est due à des progrès réalisés dans tous les secteurs d’activités, tels que le perfectionnement des performances des techniques de dépoussiérage dans l’industrie ou l’arrêt de l’exploitation des mines à ciel ouvert et souterraines.

 

En 2021, le secteur du résidentiel et du tertiaire émet plus de la moitié des PM2,5 primaires d’origine humaine, principalement du fait du chauffage au bois (57 %). L’industrie représente 18 % de ces émissions et les transports 15 %.

Sur la période 2000-2021, les émissions de PM2,5 ont diminué de 62 %. Dans certains secteurs de l’industrie, cette baisse ralentit depuis 2010. Les émissions de PM2,5 sont fortement liées à la rigueur du climat qui influe sur la consommation domestique de bois. La tendance globale à la baisse s’explique par des progrès réalisés dans tous les secteurs d’activités, tels que l’amélioration des performances des appareils de combustion de la biomasse.

La baisse plus marquée des émissions de PM10 et PM2,5 en 2020 s’explique en partie par les mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique. Ces mesures ont particulièrement impacté les émissions des transports et de l’industrie (industrie manufacturière et construction). La faible rigueur de l’hiver, et donc la moindre consommation de biomasse dans le secteur résidentiel, explique également la baisse plus importante des émissions en 2020.

Les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) dont le benzène (C6H6)

La famille des COVNM regroupe des composés constitués de carbone et d’hydrogène. Ils peuvent également contenir d’autres éléments tels que de l’oxygène, de l’azote, du soufre, du phosphore, des halogènes, du silicium.

En 2021, le secteur de l’agriculture et de la sylviculture est le premier émetteur de COVNM et représente 41 % des émissions. Celles-ci proviennent essentiellement des sources biotiques agricoles : cultures, déjections animales et fermentation entérique. Les activités et l’usage des bâtiments du résidentiel et du tertiaire représentent ensuite 27 % des émissions de COVNM : utilisation de solvants (peintures, vernis, etc.) et combustion du bois pour le chauffage domestique. Le secteur de l’industrie contribue à hauteur de 25 % aux émissions de COVNM principalement du fait de l’usage de solvants. L’usage de solvants tous secteurs d’activité confondus est la deuxième source de COVNM en France après l’agriculture.

Sur la période 2000-2021, les émissions de COVNM ont diminué de 53 %. Elles baissent plus modérément depuis 2009. Ces progrès s’expliquent par des actions menées dans tous les secteurs telles que l’utilisation de produits sans solvants ou à faible teneur en solvants, de meilleures conditions de stockage et de distribution des hydrocarbures, le remplacement d’appareils de combustion de la biomasse anciens par des modèles plus performants et moins émetteurs. L’introduction de pots catalytiques sur les véhicules essence ou encore la part croissante de véhicules diesel ont également contribué à cette baisse.

Cancérigène avéré, le C6H6 fait partie de la famille des COVNM. En 2020, le principal secteur émetteur de ce polluant est le résidentiel (51 %) en particulier à cause du chauffage au bois, et ensuite celui des transports (27 %). Sur la période 2000-2020, les émissions de C6H6 ont diminué de 78 %.

Le dioxyde de soufre (SO2)

Les émissions de SO2 proviennent en majorité de l’utilisation de combustibles fossiles riches en soufre et de certains procédés industriels. Ainsi, le secteur de l’industrie contribue pour 82 % aux émissions de SO2 en 2021. Les rejets de SO2 ont considérablement chuté depuis le début des années 1980. Sur la décennie 2010, la réduction des émissions de SO2 ralentit ou stagne dans tous les secteurs sauf pour celui de l’industrie.

La tendance globale à la diminution des émissions de ce polluant depuis 1990 s’explique par la baisse de la consommation d’énergie fossile induite par la mise en place du programme de production électronucléaire et le développement des énergies renouvelables, ainsi que par des actions d’économie d’énergie et l’amélioration des rendements énergétiques des installations industrielles. Plus récemment, la limitation de la teneur en soufre dans les combustibles et les carburants d’une part, et la réglementation relative aux émissions industrielles d’autre part ont accentué la diminution des émissions.

Les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19 ont peu impacté les émissions annuelles de SO2.

Le monoxyde de carbone (CO)

Le CO se forme principalement lors de la combustion incomplète de combustibles (fioul, charbon, bois, carburants, etc.). En 2021, le secteur du résidentiel et du tertiaire (usage des bâtiments et activités) et l’industrie sont responsables de plus des trois quarts des émissions de ce polluant. Pour le secteur du résidentiel et du tertiaire, la principale source de CO est le chauffage au bois et plus particulièrement les foyers ouverts.

Sur la période 2000-2021, les émissions de CO ont baissé de 63 %. La tendance à la baisse des émissions de CO a été initiée dès 1973, en particulier celles du transport routier grâce à la progression des normes environnementales au début des années 1970 puis à l’introduction du pot catalytique depuis 1993 pour les véhicules essence et depuis 1997 pour les véhicules diesel. Pour les autres modes de transports, les émissions de CO ont augmenté jusqu’en 2004 en lien avec la hausse du trafic intérieur de plaisance et ont ensuite diminué suite à la mise en œuvre de normes d’émission.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)

Une proportion importante de HAP provient des phénomènes de combustion, plus particulièrement de la biomasse dans le secteur résidentiel. En 2021, ce dernier est responsable de 85 % des émissions de HAP.

Les émissions de HAP ont baissé de 4 % sur la période 2000-2021 et de 13 % sur la période 1990-2021. Le renouvellement d’installations de chauffage anciennes a contribué à ces progrès. Des variations interannuelles sont fréquemment observées et s’expliquent majoritairement par les températures hivernales qui influent sur la consommation d’énergie, notamment de bois dans le secteur résidentiel.

Les émissions de certains métaux lourds

Les secteurs de l’industrie, du résidentiel ainsi que les transports émettent la majorité des métaux lourds, y compris ceux dont les concentrations sont réglementées dans l’air : l’arsenic (As), le cadmium (Cd), le mercure (Hg), le nickel (Ni) et le plomb (Pb).

En 2021, l’industrie est le secteur qui rejette le plus de Cd, de Hg et de Ni dans l’air en France métropolitaine. L’industrie contribue également pour une part importante aux émissions d’As, de même que les transports et le secteur du résidentiel et du tertiaire. Il en est de même pour le Pb dont les émissions proviennent en premier de l’industrie puis des transports.

Sur la période 2000-2021, les émissions d’As ont diminué de 68 %. Cela s’explique notamment par l’installation de dépoussiéreurs plus efficaces et plus nombreux dans les aciéries électriques et d’électrofiltres sur un nombre important de fours de production de verre creux. La baisse des activités industrielles suite à la crise financière de 2008, la diminution de la consommation de combustibles minéraux solides dans le secteur du résidentiel et du tertiaire et l’arrêt de certaines centrales thermiques fonctionnant au charbon expliquent également cette tendance.

Les émissions de Cd ont chuté de 80 % sur la période 2000-2021, grâce notamment aux améliorations réalisées dans l’industrie, en particulier la sidérurgie, la métallurgie des métaux non ferreux et l’industrie manufacturière, et dans le traitement des fumées des usines d’incinération. Depuis 2009, les émissions de ce métal sont stables.

La baisse de 79 % des émissions de Hg sur la période 2000-2021 fait suite à plusieurs actions : la mise en conformité progressive des usines d’incinération d’ordures ménagères, la limitation ou l’interdiction d’utilisation de ce composé, la mise en place du tri sélectif et le perfectionnement des procédés de production du chlore. Depuis 2008, la réduction des émissions de Hg ralentit.

Sur la période 2000-2021, les émissions de Ni ont diminué de 88 %, en raison d’une consommation moins importante de fioul lourd dans le secteur de l’industrie et de la mise en place de dépoussiéreurs plus efficaces et plus nombreux dans les aciéries électriques.

L’interdiction de l’utilisation de plomb tétraéthyle dans les essences au 1ᵉʳ janvier 2000 s’est traduite par une diminution forte et rapide des émissions de Pb du transport routier : - 95 % entre 1999 et 2000. Sur la période 2000-2021, les émissions totales de Pb ont baissé de 69 %, essentiellement grâce aux progrès réalisés dans les secteurs de l’industrie et du résidentiel et du tertiaire : notamment le déploiement de dépoussiéreurs sur un grand nombre d’installations industrielles, la fermeture d’un grand site de production de métaux non ferreux en 2003, le ralentissement des activités industrielles avec la crise économique de 2008, les meilleures performances des appareils de chauffage au bois.

En 2020, les mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique, ont eu un impact sur les émissions d’As, de Hg et de Pb en particulier celles de l’industrie et des transports, respectivement - 13 %, - 20 % et - 15 % entre 2019 et 2020.

Données

Les données d’émissions utilisées dans cet article sont issues de l’inventaire Secteurs économiques et énergie (Secten) élaboré par le Centre interprofessionnel technique d’études la pollution atmosphérique (Citepa). Chaque nouvelle édition de l’inventaire annule et remplace toutes les éditions précédentes.

Aller plus loin