Les rejets de polluants dans l’air : données détaillées du bilan de la qualité de l’air extérieur en France en 2020

Environnement
Publié le 13/10/2021
Des gaz et des particules sont rejetés directement dans l’atmosphère par les activités humaines, telles que les transports, l’industrie, le chauffage résidentiel ou l’agriculture, mais également par des phénomènes naturels comme les éruptions volcaniques, les embruns marins ou encore les brumes de sable.
La quantité de ces rejets, aussi appelés émissions, est estimée chaque année au niveau national par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Ces estimations sont déclinées par secteur d’activité ou par source naturelle pour un ensemble de polluants, réglementés au niveau international et/ou européen. Dans le cadre du bilan de la qualité de l’air extérieur en France, seules les émissions de quelques polluants sont présentées. Il s’agit de polluants dont les niveaux, appelés également concentrations, dans l’air sont réglementés au niveau européen ou de polluants qui peuvent avoir une influence sur les concentrations de polluants réglementés.

Les oxydes d’azote (NOx)

Les NOx regroupent le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). Les émissions de NOx, principalement issues du secteur du transport routier, ont baissé de 62 % depuis 2000.

Les NOx sont essentiellement émis par des processus de combustion. En 2020, leurs sources principales sont les transports (53 %) – essentiellement le transport routier, l’industrie (20 %) et l’agriculture et la sylviculture (17 %). Les émissions de NOx ont diminué d’un peu moins de deux tiers sur la période 2000-2020, grâce aux progrès réalisés dans tous les secteurs.

Pour le secteur du transport routier, les améliorations observées s’expliquent par le renouvellement du parc de véhicules, par l’équipement progressif des véhicules en pots catalytiques depuis 1993 et par le développement d’autres technologies de réduction des émissions. La baisse des émissions du secteur du transport routier est également à mettre en parallèle de la mise en place de normes européennes d’émission sur les véhicules. Ces différentes avancées ont permis de compenser la hausse des émissions induite par l’intensification du trafic et l’accroissement du parc.

Selon les estimations préliminaires, ces améliorations ont été accentuées par les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique. Ces mesures ont principalement influé sur les émissions de NOx du transport routier et du transport aérien français, avec une baisse très marquée entre 2019 et 2020 respectivement de - 23 et - 55 %. En avril 2020, les émissions de ces secteurs sont mêmes respectivement 62 % et 86 % plus faibles qu’en avril 2019. Les fluctuations observées entre 2019 et 2020 s’expliquent également par d’autres facteurs tels que les conditions météorologiques.

 

Les particules de diamètre inférieur à 10 micromètres (PM10) et inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5)

Entre 2000 et 2020, les quantités de particules PM10 rejetées directement dans l’air par les activités humaines ont diminué de 55 %. En 2020, le secteur du résidentiel et du tertiaire et l’industrie émettent dans l’air respectivement 32 et 29 % des particules PM10. Les activités agricoles contribuent à hauteur de 26 % à ces émissions et les transports représentent 13 %. Entre 2000 et 2020, les rejets directs de PM2,5 dans l’air par des activités humaines, principalement du fait du chauffage au bois dans le secteur résidentiel, ont diminué de 65 %.

Les particules présentes dans l’air peuvent être primaires, particules émises directement dans l’air, ou secondaires, particules formées par réactions chimiques entre plusieurs polluants gazeux et/ou particulaires déjà présents dans l’atmosphère. Les particules sont classées selon leur diamètre aérodynamique : les PM10, les PM2,5, les particules de diamètre inférieur à 1 μm (PM1) et celles de diamètre inférieur à 0,1 μm (particules ultrafines). Actuellement, seuls les niveaux de pollution dans l’air des PM10 et des PM2,5 sont réglementés au niveau européen.
Des particules sont rejetées directement dans l’air par des activités humaines. En France, quatre principaux secteurs se partagent les émissions de particules PM10 : l’usage des bâtiments et les activités du résidentiel et du tertiaire (combustion du bois majoritairement) – (32 % en 2020), l’industrie (29 % en 2020), les activités agricoles (élevages et labours des cultures principalement) – (26 % en 2020) et les transports (échappement de combustibles brûlés et usures des routes, freins et pneus essentiellement) – (13 % en 2020). Les émissions de PM10 ont baissé de 55 % sur la période 2000-2020 avec un taux de diminution plus faible depuis 2014. Cette réduction est due à des progrès réalisés dans tous les secteurs d’activités, tels que le perfectionnement des performances des techniques de dépoussiérage dans l’industrie ou l’arrêt de l’exploitation des mines à ciel ouvert et souterraines.
Selon les estimations préliminaires, ces améliorations ont été accentuées par les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique. Ces mesures ont particulièrement impacté les émissions de PM10 des transports, avec une baisse de 19 % entre 2019 et 2020. En avril 2020, les émissions de ce secteur sont mêmes 63 % plus faibles qu’en avril 2019. Les fluctuations observées entre 2019 et 2020 s’expliquent également par d’autres facteurs tels que les conditions météorologiques.

 


En 2020, le secteur du résidentiel et du tertiaire émet plus de la moitié des PM2,5 primaires d’origine humaine, principalement du fait du chauffage au bois. L’industrie représente 20 % de ces émissions et les transports 15 %. Sur la période 2000-2020, les émissions de PM2,5 ont diminué de 65 % avec une légère stagnation entre 2014 et 2016. Cette tendance s’explique par des progrès réalisés dans tous les secteurs d’activités, tels que l’amélioration des performances des appareils de combustion de la biomasse.
Selon les estimations préliminaires, ces améliorations ont été accentuées par les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19. La diminution importante de la consommation de biomasse dans le secteur résidentiel en lien avec la douceur de l’hiver 2020 explique également ces estimations. Les mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 ont particulièrement impacté les émissions de PM2,5 des transports, avec une baisse de 20 % entre 2019 et 2020. En avril 2020, les émissions de ce secteur sont mêmes 63 % plus faibles qu’en avril 2019.
 

Des apports naturels de particules s’observent également, tels que des embruns marins, des poussières telluriques d’origine désertique ou issues de l’érosion des sols.
À ces différentes sources de particules primaires s’ajoutent des particules dites secondaires. Les substances impliquées dans la formation de ces particules proviennent des activités industrielles et agricoles, du secteur résidentiel et tertiaire et du transport routier.
Par ailleurs, des apports transfrontaliers de particules, primaires et secondaires, s’observent fréquemment.

Les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) dont le benzène (C6H6)

Les COVNM sont émis principalement par les activités agricoles, par l’usage de solvants dans les secteurs du résidentiel, du tertiaire et de l’industrie ainsi que par la combustion du bois pour le chauffage domestique. Sur la période 2000-2020, les émissions de COVNM ont diminué de 55 %. Les COVNM regroupent de nombreux composés dont le benzène émis en particulier par le chauffage au bois domestique.

La famille des COVNM regroupe des composés constitués de carbone et d’hydrogène. Ils peuvent également contenir d’autres éléments tels que de l’oxygène, de l’azote, du soufre, du phosphore, des halogènes. Le benzène (C6H6) fait partie de cette famille.

En 2020, le secteur de l’agriculture et de la sylviculture est le premier émetteur de COVNM et représente 43 % des émissions. Celles-ci proviennent essentiellement des sources biotiques agricoles : cultures, déjections animales et fermentation entérique. Les activités et l’usage des bâtiments du résidentiel et du tertiaire représentent ensuite 27 % des émissions de COVNM en 2020 : utilisation de solvants (peintures, colles, etc.) et combustion du bois pour le chauffage domestique. Le secteur de l’industrie contribue à hauteur de 24 % aux émissions de COVNM en 2020 principalement du fait de l’usage de solvants.

Sur la période 2000-2020, les émissions de COVNM ont diminué de 55 % avec un ralentissement depuis 2009. Ces progrès s’expliquent par des actions menées dans tous les secteurs telles que l’utilisation de produits sans solvants ou à faible teneur en solvants, de meilleures conditions de stockage et de distribution des hydrocarbures, le remplacement d’appareils de combustion de la biomasse anciens par des modèles plus performants et moins émetteurs. L’introduction de pots catalytiques sur les véhicules essence ou encore la part croissante de véhicules diesel ont également contribué à cette baisse.

Selon les estimations préliminaires, la diminution des émissions de COVNM a été accentuée par les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique. Les émissions des secteurs de l’industrie et des transports sont ainsi principalement concernées.
 

 

Cancérigène avéré, le C6H6 fait partie de la famille des COVNM. En 2019, le principal secteur émetteur de ce polluant est le résidentiel (50 %) en particulier le chauffage au bois, suivi des transports (27 %). Sur la période 2000-2019, les émissions de C6H6 ont diminué de 77 %.
 

Le dioxyde de soufre (SO2)

Les émissions de SO2 proviennent en majorité de l’industrie (81 % en 2020). Elles ont fortement baissé, - 86 % sur la période 2000-2020.

Les émissions de SO2 ont fortement chuté depuis le début des années 1980 et proviennent en majorité du secteur de l’industrie (81 % en 2020). Ces dernières années, la réduction des émissions de SO2 ralentit ou stagne dans tous les secteurs sauf pour celui de l’industrie. La tendance globale à la baisse s’explique depuis 1990 par la baisse de la consommation d’énergie fossile à la suite de la mise en place du programme de production électronucléaire et du développement des énergies renouvelables, des actions d’économie d’énergie et de l’amélioration des rendements énergétiques des installations industrielles. Plus récemment, la limitation de la teneur en soufre dans les combustibles et les carburants d’une part, la réglementation relative aux émissions industrielles d’autre part ont accentué la baisse des émissions.

Selon les estimations préliminaires, ces améliorations ont été accentuées par les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique. Ces mesures ont particulièrement impacté les émissions de SO2 des transports et de l’industrie, avec une baisse entre 2019 et 2020 respectivement de - 41 et - 14 %. En avril 2020, les émissions de ces secteurs sont mêmes respectivement 69 et 37 % plus faibles qu’en avril 2019. Les fluctuations observées entre 2019 et 2020 s’expliquent également par d’autres facteurs tels que les conditions météorologiques.
 

Le monoxyde de carbone (CO)

En 2020, le secteur du résidentiel et du tertiaire (usage des bâtiments et activités) ainsi que l’industrie sont responsables de plus des trois-quarts des émissions de CO. Ces dernières ont par ailleurs fortement baissé, - 67 % sur la période 2000-2020.

Le CO se forme principalement lors de la combustion incomplète de matières organiques (fioul, charbon, bois, carburants…). En 2020, le secteur du résidentiel et du tertiaire (usage des bâtiments et activités) et l’industrie sont responsables de plus des trois-quarts des émissions de ce polluant. Pour le secteur du résidentiel et du tertiaire, la principale source de CO est le chauffage au bois et plus particulièrement les foyers ouverts.

Les émissions de CO ont baissé depuis 1973, notamment celles du transport routier grâce à la progression des normes environnementales pour les véhicules routiers au début des années 1970 puis à l’introduction du pot catalytique depuis 1993 pour les véhicules essence et depuis 1997 pour les véhicules diesel. Pour les autres modes de transports, les émissions de CO ont augmenté jusqu’en 2004 en lien avec la hausse du trafic intérieur de plaisance et ont ensuite diminué suite à la mise en œuvre de normes d’émission.

Selon les estimations préliminaires, ces améliorations globales ont été accentuées par les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique. Ces mesures ont surtout impacté les émissions de CO des transports et de l’industrie. À titre d’exemple, en avril 2020, les émissions de CO de ces secteurs sont respectivement 69 et 50 % plus faibles qu’en avril 2019. Les fluctuations observées entre 2019 et 2020 s’expliquent également par d’autres facteurs tels que les conditions météorologiques.
 

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)

Le secteur du résidentiel et du tertiaire, usage des bâtiments et activités, contribue le plus aux émissions de HAP, principalement du fait du chauffage au bois. Le benzo[a]pyrène (B[a]P) est considéré comme traceur du risque cancérigène pour la famille des HAP.

Une proportion importante de HAP provient des phénomènes de combustion, plus particulièrement de la biomasse dans le secteur résidentiel, dont les conditions sont souvent mal contrôlées (cheminée à foyer ouvert par exemple).

Ainsi, en 2020, les HAP sont majoritairement rejetés dans l’air par le secteur du résidentiel et du tertiaire (84 %), principalement du fait du chauffage au bois.

Les variations dans les émissions de HAP observées d’une année à l’autre s’expliquent en grande partie par les températures hivernales qui influent sur la consommation d’énergie, notamment de bois dans le secteur résidentiel.

Plus globalement, les émissions de HAP du secteur résidentiel ont baissé d’un peu plus de 20 % sur la période 1990-2020, grâce notamment au renouvellement d’installations de chauffage anciennes. Ces progrès sont intervenus entre 1990 et 2005 et les émissions de HAP du résidentiel augmentent légèrement depuis 2005.
 

Certains métaux lourds

Les émissions de cadmium (Cd), de nickel (Ni) et de mercure (Hg) proviennent majoritairement de l’industrie ; elles ont baissé depuis 2000. Celles de plomb (Pb), issues des transports et de l’industrie pour l’essentiel, ont également diminué. Il en est de même pour celles d’Arsenic (As), polluant majoritairement émis par l’industrie, les transports et le secteur du résidentiel et du tertiaire.

En 2020, l’industrie est le secteur qui rejette le plus de cadmium, de mercure et de nickel dans l’air en France métropolitaine. L’industrie contribue également pour une part importante aux émissions d’arsenic, de même que les transports et le secteur du résidentiel et du tertiaire.

Sur la période 2000-2020, les émissions d’As ont diminué de 71 %, suite notamment à l’installation de dépoussiéreurs plus efficaces et plus nombreux dans les aciéries électriques et d’électrofiltres sur un nombre important de fours de production de verre creux. La baisse des activités industrielles suite à la crise financière de 2008, la diminution de la consommation de combustibles minéraux solides dans le secteur du résidentiel et du tertiaire et l’arrêt de certaines centrales thermiques fonctionnant au charbon expliquent également cette tendance.

Les émissions de Cd ont chuté de 84 % sur la période 2000-2020, grâce notamment aux améliorations réalisées dans l’industrie, en particulier la sidérurgie, la métallurgie des métaux non ferreux et l’industrie manufacturière, et dans le traitement des fumées des usines d’incinération. Depuis 2009, les émissions de ce métal sont relativement stables.

La baisse de 78 % des émissions de Hg sur la période 2000-2020 fait suite à plusieurs actions : la mise en conformité progressive des usines d’incinération d’ordures ménagères, la limitation ou l’interdiction d’utilisation de ce composé, la mise en place du tri sélectif et le perfectionnement des procédés de production du chlore.

Sur la période 2000-2020, les émissions de Ni ont diminué de 87 %, en raison d’une consommation moins importante de fioul lourd dans le secteur de l’industrie et de la mise en place de dépoussiéreurs plus efficaces et plus nombreux dans les aciéries électriques.

En 2020, les transports sont le premier émetteur de Pb. L’interdiction de l’utilisation de plomb tétraéthyle dans les essences au 1er janvier 2000 s’est traduite par une diminution forte et rapide des émissions de Pb du transport routier : - 94 % entre 1999 et 2000. Depuis 2000, les émissions totales de Pb ont baissé de 73 %, essentiellement grâce aux progrès réalisés dans les secteurs de l’industrie et du résidentiel et du tertiaire : notamment le déploiement de dépoussiéreurs sur un grand nombre d’installations industrielles, la fermeture d’un grand site de production de métaux non ferreux en 2003, le ralentissement des activités industrielles avec la crise économique de 2008, les meilleures performances des appareils de chauffage au bois.

Selon les estimations préliminaires, les améliorations constatées pour ces cinq métaux ont été accentuées par les mesures prises en 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19, notamment celles visant à limiter les déplacements, et leurs répercussions sur l’activité économique. Les émissions des secteurs de l’industrie et des transports sont ainsi principalement concernées.
 

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