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Les rejets de polluants dans l’air : résultats complémentaires du bilan de la qualité de l’air extérieur en France en 2022

Environnement
Publié le 19/12/2023
Des gaz et des particules sont rejetés directement dans l’atmosphère par les activités humaines, telles que les transports, l’industrie, le chauffage résidentiel ou l’agriculture, mais également par des phénomènes naturels comme les éruptions volcaniques, les embruns marins ou encore les brumes de sable. La quantité de ces rejets, aussi appelés émissions, est estimée chaque année au niveau national par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique. Ces estimations sont déclinées par secteur d’activité ou par source naturelle pour un ensemble de polluants, réglementés au niveau international ou européen. Dans le cadre du bilan de la qualité de l’air extérieur en France, seules les émissions de quelques polluants sont présentées. Il s’agit de polluants dont les quantités dans l’air, appelées également concentrations, sont réglementées au niveau européen ou de polluants qui peuvent avoir une influence sur les concentrations de polluants réglementés.

Les oxydes d’azote (NOx)

Les NOx regroupent le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). Ils sont essentiellement émis par des processus de combustion dans les secteurs du transport et de l’industrie. En 2022, les sources de NOx se répartissent de la manière suivante : les transports (48 %) – essentiellement le transport routier, l’agriculture et la sylviculture (24 %), l’industrie (17 %) et l’usage des bâtiments et les activités du résidentiel et du tertiaire (10 %).

Les émissions de NOx ont diminué de 60 % sur la période 2000-2022, grâce aux progrès réalisés dans tous les secteurs. La baisse plus marquée de 2020 est principalement due au secteur du transport routier (- 22 % par rapport à 2019), impacté par les fortes limitations des déplacements prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

Sur la période 2000-2022, les améliorations observées pour le secteur du transport routier s’expliquent par le renouvellement du parc de véhicules, par l’équipement progressif des véhicules en pots catalytiques depuis 1993 et par le développement d’autres technologies de réduction des émissions. La baisse des émissions de ce secteur est également à mettre en parallèle de la mise en place de normes européennes d’émission sur les véhicules. Ces différentes avancées ont permis de compenser la hausse des émissions induite par l’intensification du trafic et l’accroissement du parc.

Les particules PM10 et PM2,5

Les particules présentes dans l’air peuvent être rejetées directement dans l’air par des activités humaines ou des sources naturelles (particules primaires). D’autres particules, dites secondaires, peuvent se former par réactions chimiques entre plusieurs polluants déjà présents dans l’atmosphère. Par ailleurs, des apports transfrontaliers de particules, primaires et secondaires, sont fréquemment observés.

Les activités du secteur résidentiel et du tertiaire (majoritairement la combustion du bois) rejettent une grande partie des PM10 et des PM2,5 primaires d’origine humaine. En 2022, ce secteur contribue respectivement pour 48 % et 70 % à leurs émissions. L’industrie, les activités agricoles (élevages et labours des cultures principalement) et le transport routier (échappement de combustibles brûlés et usures des routes, freins et pneus) émettent quant à eux respectivement 22 %, 20 % et 8 % des PM10.

Sur la période 2000-2022, les émissions de PM10 et de PM2,5 ont diminué respectivement de 48 % et 55 %. La consommation domestique de bois liée à la rigueur du climat peut entrainer des variations interannuelles de ces émissions. La tendance à la baisse s’explique par les progrès réalisés dans tous les secteurs d’activité, tels que l’arrêt de l’exploitation des mines à ciel ouvert et souterraines ou l’amélioration des performances des installations de combustion de la biomasse.

La réduction plus marquée des émissions en 2020 est en partie due aux mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Ces dernières ont particulièrement impacté les émissions des transports et de l’industrie (industrie manufacturière et construction). L’hiver doux, et donc la moindre consommation de biomasse dans le secteur résidentiel, explique également la baisse plus importante des émissions de particules en 2020. Selon les pré-estimations du Citepa, la diminution observée entre 2021 et 2022 serait essentiellement due à une réduction des émissions du chauffage résidentiel liée à la douceur de l’hiver.

Les émissions de composés organiques volatils non méthaniques (COVNM)

La famille des COVNM regroupe de nombreux composés constitués de carbone et d’hydrogène. Ils peuvent également contenir d’autres éléments tels que de l’oxygène, de l’azote, du soufre, du phosphore, des halogènes, du silicium.

En 2022, 36 % des émissions de COVNM proviennent des activités agricoles : principalement la gestion du fumier, la fermentation des fourrages et le fonctionnement biologique des cultures. Les activités du secteur résidentiel et du tertiaire représentent ensuite 34 % des émissions de COVNM avec l’utilisation de solvants (peintures, vernis, etc.) et la combustion du bois pour le chauffage domestique. L’industrie contribue à hauteur de 24 % principalement du fait de l’usage de solvants.

Sur la période 2000-2022, leurs émissions ont diminué de 48 % avec un ralentissement depuis 2009. Des progrès importants ont été réalisés dans tous les secteurs hormis pour l’agriculture (- 13 %). L’utilisation de produits sans solvants ou à faible teneur en solvants, le remplacement d’appareils de combustion de la biomasse anciens par des modèles plus performants et moins émetteurs ou encore la part croissante de véhicules diesel peuvent être cités.

Cancérigène avéré, le benzène (C6H6) fait partie de la famille des COVNM. En 2021, le secteur résidentiel est responsable de 65 % des émissions de ce polluant, en particulier à cause du chauffage au bois, suivi par les transports (20 %). Sur la période 2000-2021, les émissions de C6H6 ont diminué de 70 %.

Le dioxyde de soufre (SO2)

Les émissions de SO2 proviennent en majorité de l’utilisation de combustibles fossiles riches en soufre et de certains procédés industriels. Ainsi, le secteur de l’industrie contribue pour 83 % aux émissions de SO2 en 2022. Les rejets de SO2 ont considérablement chuté depuis le début des années 1980.

Depuis 1990, cette tendance s’explique par la baisse de la consommation d’énergie fossile induite par la mise en place du programme de production électronucléaire et le développement des énergies renouvelables, ainsi que par des actions d’économie d’énergie et l’amélioration des rendements énergétiques des installations industrielles. Plus récemment, la limitation de la teneur en soufre dans les combustibles et les carburants d’une part, et la réglementation relative aux émissions industrielles d’autre part ont accentué la diminution des émissions. En fin de période, les émissions de SO2 ont moins diminué ou ont stagné hormis pour les secteurs de la transformation d’énergie et de l’industrie manufacturière.

Le monoxyde de carbone (CO)

Le CO se forme principalement lors de la combustion incomplète de combustibles (fioul, charbon, bois, carburants, etc.). En 2022, le secteur du résidentiel et du tertiaire (usage des bâtiments et activités) et l’industrie sont responsables de plus des trois-quarts des émissions de ce polluant. Pour le secteur du résidentiel et du tertiaire, la principale source de CO est le chauffage au bois et plus particulièrement les foyers ouverts.

Sur la période 2000-2022, les émissions de ce polluant ont diminué de 62 %. La tendance à la baisse des émissions de CO a été initiée dès 1973, en particulier celles du transport routier grâce à la progression des normes environnementales au début des années 1970 puis à l’introduction du pot catalytique depuis 1993 pour les véhicules essence et depuis 1997 pour les véhicules diesel. Pour les autres modes de transports, les émissions de CO ont augmenté jusqu’en 2004 en lien avec la hausse du trafic intérieur de plaisance et ont ensuite diminué suite à la mise en œuvre de normes d’émission.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)

Une proportion importante de HAP provient des phénomènes de combustion, plus particulièrement de la biomasse dans le secteur résidentiel. En 2022, ce dernier est responsable de 84 % des émissions de HAP.

Sur la période 2000-2022, elles ont diminué de 12 %. Le renouvellement d’installations de chauffage anciennes a contribué à ces progrès. Des variations interannuelles sont fréquemment observées et s’expliquent majoritairement par les températures hivernales qui influent sur la consommation d’énergie, notamment de bois dans le secteur résidentiel.

Les émissions de certains métaux lourds

Les secteurs de l’industrie, du résidentiel ainsi que les transports émettent la majorité des métaux lourds, y compris ceux dont les concentrations sont réglementées dans l’air : l’arsenic (As), le cadmium (Cd), le mercure (Hg), le nickel (Ni) et le plomb (Pb).

En 2022, le secteur de l’industrie rejette plus de 60 % des émissions de Cd, de Hg et de Ni en France métropolitaine. Pour le Pb, l’industrie et les transports sont les deux secteurs les plus émetteurs. Ils contribuent également à une grande partie des émissions d’As ainsi que les activités du résidentiel et du tertiaire.

Sur la période 2000-2022, les émissions d’As ont diminué de 66 %. Cela s’explique notamment par l’installation de dépoussiéreurs plus efficaces et plus nombreux dans les aciéries électriques et d’électrofiltres sur un nombre important de fours de production de verre creux. La baisse des activités industrielles suite à la crise financière de 2008, la diminution de la consommation de combustibles minéraux solides dans le secteur du résidentiel et du tertiaire et l’arrêt de certaines centrales thermiques fonctionnant au charbon expliquent également cette tendance.

Les émissions de Cd ont chuté de 82 % sur la période 2000-2022, grâce notamment aux améliorations réalisées dans l’industrie. Depuis 2009, les émissions de ce métal sont stables.

La baisse de 79 % des émissions de Hg sur la période 2000-2022 fait suite à plusieurs actions : la mise en conformité progressive des usines d’incinération d’ordures ménagères, la limitation ou l’interdiction d’utilisation de ce composé, la mise en place du tri sélectif et le perfectionnement des procédés de production du chlore. Depuis 2008, la réduction des émissions de Hg ralentit.

Sur la période 2000-2022, les émissions de Ni ont diminué de 86 %, en raison d’une consommation moins importante de fioul lourd dans le secteur de l’industrie et de la mise en place de dépoussiéreurs plus efficaces et plus nombreux dans les aciéries électriques.

L’interdiction de l’utilisation de plomb tétraéthyle dans les essences au 1er janvier 2000 s’est traduite par une diminution forte et rapide des émissions de Pb du transport routier : - 95 % entre 1999 et 2000. Sur la période 2000-2022, les émissions totales de Pb ont baissé de 68 %, essentiellement grâce aux progrès réalisés dans les secteurs de l’industrie et du résidentiel et du tertiaire.

En 2020, les mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 ont eu un impact sur les émissions d’As, de Hg et de Pb en particulier celles de l’industrie et des transports, respectivement - 13 %, - 20 % et - 15 % entre 2019 et 2020.

Auteur : Aurélie LE MOULLEC, SDES

Données

Les données d’émissions utilisées dans cet article sont issues de l’inventaire Secteurs économiques et énergie (Secten) élaboré par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Chaque nouvelle édition de l’inventaire annule et remplace toutes les éditions précédentes.

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