Les sites d’extraction de matières minérales et énergétiques en France : près de 3 000 carrières, 123 mines et 64 gisements pétroliers et gaziers en 2023

Environnement
Publié le 08/07/2024
Les minerais extraits du sous-sol français sont essentiellement non métalliques et sont composés majoritairement de sables et de graviers. Ces matériaux proviennent de près de 3 000 carrières d’alluvions, de roches calcaires, siliceuses, volcaniques, métamorphiques ou ardoisières et de 123 mines, dont 102 en Guyane. S’y ajoutent 64 gisements pétroliers et gaziers, dont la production représente 1 % de la consommation française. Ces matériaux bruts sont non renouvelables et leur extraction, transformation et transport génèrent des pressions sur l’environnement.

Près de 3 000 carrières en activité

En 2023, 2 995 carrières d’alluvions, de roches calcaires, siliceuses, volcaniques, métamorphiques ou ardoisières sont en activité en France. Bien qu’en constante diminution (100 690 carrières ont été fermées au fil du temps), ce nombre élevé de sites témoigne de l’importance de la production française de matériaux et minéraux.

Quatre régions totalisent plus de la moitié des carrières actives : Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Grand Est. Les régions qui en disposent le moins (hors outre-mer) sont l’Île-de-France et la Corse.

La grande diversité des formations géologiques en France a permis de développer l’extraction de matériaux variés.

Plus des trois quarts des carrières actives produisent ainsi des granulats, destinés au marché du bâtiment et des travaux publics. Les carrières de granulats de roches massives en représentent 55 % tandis que celles de roches meubles (alluvionnaires très majoritairement) représentent les 45 % restants. Ces carrières ont produit 351 millions de tonnes annuelles de granulats sur la période 2010-2020, avec une production principalement située sur les façades atlantiques, dans l’est et le long du Rhône.

 

Quantités moyennes annuelles de granulats extraits, par département, sur la période 2010-2020

© SDES

Source : Unicem. Traitements : SDES 2024

 

Près de 500 carrières produisent (exclusivement ou en coproduit) des roches ornementales et de construction, pour le bâtiment, le funéraire et/ou l’aménagement urbain. Plus de la moitié de ces exploitations fournissent des pierres calcaires. Environ un cinquième extraient des granits et le reste d’autres types de pierres (marbres, grès, schistes, gneiss et laves).

Un peu plus de 500 carrières produisent des roches et minéraux industriels. La moitié d’entre elles fournissent des argiles communes (pour tuiles, briques, carrelages, poteries, ciments, etc.), kaoliniques (pour céramiques, carrelages, sanitaires, etc.) ou bentonitiques (pour fonderie, boues de forage, génie civil, absorbants, pharmacie, etc.). 20 % extraient des carbonates (calcaires, craies, dolomies, marbres) pour des usages divers (ciments, chaux, mortiers, verrerie, charges, amendement agricole, alimentation animale, etc.). 10 % valorisent la silice issue de sables extra-siliceux, de galets et filons de quartz, de quartzites ou de silex (pour la verrerie, fonderie, céramique, chimie, silicium, etc.). Enfin, des minéraux spécifiques (andalousite, diatomite, feldspaths, gypse et anhydrite, kaolin, talc, micas, ocres et pigments) destinés à des usages variés, sont extraits de près de 70 carrières renfermant pour certaines des gisements de taille mondiale.

À ces carrières terrestres, s’ajoutent 20 concessions d’extraction de granulats marins, pour 180 km2 de surfaces cumulées. En 2022, ces concessions ont produit 7 millions de tonnes de granulats, soit 2 % de la production nationale. En Nouvelle Aquitaine, un permis de recherche de sables siliceux marins s’étend par ailleurs sur 431 km2.

 

Surface des concessions et permis exclusifs de recherches de granulats marins par région, en 2024

© SDES

Source : Camino, extraction au 9 avril 2024. Traitements : SDES 2024

123 mines en activité, hors extraction de matières énergétiques

En 2024, 123 sites miniers extraient des métaux ou des ressources minérales et chimiques non énergétiques. Parmi eux, 36 sites sont des concessions d’une surface totale de 528 km2 dont 15 (348 km2) sont situés en Guyane.

S’y ajoutent 85 autorisations d’exploitation (73 km2) ainsi que 2 permis d’exploitation (35 km2), tous situés en Guyane. En 2022, 935 kg d’or (après affinage) ont été extraits de Guyane, seul territoire d’outre-mer avec des exploitations ou de recherches minières actives.

Par ailleurs, 2 167 km2 de surfaces cumulées peuvent faire l’objet d’une activité d’exploration dans le domaine minier des substances non énergétiques, avec 26 permis exclusifs de recherches et 6 autorisations de recherches.

33 % de ces surfaces de permis se concentrent dans le Grand Est (pour du lithium et substances connexes), 27 % se trouvent en Guyane (principalement pour de l’or), 26 % en Bourgogne-Franche-Comté (pour de l’hélium et substances connexes) et 14 % en Nouvelle Aquitaine pour de nombreux métaux différents (or, argent, tungstène, étain, zinc, plomb, cuivre, cobalt, etc.) ainsi que de l’hydrogène. Les 6 autorisations de recherches (10 km2) sont situées en Guyane.

16 demandes d’exploration sont par ailleurs en cours d’instruction dans l’Hexagone.

Les substances minières exploitées en France sont principalement :

  • la bauxite, pour la cimenterie ;
  • le calcaire bitumineux, pour la cosmétique ou les produits pharmaceutiques ;
  • le cobalt, pour les batteries, les pneus, etc. ;
  • le nickel, pour la chimie, l’acier inoxydables, etc. ;
  • le sel gemme/la saumure, pour le déneigement, l’alimentation, le traitement des eaux ;
  • l’or, pour l’électronique, la joaillerie, etc.


 

Type d’exploitations et recherches de minéraux métalliques par département, en 2024

© SDES

Source : Camino, extraction au 9 avril 2024. Traitements : SDES 2024

 

 

Type de minéraux métalliques faisant l’objet d’exploitations ou de recherches par département, en 2024

© SDES

Source : Camino, extraction au 9 avril 2024. Traitements : SDES 2024

Une disparition progressive de l’extraction de matières énergétiques

L’extraction de matières énergétiques liquides et gazeuses (gaz naturel) est en constante diminution.

En 2024, 64 gisements pétroliers et gaziers sont en exploitation sur une superficie totale d’environ 4 000 km2. Leur activité représentait un volume de 626 000 tonnes de matières énergétiques liquides et gazeuses en 2022. La production pétrolière de la France représente 1 % de sa consommation.

La plupart des gisements pétroliers et gaziers ont été mis en production depuis 1980. Leur exploitation perdure principalement dans le bassin aquitain (gaz, pétrole) et dans le bassin parisien (pétrole), ainsi que dans les bassins sédimentaires marins en outre-mer (Antilles, Nouvelle-Calédonie, Saint-Pierre-et-Miquelon).

On comptabilise également 7 permis exclusif de recherche.

 

Surfaces des concessions et permis exclusifs de recherche pour les hydrocarbures liquides ou gazeux, en 2024

© SDES

Source : Camino, extraction au 24 avril 2024. Traitements : SDES 2024

 

La fracturation hydraulique pour la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures (schistes bitumineux) ne sont pas autorisées en France au regard des impacts environnementaux qui pourraient résulter des techniques d’exploitation actuellement disponibles (loi du 13 juillet 2011, confirmée par le Conseil constitutionnel le 11 octobre 2013).

L’extraction de tourbe a cessé, ainsi que celle du lignite et de la houille. Toutefois, dans le Nord-Pas-de-Calais, le gaz de mine provenant des anciens bassins houillers est exploité depuis 1991. Il s'agit du "grisou" qui s'échappe spontanément des anciennes galeries minières. Ce gaz est récupéré par pompage dans certaines mines désaffectées et permet d’éviter le risque d’accident ainsi que l’émission dans l’atmosphère du méthane, à fort impact sur le changement climatique. Ce gaz est injecté dans le réseau de transport de gaz naturel et permet également de produire de l’électricité.

Une activité d’extraction fortement encadrée

La création, l’exploitation et la fermeture des sites d’extraction sont encadrées par le code de l’environnement au titre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).

Le droit français fait la distinction entre les substances dites de "mines", qui appartiennent à la Nation et sont définies par le Code minier (combustibles, métaux, ressources minérales et chimiques (sel, soufre, etc.)) et les autres substances du sous-sol, dites "de carrières", qui appartiennent au propriétaire du sol (granulats, sable, roches).

Les carrières

Les conditions générales d’implantation des carrières sont établies par les schémas régionaux des carrières (article L.515-3 du code de l’environnement). Ils prennent en compte l’intérêt économique national, les ressources et les besoins en matériaux de la région, la protection des paysages, des sites et des milieux naturels sensibles, la nécessité d’une gestion équilibrée de l’espace, tout en favorisant les approvisionnements de proximité, une utilisation rationnelle et économe des ressources et le recyclage. Ils fixent les objectifs en matière de remise en état et de réaménagement des sites.

Les mines

Les titres miniers sont attribués après une procédure pouvant durer plusieurs années. Le droit d'exploiter une substance du sous-sol et de disposer des produits de l'exploitation est délivré par un acte ministériel (concessions, autorisation d’exploitation et permis d’exploitation). La police des mines est de la responsabilité des DREAL.

Les activités minières sont interdites dans le cœur des parcs nationaux, et peuvent être réglementées ou interdites dans les réserves naturelles (articles L331-4-1 et L332-3 du code de l’environnement).

Impact environnemental

L’exploitation des carrières et des mines a de nombreux impacts sur l’environnement : dégradation irréversible des sols et du sous-sol, modification des paysages et des habitats naturels, impact sur la biodiversité, émissions de poussières, vibrations et nuisances sonores, rejets de gaz à effet de serre (transport) ou de matières en suspension (ressources en eau). L’extraction de granulats marins exerce des impacts spécifiques sur le milieu marin : remise en suspension de particules ; perturbations sonores ; modifications de la nature et de la profondeur des fonds ; mortalité directe d’espèces.

Les risques et impacts de l’exploitation du sous-sol persistent parfois très longtemps après l’arrêt de l’activité. Les phénomènes dangereux post-miniers sont principalement des mouvements de terrains, des perturbations hydrologiques, des remontées de gaz et des phénomènes de combustion. La contamination chimique de l’environnement est également un risque important, avec des impacts pour les milieux naturels et la santé qui en découlent, comme la pollution à l’arsenic ou au plomb.

S’agissant des mines, depuis la loi Climat et résilience, l’exploitant doit remettre à l’État, cinq ans avant la fin de sa concession, un dossier présentant le potentiel de reconversion du site pour d’autres usages du sous-sol, notamment la géothermie, ou pour d’autres activités économiques, en particulier l’implantation d’énergies renouvelables. Plusieurs options de reconversion existent : stockages de gaz naturel et d’hydrocarbures ; stockage des eaux de mines, pour l’alimentation en eau potable, industrielle et agricole ou réserve d’incendie ; musée ; zones de loisirs sportifs.

Une fois l’exploitation finie, les carrières sont également reconverties avec généralement un retour à l’affectation initiale du site (forêt ou culture) avec création de zones humides, de lieux d’hibernation pour les animaux, de bases de loisirs ou encore de réserves en eau.

Méthodologie

Sources

Depuis 2006, le BRGM tient à jour l’inventaire des carrières, localisées en France métropolitaine et dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), sous la forme d’une base de données « Carrières et Matériaux » (dite CARMA). L’inventaire distingue les exploitations « actives », c’est-à-dire autorisées au titre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) définies dans le Code de l’environnement, ainsi que les exploitations « fermées » de longue date à récemment.

Pour les extractions minières, la base de données « Camino » regroupe l’ensemble des titres miniers et autorisations en temps réel en France entière. Cette base permet de suivre les projets en cours à chaque étape importante de leur vie. Les chiffres extraits de Camino sont datés du 9 avril 2024. Ils sont susceptibles d’évoluer chaque jour au gré des décisions et de la fin de validité des titres et autorisations.

Pour en savoir plus :

 

Définitions

  • Autorisation d’exploitation : autorisation minière qui donne un droit d’exploiter un gisement de minerais ou de métaux sur une zone n'excédant pas 1 km2 dans les départements et régions d’outre-mer.
  • Concession : titre qui donne un droit d’exploitation. Il est applicable à tous les domaines miniers excepté dans les zones spéciales de carrières pour ces substances. La concession donne également l’exclusivité des droits de prospection sur les substances concédées sur son périmètre.
  • Mine : exploitations, sous terre ou à ciel ouvert, de gisements définis par une liste figurant dans le code minier (sel, minerais métalliques, gaz et énergies fossiles...).
  • Permis d’exploitation : titre minier qui donne un droit d’exploitation de gîtes de géothermie (dans un volume déterminé par un périmètre et deux profondeurs).
  • Permis exclusif de recherches : titre minier qui donne un droit de prospection destiné à faire l’inventaire des gisements sur lesquels le titulaire pourra faire valoir son droit d’inventeur. Il est applicable à tous les domaines miniers excepté les zones spéciales de carrières. Il s’agit généralement de larges périmètres (plusieurs centaines de kilomètres carrés).

Auteure : Lise COLARD, SDES

Données

Données associées relatives aux sites d’extraction de matières minérales et énergétiques en France : granulats, granulats marins, minerais, énergies fossiles.