Sols et aménagement
En France, 8 % des terres sont artificialisées avec des sols imperméabilisés (infrastructures, parking, constructions) ou fortement anthropisés (extraction de matériaux, décharges, espaces verts artificialisés, équipements sportifs).
Répartition de l’occupation physique des sols, en 2019 (moyenne 2018-2019-2020)
En %
Note : l’enquête Teruti a été rénovée en 2017.
Champ : France.
Source : Agreste-Teruti
Cette superficie ne cesse d’augmenter, même si le rythme de l’artificialisation ralentit par rapport au début de la décennie 2000. L’extraction de minéraux non métalliques sur le territoire français atteint 394 millions de tonnes (Mt) en 2021, soit 5,8 tonnes par habitant. Cela représente 94 % de la consommation intérieure française de ces minéraux (les échanges extérieurs représentant seulement un solde de 26 Mt, résultant d’importations à hauteur de 52 Mt moins 26 Mt exportées). Les minéraux extraits (graviers, sables, ardoises, grès, granit, etc.) sont principalement utilisés dans la construction et composés en grande partie des graviers et sables.
Minéraux non métalliques extraits du territoire français
En milliers de tonnes
Champ : France.
Sources : Unicem ; Insee ; SDES. Traitements : SDES, 2023
Sols et agriculture
Les sols fournissent une base pour la production de biomasse. Les matières provenant de l’agriculture (blé, canne à sucre, fruits, fourrage, paille, etc.), destinées à une utilisation humaine (consommation, semences, usages industriels, transformation) ou animale (alimentation, litière), constituent le deuxième flux de matières extraites du territoire, avec 232 Mt, soit 3,4 tonnes par habitant extraites en 2021. Chaque année en France, les sols perdent en moyenne 1,5 tonne de terre par hectare en raison du ruissellement des eaux. Cette situation est aggravée par l’intensification de l’agriculture, le surpâturage, la déforestation ou l’imperméabilisation.
L’érosion perturbe la biodiversité du sol, diminue les rendements, dégrade la qualité de l’eau et peut générer des coulées d’eau boueuse. Le service écosystémique rendu par les sols pour les stabiliser et contrôler l’érosion est quasi nul dans les régions de très faible relief (Landes, Beauce, plaine d’Alsace), faible dans les régions de grandes cultures ou de cultures permanentes, élevé dans les grandes régions herbagères (Bretagne, Basse-Normandie, Massif central, Alpes, Jura, etc.) et maximal dans les zones les plus sensibles à l’érosion (nord et est du bassin parisien, piémont pyrénéen, certaines zones de Midi-Pyrénées, du Languedoc, du Lyonnais).
Stabilisation des sols et contrôle de l’érosion par petite région agricole
En tonnes par hectare et par an
Notes : PRA = petite région agricole ; quantité de sol stabilisé correspondant au différentiel du taux d’érosion entre la situation « couverture végétale actuelle » et des situations de référence (sol nu / couvert permanent).
Champ : France métropolitaine.
Source : MTE, Projet Efese (INRA « Les services écosystémiques rendus par les sols », 2017 ; INRA/UR Sol modèle aléa d’érosion Mesales). Traitements : SDES, 2022
En 2021, les grandes cultures (hors mais fourrage) couvrent 43 % de la surface agricole utilisée (SAU), dont un tiers semé au printemps. Si le labour aère le sol et en améliore la fertilisation, il affecte sa structure et sa biodiversité, accélère le déstockage de carbone et le lessivage de l’azote. Des techniques de conservation du sol, telles que le non-labour (47 % de la surface en grandes cultures), limitent ces impacts, mais favorisent le tassement du sol, la prolifération de mauvaises herbes et des insectes ravageurs, impliquant un recours éventuel aux pesticides. L’implantation d’un couvert végétal hivernal, précédant 61 % des cultures de printemps, limite l’érosion et le lessivage des nitrates et peut faire l’objet de valorisations énergétiques.
Part des surfaces restant nues en hiver et sans labour, en 2017
En %
Champ : surfaces de grandes cultures en France métropolitaine.
Source : Agreste, Pratiques phytosanitaires en grandes cultures en 2017
Rôle des sols dans le stockage du carbone
Puits de carbone, le sol contribue à atténuer le changement climatique. À l’échelle mondiale, le premier mètre du sol renferme entre deux à trois fois plus de carbone que l’atmosphère et trois à sept fois plus que la végétation. Les sols de France métropolitaine (hors Corse) renferment 6,91 gigatonnes de carbone organique, dont plus de la moitié dans les trente premiers centimètres du sol. Ce stock de carbone varie selon l’affectation du sol. Certains changements d’usages (conversion des cultures en prairies ou en forêts) ou de pratiques agricoles (apport de boues urbaines, effluents d’élevage, non-labour) favorisent son stockage.
Stock de carbone organique moyen par occupation du sol
En tonnes/hectare
Note : cette répartition s’appuie sur des données de 2012 dont l’évolution est très faible dans le temps.
Champ : France métropolitaine.
Source : Gis Sol, 2013, Meersmans et al., 2012. A high resolution map of French soil organic carbon. Agron. Sustain. Dev. DOI 10.1007/s13593-012-0086-9. Traitements : SDES, 2013
Pollution des sols
Malgré leurs interdictions depuis les années 1990, des substances issues des transports ou de l’épandage agricole polluent durablement le sol. Ainsi, plus de 90 % des contaminations diffuses par le plomb proviennent du trafic automobile. En métropole, le sol des zones de culture ou d’élevage intensifs renferme également des taux élevés de lindane (insecticide ou antiparasitaire), alors que cette substance est interdite depuis 1998. La pollution chronique du sol des bananeraies et la contamination des écosystèmes naturels par la chlordécone, insecticide interdit de vente depuis 1993 dans les Antilles françaises, affectent encore 25 % de la SAU en Guadeloupe et 40 % en Martinique, en raison de sa persistance dans le sol, exposant la population par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés.
En octobre 2023, 10 440 sites et sols pollués (ou potentiellement pollués) appelant une action des pouvoirs publics sont recensés en France en raison de son passé industriel : les anciennes régions minières en concentrent la moitié. Ces pollutions résultent soit de rejets de polluants non maîtrisés, soit d’accidents ou de mauvais confinements.
Des moyens alloués à la protection des sols et des masses d’eau
En France, la protection des sols et des eaux est principalement financée par les entreprises, avec une contribution moindre de la part de l’État et des collectivités locales. En 2021, un budget de 2,4 milliards d’euros a été alloué à différentes initiatives de protection : la moitié de ces fonds (52 %) est destinée à la prévention des infiltrations de substances polluantes, suivie de près par la dépollution des sites et sols pollués, y compris en cas de marée noire (40 %). Une part minoritaire est dédiée à la surveillance de l’état des sols et des milieux aquatiques et marins (5 %), ainsi qu’à la lutte contre l’érosion des sols (4 %).
Après une baisse en 2020 due à la crise sanitaire, les dépenses dans la protection des sols et des eaux ont repris leur progression en 2021, enregistrant une augmentation de 2 % en euros courants. Cette reprise est particulièrement significative dans le domaine de la dépollution des sites et sols pollués, avec une hausse de 8 %.
Évolution des dépenses de protection des sols et des eaux
En milliards d'euros courants
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023
Données
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2023 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2023