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Opinions des Français sur l’environnement en 2022

Environnement
Publié le 23/02/2023
Afin de suivre l’appropriation des enjeux environnementaux par les Français, le SDES dispose de deux baromètres d’opinion. Ces dispositifs d’enquête permettent de quantifier le niveau de sensibilité environnementale des Français et d’observer l’évolution de leurs préoccupations ainsi que de leurs attentes. Les derniers résultats montrent que de manière générale, le changement climatique s’impose en 2022 comme le principal sujet de préoccupation des Français. À l’échelle de leur lieu de vie, c’est la pollution de l’air qui suscite le plus les inquiétudes des enquêtés. Jugeant que c’est d’abord aux pouvoirs publics d’agir, ils restent relativement peu disposés à transformer leurs modes de vie pour protéger l’environnement.

Les Français toujours plus inquiets face au changement climatique

En 2022, la hiérarchie des préoccupations environnementales des Français est encore largement dominée par la question du changement climatique. En progression de 6 points, ce sujet atteint un niveau record. Alors que la pollution de l’air était la principale préoccupation environnementale dix ans auparavant, elle est aujourd’hui très largement devancée par l’enjeu climatique, au même niveau que les catastrophes naturelles et la pollution des milieux aquatiques. Malgré un rebond en 2019, la part des Français citant la pollution atmosphérique a considérablement baissé en l’espace de six ans. 

Même si une légère baisse est observée en 2022, le niveau de préoccupation à l’égard des catastrophes naturelles a presque doublé par rapport à 2008. Contrairement à la pollution de l’eau, des rivières et des lacs qui progresse au cours de l’année écoulée, les préoccupations liées à l’érosion de la biodiversité (mesurée ici par la disparition des espèces) et à l’augmentation des déchets ménagers subissent une baisse du fait de la forte progression du changement climatique. Comme les années précédentes, la question des nuisances sonores reste peu citée.

 

Évolution des préoccupations environnementales des Français
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2008-2022.

 

Si la « disparition de certaines espèces végétales ou animales » est rarement citée par les Français comme principale préoccupation en matière d’environnement (8 %), elle est en revanche assez fréquemment évoquée en second choix (17 %). Au total, ce sujet suscite toutefois moins d’inquiétude que le changement climatique, les catastrophes naturelles et la pollution de l’air. Cela peut probablement s’expliquer par le caractère moins tangible de l’érosion de la biodiversité et de ses effets sur la vie quotidienne. 

Contrairement à ce qui était observé les années précédentes, les jeunes ne se distinguent plus significativement de leurs aînés du fait de l’intérêt marqué qu’ils accordent à la biodiversité. Même si 35 % d’entre eux évoquent encore ce sujet en premier ou second choix, c’est 12 points de moins qu’en 2021.

 

Les préoccupations environnementales des Français en 2022
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2022.

 

En 2022, la pollution des milieux aquatiques est citée (en premier ou second choix) par 29 % des enquêtés, soit une progression de quatre points en un an. La pollution atmosphérique et l’augmentation des déchets des ménages reculent pour leur part chacun de quatre points. 

La préoccupation à l’égard de la pollution de l’eau se révèle plus marquée hors des grandes agglomérations et chez les moins de 50 ans. La question des nuisances sonores est plus fréquemment citée par les enquêtés de l’agglomération parisienne et ceux âgés de 60 ans et plus. Inversement, ces deux catégories de population semblent moins préoccupées par la disparition de certaines espèces végétales ou animales. En revanche, les Français les plus âgés évoquent davantage les catastrophes naturelles, alors que les habitants de la région parisienne s’inquiètent plutôt de l’augmentation des déchets ménagers. Cette préoccupation est également partagée par les femmes et les ouvriers. Ces derniers se révèlent en revanche bien moins préoccupés que les cadres supérieurs par le changement climatique. Enfin, la pollution de l’air suscite de plus fortes craintes pour les ménages trentenaires constitués de quatre personnes ou plus.

Au quotidien, le bruit et la pollution de l’air posent problème

Interrogés sur différentes situations susceptibles de causer des désagréments sur leur lieu de vie, plus d’un Français sur quatre ne déclarent aucun problème en 2022. 

Le bruit et le manque de transports en commun sont les deux problèmes de proximité les plus fréquemment évoqués en premier (18 % chacun). La qualité de l’air est un peu moins souvent mentionnée en premier choix (13 %) mais fait part égale avec le bruit et le manque de transports en commun, si l’on cumule les deux principaux motifs de désagréments, étant mentionnée par un peu plus d’un quart des Français. Les problèmes liés aux risques (naturels ou technologiques) et au manque d’entretien et de propreté de l’environnement proche suscitent moins d’inquiétude ou de mécontentement de la part des enquêtés (moins de 20 % des enquêtés).


Désagréments perçus à l’échelle du lieu de vie en 2022
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2022.

Évolution des préoccupations de proximité depuis 2008

À l’exception de la question de la pollution de l’air qui a connu d’importantes fluctuations, le niveau général des problèmes évoqués par les Français à l’échelle de leur quartier est resté relativement stable depuis le début de la décennie. En 2020, toutefois, dans le contexte de la crise sanitaire, certaines inflexions sont apparues. 

Ainsi, à la suite des périodes de confinement sanitaire qui les a conduits à passer plus de temps chez eux, la part des enquêtés déclarant ne subir aucun désagrément près de leur domicile a connu une augmentation significative, après cinq années consécutives de baisse. Cette inflexion est toutefois en large partie liée aux moindres difficultés perçues concernant le manque de transports en commun, dans un contexte de forte limitation des déplacements. 

Au cours des deux années suivantes, les désagréments liés au manque de transports en commun sont repartis à la hausse tandis que ceux-liés aux risques naturels progressent. Les problèmes liés à la pollution de l’air ont en revanche notablement baissé au cours des trois dernières années.

De façon générale, quelles que soient les années, les problèmes liés au bruit, à la pollution atmosphérique et à la détérioration du cadre de vie sont essentiellement cités par les enquêtés résidant dans les grandes métropoles urbaines. Inversement, le manque de transports en commun et les risques naturels sont principalement des problèmes évoqués dans les territoires ruraux. Les inquiétudes à l’égard des risques naturels et technologiques se révèlent a contrario faibles dans l’agglomération parisienne. Enfin, une très grande majorité des Français âgés de 70 ans et plus considèrent qu’ils ne sont pas concernés par ces différents problèmes à l’échelle de leur quartier.  

 

Évolution des problèmes environnementaux de proximité, entre 2002 et 2022
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2008-2022.

De fortes attentes à l’égard des pouvoirs publics

Interrogés pour savoir qui devrait agir en priorité pour la protection de l’environnement, une moitié des Français cite les pouvoirs publics, une proportion assez stable au cours du temps. 

Alors que la proportion des enquêtés jugeant que c’est aux ménages de s’engager prioritairement sur ce sujet avait connu une augmentation sensible en 2019, puis 2020 (+ 6 points), cette opinion régresse depuis deux ans (- 7 points), et ne concerne plus que 15 % des ménages. 

Nettement plus élevée, la part des Français considérant que ce serait plutôt aux entreprises de prendre leur responsabilité en matière de protection de l’environnement est toutefois en léger recul en 2022 (27 %).

L’âge des enquêtés influe sur ce sujet : 18 % des enquêtés âgés de 70 ans et plus considèrent ainsi que c’est aux ménages d’agir en priorité, contre 11 % des moins de 40 ans. Inversement, 30 % des enquêtés les plus jeunes pointent la responsabilité des entreprises, soit 8 points de plus que les Français les plus âgés.

 

Responsabilité et engagement des acteurs sociaux, entre 2012 et 2022
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2012-2022.

Le climat, l’eau et les risques naturels au cœur des attentes

En relation avec leur principale préoccupation environnementale, une large partie des Français estime en 2022 que la lutte contre le changement climatique est l’action prioritaire que l’État doit mener dans le domaine de la protection de l’environnement. 

En tête des priorités, les enquêtés citent également la lutte contre la pollution des milieux aquatiques, la prévention des risques naturels et la sauvegarde des espèces végétales ou animales.

 

Les attentes en matière d’action publique environnementale
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Source : SDES, baromètre « société et environnement » de l’enquête « Conditions de vie et aspirations » réalisée par le Credoc en janvier 2021.

 

Des écarts s’observent sur ce sujet selon le genre, l’âge ou le niveau de diplôme. Par exemple, les hommes tendent davantage à donner la priorité aux enjeux liés à la pollution de l’eau et au changement climatique, alors que les femmes mentionnent plus fréquemment la prévention des risques naturels ou la préservation de la biodiversité. Ces sujets sont également plus évoqués par les enquêtés les moins diplômés. 

Les 25-39 ans se distinguent en considérant plus prioritaires la lutte contre les risques du nucléaire et la sauvegarde des plantes et animaux. 

Les attentes en matière de prévention des risques naturels ont tendance à croître avec l’âge. Les 70 ans et plus sont ainsi deux fois plus nombreux à attendre une action publique dans ce domaine que les moins de 25 ans.

Évolution des priorités en matière d’action publique environnementale

Entre 2007 et 2021, les priorités identifiées par les Français comme devant être traitées par l’État ont varié au gré des contextes (inondations, catastrophe nucléaire de Fukushima, pics de pollution, etc.). 

Après avoir nettement progressé en 2017, l’idée d’un recours accru aux technologies respectueuses de l’environnement est revenue en 2021 à son niveau antérieur. De même, la lutte contre la pollution atmosphérique semble bien moins importante pour les Français qu’elle ne l’était il y a une dizaine d’années.

Jugés moins prioritaires que la lutte contre le changement climatique, la prévention des risques naturels et de la protection de la biodiversité n’en suscitent pas moins de fortes attentes. Au cours des deux dernières années, ces sujets ont respectivement progressé de cinq et de trois points. Sur cette même période, la part des Français jugeant qu’il est urgent d’agir pour contrôler les risques liés aux centrales nucléaires a baissé de trois points.  


Évolution des priorités en matière d’action publique environnementale entre 2007 et 2021
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Source : SDES, baromètre « société et environnement » de l’enquête « Conditions de vie et aspirations » réalisée par le Credoc, 2007-2021.

Une sensibilité environnementale qui s’atténue

Pour tenter de quantifier l’évolution de la relation que les Français entretiennent avec les questions environnementales, il leur est demandé tous les deux ans d’indiquer au travers d’une note leur degré de sensibilité aux problèmes d’environnement. 

Sur une échelle de 1 à 7, la note moyenne de sensibilité environnementale était de 5,22 en 2005. Cette note atteint la valeur de 5,49 en 2011 avant de régresser dans les années suivantes. Après un léger rebond en 2019, cet indicateur atteint un niveau historiquement bas en 2021 (4,94), ce qui interpelle dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19. 

 

Évolution du niveau de sensibilité environnementale entre 2005 et 2021

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Source : SDES, baromètre « société et environnement » de l’enquête « Conditions de vie et aspirations » réalisée par le Credoc, 2005-2021.

L’effet de l’âge sur la sensibilité environnementale

L’âge des enquêtés influe de manière notable sur la sensibilité déclarée des Français à l’égard des enjeux environnementaux. Les plus jeunes semblent en effet y être moins sensibles que leurs aînés. Ce phénomène est tout particulièrement marqué chez les moins de 25 ans : seuls 32 % des enquêtés de la génération née après 1995 attribuent ainsi une haute note de sensibilité (6 ou 7), contre 44 % parmi les générations nées avant 1960. 

 

L’effet de l’âge sur la sensibilité environnementale
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Note : La question posée était : « Chacun peut se sentir plus ou moins concerné par les problèmes d’environnement. Vous-même, pouvez-vous vous classer sur une échelle de sensibilité à l’environnement, de 1 si vous y êtes « totalement insensible » à 7 si vous y êtes « très sensible ». Comment vous classez-vous ? »
Source : SDES, baromètre « société et environnement » de l’enquête « Conditions de vie et aspirations » réalisée par le Credoc en janvier 2021.

 

Ce constat d’une moindre sensibilité des jeunes à l’égard de l’environnement doit toutefois être relativisé. Une autre question posée dans l’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » du Crédoc montre en effet qu’entre 18 et 22 ans, chaque nouvelle génération est plus préoccupée par l’environnement que la précédente. Formulée différemment, cette question liste différents enjeux (le chômage, les maladies graves, la dégradation de l’environnement, la pauvreté en France, la pauvreté dans le monde, la drogue, la violence et l’insécurité, les tensions internationales, les conflits sociaux, l’immigration, l’Europe) et demande aux enquêtés de citer les deux qui les préoccupent le plus. Parmi les enquêtés âgés de 18 à 22 ans, 32 % de la génération née après 1997 placent l’environnement en tête de leurs préoccupations, contre 21 % pour la génération 1987-1996 au même âge.

Méthodologie

Les données présentées s’appuient sur deux enquêtes menées par le service statistique du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (SDES) : 

  •  Le baromètre « société et environnement » est l’outil de suivi historique des préoccupations et pratiques environnementales des Français. Initié en 1995 par l’Institut français de l’Environnement (Ifen) et piloté depuis 2008 par le SDES, ce baromètre est réalisé par le Credoc dans le cadre du dispositif d’enquête Conditions de vie et aspirations des Français. Ces données sont collectées en face-à-face auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les DROM-COM. Ce baromètre est réalisé tous les deux ans en début d’année impaire.
  •  La « Plateforme environnement » est un dispositif de suivi barométrique initié par le SDES en 2008. Cette série de vingt questions est posée chaque année (au mois de novembre) à un échantillon représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Adossé à l’enquête de conjoncture auprès des ménages (menée par l’Insee depuis 1958), cette plateforme a permis d’interroger près de 23 000 personnes en l’espace de treize éditions. Les questions visent à suivre l’évolution des préoccupations et pratiques environnementales dans la société française. En 2012 et en 2020, des modifications ont été apportées au questionnaire pour améliorer les connaissances sur ces sujets. L’enquête de conjoncture auprès des ménages (aussi appelé Camme) est un dispositif de suivi mensuel par téléphone auprès de 1 800 individus environ. L’échantillon est constitué de ménages ordinaires équipés d’une ligne de téléphone fixe et résidant en France métropolitaine.

Deux dimensions sont abordées dans ces baromètres :

  • les opinions, c’est-à-dire des points de vue, des prises de position exprimés verbalement à propos d’un sujet ou d’un débat d’actualité ;
  • les pratiques, les comportements mis en œuvre par les individus.

Les chiffres indiqués correspondent à des pratiques déclarées. Ils sont donc susceptibles d’être surévalués par rapport aux pratiques effectives des ménages. Cette surestimation peut être due à un mécanisme dit de « désirabilité sociale » fréquemment observé dans les enquêtes d’opinions centrées sur des sujets comme l’environnement pour lesquels il existe souvent une adhésion consensuelle. Il s’agit pour l’individu interrogé de répondre en adéquation avec ce qu’il juge être une valeur ou une attitude socialement valorisée.

Auteur : Éric Pautard, SDES

Données

Données associées à la publication.

Consulter les résultats des enquêtes

Afin de permettre une consultation élargie des résultats de la « Plateforme environnement » du SDES, un outil de visualisation des données est mis à disposition. Il est ainsi possible de connaître l’ensemble des réponses données par les enquêtés depuis 2009. Cette datavisualisation permet de prendre connaissance des résultats en s'intéressant à la série complète (évolutions depuis 2009) ou à la dernière année en cours. La consultation des questions se fait par thématique.
L’application de datavisualisation offre par ailleurs l’opportunité de consulter les résultats en fonction de l’âge des enquêtés, de leur genre, de leur niveau d’études, de leur catégorie socioprofessionnelle, du niveau de vie de leur ménage et du type d’agglomération où se situe leur lieu de résidence.