Pollution de l’air extérieur - Synthèse des connaissances en 2022

Environnement
Publié le 09/12/2022
Avec la mise en œuvre depuis plusieurs années de stratégies et plans d’action dans différents secteurs d’activité, les émissions de polluants se réduisent et la qualité de l’air s’améliore. Les confinements mis en place pour faire face à la pandémie de Covid-19 ont amplifié ces progrès en 2020. Même si les teneurs dans l’air baissent pour la majorité des polluants, des dépassements de seuils réglementaires de qualité de l’air fixés pour la protection de la santé humaine persistent dans certaines zones, en particulier pour l’ozone (O3), le dioxyde d’azote (NO2) et les particules de diamètre inférieur ou égal à 10 μm (PM10).

La pollution de l’air extérieur se caractérise par la présence dans l’air de gaz et de particules ayant des effets néfastes sur la santé humaine et sur l’environnement. Ces substances peuvent être rejetées directement dans l’atmosphère par des activités humaines, ainsi que par des phénomènes naturels comme les éruptions volcaniques ou se former dans l’air suite à des réactions physico-chimiques entre des polluants déjà présents dans l’atmosphère. La pollution de l’air qui en résulte peut aggraver ou être à l’origine d’affections bénignes (fatigue, nausées, irritation des yeux et de la peau), de maladies graves (asthme, allergies), voire de pathologies mortelles (cancers, maladies cardiovasculaires). Les impacts sur la santé peuvent se manifester à court ou long terme.

Alors que la pollution de l’air était la principale préoccupation environnementale des Français en 2010, elle est dorénavant très largement devancée par l’enjeu climatique. Située à un niveau historiquement bas en 2021, elle est désormais le deuxième sujet d’inquiétude le plus cité, à égalité avec les catastrophes naturelles.

Baisse des rejets de polluants atmosphériques

Chaque année, les rejets (ou émissions) anthropiques de divers polluants produits sur le territoire national sont estimés par secteur d’activité. Ainsi, en 2021, l’agriculture est à l’origine de 93 % des émissions d’ammoniac (NH3), tandis que le chauffage des bâtiments pour le résidentiel ou le secteur tertiaire est à l’origine de 57 % des émissions de particules de diamètre inférieur ou égal à 2,5 μm (PM2,5), principalement du fait de la combustion du bois.

 

Part des secteurs d’activité majoritaires dans les émissions 2021(e) de quelques polluants
En %

© SDES

(e) = estimation préliminaire.
Notes : l’industrie regroupe l’industrie de l’énergie, l’industrie manufacturière et la construction et le traitement centralisé des déchets ; les transports regroupent le transport routier et les autres transports (aériens, ferroviaires, fluviaux et maritimes hors transports internationaux).
Champ : France métropolitaine.
Source : Citepa, avril 2022, format Secten

 

Sur la période 1990-2021, les émissions ont baissé pour la majorité des polluants. Ainsi, les rejets de dioxyde de soufre (SO2) de l’industrie ont diminué de 92 %, grâce notamment à une moindre utilisation du pétrole dans la production d’électricité, à des actions d’économie d’énergie, à une meilleure efficacité énergétique et à la limitation de la teneur en soufre dans les combustibles.

Les rejets d’oxydes d’azote (NOx) dus aux transports ont reculé de 72 % malgré l’augmentation du trafic routier et l’accroissement du parc, grâce à l’évolution des moteurs stimulée par la réglementation européenne sur les émissions des véhicules, le renouvellement du parc de véhicules et l’équipement progressif des véhicules en pot catalytique depuis 1993.

À l’inverse, les émissions de cuivre provenant aussi des transports (usure des plaquettes de frein, usure des caténaires) ont augmenté sous l’influence de l’évolution du trafic routier sans qu’une évolution technique puisse en compenser l’effet.

En 2020, les mesures exceptionnelles de limitation des déplacements et de l’activité économique, liées à la gestion de la pandémie de Covid-19, ont amplifié les baisses déjà réalisées pour certains polluants ou ont réduit ponctuellement les émissions d’autres polluants fortement émis par les transports.

 

Évolution des émissions de quelques secteurs pour une sélection de polluants 
En 
indice base 100 en 1990

© SDES

(e) = estimation préliminaire.
Notes : l’industrie regroupe l’industrie de l’énergie, l’industrie manufacturière et la construction et le traitement centralisé des déchets ; les transports regroupent le transport routier et les autres transports (aériens, ferroviaires, fluviaux et maritimes hors transports internationaux).
Champ : France métropolitaine.
Source : Citepa, avril 2022, format Secten

Amélioration de la qualité de l’air extérieur, sauf pour l’ozone

Une fois émises dans l’air, ces substances évoluent dans l’atmosphère sous l’effet des conditions météorologiques et subissent notamment l’influence du vent, de la pluie et des gradients de températures. Elles peuvent également subir des transformations par réactions chimiques, en fonction des composés présents dans l’air et des conditions (chaleur, température, rayonnement solaire, humidité, etc.), et qui produisent d’autres polluants. La qualité de l’air dépend donc des émissions anthropiques de polluants, des émissions naturelles, mais également des réactions qui peuvent intervenir dans l’atmosphère, des conditions météorologiques, ou encore du transport à longue distance de polluants.

La qualité de l’air est suivie en différents points du territoire français, majoritairement dans les villes où s’observent les plus fortes concentrations de polluants auxquelles la population est susceptible d’être directement ou indirectement exposée, à proximité de sources d’émissions (trafic routier, industries), ainsi que dans des zones éloignées de ces sources (fond urbain). Les concentrations moyennes de polluants mesurées à proximité de sources d’émissions sont supérieures à celles observées en fond urbain hormis pour l’O3. Les concentrations moyennes d’O3 sont plus élevées en milieu rural qu’en fond urbain, compte tenu des mécanismes de formation de ce polluant. En effet, l’O3 n’a pas de source directe dans l’atmosphère et se forme exclusivement sous l’effet du rayonnement solaire lors de réactions chimiques complexes entre différents polluants, en particulier les NOx et les composés organiques volatils. Ses teneurs dépendent des conditions météorologiques et du transport de masses d’air polluées.

 

Évolution des concentrations moyennes annuelles de quelques polluants 
En µg/m3

© SDES

Note : la méthode de mesure des PM10 ayant évolué en 2007 afin d’être équivalente à celle définie au niveau européen, les concentrations de PM10 de la période 2000-2006 ne peuvent être comparées à celles de la période 2007-2021.
Champ : France, hors Mayotte.
Source : Geod’air, juin 2022. Traitements : LCSQA.

 

Depuis 2000, les concentrations moyennes annuelles en SO2, NO2, PM10 et PM2,5 ont baissé alors que celles en O3 sont en hausse en fond urbain. Le pourcentage de stations de mesure où les concentrations ne respectent pas les seuils réglementaires fixés pour la protection de la santé a fortement diminué pour le NO2 et les PM10, même s’il reste encore significatif à proximité du trafic routier pour le NO2. En 2021, ces dépassements concernent en milieu urbain 6, 11 et 22 stations de mesure respectivement pour les PM10, le NO2 et l’O3.

 

Évolution du pourcentage de stations de mesure pour lesquelles les concentrations ne respectent pas les seuils réglementaires pour la protection de la santé humaine
En %

© SDES

Note : la méthode de mesure des PM10 ayant évolué en 2007 afin d’être équivalente à celle définie au niveau européen, les concentrations de PM10 de la période 2000-2006 ne peuvent de fait être comparées à celles de la période 2007-2021.
Champ : France, hors Mayotte.
Source : Geod’air, juin 2022. Traitements : LCSQA ; SDES

Des efforts financiers réalisés pour réduire nos émissions polluantes

En 2020, les moyens financiers mobilisés pour la protection de la qualité de l’air extérieur sont évalués à 3,7 milliards d’euros. Depuis 2000, cette dépense a progressé en moyenne de 4,7 % par an en euros courants, à un rythme nettement supérieur à celui du PIB (+ 2,3 % annuels). En 2020, les entreprises financent 45 % de cette dépense (équipements de traitements des fumées), les ménages, 13 % (chaudières à condensation) et les administrations publiques, 42 % (aide à l’acquisition de véhicules faiblement émetteurs).

 

Évolution du financement de la dépense de protection de l’air 
E
n millions d’euros courants

© SDES

Champ : France.
Source : Compte satellite de l’environnement, SDES, 2022.

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