Protéger l’environnement des générations futures
En 2021, pour près de deux Français sur cinq, la volonté de « laisser aux générations futures un environnement de qualité » est la principale raison d’agir à l’échelle individuelle en faveur de l’environnement. Dans un contexte encore marqué par la pandémie de Covid-19, la deuxième raison invoquée touche au domaine de la santé (25 %). Préserver la nature et la biodiversité est également cité par plus d’un Français sur cinq. Enfin, 13 % des enquêtés agissent en priorité pour limiter les conséquences du changement climatique.
Tandis que les enquêtés ayant un niveau d’études élevé évoquent plus fréquemment la question du climat et les générations futures, ceux dont le niveau d’études est inférieur au bac privilégient davantage les enjeux sanitaires. Protéger sa santé et celle de ses proches suscite aussi un intérêt plus marqué chez les femmes et chez les enquêtés âgés de plus de 60 ans. Enfin, les Français âgés de 35 à 60 ans semblent être les plus soucieux d’agir au profit des générations futures.
S’impliquer en fonction de ses capacités
Pour protéger l’environnement, 46 % des Français ont le sentiment d’en faire autant qu’ils le peuvent. 14 % des enquêtés jugent même en faire déjà beaucoup. À l’inverse, 36 % des personnes interrogées estiment qu’elles pourraient en faire davantage et 3 % ne jugent pas utile d’agir à l’échelle individuelle.
Le sentiment d’en faire autant que possible est particulièrement marqué chez les plus de 60 ans (59 %). Près de la moitié des enquêtés de moins de 35 ans répondent qu’ils pourraient en faire davantage (49 %, contre 26 % des plus de 60 ans). De même, une grande partie des ménages constitués de trois personnes ou plus reconnaissent aussi qu’ils auraient la capacité d’agir plus en faveur de l’environnement (45 %, soit 12 points de plus que les ménages composés d’une ou deux personnes). Parmi les catégories d’enquêtés qui jugent déjà en faire beaucoup, les ruraux (20 %) se distinguent nettement des habitants de l’agglomération parisienne (11 %). Plus sceptiques que la moyenne, les enquêtés les moins diplômés et les plus jeunes (7 %) ont davantage tendance à juger que l’action individuelle n’est pas vraiment utile pour protéger la nature.
Agir individuellement : une forme d’évidence
Plus de sept Français sur dix considèrent que chacun doit s’investir le plus possible pour protéger l’environnement. 15 % des enquêtés estiment qu’ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour agir à leur échelle et 7 % semblent attendre qu’il leur soit expliqué pourquoi ils devraient s’impliquer individuellement. Enfin, une faible minorité des Français (3 %) jugent que les problèmes environnementaux sont exagérés.
Répondant plus fréquemment qu’ils n’ont pas les moyens d’agir à leur niveau, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise se distinguent des cadres supérieurs et professions libérales sur ce point. Les enquêtés âgés de plus de 60 ans semblent faire preuve d’un plus grand scepticisme, estimant pour 4 % d’entre eux (soit dix fois plus que les moins de 35 ans) que les problèmes environnementaux sont exagérés.
Consommer responsable
Acheter uniquement le nécessaire pour éviter le gaspillage et acheter des produits fabriqués localement sont les deux pratiques que les Français associent le plus spontanément à la notion de consommation responsable. Pour la première fois depuis 2014, l’achat du strict nécessaire (44 %) devance l’achat de produits fabriqués localement (36 %). Investir dans des produits plus robustes et plus économiques sur le long terme est une forme de consommation responsable citée par 11 % des Français en 2021. En recul de 3 points par rapport à l’année précédente, la consommation de produits plus respectueux de l’environnement n’est plus évoquée que par 6 % des enquêtés. Enfin, l’achat de « produits issus du commerce équitable » (1 %) reste faiblement associé à l’idée de consommation responsable.
Ce dernier item est sept fois plus choisi par les enquêtés de plus de 60 ans que par les moins de 35 ans. À l’inverse, les plus jeunes évoquent plus fréquemment que les plus âgés l’investissement dans des produits robustes sur le long terme (18 % contre 8 %). Des différences notables s’observent également entre femmes et hommes : les premières citent plus fréquemment les achats nécessaires évitant le gaspillage (48 %, soit 9 points de plus que les hommes) tandis que les seconds se prononcent deux fois plus souvent en faveur de l’achat de produits robustes. L’achat de produits locaux pour réduire les transports de marchandises et soutenir l’emploi local est également davantage privilégié hors des grandes agglomérations : 46 % des enquêtés résidant en milieu rural choisissent cette définition, contre 26 % de ceux résidant dans l’agglomération parisienne.
Mieux connaître pour mieux acheter
Comme les années précédentes, les Français attendent surtout d’être convaincus que le prix des produits respectueux de l’environnement n’est pas plus élevé avant d’en acheter davantage. Cette motivation devient toutefois moins discriminante au fil des années : 36 % des enquêtés la mentionnent en 2021 contre 42 % en 2012, d’autres motifs prenant progressivement le relais. Ainsi, la part des ménages souhaitant en savoir davantage sur ces produits et leurs conditions d’utilisation tend à augmenter (25 % en 2021 contre 20 % en 2012), de même que la part des consommateurs attendant un élargissement de l’offre disponible (17 % en 2021 contre 13 % en 2012). Enfin, une proportion relativement stable des enquêtés souhaiteraient avant tout une meilleure signalétique sur ces produits (16 %).
Les ouvriers et les employés se montrent deux fois plus soucieux du prix que les cadres supérieurs et professions libérales. Ces derniers se préoccupent moins de l’éventuel surcoût à payer mais voudraient être mieux informés sur ces produits et pouvoir les repérer plus aisément. À la différence des enquêtés les plus jeunes et les plus âgés, les 35-60 ans évoquent assez peu l’enjeu tarifaire mais attendent plus fréquemment un élargissement et une diversification de l’offre en matière de produits respectueux de l’environnement.
Une vigilance plus marquée pour les produits alimentaires
Pour 22% des Français, la provenance géographique des produits alimentaires est un point de vigilance important lorsqu’ils font leurs courses. Ce souci de réduire la distance entre producteurs et consommateurs se révèle cependant moins marqué quand il s’agit d’acquérir des vêtements ou du mobilier. La part des Français déclarant faire systématiquement attention à la quantité de déchets induits par leurs achats reste stable au cours des dix dernières années (12 %).
Plus de la moitié des Français (53 %) déclarent en 2021 se soucier toujours ou souvent de la distance parcourue par les produits alimentaires qu’ils achètent, soit 7 points de plus qu’en 2010, mais en recul de 4 points par rapport à l’année précédente. Cette attention à la provenance se révèle plus marquée chez les enquêtés âgés de plus de 60 ans (58 % contre 45 % chez les moins de 35 ans) et chez les femmes (57 % contre 49 % chez les hommes).
Concernant les autres produits (vêtements, chaussures, meubles), la part des enquêtés déclarant consulter « toujours » ou « souvent » les étiquettes de ces marchandises afin de connaître leur origine géographique fluctue autour de 35 % tout au long de la décennie écoulée. Un tiers des enquêtés reconnaît ne « jamais » y prêter attention. Comme pour les produits alimentaires, une différence générationnelle s’observe sur ce sujet : les enquêtés âgés de plus de 60 ans déclarent deux fois plus que les enquêtés de moins de 35 ans faire régulièrement attention à l’origine géographique de ces produits.
En 2021, 30 % des enquêtés déclarent ne « jamais » faire attention aux quantités de déchets générés par leur consommation. Cette forme de désintérêt pour le sujet s’avère plus élevée chez les employés (34 %) que chez les cadres supérieurs (23 %).
Note : Ce graphique est une déclinaison du précédent, centrée sur l’évolution des réponses « Toujours » et « Souvent ».
Plus de deux Français sur trois déclarent avoir acheté récemment un produit bio
En 2021, 63 % des Français déclarent avoir récemment acheté des produits bio, soit 30 points de plus qu’en 2008 mais en retrait de 4 points par rapport à 2020. Ce constat fait écho à la baisse des ventes (- 1,4 % entre 2020 et 2021) observée par l’Agence Bio en juin 2022. Un phénomène équivalent s’observe concernant l’achat de produits portant un label écologique. Après deux années de progression (+ 8 points entre 2018 et 2020), cet indicateur accuse un recul de 4 points en 2021. Réalisée au même moment, l’enquête de conjoncture auprès des ménages de l’Insee montrait que la part des ménages jugeant que les prix à la consommation ont globalement augmenté au cours des douze derniers mois était en très forte hausse, atteignant son plus haut niveau depuis 2012 (source : Insee, novembre 2022). Ce sentiment d’inflation (antérieur à l’accélération effective de celle-ci au premier trimestre 2022) contribue probablement à la baisse des achats de produits bio et/ou écolabellisés, réputés plus chers.
Le niveau d’études et le niveau de vie influent significativement sur la consommation de produits bio ou écolabellisés : 78 % des ménages les plus aisés déclarent ainsi acheter régulièrement des produits bio, soit 27 points de plus que les ménages les plus modestes. De même, les enquêtés les plus diplômés achètent bien plus fréquemment des produits titulaires d’un label écologique que ceux qui n’ont pas de diplôme (63 % contre 34 %).
Des pratiques plus ou moins difficiles à mettre en œuvre
Afin de saisir les actions individuelles que les Français jugent les plus efficaces pour protéger l’environnement, celles qu’ils mettent en œuvre le plus fréquemment et celles qu’ils ont le plus de difficultés à intégrer dans leur quotidien, il est demandé, tous les deux ans, à un échantillon représentatif de ménages de citer les deux actions les plus importantes dans chacun de ces registres.
S’imposant de longue date comme la pratique environnementale incontournable, le tri des déchets ménagers reste en 2021 l’action individuelle la plus fréquemment réalisée par les Français. Levier simple à mettre en œuvre du fait de la diffusion élargie de dispositifs de tri à l’échelle municipale, cette pratique environnementale est aussi considérée comme la moins difficile à mettre en œuvre au quotidien. Si cette action est plutôt considérée comme efficace pour protéger l’environnement, ce sont toutefois la réduction des déchets et la réduction de la consommation d’énergie qui arrivent en tête des actions jugées les plus efficaces, même si elles sont moins fréquemment mises en œuvre.
Note : libellés des questions posées : « Selon vous, quelles sont les deux actions individuelles les plus efficaces pour protéger l’environnement ? » ; « Au quotidien, quelles sont les deux actions que vous mettez le plus fréquemment en œuvre pour protéger l’environnement ? » ; « Et à l’inverse, au quotidien, quelles sont les deux actions que vous avez le plus de difficultés à mettre en œuvre pour protéger l’environnement ? »
La moindre utilisation de la voiture et l’achat de produits écolabellisés sont les deux actions les plus rarement réalisées. Perçues comme les moins efficaces, elles sont aussi considérées comme les plus difficiles à mettre en œuvre. Egalement perçu comme difficile, le choix d’un mode de déplacement plus respectueux de l’environnement est jugé plus efficace et est un peu plus fréquemment mis en œuvre. Enfin, la réduction de la consommation d’eau et le choix de produits locaux sont dans des situations intermédiaires : relativement simples, elles sont modérément mises en œuvre et jugées moyennement (produits locaux) ou peu efficaces (économie d’eau).
Logiquement, réduire l’usage de la voiture est considéré comme plus difficile pour les enquêtés en zone rurale (30 %) que pour les personnes résidant dans l’agglomération parisienne (14 %). À l’inverse, il est jugé moins difficile d’utiliser des produits locaux par les enquêtés ruraux (9 % contre 15 % dans l’agglomération parisienne). Alors que les enquêtés les plus âgés mentionnent plus fréquemment choisir des produits locaux (16 %), les enquêtés les plus jeunes ont davantage tendance à opter pour des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement (16 %) ou à acheter des produits écolabellisés (9 %).
Entre 2015 et 2021, quelques évolutions saillantes méritent d’être signalées. L’achat de produits locaux est une pratique dont la fréquence et l’efficacité perçue ont augmenté (+ 3 points). Les enquêtés trouvent également moins compliqué d’acheter des produits écolabellisés (- 3 points). À l’inverse, choisir un mode de déplacement plus respectueux de l'environnement est désormais moins fréquent (- 4 points) et perçu comme moins efficace (- 7 points). De même, la part des Français jugeant difficile de moins utiliser sa voiture a augmenté (+ 3 points).
Afin de permettre une consultation élargie des résultats de la « Plateforme Environnement » du SDES, un outil de visualisation des données a été élaboré. Il est ainsi possible de connaître l’ensemble des réponses données par les enquêtés depuis 2009. Cette datavisualisation permet de prendre connaissance des résultats en s'intéressant à la série complète (évolutions depuis 2009) ou à la dernière année en cours. La consultation des questions se fait par thématique.
L’application de datavisualisation offre par ailleurs l’opportunité de consulter les résultats en fonction de l’âge des enquêtés, de leur genre, de leur niveau d’études, de leur catégorie socioprofessionnelle, du niveau de vie de leur ménage et du type d’agglomération où se situe leur lieu de résidence.
Méthodologie
Les données présentées ici s’appuient sur deux dispositifs d’enquête du service statistique du ministère de la Transition écologique (SDES) : la Plateforme Environnement et le Baromètre « Société et Environnement ».
• La Plateforme Environnement est un dispositif de suivi barométrique initié par le SDES en 2008. Adossée à l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages de l’Insee (dispositif Camme), cette plateforme comprend une série de 20 questions posées chaque année (au mois de novembre) à un échantillon de 1 800 individus environ représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Les questions visent à suivre l’évolution des préoccupations et des pratiques environnementales dans la société française.
Par nature, les pratiques recueillies dans le cadre de cette enquête sont des pratiques déclarées. Elles sont donc susceptibles d’être surévaluées par rapport aux pratiques effectives des ménages, compte tenu du mécanisme dit de « désirabilité sociale » fréquemment observé dans les enquêtes d’opinions centrées sur des sujets comme l’environnement pour lesquels il existe souvent une adhésion consensuelle. L’individu interrogé tend ainsi à répondre en adéquation avec ce qu’il juge être une valeur ou une attitude socialement valorisée.
Pour cette raison, plus que les niveaux, ce sont les évolutions des réponses au fil du temps ou les disparités entre catégories qui sont les plus riches d’enseignements. Des modifications ayant été apportées au questionnaire en 2012 et en 2020 pour améliorer les connaissances sur ces sujets, la profondeur temporelle des analyses varie selon les items.
• Le Baromètre « Société et Environnement » est l’outil de suivi historique des préoccupations et pratiques environnementales des Français. Initié en 1995 par l’Institut français pour l’environnement (Ifen) et piloté depuis 2008 par le SDES, ce baromètre est réalisé dans le cadre du dispositif d’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » par le Credoc. Ces données sont collectées en face-à-face auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les DROM-COM. Ce baromètre est réalisé tous les deux ans en début d’année impaire.
Eric Pautard, SDES
Données
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