Pratiques environnementales des Français en 2022 : agir à l'échelle individuelle

Environnement
Publié le 21/07/2023
Depuis les années 1990, le ministère chargé de l’Environnement mène de manière régulière des enquêtes quantitatives pour connaître les actions individuelles que les Français privilégient afin de protéger l’environnement. Qu’il s’agisse de trier ses déchets, de faire des économies d’énergie, de changer ses modes de déplacement ou de consommation, les formes d’implication individuelle décrites par ces enquêtes reflètent l’appropriation des questions environnementales par les Français. Elles montrent également le chemin qu’il reste à parcourir pour mobiliser plus largement la société au service de la protection de l’environnement.

Protéger l’environnement des générations futures

En 2022, pour près de deux Français sur cinq, la volonté de « laisser aux générations futures un environnement de qualité » est la principale raison d’agir à l’échelle individuelle en faveur de l’environnement. Comme en 2021, préserver la nature et la biodiversité est cité par 22 % des Français. Contrairement aux deux années précédentes (encore marquées par la pandémie de Covid-19), « protéger ma santé et celle de mes proches » n’est plus la deuxième raison la plus invoquée (21 %, soit une baisse de 4 points). Enfin, la part des enquêtés agissant en priorité pour limiter les conséquences du changement climatique progresse à nouveau (16 %).

Tandis que les cadres supérieurs et professions libérales évoquent plus fréquemment la question du climat, les ouvriers privilégient davantage les enjeux sanitaires. Les ménages composés de trois personnes ou plus se montrent plus soucieux d’agir au profit des générations futures, alors que les personnes vivant seules citent davantage la préservation de la nature.

 

Motivation principale à agir en faveur de l’environnement

© SDES

Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2020-2022

S’impliquer en fonction de ses capacités

Pour protéger l’environnement, 49 % des Français ont le sentiment d’en faire autant qu’ils le peuvent. 15 % des enquêtés jugent même en faire déjà beaucoup. À l’inverse, 32 % des personnes interrogées estiment qu’elles pourraient en faire davantage et 3 % ne jugent pas utile d’agir à l’échelle individuelle.

Le sentiment d’en faire autant que possible est particulièrement marqué chez les plus de 60 ans  (58 %). Près de la moitié des enquêtés de moins de 40 ans répondent qu’ils pourraient en faire davantage (48 %, contre 21 % des plus de 60 ans). De même, une grande partie des ménages constitués de trois personnes ou plus reconnaissent aussi qu’ils auraient la capacité d’agir davantage en faveur de l’environnement (37 %, soit 7 points de plus que les ménages composés d’une ou deux personnes). Parmi les catégories d’enquêtés qui jugent déjà en faire beaucoup, les ruraux (21 %) se distinguent nettement des urbains (12 %).

 

Évaluation personnelle de la façon d’agir en faveur de l’environnement

© SDES

Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2020-2022

Agir individuellement : une forme d’évidence

Plus de sept Français sur dix considèrent que chacun doit s’investir le plus possible pour protéger l’environnement. 14 % des enquêtés estiment qu’ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour agir à leur échelle et 5 % semblent attendre qu’il leur soit expliqué pourquoi ils devraient s’impliquer individuellement. Enfin, une faible minorité des Français (5 %) jugent que les problèmes environnementaux sont exagérés.

Répondant deux fois plus souvent qu’ils n’ont pas les moyens d’agir à leur niveau, les ouvriers se distinguent des cadres supérieurs et professions libérales sur ce point. De même, les enquêtés ayant un faible niveau d’études sont deux fois plus nombreux que ceux ayant fait des études supérieures à répondre qu’ils ne disposent pas des informations qui les inciteraient à agir davantage. Les enquêtés âgés de plus de 70 ans semblent faire preuve d’un plus grand scepticisme, estimant pour 9 % d’entre eux (soit trois fois plus que les moins de 40 ans) que les problèmes environnementaux sont exagérés. Enfin, trois femmes sur quatre estiment que chacun devrait s’investir le plus qu’il peut, contre un peu plus de deux hommes sur trois.

 

Opinions sur l’engagement individuel en faveur de l’environnement

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Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2020-2022

Consommer responsable

Acheter uniquement le nécessaire pour éviter le gaspillage et acheter des produits fabriqués localement sont les deux pratiques que les Français associent le plus spontanément à la notion de consommation responsable. Alors que ces deux modalités étaient citées dans des proportions équivalentes en 2020, l’achat du strict nécessaire (47 %) devance désormais nettement l’achat de produits fabriqués localement (32 %). Investir dans des produits plus robustes et plus économiques sur le long terme est une forme de consommation responsable citée par 12 % des Français en 2022. En recul de 4 points par rapport à 2020, la consommation de produits plus respectueux de l’environnement n’est plus évoquée que par 5 % des enquêtés. Enfin, l’achat de « produits issus du commerce équitable » (2 %) reste faiblement associé à l’idée de consommation responsable.

Ce dernier item est deux fois plus choisi par les enquêtés de plus de 70 ans que par les moins de 40 ans. À l’inverse, les plus jeunes évoquent plus fréquemment que les plus âgés l’investissement dans des produits robustes sur le long terme (16 % contre 10 %). Des différences notables s’observent également entre femmes et hommes : les premières citent plus souvent l’achat du strict nécessaire pour éviter le gaspillage (52 %, soit 8 points de plus que les hommes) tandis que les seconds se prononcent plus fréquemment en faveur de l’achat de produits locaux pour réduire les transports de marchandises et soutenir l’emploi local (34 %, soit 5 points de plus). Cette définition est également davantage citée hors des grandes agglomérations : 36 % des enquêtés résidant en milieu rural choisissent cette définition, contre 23 % de ceux résidant dans l’agglomération parisienne. En revanche, ces derniers évoquent deux fois plus souvent la consommation de produits plus respectueux de l’environnement.

 

Définition de la consommation responsable

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Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2012-2022

Mieux connaître pour mieux acheter

Comme les années précédentes, les Français attendent surtout d’être convaincus que le prix des produits respectueux de l’environnement n’est pas plus élevé avant d’en acheter davantage. La part des enquêtés souhaitant en savoir davantage sur ces produits et leurs conditions d’utilisation a baissé en 2022 (- 4 points), tandis que la part des consommateurs attendant un élargissement de l’offre disponible a légèrement augmenté (+ 2 points). Enfin, une proportion relativement stable des enquêtés souhaiterait avant tout une meilleure signalétique sur ces produits (16 %).

Logiquement, les employés se montrent nettement plus soucieux du prix (47 %) que les cadres supérieurs et professions libérales (28 %). Ces derniers se préoccupent moins de l’éventuel surcoût à payer mais voudraient être mieux informés sur ces produits (27 %, contre 19 % chez les employés) et pouvoir les repérer plus aisément (21 %, soit 10 points de plus que les employés). À la différence des enquêtés vivant seuls, les ménages composés de quatre personnes ou plus évoquent assez peu un besoin d’information mais attendent plus fréquemment un élargissement et une diversification de l’offre en matière de produits respectueux de l’environnement.

 

Motivations pour acheter des produits plus respectueux de l’environnement

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Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2012-2022

Une vigilance plus marquée pour les produits alimentaires

Pour 25 % des Français, la provenance géographique des produits alimentaires est un point de vigilance important lorsqu’ils font leurs courses. Ce souci de réduire la distance entre producteurs et consommateurs se révèle cependant moins marqué quand il s’agit d’acquérir des vêtements ou du mobilier.

La part des Français déclarant faire systématiquement attention à la quantité de déchets induits par leurs achats reste stable au cours des dix dernières années (14 %).

 

Points de vigilance en matière de consommation

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Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2022

 

Plus de la moitié des Français (51 %) déclarent en 2022 se soucier toujours ou souvent de la distance parcourue par les produits alimentaires qu’ils achètent, soit 5 points de plus qu’en 2010, mais en recul de 6 points par rapport à 2020. Cette attention à la provenance se révèle plus marquée chez les cadres supérieurs et professions libérales (60 %, soit 20 points de plus que chez les ouvriers) et chez les enquêtés âgés de plus de 70 ans (57 % contre 48 % chez les moins de 40 ans).

Concernant les autres produits (vêtements, chaussures, meubles), la part des enquêtés déclarant consulter « toujours » ou « souvent » les étiquettes de ces marchandises afin de connaître leur origine géographique fluctue autour de 35 % tout au long de la décennie écoulée. Plus d’un tiers des enquêtés reconnaissent ne « jamais » y prêter attention. Comme pour les produits alimentaires, une différence générationnelle s’observe sur ce sujet : les enquêtés âgés de plus de 60 ans déclarent deux fois plus que les enquêtés de moins de 35 ans faire toujours attention à l’origine géographique de ces produits.

En 2022, 61 % des enquêtés déclarent ne pas faire régulièrement attention aux quantités de déchets générés par leur consommation. Cette forme de désintérêt pour le sujet s’avère plus élevée chez les enquêtés ayant un faible niveau d’études (67 %, soit 9 points de plus que chez ceux ayant effectué des études supérieures).

 

Évolution des niveaux de vigilance entre 2010 et 2022

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Note : Ce graphique est une déclinaison du précédent, centrée sur l’évolution des réponses « Toujours » et « Souvent ».
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2010-2022

Plus de 2 Français sur 3 déclarent avoir acheté récemment un produit bio

En 2022, 58 % des Français déclarent avoir récemment acheté des produits bio, soit 25 points de plus qu’en 2008 mais en retrait de 9 points par rapport à 2020. Ce constat fait écho à la baisse des ventes (- 6 % entre 2020 et 2022) observée par l’Agence Bio au cours des deux dernières années. Un phénomène équivalent s’observe concernant l’achat de produits portant un label écologique. Après deux années de progression (+ 8 points entre 2018 et 2020), cet indicateur a depuis reculé de 5 points. Réalisée au même moment, l’enquête de conjoncture auprès des ménages de l’Insee montrait que la part des enquêtés jugeant que les prix à la consommation ont globalement augmenté au cours des douze derniers mois était en très forte hausse, atteignant son plus haut niveau depuis 2008 (source : Insee, novembre 2022). De même, plus de deux tiers des ménages déclaraient alors avoir changé leurs habitudes de consommation du fait de l’inflation, dans un contexte de hausse quasi continue des prix tout au long de l’année (source : Insee, mars 2023). Cet effet de contexte contribue probablement à la baisse des achats de produits bio et/ou écolabellisés, réputés plus chers.

 

Achats de produits bio et/ou écolabellisés

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Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2008-2022


La catégorie socioprofessionnelle et l’âge influent significativement sur la consommation de produits bio ou écolabellisés : 74 % des cadres supérieurs et professions libérales déclarent ainsi acheter régulièrement des produits bio, soit 22 points de plus que les ouvriers. De même, les enquêtés âgés de moins de 40 ans achètent bien plus fréquemment des produits titulaires d’un label écologique que ceux âgés de 70 ans et plus (60 % contre 48 %).

Des pratiques plus ou moins difficiles à mettre en œuvre

Afin de saisir les actions individuelles que les Français jugent les plus efficaces pour protéger l’environnement, celles qu’ils mettent en œuvre le plus fréquemment et celles qu’ils ont le plus de difficultés à intégrer dans leur quotidien, il est demandé, tous les deux ans, à un échantillon représentatif de Français (âgés de 15 ans et plus) de citer les deux actions les plus importantes dans chacun de ces registres.

S’imposant de longue date comme la pratique environnementale incontournable, le tri des déchets ménagers reste en 2023 l’action individuelle la plus fréquemment réalisée par les Français. Levier simple à mettre en œuvre du fait de la diffusion élargie de dispositifs de tri à l’échelle municipale, cette pratique environnementale est aussi considérée comme la moins difficile à mettre en œuvre au quotidien. Si cette action est plutôt considérée comme efficace pour protéger l’environnement, ce sont toutefois la réduction des déchets et la réduction de la consommation d’énergie qui arrivent en tête des actions jugées les plus efficaces, même si elles sont moins fréquemment mises en œuvre.

 

Efficacité présumée de quelques pratiques environnementales

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Note : libellé de la question posée : « Selon vous, quelles sont les deux actions individuelles les plus efficaces pour protéger l’environnement ? »
Source : SDES, baromètre « Société et Environnement » de l’enquête "Conditions de vie et aspirations" réalisée par le Credoc en janvier 2023

 

La moindre utilisation de la voiture et l’achat de produits écolabellisés sont les deux actions les plus rarement réalisées. Perçues comme les moins efficaces, elles sont aussi considérées comme les plus difficiles à mettre en œuvre. Également perçu comme difficile, le choix d’un mode de déplacement plus respectueux de l’environnement est jugé plus efficace et est un peu plus fréquemment mis en œuvre. Enfin, la réduction de la consommation d’eau et le choix de produits locaux sont dans des situations intermédiaires : jugées moyennement efficaces, leur mise en œuvre est considérée de manière variable : assez facile (économie d’eau) ou de plus en plus difficile (produits locaux).

 

Fréquence de mise en œuvre de quelques pratiques environnementales

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Note : libellé de la question posée : « Au quotidien, quelles sont les deux actions que vous mettez le plus fréquemment en œuvre pour protéger l’environnement ? »
Source : SDES, baromètre « Société et Environnement » de l’enquête "Conditions de vie et aspirations" réalisée par le Credoc en janvier 2023

 

Logiquement, réduire l’usage de la voiture est considéré comme plus compliqué pour les enquêtés en zone rurale (27 %) que pour les personnes résidant dans l’agglomération parisienne (15 %). À l’inverse, il est jugé moins difficile d’utiliser des produits locaux par les enquêtés ruraux (9 % contre 18 % dans l’agglomération parisienne). Alors que les enquêtés les plus âgés mentionnent plus fréquemment choisir des produits locaux (14 %), les enquêtés les plus jeunes ont davantage tendance à opter pour des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement (13 %).

Entre 2015 et 2023, quelques évolutions saillantes méritent d’être signalées. Le moindre usage de la voiture et l’achat de produits locaux sont des pratiques dont la fréquence a augmenté, alors que ces actions sont pourtant perçues comme plus difficiles qu’auparavant. À l’inverse, le recours à des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement est désormais jugé plus facile à mettre en œuvre, même si cela ne se traduit pas dans la pratique (- 3 points). Les enquêtés trouvent par ailleurs moins compliqué d’économiser l’énergie, mais juge dans le même temps que cette pratique est moins efficace. En revanche, les économies d’eau sont jugées plus efficaces qu’en 2015 et sont de plus en plus fréquemment mises en œuvre.

 

Difficultés de mise en œuvre de quelques pratiques environnementales  

© SDES

Note : libellé de la question posée : « Au quotidien, quelles sont les deux actions que vous avez le plus de difficultés à mettre en œuvre pour protéger l’environnement ? »
Source : SDES, baromètre « Société et Environnement » de l’enquête "Conditions de vie et aspirations" réalisée par le Credoc en janvier 2023

Auteur : Éric PAUTARD, SDES

Données

Données des graphiques associés à la publication.

Méthodologie

Les données présentées ici s’appuient sur deux dispositifs d’enquête du service statistique du ministère de la Transition écologique (SDES) : la Plateforme Environnement et le Baromètre « Société et Environnement ».

  • La Plateforme Environnement est un dispositif de suivi barométrique initié par le SDES en 2008. Adossée à l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages de l’Insee (dispositif Camme), cette plateforme comprend une série de 20 questions posées chaque année (au mois de novembre) à un échantillon de 1 800 individus environ représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Les questions visent à suivre l’évolution des préoccupations et des pratiques environnementales dans la société française.

Par nature, les pratiques recueillies dans le cadre de cette enquête sont des pratiques déclarées. Elles sont donc susceptibles d’être surévaluées par rapport aux pratiques effectives des ménages, compte tenu du mécanisme dit de « désirabilité sociale » fréquemment observé dans les enquêtes d’opinions centrées sur des sujets comme l’environnement pour lesquels il existe souvent une adhésion consensuelle. L’individu interrogé tend ainsi à répondre en adéquation avec ce qu’il juge être une valeur ou une attitude socialement valorisée.

Pour cette raison, plus que les niveaux, ce sont les évolutions des réponses au fil du temps ou les disparités entre catégories qui sont les plus riches d’enseignements. Des modifications ayant été apportées au questionnaire en 2012 et en 2020 pour améliorer les connaissances sur ces sujets, la profondeur temporelle des analyses varie selon les items.

  • Le Baromètre « Société et Environnement » est l’outil de suivi historique des préoccupations et pratiques environnementales des Français. Initié en 1995 par l’Institut français pour l’environnement (Ifen) et piloté depuis 2008 par le SDES, ce baromètre est réalisé dans le cadre du dispositif d’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » par le Credoc. Ces données sont collectées en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les DROM-COM. Ce baromètre est réalisé tous les deux ans en début d’année impaire.