Protéger l’environnement des générations futures
En 2023, pour plus d’un Français sur trois, la volonté de « laisser aux générations futures un environnement de qualité » est la principale raison d’agir à l’échelle individuelle en faveur de l’environnement.
Contrairement à 2022, préserver la nature et la biodiversité (20 %) n’est plus la deuxième motivation la plus citée par les enquêtés. Un quart d’entre eux évoquent prioritairement la protection de leur santé et celle de leurs proches. Enfin, la part des enquêtés agissant en priorité pour limiter les conséquences du changement climatique reste stable (16 %).
Comme en 2022, les cadres supérieurs évoquent plus fréquemment la question du climat, tandis que les ouvriers privilégient davantage les enjeux sanitaires. Les ménages composés de trois personnes ou plus se montrent plus soucieux d’agir au profit des générations futures, alors que les personnes vivant seules citent davantage la préservation de la nature.
Motivation principale à agir en faveur de l’environnement
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2020-2023
S’impliquer en fonction de ses capacités
Pour protéger l’environnement, 47 % des Français ont le sentiment d’en faire autant qu’ils le peuvent. 16 % des enquêtés jugent même en faire déjà beaucoup. À l’inverse, 33 % des personnes interrogées estiment qu’elles pourraient en faire davantage et 3 % ne jugent pas utile d’agir à l’échelle individuelle.
Le sentiment d’en faire autant que possible est particulièrement marqué chez les plus de 70 ans (56 %). Près de la moitié des enquêtés de moins de 40 ans répondent qu’ils pourraient en faire davantage (47 %, contre 25 % des personnes âgées de 50 ans et plus).
De même, une grande partie des ménages constitués de trois personnes ou plus reconnaissent aussi qu’ils auraient la capacité d’agir plus en faveur de l’environnement (40 %, soit 9 points de plus que les ménages composés d’une ou deux personnes).
Parmi les catégories d’enquêtés qui jugent déjà en faire beaucoup, les ruraux (19 %) se distinguent par ailleurs des urbains (14 %).
Évaluation personnelle de la façon d’agir en faveur de l’environnement
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2020-2023
Agir individuellement : une forme d’évidence
Près de sept Français sur dix considèrent que chacun doit s’investir le plus possible pour protéger l’environnement. 14 % des enquêtés estiment qu’ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour agir à leur échelle et 6 % semblent attendre qu’il leur soit expliqué pourquoi ils devraient s’impliquer individuellement. Enfin, une faible minorité des Français (5 %) jugent que les problèmes environnementaux sont exagérés.
Comme en 2022, les ouvriers répondent plus fréquemment qu’ils n’ont pas les moyens d’agir à leur niveau. Les employés et les moins de 40 ans ont également un peu plus tendance à indiquer qu’ils ne disposent pas des informations qui les inciteraient à agir davantage.
Parmi les enquêtés âgés de plus de 70 ans, une proportion plus importante estime que les problèmes environnementaux sont exagérés (8 %, soit trois fois plus que les 30-49 ans), sans toutefois que ce scepticisme ne caractérise l’état d’esprit des personnes de cette tranche d’âge.
Enfin, trois femmes sur quatre estiment que chacun devrait s’investir le plus qu’il peut, contre deux hommes sur trois.
Opinions sur l’engagement individuel en faveur de l’environnement
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2020-2023
Mieux connaître pour mieux acheter
Comme les années précédentes, les Français attendent surtout d’être convaincus que le prix des produits respectueux de l’environnement n’est pas plus élevé avant d’en acheter davantage. La part des enquêtés souhaitant en savoir au préalable davantage sur ces produits et leurs conditions d’utilisation remonte légèrement en 2023, tandis que la proportion des consommateurs attendant un élargissement de l’offre disponible ou une meilleure signalétique sur ces produits baisse un peu.
Logiquement, les ouvriers se montrent nettement plus soucieux du prix (56 %) que les cadres supérieurs et professions libérales (28 %). Ces derniers se préoccupent moins de l’éventuel surcoût à payer mais voudraient être mieux informés sur ces produits (28 %, contre 18 % chez les ouvriers), disposer d’un choix plus large (22 %, soit 10 points de plus que les ouvriers) et pouvoir les repérer plus aisément (18 %, contre 11 %).
Motivations pour acheter des produits plus respectueux de l’environnement
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2012-2023
Une vigilance plus marquée pour les produits alimentaires
Pour 26 % des Français, la provenance géographique des produits alimentaires est un point de vigilance important lorsqu’ils font leurs courses. Ce souci de réduire la distance entre producteurs et consommateurs se révèle cependant moins marqué quand il s’agit d’acquérir des vêtements ou du mobilier. La part des Français déclarant faire systématiquement attention à la quantité de déchets induits par leurs achats reste stable au cours des dix dernières années (12 %).
Points de vigilance en matière de consommation
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2023
Plus de la moitié des Français (55 %) déclarent en 2023 se soucier toujours ou souvent de la distance parcourue par les produits alimentaires qu’ils achètent, soit 9 points de plus qu’en 2010, mais en recul de 2 points par rapport à 2020. Cette attention à la provenance se révèle plus marquée chez les cadres supérieurs et professions libérales (69 %, soit 24 points de plus que chez les ouvriers) et chez les enquêtés âgés de plus de 70 ans (60 %, contre 49 % chez les moins de 40 ans).
Concernant les autres produits (vêtements, chaussures, meubles), la part des enquêtés déclarant consulter « toujours » ou « souvent » les étiquettes de ces marchandises afin de connaître leur origine géographique fluctue autour de 35 % tout au long de la décennie écoulée. Plus d’un tiers des enquêtés reconnaissent ne « jamais » y prêter attention. Comme pour les produits alimentaires, une différence générationnelle et socioprofessionnelle s’observe sur ce sujet : les enquêtés âgés de plus de 60 ans et les cadres supérieurs déclarent deux fois plus que les enquêtés de moins de 40 ans et les ouvriers faire toujours attention à l’origine géographique de ces produits.
En 2023, 61 % des enquêtés déclarent ne pas faire régulièrement attention aux quantités de déchets générés par leur consommation. Cette forme de désintérêt pour le sujet s’avère plus élevée chez les hommes (64 %, soit 6 points de plus que chez les femmes).
Évolution des niveaux de vigilance entre 2010 et 2023
Note : ce graphique est une déclinaison du précédent, centrée sur l’évolution des réponses « Toujours » et « Souvent ».
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2010-2023
Plus d’un Français sur deux déclare avoir acheté récemment un produit bio
En 2023, 55 % des Français déclarent avoir récemment acheté des produits bio, soit 22 points de plus qu’en 2008 mais en retrait de 13 points par rapport à 2020. Ce constat fait écho à la baisse des ventes (- 6 % entre 2020 et 2022) observée par l’Agence Bio.
Un phénomène équivalent s’observe concernant l’achat de produits portant un label écologique. Après deux années de progression (+ 8 points entre 2018 et 2020), cet indicateur a depuis reculé de 5 points.
Réalisée au même moment, l’enquête de conjoncture auprès des ménages de l’Insee montrait que la part des enquêtés jugeant que les prix à la consommation ont globalement augmenté au cours des douze derniers mois a atteint en 2023 son plus haut niveau en quinze ans (source : Insee, novembre 2023). De même, plus de deux tiers des ménages déclaraient en 2023 avoir changé leurs habitudes de consommation du fait de l’inflation, dans un contexte de hausse quasi continue des prix tout au long de l’année (source : Insee, mars 2023). Cet effet de contexte contribue probablement à la baisse des achats de produits bio et/ou écolabellisés, réputés plus chers.
Achats de produits bio et/ou écolabellisés
Source : SDES, plateforme Environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2008-2023
La catégorie socioprofessionnelle et l’âge influent significativement sur la consommation de produits bio ou écolabellisés : 73 % des cadres supérieurs et professions libérales déclarent ainsi acheter régulièrement des produits bio, soit 33 points de plus que les ouvriers. De même, les enquêtés âgés de 30 à 49 ans achètent bien plus fréquemment des produits titulaires d’un label écologique que ceux âgés de 70 ans et plus (57 % contre 47 %).
Des pratiques plus ou moins difficiles à mettre en œuvre
Afin de saisir les actions individuelles que les Français jugent les plus efficaces pour protéger l’environnement, celles qu’ils mettent en œuvre le plus fréquemment et celles qu’ils ont le plus de difficultés à intégrer dans leur quotidien, il est demandé, tous les deux ans, à un échantillon représentatif de Français (âgés de 15 ans et plus) de citer les deux actions les plus importantes dans chacun de ces registres.
S’imposant de longue date comme la pratique environnementale incontournable, le tri des déchets ménagers reste en 2023 l’action individuelle la plus fréquemment réalisée par les Français. Levier simple à mettre en œuvre du fait de la diffusion élargie de dispositifs de tri à l’échelle municipale, cette pratique environnementale est aussi considérée comme la moins difficile à mettre en œuvre au quotidien.
Si cette action est plutôt considérée comme efficace pour protéger l’environnement, ce sont toutefois la réduction des déchets et la réduction de la consommation d’énergie qui arrivent en tête des actions jugées les plus efficaces, même si elles sont moins fréquemment mises en œuvre.
Efficacité présumée de quelques pratiques environnementales
Note : libellé de la question posée : « Selon vous, quelles sont les deux actions individuelles les plus efficaces pour protéger l’environnement ? »
Source : SDES, baromètre « Société et Environnement » de l’enquête "Conditions de vie et aspirations" réalisée par le Credoc en janvier 2023
La moindre utilisation de la voiture et l’achat de produits écolabellisés sont les deux actions les plus rarement réalisées. Perçues comme les moins efficaces, elles sont aussi considérées comme les plus difficiles à mettre en œuvre.
Également perçu comme difficile, le choix d’un mode de déplacement plus respectueux de l’environnement est jugé plus efficace et est un peu plus fréquemment mis en œuvre.
Enfin, la réduction de la consommation d’eau et le choix de produits locaux sont dans des situations intermédiaires : jugées moyennement efficaces, leur mise en œuvre est considérée de manière variable : assez facile (économie d’eau) ou de plus en plus difficile (produits locaux).
Fréquence de mise en œuvre de quelques pratiques environnementales
Note : libellé de la question posée : « Au quotidien, quelles sont les deux actions que vous mettez le plus fréquemment en œuvre pour protéger l’environnement ? »
Source : SDES, baromètre « Société et Environnement » de l’enquête "Conditions de vie et aspirations" réalisée par le Credoc en janvier 2023
Logiquement, réduire l’usage de la voiture est considéré comme plus compliqué pour les enquêtés en zone rurale (27 %) que pour les personnes résidant dans l’agglomération parisienne (15 %). À l’inverse, il est jugé moins difficile d’utiliser des produits locaux par les enquêtés ruraux (9 %, contre 18 % dans l’agglomération parisienne). Alors que les enquêtés les plus âgés mentionnent plus fréquemment choisir des produits locaux (14 %), les enquêtés les plus jeunes ont davantage tendance à opter pour des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement (13 %).
Entre 2015 et 2023, quelques évolutions saillantes méritent d’être signalées. Le moindre usage de la voiture et l’achat de produits locaux sont des pratiques dont la fréquence a augmenté, alors que ces actions sont pourtant perçues comme plus difficiles qu’auparavant.
À l’inverse, le recours à des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement est désormais jugé plus facile à mettre en œuvre, même si cela ne se traduit pas dans la pratique (- 3 points).
Les enquêtés trouvent par ailleurs moins compliqué d’économiser l’énergie, mais jugent dans le même temps que cette pratique est moins efficace. En revanche, les économies d’eau sont jugées plus efficaces qu’en 2015 et sont de plus en plus fréquemment mises en œuvre.
Difficultés de mise en œuvre de quelques pratiques environnementales
Note : libellé de la question posée : « Au quotidien, quelles sont les deux actions que vous avez le plus de difficultés à mettre en œuvre pour protéger l’environnement ? »
Source : SDES, baromètre « Société et Environnement » de l’enquête "Conditions de vie et aspirations" réalisée par le Credoc en janvier 2023
Méthodologie
Les données présentées ici s’appuient sur deux dispositifs d’enquête du service statistique du ministère de la Transition écologique (SDES) : la Plateforme Environnement et le Baromètre « Société et Environnement ».
- La Plateforme Environnement est un dispositif de suivi barométrique initié par le SDES en 2008. Adossée à l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages de l’Insee (dispositif Camme), cette plateforme comprend une série de 20 questions posées chaque année (au mois de novembre) à un échantillon de 1 800 individus environ représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Les questions visent à suivre l’évolution des préoccupations et des pratiques environnementales dans la société française.
- Le Baromètre « Société et Environnement » est l’outil de suivi historique des préoccupations et pratiques environnementales des Français. Initié en 1995 par l’Institut français pour l’environnement (Ifen) et piloté depuis 2008 par le SDES, ce baromètre est réalisé dans le cadre du dispositif d’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » par le Credoc. Ces données sont collectées en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les DROM-COM. Ce baromètre est réalisé tous les deux ans en début d’année impaire.
Par nature, les pratiques recueillies dans le cadre de cette enquête sont des pratiques déclarées. Elles sont donc susceptibles d’être surévaluées par rapport aux pratiques effectives des ménages, compte tenu du mécanisme dit de « désirabilité sociale » fréquemment observé dans les enquêtes d’opinions centrées sur des sujets comme l’environnement pour lesquels il existe souvent une adhésion consensuelle. L’individu interrogé tend ainsi à répondre en adéquation avec ce qu’il juge être une valeur ou une attitude socialement valorisée.
Pour cette raison, plus que les niveaux, ce sont les évolutions des réponses au fil du temps ou les disparités entre catégories qui sont les plus riches d’enseignements. Des modifications ayant été apportées au questionnaire en 2012 et en 2020 pour améliorer les connaissances sur ces sujets, la profondeur temporelle des analyses varie selon les items.
Auteur : Éric PAUTARD, SDES
Données
Données des graphiques associés à la publication.