Changement climatique : des niveaux de préoccupation et d'implication hétérogènes
Selon l’enquête Eurobaromètre réalisée en 2023 à l’initiative de la Commission européenne, le niveau de préoccupation des Français à l’égard du changement climatique est supérieur (8,39) à la moyenne observée à l’échelle européenne (7,85). Il en va de même concernant l’implication individuelle : 69 % des personnes interrogées en France déclarent contribuer à leur échelle à la lutte contre le changement climatique, contre 63 % pour l’Union européenne à 27 (UE27).
Comparaison européenne des niveaux de préoccupation et d’engagement vis-à-vis du changement climatique
Écart à la moyenne européenne (UE27)
Notes : les questions posées étaient : « Dans quelle mesure pensez-vous que le changement climatique est un problème sérieux actuellement ? Veuillez utiliser une échelle de 1 à 10 où « 1 » signifie que ce n'est « pas du tout un problème sérieux » et « 10 » que c'est « un problème extrêmement sérieux » ? » et « Avez-vous personnellement pris des mesures pour contribuer à la lutte contre le changement climatique au cours des six derniers mois ? ». Les axes se croisent au niveau des moyennes européennes et chaque pays est situé au regard de l’écart à celles-ci.
Champ : Union européenne à 27 ; 26 358 enquêtés dont 1 003 en France.
Source : Eurobaromètre, "Climate Change" (SP 538), juin 2023
Contrairement à la plupart des autres pays européens, la position des Français vis-à-vis du changement climatique n’a pas connu de modification notable entre 2021 et 2023. Comme lors de la précédente enquête l’inquiétude à l’égard du changement climatique est plus marquée dans les pays méditerranéens (8,71 à Malte et 8,53 en Grèce). Toutefois, les Italiens et les Chypriotes s’illustrent par un faible niveau d’implication individuelle. À l’inverse, l’implication individuelle se révèle fréquemment élevée dans le nord de l’Europe (81 % en Finlande et en Suède). Les pays de l’Est manifestent les niveaux de préoccupation et d’implication individuelle parmi les plus faibles : en Roumanie, en Bulgarie et en Pologne, plus de trois personnes interrogées sur cinq déclarent ainsi ne pas agir à leur niveau pour lutter contre le changement climatique ; l’Estonie, la Tchéquie et la Lettonie se caractérisent par de faibles niveaux de préoccupation et d’implication individuelle.
En 2011, la valeur moyenne de préoccupation était identique à l’échelle de l’UE 27 et de la France (7,37). Douze ans plus tard, cette moyenne a progressé deux fois plus vite en France (+ 14 %) que dans l’Union Européenne (+ 7 %). Dans les pays d’Europe du Sud, la préoccupation était déjà très élevée et a donc progressé plus lentement. À l’inverse, la progression est plus forte dans les pays du Nord (+ 20 % aux Pays-Bas et + 18 % en Suède) où le niveau de préoccupation était assez faible. En matière d’engagement individuel, la France a d’abord été en retrait (51 %) par rapport à la moyenne européenne (53 %). Ce n’est plus le cas en 2023, suite à une progression de cet indicateur de 18 points en France (contre 10 points à l’échelle européenne). Les pays les plus engagés restent sensiblement les mêmes (Suède, Luxembourg, Espagne) entre 2011 et 2023. De même, les pays les moins disposés à l’action individuelle sont toujours la Pologne et la Roumanie.
Évolution des niveaux de préoccupation et d’engagement vis-à-vis du changement climatique
En base 100 (UE27 : 2011)
Champ : Union européenne à 27.
Source : Eurobaromètre, "Climate Change", 2011-2023
Le poids des difficultés au moment d'agir en faveur de l'environnement
Facilité par la diffusion élargie de dispositifs de collecte sélective à l’échelle municipale, le tri des déchets pour le recyclage est la principale pratique environnementale des ménages français en 2023, même si elle n’est pas considérée comme la plus efficace pour protéger l’environnement. De ce point de vue, les Français pensent qu’il serait préférable de réduire leur consommation d’énergie ou de produire moins de déchets. Assez logiquement, les actions jugées faciles sont souvent mises en œuvre (gestion des déchets), tandis que celles considérées comme plus compliquées se révèlent peu fréquentes (moindre utilisation de la voiture et achat de produits éco-labellisés). À l’inverse, réduire sa consommation d’eau est perçu comme assez simple, mais n’est que rarement mis en application.
Actions individuelles pour protéger l’environnement : fréquences, difficultés et efficacités présumées, en 2023
En %
Notes : la question posée était : « Pour protéger l'environnement, quelles sont les deux actions individuelles les plus efficaces ? Celles que vous mettez le plus fréquemment en œuvre au quotidien ? Celles que vous avez le plus de difficultés à mettre en œuvre ? » ; cumul des deux réponses données.
Champ : France métropolitaine.
Source : SDES, volet Environnement de l'enquête 2023 sur les conditions de vie et aspirations des Français, réalisée par le Credoc
Selon l’Eurobaromètre 2023, les Français semblent un peu plus agir en faveur de l’environnement que la moyenne des Européens. Parmi les actions qui sont plus fréquemment citées en France que dans d’autres pays de l’UE à 27, le tri des déchets est largement plébiscité (82 % contre 70 %). Dans une moindre mesure, 41 % des Français déclarent consommer moins de viande, soit 10 points de plus que la moyenne européenne. Ils ont également davantage tendance à prendre en compte l'empreinte carbone lors de leurs achats de nourriture. En revanche, la différence observée en 2021 concernant la consommation de produits issus de l’agriculture biologique (41 % en France contre 32 % dans l’UE 27) s’est largement amenuisée du fait de la baisse de ce type d’achats (- 12 points en France).
Actions individuelles mises en œuvre, en 2023
En %
Note : la question posée était : « Avez-vous entrepris une ou plusieurs actions suivantes ? ». Les réponses « Autre » ou « Ne sait pas » n'apparaissent pas ici. Elles représentent entre 0 et 1 % des réponses.
Champ : France métropolitaine et Union européenne à 27.
Source : Eurobaromètre, "Climate Change" (SP 538), juin 2023
Ce constat général masque toutefois des marges de progression dans certains domaines comme par exemple en matière de mobilité où la France reste en retrait par rapport à certains pays européens.
Ainsi, 27 % des Français affirment se passer de leur voiture et opter pour des modes de déplacement respectueux de l’environnement, alors que cette pratique est citée par 63 % des Suédois. De même, une nette différence s’observe entre la France et la Suède quand il est question de prendre en considération l’empreinte carbone de ses déplacements longue distance (16 % contre 43 %). Les Danois sont, pour leur part, quatre fois plus nombreux que les Français à déclarer avoir fait l’acquisition d’une voiture électrique.
Par ailleurs, certaines pratiques sont moins citées en France que dans d’autres pays de l’Union européenne. C’est notamment le cas du recours à une offre d’électricité verte (9 % des Français contre 25 % des Suédois) ou de l’installation de panneaux solaires (neuf fois moins évoquée en France qu’aux Pays-Bas).
Données
Données associées à l'article.
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2023 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
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