La production de déchets en France et en Europe
En 2018, la France a produit 343,3 millions de tonnes (Mt) de déchets, contre 355,1 Mt en 2010. Cela représente 5,1 tonnes de déchets par habitant, niveau analogue à la moyenne européenne (tableau 1).
Tableau 1 : les 10 principaux pays européens producteurs de déchets, en 2018
Ces déchets sont répartis en trois catégories. Les déchets minéraux, dont le tonnage s’élève à 235,5 Mt, sont constitués en quasi-totalité de déchets provenant du secteur de la construction. Les déchets dangereux, requérant des installations de traitement spécifiques et présentant un risque pour la santé humaine et l’environnement, pèsent 12,1 Mt. Les déchets non minéraux non dangereux, dont la production atteint 95,7 Mt, recouvrent les déchets produits par tous les secteurs d’activité (agriculture, industrie, secteur tertiaire, ménages). La quantité de déchets ménagers s’élève à 29,8 Mt, soit 8,7 % des déchets totaux produits en France (tableau 2).
Tableau 2 : production de déchets en France, en 2018
En milliers de tonnes
L’évolution du recyclage en France
La France s’est fixée comme objectif de porter le taux de recyclage des déchets non minéraux non dangereux à 55 % en 2020 et 65 % en 2025. En 2018, 49 % de ces déchets ont été recyclés, contre 46,8 % en 2010. Parallèlement, 35 % des déchets dangereux et 73 % des déchets minéraux ont été valorisés sous forme de matière. Tous déchets confondus, cela conduit à un taux de recyclage de 66 % (recyclage matière et organique), contre 60 % en 2010 (graphique 1).
Graphique 1 : traitement par type de déchets, en 2018
En %
Cette tendance vers une meilleure valorisation des déchets est le résultat de plusieurs actions. Concernant les déchets du BTP, la directive-cadre Déchets révisée (2018) envisage, au plus tard au 31 décembre 2024, la fixation d’objectifs de préparation en vue du ré-emploi et du recyclage pour les déchets de construction et de démolition en fonction des matériaux. La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi « AGEC ») demande la création, au 1er janvier 2022, d’une filière de responsabilité élargie du producteur dédiée aux produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment. Cette filière devra gérer des tonnages très importants (plus de 40 Mt/an). Son instauration devrait entraîner la diminution des dépôts sauvages, composés en grande partie de déchets du bâtiment. Selon l’étude de préfiguration de l’Ademe, les déchets non dangereux en provenance du bâtiment sont actuellement valorisés à hauteur de 69 % : 29 % sont utilisés en remblaiement de carrière, 38 % sont recyclés et 2 % sont valorisés énergétiquement. Le taux de valorisation matière des déchets du BTP de 67 % est donc proche de l’objectif réglementaire de 70 % en 2020 (article L541-1 du Code de l’environnement).
Les collectivités locales développent également la collecte sélective des déchets ménagers (porte à porte, conteneurs d’apports volontaires et déchèteries). En 2019, celle-ci a concerné plus de la moitié des déchets ménagers et assimilés hors déblais et gravats (21 % en collecte sélective et 32 % en apport en déchèteries), l’autre moitié étant constituée des ordures ménagères mélangées. Depuis 2000, le nombre d’installations de valorisation des déchets ménagers et assimilés (tri, compostage, valorisation énergétique, valorisation matières, méthanisation) a augmenté d’environ 50 %, ce qui permet un meilleur traitement des déchets. Ainsi, entre 2000 et 2019, le taux de recyclage matière et organique de ces déchets est passé de 24 % à 47 %. Dans le même temps, la mise en décharge décroît régulièrement, passant de 43 % à 20 % des tonnages (graphique 2).
Graphique 2 : traitement des déchets ménagers et assimilés
En millions de tonnes
Les filières REP
18 filières spécialisées, dites de « responsabilité élargie du producteur », ont été mises en place pour organiser la gestion de certains flux de déchets spécifiques en raison de leur quantité ou de leur dangerosité (emballages, véhicules hors d’usage, déchets d’équipements électriques et électroniques, huiles usagées, etc.). En 2019, 8,2 Mt ont ainsi été collectées à destination du recyclage sous la responsabilité des éco-organismes concernés. Ce dispositif est financé par les contributions perçues par les éco-organismes (1,5 milliard d’euros en 2019, dont 745 millions d’euros reversés aux collectivités locales pour l’organisation de la collecte).
La loi « AGEC » prévoit de créer 9 nouvelles filières REP : tabac (2021), produits et matériaux de construction, articles de sport et loisirs, huiles minérales ou synthétiques, bricolage et jardin (2022), chewing-gums, textiles sanitaires (2024), engins de pêche avec plastique (2025).
La dépense de gestion des déchets
En 2019, la dépense de gestion des déchets (investissements et frais de fonctionnement de la collecte, du tri et du traitement des déchets des ménages et des entreprises, ainsi que le nettoyage des rues) atteint 20,6 Md€. Les entreprises sont les principaux financeurs de cette dépense (55 %), devant les ménages (30 %) et les administrations publiques (15 %) – (graphique 3).
Graphique 3 : évolution du financement de la dépense de gestion des déchets
En milliards d’euros courants
Entre 2010 et 2018, le coût de gestion d’une tonne de déchets municipaux est passé de 191 euros à 222 euros, soit près de 16 % de progression. Sur cette même période, ces dépenses ont été financées par une progression de près de 3 % en moyenne annuelle de la taxe ou de la redevance sur l’enlèvement des ordures ménagères (TEOM/REOM).
21 fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France
Cet article fait partie de la publication "Bilan environnemental de la France - Édition 2021" qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
21 fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2021