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Projections du nombre de ménages à horizon 2030 et 2050 : une croissance portée par l’augmentation du nombre de personnes seules

Logement
Publié le 08/07/2024
La projection de l’évolution du nombre de ménages est un élément essentiel pour anticiper les futurs besoins en logements. Selon le dernier scénario central de projection de ménages du SDES et de l’Insee, le nombre de ménages en France métropolitaine augmenterait de 3,5 millions entre 2020 et 2050. Cette hausse serait quasi exclusivement portée par l’augmentation du nombre de personnes vivant seules (+ 3,4 millions) dont une majorité de plus de 60 ans (+ 2,1 millions). La contribution prédominante des personnes seules à la croissance du nombre de ménages serait observée dans toutes les zones d’emploi.

Une croissance portée par les ménages d’une personne

Selon le scénario central de projection de ménages du SDES et de l’Insee [SDES 2023, Insee 2024], le nombre de ménages en France métropolitaine augmenterait de 3,5 millions entre 2020 et 2050. Cette hausse recouvrerait des évolutions très différenciées selon le type et la taille des ménages.

Le nombre de ménages constitués d’une seule personne connaîtrait une très forte progression, passant de 10,8 à 14,2 millions entre 2020 et 2050, soit + 3,4 millions de ménages supplémentaires. Cette catégorie de ménages représenterait, à elle seule, 95 % de la progression totale attendue sur la période.

La hausse du nombre de ménages de plusieurs personnes (adultes ou enfants) serait seulement de 0,2 million à l’horizon 2050, la progression du nombre de ménages de deux personnes (+ 1,0 million) étant largement compensée par le recul des ménages de plus grande taille : - 0,2 million de ménages de trois personnes (soit - 5 %), - 0,4 million de ménages de quatre personnes (- 11 %) et - 0,2 million de ménages de cinq personnes et plus (- 13 %).

 

Répartition des ménages par taille en 2020, 2030 et 2050

© SDES

Lecture : en 2020, 3,5 millions de ménages de France métropolitaine sont constitués de quatre personnes, adultes et enfants confondus. Ces ménages ne seraient plus que 3,3 millions en 2030 et 3,1 millions en 2050.
Note : les enfants en résidence alternée sont comptabilisés dans chacun de leurs domiciles.
Champ : France métropolitaine.
Sources : Recensement de la population (Insee) ; Enquête logement 2020 (SDES), calculs SDES.

Une forte contribution des personnes de plus de 60 ans

La forte hausse du nombre de personnes seules à l’horizon 2050 résulterait, pour 64 %, de l’augmentation du nombre de personnes seules de plus de 60 ans, qui passerait de 5,0 à 7,2 millions.

Parmi les ménages de plusieurs personnes, le nombre de familles monoparentales augmenterait (+ 0,6 million) ainsi que le nombre de ménages de 2 personnes de plus de 60 ans sans enfant (+ 1,2 million entre 2020 et 2050).

Les autres types de ménages reculeraient : - 0,6 million de ménages de 2 adultes de moins de 60 ans sans enfant, - 0,9 million de ménages de 2 adultes avec enfants, - 0,2 million de ménages de 3 adultes ou plus.

 

Répartition des ménages entre catégories par typologie et âge, en 2020, 2030 et 2050

© SDES

Lecture : en 2020, 5 millions de ménages de France métropolitaine sont constitués d’une personne seule de plus de 60 ans. Ces ménages seraient au nombre de 6,1 millions en 2030 et 7,2 millions en 2050.
Note : dans un ménage à deux adultes, l’âge des adultes est compté individuellement avec une pondération de moitié pour chacun d’eux (voir méthodologie). Les enfants en résidence alternée sont comptabilisés dans chacun de leurs domiciles.
Champ : France métropolitaine.
Sources : Recensement de la population (Insee) ; Enquête logement 2020 (SDES), calculs SDES.

Un résultat robuste aux variantes de scénarios

La contribution prédominante des personnes seules à la croissance du nombre de ménages s’observe dans les trois scénarios de population de l’Insee ainsi que dans un scénario central intégrant une poursuite de la progression des gardes alternées (voir méthodologie).

Quel que soit le scénario considéré, la progression des ménages unipersonnels compterait pour au moins 80 % dans l’augmentation du nombre de ménages entre 2020 et 2050. La contribution des ménages d’une personne seule de plus de 60 ans serait, quant à elle, d’au moins 50 %.

 

Évolution du nombre de ménages entre 2020 et 2050, selon le scénario retenu

© SDES

Lecture : entre 2020 et 2050, la progression du nombre de personnes seules serait de + 3,4 millions, dont + 2,1 de plus de 60 ans, soit 94 % et 60 % respectivement de la progression totale du nombre de ménages sur la période (+ 3,6 millions).
Note : dans un ménage à deux adultes, l’âge des adultes est compté individuellement avec une pondération de moitié pour chacun d’eux (voir méthodologie). Les enfants en résidence alternée sont comptabilisés dans chacun de leurs domiciles.
Champ : France métropolitaine.
Sources : Recensement de la population (Insee) ; Enquête logement 2020 (SDES), calculs SDES.

 

À l’horizon 2030, la contribution des ménages unipersonnels serait déjà significative : 84 % dans le scénario de population haute, 92 % dans le scénario central, et 99 % dans celui de population basse. Celle des personnes seules de plus de 60 ans serait, quant à elle, comprise entre 49 et 58 % de l’accroissement total.

Une contribution marquée des comportements de cohabitation

La progression très marquée du nombre de ménages composés d’une seule personne serait liée pour plus de la moitié à l’évolution des comportements de cohabitation (séparations, maintien à domicile après le décès du conjoint…), à âge et sexe donnés.

Dans le scénario central, celle-ci contribuerait à hauteur de + 2,0 millions de ménages (sur + 3,4 millions, soit 60 %) à l’horizon 2050, sous l’effet de la décohabitation des personnes de moins de 60 ans (+ 1,6 million), mais également de celles de 60 ans et plus (+ 0,4 million).

Les autres facteurs – augmentation de la population et modification de sa structure par sexe et âge – concourraient à une hausse d’1,3 million de personnes seules, avec une diminution de 0,4 million de personnes de moins de 60 ans et une augmentation de 1,7 million de personnes de 60 ans et plus. Pour les autres types de ménages, composés de deux individus ou plus, l’évolution des modes de cohabitation jouerait en sens inverse, en diminution de leur nombre.

 

Décomposition de la croissance projetée du nombre de ménages dans le scénario central : effet population (y compris structure par âge et sexe) et effet évolution des modes de cohabitation
En millions de ménages

© SDES

Lecture : entre 2020 et 2050, la progression du nombre de ménages d’une seule personne serait de + 3,4 millions, dont + 1,3 million lié à l’évolution de la population (y compris sa structure par âge et sexe) et + 2,0 millions liés à l’évolution des comportements en matière de cohabitation, à âge et sexe donnés.
Note : les enfants en résidence alternée sont comptabilisés dans chacun de leurs domiciles.
Champ : France métropolitaine.
Sources : Recensement de la population (Insee) ; Enquête logement 2020 (SDES), calculs SDES.

Un résultat qui concerne tous les territoires

La forte contribution des personnes seules serait observée, à l’horizon 2030, dans les 255 zones d’emploi de France métropolitaine où le nombre de ménages augmenterait.

Dans 122 d’entre elles, la hausse du nombre de personnes seules serait égale ou supérieure à la progression totale du nombre de ménages (dont 61 pour lesquelles la hausse des personnes isolées de plus 60 ans serait à elle seule supérieure à la hausse totale du nombre de ménages).

Dans les 133 zones d’emploi restantes, la contribution des personnes seules à la croissance du nombre de ménage ne descendrait jamais en dessous de 50 %. Elle serait la plus faible, comprise entre 50 % et 75 %, pour 42 d’entre elles majoritairement localisées sur la façade Atlantique.

 

Contribution des catégories de ménages à l’évolution du nombre de ménages entre 2020 et 2030, selon la zone d’emploi

© SDES

Lecture : entre 2020 et 2030, l’évolution projetée du nombre de ménages est négative dans les 32 zones d’emploi représentées en bleu foncé. Pour les zones d’emploi apparaissant en jaune, le rapport entre le nombre de ménages unipersonnels supplémentaires et le nombre total de ménages supplémentaires est compris entre 0,5 et 0,75. Les territoires encadrés de rouge représentent la progression du nombre de ménages à 2 adultes de 60 ans et moins avec ou sans enfants.
Note : les enfants en résidence alternée sont ici rattachés uniquement au ménage du parent chez qui ils séjournaient au moment du recensement.
Sources : Recensement de la population (Insee) ; Zones d’emploi 2020 (Insee), calculs SDES et Insee.

 

Quel que soit le territoire considéré, la progression des ménages de deux personnes ou plus serait donc minoritaire dans l’évolution du nombre de ménages.

En particulier, sous les hypothèses démographiques retenues (et notamment les hypothèses de migration résidentielles des scénarios de projection de population de l’Insee), le nombre de ménages de deux adultes de 60 ans ou moins, avec ou sans enfants, reculerait partout à horizon 2030, à l’exception significative de six zones d’emploi : Bordeaux, Nantes, Rennes, Toulouse, Montpellier et Genevois. Dans ces zones, l’accroissement du nombre de ces ménages sur la période ne serait cependant que de 30 000 ménages et ne contribuerait que pour 8 % à la croissance du nombre de ménages, tous types confondus, sur ces territoires.

Auteur : Béatrice BOUTCHENIK, SDES

L’essentiel en infographie

Principales caractéristiques sur l’évolution des ménages entre 2020 et 2050.

© SDES

À horizon 2050, une croissance du nombre de ménages portée par les personnes seules

+ 3,5 millions de ménages entre 2020 et 2050 :

  • 95 % (+ 3,4 millions) de ménages d'une seule personne dont 2,1 millions de plus de 60 ans ;
  • 5 % de ménages à deux personnes ou plus dont des couples avec ou sans enfants, des familles monoparentales et autres ménages.

Méthodologie

Cette analyse s’appuie sur les sous-jacents des projections par âge et type de ménage (nombre d’adultes dans le ménage) détaillés dans les publications du SDES (2023) et de l’Insee (2024) sur les projections du nombre de ménages. Pour le passage à la composition complète des ménages, certaines hypothèses complémentaires ont toutefois été formulées pour imputer à chaque ménage le nombre d’enfants présents en son sein.

Hors analyse à la zone d’emploi, les probabilités de présence d’enfants au sein d’un ménage sont données par celles mesurées dans l’enquête Logement 2020, conditionnellement au type de ménage, au sexe et à l’âge des « adultes » du ménage (voir infra). Ce choix est motivé par la relative stabilité de ces probabilités conditionnelles sur la décennie passée. La seule évolution notable sur la période correspond à la hausse de la probabilité de présence d’enfance chez les hommes seuls. Cette évolution est prise en compte par un scénario « maximaliste » de progression des gardes alternées dans lequel, à partir de 2030, tout parent a la garde au moins partielle de ses enfants. Les probabilités de présence d’enfants ne sont, par ailleurs, pas différenciées suivant le scénario de population considéré.

Parmi les types de ménages, on distingue les ménages à un adulte (personnes vivant seules et familles monoparentales), les ménages constitués de deux adultes (avec ou sans enfants) et les ménages composés de trois adultes et plus. Dans cette décomposition, la distinction entre adulte et enfant au sein d’un ménage se fonde, non sur l’âge, mais sur le lien de parenté au sens du recensement. Ainsi, un « enfant » majeur rattaché à un ménage sera comptabilisé du côté des enfants et non des adultes.

En cohérence avec la méthodologie de projection du nombre de ménages [SDES 2023], les âges des « adultes » sont analysés sous l’angle de ménages-individus, chaque « adulte » comptant pour une fraction égale au sein d’un même ménage. Ainsi, un ménage composé de deux « adultes » de 55 et 65 ans compte pour moitié parmi les ménages de 60 ans et moins, pour moitié parmi les plus de 60 ans.

Dans l’analyse à la zone d’emploi, les probabilités de présence d’enfants sont données par le recensement de la population 2018 qui permet une territorialisation fine. Cependant, en cas de résidence alternée, les enfants sont rattachés au ménage du parent chez qui ils séjournaient la nuit du début du recensement.

Données

Données associées sous forme de tableaux et graphiques.