Se déplacer en voiture : des distances parcourues une fois et demie plus importantes pour les habitants des couronnes que pour ceux des pôles

Transports
Publié le 30/04/2021
Les habitants des pôles, composés de communes à dominante urbaine, situées au cœur des villes, sont à l’origine de 39 % des émissions théoriques de CO2 dues à l’automobile, alors qu’ils représentent 51 % de la population. En effet, les ménages sans véhicule y sont proportionnellement trois fois plus nombreux, comparés aux couronnes, territoires à dominante périurbaine qui entourent les pôles. Les distances parcourues en voiture, rapportées au nombre d’habitants, y sont également inférieures de 39 %. L’accessibilité aux transports en commun, la proximité des équipements de la vie quotidienne et la densité des infrastructures cyclables, favorables aux autres modes de transport, expliquent plus d’un tiers de cet écart.

Les distances parcourues en voiture augmentent avec l’étalement urbain. Ainsi, en s’éloignant du cœur des villes, le nombre de voitures détenues par ménage augmente, de même que la proportion des propriétaires occupants et des maisons individuelles. Enfin, à l’échelle communale, les distances parcourues en voiture, rapportées au nombre d’habitants, augmentent avec le niveau de vie médian, « toutes choses égales par ailleurs ».

En couronne, un ménage sur dix sans voiture

Dans les couronnes, 91 % des ménages possèdent au moins une voiture. Ils sont nettement moins nombreux en moyenne dans les aires d’attraction des villes : en 2017, 72 % des ménages habitant un pôle, communes les plus densément peuplées situées au cœur des aires, possèdent au moins une voiture. Au sein des pôles, avoir une voiture est moins fréquent dans la commune-centre, la plus peuplée.

 

Part des ménages ayant au moins une voiture selon leur lieu de résidence

Source : - © Insee

Des voitures aussi polluantes en pôle qu'en couronne

Les habitants des pôles sont à l’origine de 39 % des émissions théoriques de CO2 dues à la voiture en 2017, alors qu’ils représentent 51 % de la population, car ils détiennent en moyenne moins de véhicules, qui circulent moins.
En revanche, les émissions théoriques de CO2 par véhicule sont similaires : elles s’élèvent en moyenne à 137 g/km en pôle urbain, 138 g/km en couronne, 143 g/km dans les communes hors attraction des villes, et varient peu avec la taille des aires d’attraction des villes.

Neuf actifs sur dix vont au travail en voiture en couronne

La voiture est utilisée par la grande majorité des actifs résidant en couronne pour les trajets domicile-travail tandis qu’elle est juste majoritaire dans les pôles, où les transports en commun et les modes de déplacement doux comme le vélo ou la marche sont bien plus développés.

 

Part des actifs utilisant la voiture pour aller au travail en 2017

Source : - © Insee

En couronne, la voiture une fois et demie plus utilisée

La plus grande place de l’automobile dans les couronnes ne se limite pas aux trajets domicile-travail mais concerne tous les motifs de déplacements. En 2017, les distances parcourues en voiture, rapportées à la population pour faciliter les comparaisons, y sont 1,6 fois plus importantes qu’en pôle.
Ces écarts entre couronnes et pôles s’accroissent à mesure que la taille des aires augmente, principalement du fait d’un recours à la voiture plus limité dans les communes-centres des grandes aires. L’utilisation de l’automobile par les habitants des couronnes varie en revanche assez peu selon la taille de l’aire.
Entre 2012 et 2017, les écarts entre pôle et couronne progressent. La distance moyenne annuelle parcourue en voiture, rapportée au nombre d’habitants, recule ainsi en pôle (- 55 km par an et par habitant), surtout dans les grandes métropoles, alors qu’elle augmente en couronne (+ 32 km par an et par habitant) et dans les communes hors attraction des villes (+ 59 km par an et par habitant).

 

Distance parcourue en moyenne par an et par habitant

Source : - © Insee

Moitié moins d'automobilistes près des transports en commun

La prépondérance de la voiture en couronne résulte en partie de la faiblesse des alternatives offertes. Habiter à proximité d’une station ou d'une gare ferroviaire de transports collectifs (train, tram ou métro) explique ainsi près d’un sixième de l’écart entre communes-centres et couronnes en matière de distance annuelle parcourue en voiture par habitant.

 

Moyen de transport utilisé pour les déplacements domicile - travail selon les alternatives offertes

Source : - © Insee

Le vélo et la marche presque absents hors zone urbaine

Autres alternatives à la voiture, le vélo et la marche sont surtout utilisés pour les trajets domicile-travail en zones urbaines et sur courte distance, ce qui explique la relative désaffection des habitants des couronnes pour ces modes de déplacement.
Le type de zone traversée lors du trajet domicile-travail joue aussi un rôle important dans le choix du mode de transport. Sur un trajet se déroulant exclusivement en zone urbaine, les cyclistes sont 5,2 fois plus nombreux que sur un trajet de même longueur hors zone urbaine.
Outre les infrastructures de transport, la proximité des équipements de la vie quotidienne concorde avec un moindre usage de l’automobile, tous motifs de déplacements confondus. Toutes choses égales par ailleurs, la distance annuelle parcourue en voiture par habitant est supérieure de 1 % dans les communes comptant moins de 5 types de commerces différents par rapport à celles qui en comptent plus de 5.

Se passer de voiture, plus fréquent sans enfant

54 % des ménages comprenant deux adultes ont deux voitures ou plus, contre 65 % de ceux en comptant au moins trois, et seulement 5 % de ceux en comptant un seul. L’équipement en voitures s’accroît d’autant plus que ces adultes ont un emploi : parmi les ménages dont les deux adultes travaillent, presque deux sur trois ont deux voitures ; quand au moins un des deux adultes ne travaille pas, la proportion de ménages à deux voitures descend à deux sur cinq.
La présence d’enfants augmente également le nombre de véhicules dans un ménage. Tandis que 22 % des ménages sans enfant se passent de voiture, c’est le cas de seulement 11 % des ménages avec un enfant et de 7 % de ceux avec deux enfants. Si la présence des enfants favorise la possession d’une ou plusieurs voitures dans tous les types de communes, des différences importantes subsistent entre couronnes et pôles. Il est par exemple très rare pour les habitants des couronnes de se passer de voiture lorsqu’ils ont des enfants.

Dans les communes pauvres, des voitures moins utilisées

À l’échelle d’une commune, les distances parcourues en voiture s’intensifient quand le niveau de vie médian augmente « toutes choses égales par ailleurs ». Les habitants des communes les plus pauvres, où le niveau de vie médian est inférieur à 19 040 euros par an, utilisent moins la voiture que les autres.

Souvent plus simple de se passer de voiture où résident les cadres

Pour les trajets domicile-travail, ce sont les cadres et professions intellectuelles (64 %) et les employés (70 %) qui utilisent moins souvent la voiture que la moyenne. Les spécificités des territoires où habite chaque catégorie jouent nettement dans ces différences. Par exemple, la plus forte propension des ouvriers à se rendre au travail en voiture par rapport aux professions intermédiaires s’explique totalement par leur lieu de résidence.

Définition

Le zonage en aire d’attraction des villes : l’aire d’attraction d’une ville définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Ce zonage succède au zonage en aires urbaines de 2010. Une aire est composée d’un pôle, espace densément peuplé à dominante urbaine, défini à partir de critères de population et d’emploi, et d’une couronne, espace à dominante périurbaine constituée des communes dont au moins 15% des actifs travaillent dans le pôle. Au sein du pôle, la commune la plus peuplée est appelée commune-centre.
En France, les 699 aires d’attraction des villes regroupent neuf personnes sur dix. 51% de la population habite dans les pôles et 43% dans les couronnes.

La France et ses territoires

Cet article est issu d'une publication de l'Insee, La France et ses territoires, parue dans la collection Insee Références en avril 2021.
Fruit d’un travail mené avec les acteurs du système statistique public, cet ouvrage offre un panorama des questions économiques, sociales et environnementales au niveau territorial. En utilisant les zonages d’études actualisés en 2020, l’ouvrage fait le point sur les disparités géographiques en France, sur les forces et faiblesses des divers territoires ainsi que sur les conditions de vie de la population.