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Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

4.1 La crise sanitaire et la météo font chuter la consommation primaire en 2020

Alors qu’elle tendait à décroître modérément depuis le milieu des années 2000, la consommation d’énergie primaire de la France chute de 9,8 % en 2020 par rapport à 2019, pour s’établir à 2 572 TWh (figure 4.1.1). Après correction des variations climatiques (CVC), la baisse est un peu moins marquée (- 8,2 %). En effet, les besoins de chauffage ont été moins importants en 2020 qu’en 2019, du fait de températures hivernales historiquement douces en 2020. Le nombre de degrés-jours unifiés (DJU) s’établit ainsi à son plus bas niveau depuis que les températures sont mesurées (figure 4.1.2). Au-delà de cet effet du climat, la chute de la consommation primaire en 2020 s’explique par la crise sanitaire, qui a fortement réduit la demande d’énergie dans les transports et le secteur productif. Par rapport à 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de consommation d’énergie (cf. encadré), la consommation primaire a baissé de 11,9 %, à climat corrigé.

Figure 4.1.1 : consommation primaire totale et par usage

Note : les pertes de transformation, de transport et de distribution intègrent la consommation d’énergie des entreprises du secteur de la transformation pour leur usage propre ainsi qu’un écart statistique.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES

Figure 4.1.2 : nombre de degrés-jours unifiés de la période de chauffe

Source : calculs SDES, d’après Météo-France

La baisse de la consommation primaire en 2020 concerne aussi bien la consommation finale que les pertes de transformation, de transport et de distribution d’énergie. Ces dernières (qui correspondent à la différence entre la consommation primaire et la consommation finale, à l’écart statistique près) diminuent de 13,0 % à climat réel et de 12,7 % à climat corrigé, en raison principalement du recul de la production nucléaire et des pertes de chaleur induites (cf. 2.2.2). La consommation finale d’énergie s’établit à 1 638 TWh en données réelles, dont 146 TWh pour les usages non énergétiques. Ceux-ci, majoritairement concentrés dans la pétrochimie, diminuent de 6,7 % en 2020. La consommation finale à usage énergétique, de 1 492 TWh, diminue, quant à elle, de 7,9 % à climat réel et de 5,4 % à climat corrigé (cf. 5.1).

Les poids du nucléaire, du pétrole et du charbon dans le mix énergétique déclinent en 2020 (figure 4.1.3). En effet, à climat constant, les consommations primaires de ces trois formes d’énergie baissent respectivement de 10,2 %, 11,9 % et 25 %. À l’inverse, les énergies renouvelables, électriques et thermiques, ainsi que le gaz naturel pèsent davantage dans la consommation primaire totale en 2020 qu’en 2019. Le bouquet énergétique primaire CVC se compose de 39 % de nucléaire, 28 % de pétrole, 17 % de gaz, 14 % d’énergies renouvelables et déchets et 2 % de charbon.

Figure 4.1.3 : consommation primaire par forme d’énergie

Note : la consommation d’énergie nucléaire correspond à la quantité de chaleur dégagée par la réaction nucléaire (qui est ensuite convertie en électricité), déduction faite du solde exportateur d’électricité.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES

Le bouquet énergétique final CVC reste, quant à lui, dominé par le pétrole. Ce dernier subit moins de pertes lors du processus de transformation de l’énergie que la chaleur nucléaire, dont seul un tiers est converti en électricité (figure 4.1.4). Les produits pétroliers représentent ainsi 36 % de la consommation finale à usage énergétique, devant l’électricité (27 %), le gaz (22 %), les énergies renouvelables et les déchets (12 %), la chaleur (3 %) et le charbon (1 %). Conformément à la tendance observée depuis le milieu des années 2000, la part des énergies fossiles dans le bouquet baisse en 2020, au profit des énergies renouvelables.

Figure 4.1.4 : consommation finale à usage énergétique par forme d’énergie

Note : la chaleur n’est isolée que depuis 2000.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES

Au total, les ménages, entreprises et administrations ont dépensé 144,2 Md€ en 2020 pour satisfaire leurs besoins en énergie, montant en baisse de 16,2 % en euros constants par rapport à 2019 (figure 4.1.5). Les produits pétroliers représentent près de la moitié de cette dépense nationale en énergie et l’électricité plus d’un tiers, loin devant les autres énergies. Ces proportions sont supérieures aux parts respectives de ces deux formes d’énergie dans la consommation finale, en raison de prix moyens plus élevés que les autres formes d’énergie.

Figure 4.1.5 : consommation finale en énergie (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En Md€2020

En TWh

En Md€2020

En TWh

En Md€2020

En TWh

En Md€2020

En TWh

En Md€2020

Charbon (hors hauts-fourneaux)

16,2

0,3

16,5

0,4

17,3

0,4

14,1

0,4

12,5

0,3

Charbon : hauts-fourneaux

39,5

1,0

44,1

1,3

44,6

1,3

41,2

1,4

30,6

0,8

Produits pétroliers

787,4

73,2

795,1

81,4

768,1

90,4

765,8

88,7

684,2

65,5

Gaz naturel

363,3

18,5

354,0

18,1

350,8

19,4

342,7

19,1

319,8

16,1

Énergies renouvelables et déchets

170,6

4,7

170,5

4,9

171,8

4,8

177,1

4,7

166,8

4,1

Électricité

442,7

53,7

439,4

53,4

437,1

53,9

431,7

55,2

411,4

55,2

Chaleur

44,1

2,4

45,3

2,5

42,9

2,7

44,8

2,6

43,4

2,4

Consommation finale (hors hauts-fourneaux)

1824,3

152,9

1820,8

160,7

1788,1

171,5

1776,2

170,7

1638,1

143,4

Dépense nationale en énergie (y compris hauts-fourneaux)

153,9

162,0

172,9

172,1

144,2

Note : conformément aux conventions statistiques internationales relatives à la comptabilité physique de l’énergie, les hauts-fourneaux sont exclus de la consommation finale. Dans le cadre du bilan monétaire, ils sont en revanche inclus dans l’industrie et dans la dépense nationale en énergie.
Source : calculs SDES

Au sein de la dépense nationale en énergie, le coût des importations nettes et des variations de stocks de produits énergétiques représente 23,9 Md€, les taxes énergétiques (nettes des subventions aux énergies renouvelables) 32,2 Md€ et la TVA non déductible 12,7 Md€ (figure 4.1.6). Le solde, soit 75,5 Md€, correspond à la rémunération d’activités réalisées sur le territoire national, principalement la production d’électricité et d’énergies renouvelables, la gestion des réseaux de gaz et d’électricité, la distribution des carburants et le raffinage de pétrole. La dépense nationale en énergie, qui a atteint un pic en 2012 à 185,2 Md€2020, baisse de 16 % en 2020 par rapport à 2019 en euros constants. Le coût des échanges extérieurs, réduit de 41 % en 2020 sous l’effet cumulé de la baisse des volumes importés et de celui des prix internationaux, contribue le plus à cette évolution. Le montant des taxes énergétiques (nettes des subventions), dont les principaux taux nominaux ont été inchangés en 2020, baisse de 17 % du fait de la baisse de consommation, notamment en matière de carburants. La TVA non déductible collectée diminue dans une proportion proche. Enfin, les revenus captés par les entreprises nationales diminuent de 3 %. Le secteur du raffinage, dont la valeur ajoutée est négative en 2020, a particulièrement été affecté par la crise sanitaire.

Figure 4.1.6 : décomposition de la dépense nationale en énergie

Source : calculs SDES

Les objectifs de réduction de la consommation d’énergie de la France

La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et celle relative à l’énergie et au climat de 2019 ont fixé comme objectifs de diviser par deux la consommation finale d’énergie à horizon 2050 et de réduire la consommation primaire d’énergies fossiles de 40 % en 2030, par rapport à 2012.

La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) relative à la France continentale, dans sa deuxième version adoptée en avril 2020, donne des cibles intermédiaires de réduction de la consommation d’énergie par rapport à 2012, et les décline par forme d’énergie :

  • consommation finale d’énergie : - 7,5 % en 2023 et - 16,5 % en 2028 ;
  • consommation primaire de gaz naturel : - 10 % en 2023 et - 22 % en 2028 ;
  • consommation primaire de pétrole : - 19 % en 2023 et - 34 % en 2028 ;
  • consommation primaire de charbon : - 66 % en 2023 et - 80 % en 2028.