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Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

1.3 Le prix du gaz naturel baisse pour tous les secteurs en 2020

1.3.1. Prix de gros du gaz naturel

Le gaz naturel s’échange de gré à gré, en général via des contrats de long terme pouvant s’étendre sur plusieurs dizaines d’années, ou bien sur des marchés organisés, au comptant ou à terme. Moins dense et moins aisément transportable que le pétrole, le gaz naturel nécessite des infrastructures plus coûteuses pour être acheminé des zones de production à celles de consommation. Il s’échange ainsi à des prix reflétant des équilibres régionaux entre offre et demande, qui peuvent fortement diverger d’une zone à l’autre. Au début de la décennie, les écarts de prix entre les principales zones de marché se sont d’ailleurs fortement creusés (figure 1.3.1.1). En effet, l’afflux du gaz de schiste aux États-Unis a tiré les prix à des niveaux particulièrement bas sur les marchés nord-américains, tandis qu’à l’inverse ceux-ci se sont envolés en Asie à la suite de la catastrophe de Fukushima. Les prix du gaz sur les marchés européens se sont maintenus à un niveau intermédiaire durant cette période. La croissance du commerce international de gaz naturel liquéfié (GNL) contribue toutefois à la fluidification des échanges et à la réduction des écarts de prix observés entre les différentes zones de marché.

Le prix du gaz naturel sur le marché des Pays-Bas (Title Transfer Facility, TTF) est l’un des principaux prix de référence pour le marché continental européen. Il s’élève en moyenne à 9,4 €/MWh (en pouvoir calorifique supérieur, PCS) en 2020, en forte baisse par rapport à l’année précédente (- 31 %). Le prix sur le marché spot de Londres (National Balancing Point, NBP), qui garde une place importante aux côtés du TTF pour les échanges de gaz, connaît une évolution similaire, passant de 13,6 €/MWh à 9,5 €/MWh. Alors qu’il se situait déjà à un niveau relativement bas au début de l’année 2020, le prix du gaz naturel a fortement chuté au printemps 2020, en raison de la crise sanitaire et économique. En juin 2020, le cours du gaz NBP s’établit à 5 €/MWh en moyenne, niveau historiquement bas. Le prix du gaz a néanmoins fortement rebondi depuis, dans un contexte de difficultés d’approvisionnement (baisses de production, maintenances décalées durant la crise sanitaire). En juin 2021, le prix NBP s’établit ainsi à plus de 29 €/MWh, près de cinq fois plus qu’un an auparavant.

Figure 1.3.1.1 : prix spot du gaz naturel à New York, à Londres, aux Pays-Bas, en France et prix GNL importé au Japon

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
Sources : National Balancing Point à un mois ; U.S. Energy Information Administration ; ministère japonais des Finances ; GRTgaz

En France, les échanges se matérialisaient jusqu’en novembre 2018 au niveau de deux points d’échanges de gaz (PEG), rattachés aux deux zones d’équilibrage du réseau de transport (PEG Nord et Trading Region South (TRS)). Depuis, les deux zones ont fusionné en un PEG, commun aux deux gestionnaires de transports GRTgaz et Teréga. La bourse du gaz pour le marché français est gérée par Powernext. En 2020, le prix spot du gaz naturel s’y élève en moyenne à 9,3 €/MWh, évoluant de façon similaire à celui du marché londonien. Les prix à terme, légèrement plus élevés pour les produits à un an, ont suivi des tendances similaires.

Les importations françaises reposent encore, à plus de 80 %, sur des contrats de long terme négociés de gré à gré, principalement avec la Norvège, la Russie et l’Algérie. Bien que les contrats de long terme restent encore très dépendants des cours du pétrole, sur lesquels ils étaient historiquement indexés, les évolutions des prix de marché occupent, depuis la fin des années 2000, une importance de plus en plus grande dans le calcul de leurs tarifs. Après une hausse en 2017 et 2018, les prix auxquels la France a acheté du gaz naturel ont chuté de manière importante en 2019 (- 20 % sur un an) et en 2020 (- 31 %), pour atteindre 12 €/MWh en moyenne, dans le sillage des prix de marché du Brent et du gaz. La France réexporte par ailleurs du gaz naturel à des prix similaires (figure 1.3.1.2).

Figure 1.3.1.2 : prix moyen à l’importation et à l’exportation du gaz naturel

En €/MWh PCS*

2016

2017

2018

2019

2020

Importations

15,8

17,5

21,4

17,0

11,7

Exportations

15,7

17,4

20,6

17,1

10,4

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
Source : calculs SDES, d’après GRTgaz, TIGF, les fournisseurs de gaz, DGDDI

Outre le gaz naturel importé, du biométhane est injecté dans le réseau, à des quantités encore faibles mais en forte croissance. Les producteurs de biométhane bénéficient de tarifs d’achat régulés, qui dépendent des caractéristiques de leurs installations et dont la logique est de couvrir leurs coûts. Le tarif d’achat moyen s’élève à 103 €/MWh en 2020 (figure 1.3.1.3).

Figure 1.3.1.3 : tarif d’achat moyen du biométhane injecté dans le réseau

En €/MWh PCS*

2016

2017

2018

2019

2020

Tarif d'achat

101,7

99,5

102,2

103,3

103,1

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
Source : CRE

1.3.2 PRIX À LA CONSOMMATION DU GAZ NATUREL

En 2020, le gaz a été payé en moyenne 36,3 €/MWh (en pouvoir calorifique supérieur) hors TVA, tous consommateurs et tous types d’offres (tarifs réglementés ou offres de marché) confondus. En incluant la TVA pour le résidentiel uniquement, ce prix moyen tous secteurs confondus atteint 39,5 €/MWh. Il baisse de 8,4 % par rapport à 2019, après avoir déjà diminué de 2,7 % l’année précédente. Au plus haut en 2013, ce prix moyen avait décliné ensuite avant de fortement rebondir en 2018. Ces évolutions peuvent être analysées en décomposant le prix en la somme de quatre termes : la composante « approvisionnement » (coût de la molécule de gaz), la composante « infrastructure » (coût de l’accès aux terminaux méthaniers, du transport, du stockage et de la distribution) - (cf. 3.2), les taxes nettes des subventions et les marges de commerce (incluant un écart statistique) - (figure 1.3.2.1).

Figure 1.3.2.1 : décomposition du prix moyen du gaz naturel

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
Note : la TVA est incluse pour le résidentiel uniquement, car elle est déductible pour les entreprises.
Source : calculs SDES

Le coût d’approvisionnement, essentiellement lié au prix des importations, baisse fortement en 2020, à 12,6 €/MWh, contre 17,4 €/MWh en 2019 et 21,8 €/MWh en 2018. Une part minoritaire de cette baisse des coûts en 2020 se traduit en hausse des marges (4,4 €/MWh en 2020, contre 3,5 €/MWh en 2019), la majeure partie étant répercutée dans les prix payés par les consommateurs. Il convient toutefois de considérer avec précaution cette estimation des marges de commerce, dans la mesure où elle inclut par construction un écart statistique. En effet, les marges sont calculées en retranchant les autres postes de coûts identifiables à la valeur monétaire de la consommation. Or, ces grandeurs sont estimées de manière indépendante et avec une certaine incertitude statistique, rendant fragile l’estimation de leur solde.

Le coût relatif à l’utilisation des infrastructures, lié en grande partie aux décisions tarifaires de la Commission de régulation de l’énergie, augmente de 6,1 % par unité de consommation en 2020, à 14,0 €/MWh, après être resté stable en 2019. Les tarifs comportant des parts fixes, une partie de cette hausse pourrait s’expliquer par la baisse de la consommation de gaz en 2020. Le coût global d’utilisation des infrastructures gazières est imputable en 2020 pour 53 % à la distribution, 30 % au transport, 11 % au stockage et 7 % aux terminaux méthaniers.

Les taxes hors TVA s’élèvent en moyenne à 5,8 €/MWh en 2020, dont 4,9 €/MWh pour la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN) et 0,9 €/MWh pour la contribution tarifaire d’acheminement (CTA). La TICGN a fortement augmenté entre 2014 et 2018 ; elle ne représentait jusqu’en 2013 que 0,5 €/MWh en moyenne. Cette hausse sur la période s’explique, d’une part, par la suppression de l’exonération dont bénéficiaient les ménages et, d’autre part, par la montée en charge de la composante carbone désormais intégrée aux accises énergétiques. La TICGN est en revanche restée stable en 2019, 2020 et 2021.

Les subventions représentent 0,5 €/MWh en 2020 et sont exclusivement liées aux subventions au biométhane. En effet, le tarif spécial de solidarité gaz dont bénéficiaient des ménages en situation de précarité a été remplacé début 2018 par le chèque énergie, qui n’est pas uniquement ciblé sur le gaz, pouvant être utilisé pour tout type de facture d’énergie du logement ou pour des travaux de rénovation énergétique.

Figure 1.3.2.2 : prix moyens du gaz naturel par secteur

En €/MWh PCS*

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

Branche énergie

26,7

27,0

30,5

26,2

23,6

19,0

18,9

27,1

21,3

17,3

Production d'électricité ou chaleur

26,4

26,9

30,3

26,2

23,5

18,9

18,8

27,4

21,7

17,8

Branche énergie hors transformation

29,8

28,3

31,9

26,4

24,1

19,8

19,7

24,1

15,8

11,0

Consommation finale à usage énergétique TTC**

42,7

47,7

49,8

48,3

48,1

44,5

44,9

48,9

50,2

46,5

Agriculture-pêche

39,2

42,8

43,8

44,4

42,1

37,5

36,0

36,9

36,4

33,6

Industrie

27,9

30,5

32,2

30,5

29,7

25,9

25,7

27,7

24,9

20,2

Tertiaire et transports

39,0

42,8

44,0

42,7

40,3

38,0

37,3

42,2

42,6

41,0

Résidentiel HTVA

49,4

54,6

56,9

59,3

58,9

54,8

55,7

62,6

66,9

63,8

Résidentiel TTC

58,1

64,1

67,1

69,9

69,3

64,2

65,4

72,8

78,0

74,0

Consommation finale à usage non énergétique

27,4

27,2

31,1

25,9

23,0

19,8

19,4

24,1

15,8

15,8

Tous secteurs HTVA

36,5

40,6

43,0

41,5

40,2

35,9

35,7

41,0

39,7

36,3

Tous secteurs TTC**

39,4

44,0

46,8

45,1

43,7

39,0

38,8

44,3

43,1

39,5

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
** La TVA est incluse pour le résidentiel uniquement, car elle est déductible pour les entreprises.
Source : calculs SDES

Les prix du gaz sont hétérogènes entre catégories de clients. En général, ils décroissent avec le volume de gaz livré, en raison notamment d’effets d’échelle dans la commercialisation et la gestion du réseau ainsi que d’une fiscalité favorable aux gros consommateurs (figure 1.3.2.2). En 2020, le prix moyen hors TVA s’élève ainsi à 63,8 €/MWh dans le secteur résidentiel, contre 41,0 €/MWh dans le tertiaire, 20,2 €/MWh dans l’industrie et 17,3 €/MWh dans la branche énergie. Le prix moyen dans l’industrie masque lui-même une forte hétérogénéité. Les branches industrielles qui ont peu recours au gaz payent des prix proches de ceux du tertiaire, tandis que les plus gros consommateurs bénéficient de prix sensiblement inférieurs.

Le prix du gaz baisse pour tous les secteurs consommateurs en 2020, dans le sillage des prix internationaux. Il diminue ainsi de 5,1 % pour les ménages (y compris TVA), de 3,7 % dans le secteur tertiaire et jusqu’à 19,0 % dans l’industrie. L’ampleur de cette dernière baisse s’explique par la forte sensibilité aux prix de gros des prix finaux supportés par les consommateurs de volumes élevés, qui se trouvent pour la plupart dans l’industrie.