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Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

4.4 La consommation de charbon et la dépense associée chutent

En 2020, la consommation primaire de charbon, corrigée des variations climatiques, s’établit à 65,1 TWh, un niveau historiquement bas, chutant de 25 % par rapport à 2019 (figure 4.4.1). Au-delà de l’effet exceptionnel lié à la crise sanitaire, cette diminution s’inscrit dans une tendance à la baisse de la consommation de charbon depuis une trentaine d’années, même si elle peut connaître parfois des rebonds, comme en 2017. En effet, les autres formes d’énergie se substituent progressivement au charbon dans la plupart des secteurs consommateurs. Par rapport à 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de la consommation d’énergie (cf. 4.1), la consommation primaire de charbon baisse de 55 %, à climat constant.

Depuis 2016, la filière fonte constitue le principal consommateur de charbon en France, avec, en 2020, 55 % de la consommation totale. Elle est suivie par celle de la production d’électricité et de chaleur, qui ne représente plus que 31 % de la consommation (contre 50 % en 2012). La consommation finale (essentiellement celle de l’industrie manufacturière hors hauts-fourneaux) compte, quant à elle, pour 19 % de l’ensemble des ressources primaires consommées en 2020 (le solde entre les ressources et la somme des consommations des différents secteurs correspondant à l’écart statistique).

La dépense totale en charbon s’élève à 1,3 Md€ en 2020, en retrait de 38 % par rapport à 2019, en euros constants, en raison de la chute des quantités, conjuguée à celle des prix (cf. 1.4). Après plusieurs années de baisse, elle avait rebondi en 2017, sous l’effet de la reprise de la consommation dans la plupart des secteurs consommateurs et de la remontée importante des prix. Les hauts-fourneaux, qui consomment majoritairement du coke, issu de la transformation d’un type de charbon plus onéreux que celui utilisé pour la production d’électricité et de chaleur, concentrent, à eux seuls, 62 % de la dépense totale, contre 53 % en 2012.

Figure 4.4.1 : consommation primaire de charbon (hors écart statistique) et dépense totale associée

Note : un opérateur a révisé fortement à la hausse ses productions de gaz dérivés, entraînant une rupture de série entre 2016 et 2017. Par ailleurs, à partir de 2017, les pertes, auparavant incluses dans l’écart statistique, sont intégrées à la consommation de la filière fonte.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES, d’après A3M, COCIC, Douanes, EDF, GazelEnergie, Insee et SNCU

Outre la filière fonte, dont la consommation totale nette s’élève à 35,7 TWh en 2020 (cf. 3.3), 16,4 TWh de produits charbonniers - correspondant à une dépense de 0,2 Md€ - ont été consommés par la branche énergie en 2020, à des fins de production électrique ou, de façon plus marginale, de production de chaleur vendue ensuite à des tiers (figure 4.4.2). Un peu plus de 6,0 TWh correspondent à du gaz fatal issu des cokeries et hauts-fourneaux, brûlé pour produire de l’électricité sur le site sidérurgique lui-même ou dans une centrale thermique voisine, comme c’est notamment le cas à Dunkerque. La quantité restante (10,4 TWh) correspond pour l’essentiel à du charbon-vapeur utilisé comme combustible par des centrales thermiques à flamme.

La consommation des centrales a diminué de plus de 71 % depuis 2012. Cette baisse reflète la réduction progressive du parc pour des raisons environnementales et d’obsolescence. Avec l’arrêt de nombreuses tranches de production, la capacité électrique installée des centrales à charbon s’est en effet réduite de plus de moitié sur le territoire métropolitain sur la période. Il restait, fin 2020, cinq unités encore actives en métropole, réparties sur quatre sites dont deux ont été fermés au premier trimestre 2021. Au-delà de cette tendance de long terme, leur consommation est très sensible à la rigueur des températures, les centrales thermiques à charbon étant principalement utilisées comme moyens de pointe lors des vagues de froid hivernales.

La consommation de charbon dans ce secteur, corrigée des variations climatiques, se replie en 2020, à 20,0 TWh (- 5,1 %), après s’être fortement contractée en 2019 (- 37,1 %). En effet, la durée de fonctionnement des centrales en métropole a été fortement réduite, en raison notamment de l’augmentation du prix du certificat d’émission de CO2 ainsi que de la baisse importante du prix du gaz, rendant le charbon moins compétitif.

Les départements et régions d’outre-mer comptent trois installations de production thermique au charbon, dont certaines tranches de production utilisent également un combustible renouvelable issu de la canne à sucre, la bagasse, durant la campagne sucrière. Une des deux tranches de production a été convertie en unité 100 % renouvelable (bagasse-biomasse) en Guadeloupe en 2020, réduisant d’un quart la consommation de charbon du département sur un an. Les autres unités ultramarines sont en cours de conversion.

Avec la chute importante de la production d’électricité à partir de charbon en métropole, les centrales ultramarines représentent, depuis 2019, plus de la moitié des consommations des producteurs d’électricité ou de chaleur cogénérée dont c’est l’activité principale. Cette part était d’un peu plus de 10 % en 2012.

La dépense pour produire de l’électricité ou de la chaleur s’élève en 2020 à 0,2 Md€. En tenant compte de l’inflation, la facture recule de 26 % par rapport à 2019, et de 48 % par rapport à 2016. Ce repli est dû à celui des quantités consommées mais surtout à la chute des prix liée à la crise sanitaire mondiale.

Figure 4.4.2 : consommation pour la production d’électricité et de chaleur (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Production d'électricité et de chaleur

37,4

455

44,4

691

31,6

438

19,4

324

16,4

235

Charbon primaire

30,7

314

37,2

449

24,5

279

12,2

171

10,4

106

Gaz dérivés

6,7

140

7,2

242

7,2

160

7,2

154

6,0

129

Source : calculs SDES, d’après A3M, Douanes, Insee

La consommation finale de charbon en France s’élève à 12,5 TWh en 2020, ce qui représente un recul important sur un an, de 11 %, dû en particulier à la baisse d’activité. Après cinq années de relative stabilité, elle avait déjà chuté fortement en 2019 (- 18 %) - (figure 4.4.3), en raison principalement du repli des consommations dans le secteur industriel (hors filière fonte). Depuis 2012, la consommation finale a chuté d’un tiers.

La dépense correspondante s’établit à 0,3 Md€ en 2020. Mesurée en euros constants, elle baisse de 14 % par rapport à 2019, du fait de la contraction des quantités physiques et de la chute des prix. Par rapport à 2012, elle se replie de 19 %.

Les usages non énergétiques du charbon représentent 23 % de la consommation finale en 2020. Ils concernent en premier lieu les secteurs industriels de la chimie et de la construction mécanique puis, dans une moindre mesure, celui des produits minéraux non métalliques. Les usages énergétiques se concentrent, quant à eux, en quasi-totalité dans l’industrie, principalement dans les secteurs du ciment, de l’agroalimentaire et de la chimie minérale. Le charbon est toutefois encore très marginalement utilisé comme combustible, en général pour le chauffage, dans le résidentiel et le tertiaire, notamment dans les Hauts-de-France.

Figure 4.4.3 : consommation finale de charbon (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Industrie

11,5

188

12,1

234

12,7

271

10,3

227

9,0

161

Charbon primaire

9,7

131

10,4

167

10,8

190

8,5

148

7,6

109

Charbon dérivé

1,9

57

1,7

67

1,9

82

1,8

79

1,4

51

Autres usages énergétiques

1,0

19

0,9

23

0,7

25

0,7

17

0,6

13

Charbon primaire

0,7

12

0,7

17

0,6

19

0,6

14

0,6

11

Charbon dérivé

0,3

7

0,3

7

0,1

6

0,1

3

0,1

2

Usages non énergétiques

3,7

86

3,4

93

3,9

129

3,1

115

2,9

86

Charbon primaire

2,3

58

2,0

51

1,9

54

1,2

39

1,5

35

Charbon dérivé

1,4

28

1,4

42

1,9

75

1,9

75

1,5

50

Total

16,2

293

16,5

350

17,3

425

14,1

359

12,5

260

Charbon primaire

12,7

202

13,1

235

13,4

263

10,4

201

9,6

156

Charbon dérivé

3,5

92

3,4

116

3,9

162

3,8

158

2,9

104

Source : calculs SDES, d’après Insee, enquêtes EACEI et EAP