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Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

4.5 La consommation d’énergies renouvelables et de déchets augmente légèrement, malgré la chute de celle de biocarburants

4.5.1 Consommation totale

La consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets s’établit à 353 TWh en 2020 et se répartit en 117 TWh pour la production d’électricité issue des filières hydraulique, éolienne et photovoltaïque, 67 TWh de combustibles (principalement de la biomasse et des déchets) brûlés pour produire de l’électricité ou de la chaleur destinée à être commercialisée, 2 TWh de biométhane injecté dans les réseaux et enfin 167 TWh consommés directement par les utilisateurs finaux.

Tous usages confondus, la consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets augmente de 0,7 % sur un an (+ 25,6 % depuis 2012). Cette hausse s’explique principalement par la poursuite du développement de la production éolienne et des pompes à chaleur et la reprise de la production hydraulique, grâce à des conditions pluviométriques plus favorables qu’en 2019 (cf. 2.2.3). Elle est néanmoins atténuée par la chute de la consommation de biocarburants (cf. 4.5.3) et le recul de celle de bois-énergie. Ce dernier s’explique par l’exceptionnelle douceur des températures hivernales en 2020, le bois-énergie étant principalement utilisé à des fins de chauffage. À climat constant, la consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets augmente de 3,2 % en 2020. Cette hausse s’inscrit dans la tendance des dix dernières années (figure 4.5.1.1). Toutefois, hors consommation hydraulique (qui n’est pas corrigée ici des variations de la pluviométrie), la consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets ralentit en 2020 (+ 1,7 %, contre + 5,5 % en 2019). La consommation d’énergies renouvelables thermiques et de déchets pour la production d’électricité et de chaleur diminue en particulier de 0,7 %, et la consommation finale est réduite de 1,0 % (toujours à climat constant).

Figure 4.5.1.1 : consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets par secteur

* Hors hydraulique, éolien, photovoltaïque, énergies marines.
** Y compris énergies marines.
*** Correspondent aux injections de biométhane dans les réseaux de gaz naturel (cf. 3.2).
Note : la consommation de déchets urbains pour la production d’électricité et de chaleur par cogénération n’est pas isolable jusqu’en 1994 et est incluse jusqu’à cette date dans le poste « Production de chaleur seule ».
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES

La consommation finale (167 TWh en données non corrigées des variations climatiques) correspond aux consommations de combustibles, carburants et chaleur primaire provenant de sources renouvelables ainsi que de déchets, destinées à tout usage autre que la production électrique et la production de chaleur commercialisée à des tiers. Le secteur résidentiel en représente, à lui seul, 59 %, suivi du transport (18 %), de l’industrie (13 %), du tertiaire (7 %) et de l’agriculture (3 %).

Environ 99 TWh d’énergies renouvelables thermiques ou issues des déchets sont consommés pour le chauffage ou l’eau chaude sanitaire dans le secteur résidentiel. Cette consommation baisse de 4,0 % sur un an en données réelles du fait d’un hiver très doux. Elle augmente en revanche de 3,4 % après correction des variations climatiques. Sur ces 99 TWh, 70 % sont issus de la combustion de bois, 28 % sont extraits des pompes à chaleur et 2 % sont produits par les capteurs solaires thermiques installés chez les particuliers. Après avoir progressé dans les années 2000, la consommation de bois de chauffage est plus atone ces dernières années. Elle est en particulier quasiment stable en 2020 à climat corrigé. Le recul des ventes d’appareils de chauffage au bois depuis 2013 (à l’exception des poêles à granulés et des poêles à bûches) et la diminution régulière de la consommation de bois par ménage équipé d’un appareil de chauffage au bois, du fait notamment de l’amélioration de l’efficacité de ces derniers, expliquent cette tendance (cf. 2.2.3). À l’inverse, les pompes à chaleur, en particulier celles aérothermiques, qui nécessitent un moindre investissement, continuent de se développer fortement dans le résidentiel, grâce notamment aux mesures incitatives pour remplacer les appareils de chauffage aux énergies fossiles.

La consommation finale d’énergies renouvelables thermiques ou issues des déchets par le secteur tertiaire demeure modeste, à 11 TWh en 2020. Elle augmente de 1,1 % sur un an en données réelles et de 6,0 % à climat constant. Cette consommation, principalement à des fins de chauffage, se répartit entre les filières pompes à chaleur (39 %), biomasse solide (25 %), incinération de déchets (17 %), biogaz (13 %), biocarburants (3 %, correspondant au gazole non routier utilisé marginalement par le secteur tertiaire), géothermie (2 %) et solaire thermique (1 %).

La consommation finale dans l’industrie – pour 74 % de la biomasse solide, 17 % des déchets industriels, 5 % des biocarburants (principalement incorporés au gazole non routier) et 4 % du biogaz – s’élève, quant à elle, à 21 TWh en 2020. Elle diminue de 0,4 % en 2020. L’industrie du papier-carton est fortement consommatrice de biomasse (7 TWh), notamment de liqueur noire, résidu issu de la fabrication du papier kraft et constituant une source d’énergie facilement mobilisable et peu onéreuse.

La consommation finale d’énergies renouvelables thermiques dans les transports, composée de biocarburants (cf. 4.5.3), diminue fortement en 2020 (- 17,3 %), à 31 TWh, en raison de la crise sanitaire. Malgré le relèvement des objectifs d’incorporation de la taxe incitative relative à l’incorporation de biocarburants (Tirib), leur consommation baisse relativement un peu plus que celle de carburants fossiles (cf. 4.2), ce qui s’explique notamment par des mesures exceptionnelles liées à la crise sanitaire (cf. 5.5).

4.5.2 Bois-énergie

En 2020, la consommation de bois-énergie s’élève à 102 TWh. Elle baisse de 5,3 % par rapport à 2019, en raison de températures plus douces que l’année précédente. La dépense associée s’élève à 2,2 Md€ (figure 4.5.2.1) et diminue de 3,8 % sur un an. Elle se répartit en 1,6 Md€ dans le résidentiel (soit 73 % du total), 0,4 Md€ dans le secteur énergétique pour la production d’électricité et de chaleur et 0,1 Md€ dans le secteur tertiaire et dans l’industrie. Cette dépense prend en compte l’achat de bois hors des circuits commerciaux (environ un quart de la consommation en bois-bûche des ménages), mais n’inclut pas l’auto-approvisionnement en bois (environ 40 % de cette même consommation).

Figure 4.5.2.1 : consommation primaire de bois-énergie par secteur (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Consommation primaire totale

110

2 288

107

2 292

107

2 184

107

2 246

102

2 161

Production d'électricité et de chaleur

16

394

17

399

19

442

19

469

19

439

Industrie

10

82

9

76

10

86

9

72

9

74

Résidentiel

80

1 738

77

1 744

74

1 586

75

1 631

69

1 583

Tertiaire

3

74

3

73

3

70

3

74

3

65

Agriculture-pêche

2

0

2

0

2

0

2

0

2

0

Note : la consommation primaire de bois-énergie (hors liqueur noire) s’élève à 102 TWh en 2020, pour une dépense correspondante de 2,2 Md€.
Source : calculs SDES

4.5.3 Biocarburants

La consommation de biocarburants s’établit à 2,9 Mtep (soit 33 TWh) en 2020, dont 2,4 Mtep de biodiesel et 0,6 Mtep de bioéthanol. Elle recule fortement en 2020 (- 15,8 %) en raison de la crise sanitaire et atteint son niveau le plus bas depuis 2014. La dépense en euros constants associée diminue de 20,1 %, pour s’établir à 2,3 Md€ en 2020. Hors coûts de distribution et des taxes (affectés par convention dans le bilan aux produits pétroliers avec lesquels ils sont mélangés), les dépenses de biodiesel s’élèvent à 1,8 Md€ (- 21,4 % par rapport à 2019 en euros constants), et celles de bioéthanol à 0,5 Md€ (- 15,2 %). La consommation de biocarburants est concentrée à 92 % dans le secteur des transports, le reste étant essentiellement lié à l’utilisation d’engins agricoles et de chantier.

Figure 4.5.3.1 : consommation de biocarburants et dépense totale associée

Source : calculs SDES, d’après DGDDI et FAO

Comme les prix des biocarburants sont supérieurs à ceux des produits pétroliers auxquels ils sont mélangés (le gazole pour le biodiesel et les supercarburants pour le bioéthanol), leur incorporation engendre un coût pour la collectivité. Ce surcoût peut être estimé à 1,2 Md€ en 2020 (figure 4.5.3.2). Celui-ci augmente de 33,4 % par rapport à 2019, en raison de la forte baisse du coût d’approvisionnement des carburants conventionnels en 2020, à coût d’approvisionnement des biocarburants stable.

Figure 4.5.3.2 : surcoût d’incorporation des biocarburants

Source : calculs SDES, d’après DGDDI et CPDP