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Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

1.7 Hausse des prix de détail de l’électricité, en particulier pour les ménages

1.7.1 Prix de gros de l’électricité

L’électricité peut s’échanger de gré à gré ou sur des bourses. European Power Exchange (Epex) Spot est la bourse du marché spot français. Les produits à terme peuvent, quant à eux, s’échanger sur la bourse European Energy Exchange (EEX) Power Derivatives. Le prix spot de l’électricité livrable en France (figure 1.7.1.1), qui est sensible aux variations conjoncturelles de la demande et présente un caractère saisonnier, s’établit à 32 €/MWh en moyenne en 2020. Il diminue ainsi de 18,5 % par rapport à l’année précédente, du fait de la chute des prix au premier semestre engendrée par la crise sanitaire. En avril 2020, le prix spot atteignait ainsi 13,5 €/MWh, un prix historiquement bas. Il a ensuite fortement rebondi, dans un contexte de baisse de la production nucléaire (plusieurs maintenances ayant dû être décalées durant la crise) et de reprise de la demande. Il continue à très fortement augmenter au début de l’année 2021, tiré en particulier par le prix du gaz (cf. 1.3.1). En septembre 2021, il s’établit à 134 €/MWh, près du triple d’un an auparavant. Les prix à terme de l’électricité, qui reflètent les anticipations des acteurs du secteur, ont également diminué entre 2019 et 2020. Le prix à terme pour l’année suivante (« Y+1 ») de l’électricité en base est ainsi passé de 51 €/MWh en 2019 à 45 €/MWh en 2020 en moyenne.

Figure 1.7.1.1 : prix Baseload moyen mensuel sur le marché European Power Exchange (Epex) Spot France

Source : Epex Spot

La France exporte l’électricité à un prix en moyenne moins élevé que celui auquel elle l’importe. En 2020, ceux-ci s’élèvent respectivement à 30 €/MWh et 39 €/MWh (figure 1.7.1.2). Outre le fait que le prix à l’importation peut comprendre un coût d’interconnexion (correspondant à une rémunération des gestionnaires de transport de part et d’autre de la frontière), cela s’explique par le fait que la France, où le chauffage électrique est particulièrement développé, a tendance à importer en hiver durant les périodes de forte consommation (matinée et début de soirée), lorsque l’électricité est la plus chère, et à exporter la nuit et en été, lorsqu’elle est meilleur marché.

Figure 1.7.1.2 : prix moyens de l’électricité à l’importation et à l’exportation

En €/MWh

2016

2017

2018

2019

2020

Exportations

32

41

48

38

30

Importations

46

57

59

47

39

Source : DGDDI

En dehors des marchés de gros et des transactions de gré à gré, certaines productions d’électricité sont vendues à des prix régulés à des fournisseurs ou des intermédiaires. D’une part, certaines filières, que l’État souhaite développer, bénéficient d’obligations d’achat leur garantissant un tarif défini sur une période de 10 à 20 ans ou de compléments de rémunération. Ces soutiens, établis dans une logique de couverture de coûts, sont très différenciés selon les filières (figure 1.7.1.3). La production photovoltaïque bénéficie de la rémunération moyenne la plus élevée en 2020, à 273 €/MWh. Celle-ci diminue toutefois sous l’effet de l’afflux de nouvelles installations raccordées, qui bénéficient d’aides moins substantielles qu’au démarrage de la filière. Ce moindre soutien répercute la baisse des coûts des installations. À l’opposé, les rémunérations les plus basses concernent la filière d’incinération des déchets ménagers, suivie par la petite hydraulique (les grandes installations hydrauliques ne bénéficiant pas de soutien public) et l’éolien.

Figure 1.7.1.3 : rémunérations moyennes des installations en activité bénéficiant d’obligations d’achat ou de compléments de rémunération

En €/MWh

2016

2017

2018

2019

2020

Photovoltaïque

348

333

300

292

273

Éolien

88

88

89

90

91

Hydraulique

75

78

77

83

82

Biogaz

139

148

154

163

170

Incinération

57

57

58

60

60

Biomasse

139

139

139

145

147

Toutes installations

149

149

145

146

141

Note : la rémunération est égale au tarif d’achat pour les installations sous obligation d’achat, et à la somme du prix de gros moyen de l’électricité produite et du complément de rémunération pour les installations bénéficiant de ce dernier. Elle est calculée sur l’ensemble du territoire français pour les filières photovoltaïque, éolienne et hydraulique, et sur la France continentale pour les autres filières.
Source : calculs SDES

D’autre part, dans le but de permettre une concurrence équitable entre fournisseur historique et fournisseurs alternatifs, ces derniers bénéficient depuis juillet 2011 de la possibilité d’acquérir une partie de la production nucléaire d’EDF à un prix régulé, dans le cadre du mécanisme de « l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (Arenh). Ce prix, fixé à l’origine à 40 €/MWh, est passé à 42 €/MWh en janvier 2012 et est resté inchangé depuis cette date.

1.7.2 Prix À la consommation de l’électricité

En 2020, l’électricité est payée en moyenne 123 €/MWh hors TVA, tous consommateurs (à l’exception de la branche électricité) et tous type d’offres (tarifs réglementés ou offres de marché) confondus. En incluant la TVA (pour le secteur résidentiel uniquement), ce prix moyen s’élève à 134 €/MWh, en hausse de 7,1 % par rapport à 2019.

Le prix comprend une composante « fourniture », une composante « acheminement » et les taxes (figure 1.7.2.1).

Figure 1.7.2.1 : décomposition du prix moyen de l’électricité

Note : la branche électricité et l’autoconsommation sont exclues du champ. La composante acheminement inclut le coût des pertes sur les réseaux de transport et de distribution. La TVA n’est comptabilisée que pour le résidentiel, étant déductible pour les entreprises.
Source : calculs SDES

La composante « fourniture » correspond aux coûts de l’activité de fourniture, soit la somme des coûts d’approvisionnement en électricité et en garanties de capacité, de ceux de commercialisation (incluant les certificats d’énergie) et de la rémunération du fournisseur (marge). Elle s’élève en moyenne en 2020 à 61 €/MWh, en hausse sensible par rapport à 2019 (55 €/MWh), dans un contexte de hausse globale des prix à terme de l’électricité sur le marché de gros.

La composante « acheminement » correspond au tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe). Ce tarif s’applique à tous les utilisateurs raccordés aux réseaux de transport et de distribution en haute et basse tension, quel que soit leur fournisseur d’énergie. Il vise, pour partie, à couvrir les coûts de développement, d’exploitation et d’adaptation à la transition énergétique des réseaux de transport et de distribution. Le barème du Turpe est réglementé et fixé par la Commission de régulation de l’énergie. Le Turpe s’élève à 36 €/MWh en moyenne en 2020 et augmente de 5 % par rapport à 2019, à un rythme supérieur à celui observé entre 2011 et 2019 (+ 1 % en moyenne annuelle). Une partie de cette hausse unitaire en 2020 pourrait être liée à la baisse de la consommation, le Turpe comportant une part fixe.

Les taxes comprennent, outre la TVA, la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), qui est fusionnée depuis 2016 avec la contribution au service public de l’électricité (CSPE), les taxes locales sur la consommation finale d’électricité (TLCFE) et la contribution tarifaire d’acheminement (CTA). Hors TVA, elles représentent en moyenne 26 €/MWh en 2020 et évoluent peu depuis 2016, après avoir quasiment doublé entre 2011 et 2016. Cette évolution s’explique essentiellement par celle de la TICFE, dont le taux normal avait augmenté de 3 €/MWh par an de 2012 à 2016. Il est resté inchangé depuis, à 22,5 €/MWh. Compte tenu des exonérations dont bénéficient certaines entreprises électro-intensives, le taux moyen de cette taxe s’établit à 18 €/MWh en 2020. En incluant la TVA (pour le secteur résidentiel uniquement), les taxes s’élèvent, au total, à 37 €/MWh en 2020.

Figure 1.7.2.2 : prix moyen de l’électricité par secteur

En €/MWh

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

Énergie (hors électricité)

72

74

76

77

78

71

69

74

80

86

Consommation finale TTC*

100

104

110

114

119

116

117

120

126

135

Agriculture-pêche

90

90

92

105

109

112

114

122

128

133

Industrie

66

68

71

72

72

66

64

67

71

74

Transports

54

55

54

54

54

49

47

52

53

66

Tertiaire

95

97

103

108

112

105

107

108

115

120

Résidentiel HTVA

114

118

125

133

138

140

141

146

152

161

Résidentiel TTC

134

138

147

157

162

165

166

171

178

189

Tous secteurs HTVA

92

96

101

105

109

106

107

110

115

123

Tous secteurs TTC*

99

103

109

114

118

115

116

119

125

134

* La TVA est incluse uniquement pour le secteur résidentiel, étant déductible par les entreprises.
Note : la branche électricité et l’autoconsommation sont exclues du champ.
Source : calculs SDES

Les prix de l’électricité sont très hétérogènes entre types de clients. En général, ils décroissent avec le volume d’électricité livré, en raison notamment d’effets d’échelle dans la commercialisation et l’exploitation des réseaux ainsi que d’une fiscalité favorable aux gros consommateurs électro-intensifs (figure 1.7.2.2). Le profil de consommation joue aussi, les clients résidentiels consommant davantage en période de pointe, lorsque les prix de gros sont les plus élevés, pour satisfaire leurs besoins de chauffage. En 2020, le prix moyen hors TVA s’élève ainsi à 161 €/MWh dans le secteur résidentiel, contre 133 €/MWh dans l’agriculture, 120 €/MWh dans le tertiaire, 86 €/MWh dans le secteur de l’énergie (hors branche électricité elle-même), 74 €/MWh dans l’industrie et 66 €/MWh dans les transports.

Le prix TTC de l’électricité augmente de 6,1 % dans le secteur résidentiel en 2020 (voir Datalab essentiel Prix de l’électricité en France et dans l’Union européenne en 2020, juin 2021). Ce rythme d’augmentation, supérieur à celui des cinq années précédentes, se rapproche de ceux observés en 2013 et 2014. Dans l’industrie, le prix moyen augmente sensiblement en 2020 (+ 3,9 %) mais toutefois moins qu’en 2019. Les prix dans le secteur tertiaire et dans l’agriculture sont également en hausse en 2020, de respectivement 5,1 % et 3,7 %.