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Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

4.2 Forte baisse de la consommation et, plus encore, de la dépense en produits pétroliers

4.2.1 Consommation et dépense totales

En 2020, la consommation totale de produits pétroliers raffinés (hors biocarburants) s’élève à 60,0 Mtep, en forte baisse par rapport à 2019 (- 10,5 %) - (figure 4.2.1.1). Le secteur des transports, qui représente 58 % de la consommation totale, a été particulièrement affecté par les limitations de déplacements liées à la crise sanitaire : sa consommation en produits pétroliers connaît une baisse historique de 15,2 %. Hors transports, la baisse de la consommation est nettement moindre (- 3,2 %, y compris les usages non énergétiques). La dépense totale en produits pétroliers diminue fortement, pour s’établir à 65,9 Md€ en 2020 (- 26,2 % en euros constants), tirée à la fois par le recul de la consommation et par la baisse des prix des produits pétroliers (cf. 1.2).

Le coût des importations nettes (des exportations) de pétrole brut et de produits raffinés est de 18,3 Md€ en 2020 (figure 4.2.1.2). Ce montant baisse de 41,5 % par rapport à 2019, en raison de la chute de la demande intérieure et des cours du pétrole brut, et atteint ainsi son plus bas niveau de la décennie. Il représente 28 % de la dépense (taxes incluses) en 2020, contre près de la moitié au début des années 2010. La dépense servant à rémunérer des activités (de production, raffinage et transport-distribution) réalisées sur le sol national s’élève à 13,8 Md€ (à l’écart statistique près), soit 21 % du total, en diminution de 16,7 % par rapport à l’année précédente. La part restante de la dépense (51 %) correspond à la fiscalité. Celle-ci inclut la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE), la taxe incitative relative à l’incorporation de biocarburants (Tirib), la redevance affectée au stockage des produits pétroliers (CPSSP) ainsi que, dans les DROM, la taxe spéciale de consommation (TSC, qui remplace la TICPE) et l’octroi de mer. La fiscalité sur les produits pétroliers comprend également la TVA, qui s’applique au prix comprenant les autres taxations. La TICPE, qui compte pour la plus grande partie des taxes, a procuré 26,7 Md€ de recettes (nette des remboursements) en 2020. Ce montant recule fortement (- 15,8 %) par rapport à 2019, en lien avec la baisse de la consommation de carburants. Les montants perçus de TICPE avaient à l’inverse fortement augmenté entre 2014 et 2018 (+ 25,4 %), du fait de l’introduction et de la montée en charge de la composante carbone, désormais gelée à son niveau de 2018. La TSC a rapporté 0,4 Md€ en 2020. La TVA sur les produits pétroliers (hors part déductible pour les entreprises) s’élève à 6,6 Md€ en 2020, en baisse de 27,1 %.

Figure 4.2.1.1 : consommation totale de produits pétroliers raffinés (hors biocarburants) par secteur et dépense totale associée

Note : le secteur des transports n’inclut pas les soutes maritimes et aériennes internationales.
Champ : France entière (y compris DROM).
Source : calculs SDES

Figure 4.2.1.2 : décomposition de la dépense totale

Note : les soutes maritimes et aériennes internationales sont déduites des importations nettes, qui intègrent aussi les variations de stocks. Les marges comprennent celles de raffinage et celles de transport-distribution.
Source : calculs SDES

La consommation totale peut se décomposer comme la somme de la consommation à usage de production d’électricité et de chaleur (1,2 Mtep en 2020, dont près des trois quarts dans les DROM), de la consommation finale à usage énergétique (47,6 Mtep hors biocarburants ; 50,5 Mtep biocarburants inclus) et de la consommation finale à usage non énergétique (11,3 Mtep) - (figure 4.2.1.3).

Figure 4.2.1.3 : consommation par usage et par secteur (y compris biocarburants, données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2016

2017

2018

2019

2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

Production d'électricité et de chaleur

1,5

537

1,6

686

1,1

585

1,2

640

1,2

467

Consommation finale à usage énergétique

58,9

69 732

59,1

76 925

57,7

85 176

57,3

84 137

50,5

62 069

Industrie

2,8

1 381

2,6

1 563

2,8

1 902

2,8

1 802

2,7

1 371

Transports*

44,7

59 105

45,0

64 930

44,1

71 826

44,1

71 261

37,3

51 690

dont transports routiers (ménages)

26,2

39 182

26,0

42 556

25,3

46 942

25,4

46 715

21,0

33 337

dont transports routiers (autres)

16,4

18 612

16,9

20 851

16,6

23 068

16,5

22 735

14,8

17 373

dont autres transports

2,1

1 312

2,1

1 522

2,2

1 815

2,2

1 811

1,6

981

Résidentiel

5,2

5 052

5,2

5 614

4,7

5 942

4,4

5 655

4,3

4 715

Tertiaire**

3,0

2 118

3,1

2 514

2,9

2 800

2,9

2 774

2,8

2 172

Agriculture-pêche

3,3

2 076

3,2

2 305

3,3

2 707

3,2

2 644

3,4

2 121

Consommation finale à usage non énergétique

11,9

6 312

12,6

7 520

11,8

8 251

12,0

7 467

11,3

5 741

Industrie

11,6

4 826

12,3

6 171

11,5

6 741

11,7

6 087

11,0

4 437

Pétrochimie

8,6

2 944

9,3

3 987

8,3

4 222

8,7

3 774

8,3

2 474

Construction

2,3

618

2,4

870

2,5

1 151

2,5

1 085

2,3

818

Autres industries

0,6

1 263

0,6

1 315

0,6

1 368

0,5

1 228

0,4

1 146

Autres (dont agriculture, transports)

0,3

1 486

0,3

1 349

0,3

1 510

0,3

1 380

0,3

1 303

* Hors soutes maritimes et aériennes internationales.
** Y compris les armées.
Note : la consommation pour le trafic aérien entre la métropole et les DROM est incluse dans le secteur des transports (autres transports).
Source : calculs SDES

4.2.2 Production d’électricité et de chaleur

La consommation destinée à la production d’électricité et de chaleur ne représente plus que 1,8 % de la consommation totale de produits pétroliers raffinés. Elle diminue modérément en 2020 (- 1,9 % par rapport à 2019), à 1,2 Mtep. En métropole, les centrales au fioul, utilisées en pointe lors des pics de demande en période hivernale, ont progressivement fermé, d’autres énergies se substituant à ce combustible, notamment pour des raisons environnementales : le dernier site fonctionnant encore au fioul-vapeur en France continentale, à Cordemais (Loire-Atlantique), a été fermé en mars 2018. La consommation de fioul dans les réseaux de chaleur est également devenue marginale. Ainsi, la consommation de produits pétroliers pour la production d’électricité et de chaleur a chuté de 37,0 % par rapport à 2012. En revanche, la consommation de fioul pour la production d’électricité reste, jusqu’à présent, élevée en outre-mer.

La facture associée s’établit en 2020 à 0,5 Md€. Elle chute de 27,0 % en euros constants en un an, du fait de la diminution de la consommation, mais surtout de celle des prix, liée à la crise sanitaire.

4.2.3 Consommation finale à usage énergétique

L’usage des transports concentre 59 % de la consommation totale de produits pétroliers (y compris biocarburants) en France, soit 37,3 Mtep en 2020. Cette consommation est en baisse de 15,3 % par rapport à 2019, alors qu’elle était relativement stable depuis 2012. Le transport routier des ménages absorbe la plus grande part de cette consommation (21,0 Mtep en 2020), en diminution de 17,4 % par rapport à 2019. Le transport routier des entreprises connaît une baisse un peu moins forte en 2020 (- 10,2 %), pour atteindre 14,8 Mtep. Les autres modes de transport génèrent des consommations beaucoup plus modestes (1,6 Mtep hors soutes internationales), qui chutent en 2020 (- 30,1 %), principalement du fait de la baisse historique du trafic aérien intérieur. Les transports représentent une part plus importante de la dépense totale en produits pétroliers (76 %) que de leur consommation, car les produits utilisés sont davantage taxés que ceux servant à d’autres usages. La dépense totale dans les transports s’établit ainsi à 51,7 Md€ en 2020, soit 27,5 % de moins qu’en 2019, après une forte hausse entre 2016 et 2018 (+ 21,5 %) sous les effets conjugués de la hausse des prix du pétrole et de l’augmentation de la TICPE, puis une relative stabilité en 2019 (- 0,8 %). Cette forte baisse en 2020 traduit à la fois la baisse des volumes consommés et celle des prix des carburants, qui retrouvent un niveau proche de 2017. Les entreprises contribuent moins à cette dépense qu’à la consommation physique car, outre le fait qu’une partie de la TVA est déductible, certains secteurs d’activités bénéficient d’exonérations fiscales. La dépense de produits pétroliers des entreprises dans les transports est de 17,4 Md€ en 2020 (- 23,6 %), contre 33,3 Md€ pour les ménages (- 28,6 %).

Les consommations du secteur résidentiel (principalement du fioul domestique et, dans une moindre mesure, du GPL) reculent de 1,1 %, à 4,3 Mtep, en 2020. Celles du secteur tertiaire (2,8 Mtep) sont en baisse de 2,6 %. Corrigées des variations climatiques, elles progressent respectivement de 3,7 % et 0,5 %, le climat ayant été exceptionnellement doux en 2020. Cette hausse ne reflète toutefois sans doute pas un recours accru à cette forme d’énergie en déclin tendanciel, mais plutôt des niveaux de remplissage des cuves de fioul plus élevés en fin d’année qu’en début d’année, dans un contexte de prix très bas des produits pétroliers durant une partie importante de l’année 2020. Par rapport à 2012, corrigées des variations climatiques, les consommations résidentielles sont en forte baisse (- 28,6 %), en raison notamment de la diminution du nombre de résidences principales chauffées au fioul. Il en est de même pour le secteur tertiaire (- 18,4 %). Les dépenses respectives de ces secteurs s’élèvent à 4,7 Md€ et 2,2 Md€, en net recul par rapport à 2019 (respectivement - 16,6 % et - 21,7 %), principalement du fait de la forte baisse du prix du fioul domestique.

La consommation de produits pétroliers à usage énergétique dans l’industrie diminue de 3,5 % en 2020, pour s’établir à 2,7 Mtep (dont un tiers pour la construction). Ce repli s’inscrit dans une tendance à la baisse (- 1,6 % par an en moyenne depuis 2012), qui reflète à la fois le recours à d’autres énergies, des gains d’efficacité énergétique et la relative désindustrialisation de l’économie. En 2020, la facture associée baisse de 23,9 %, pour s’établir à 1,4 Md€.

Le secteur de l’agriculture et de la pêche consomme essentiellement du gazole non routier (distingué depuis 2011 du fioul domestique). Sa consommation estimée s’établit à 3,4 Mtep en 2020, un niveau proche de celui atteint en 2012. La dépense du secteur, de 2,1 Md€ en 2020, baisse fortement par rapport à 2019 (- 19,8 %), en raison de la diminution du prix du gazole non routier.

Globalement, la consommation finale à usage énergétique de produits pétroliers, corrigée des variations climatiques, diminue de 11,3 % en 2020. Elle avait reculé de 5,2 % entre 2012 et 2019, soit - 0,8 % par an en moyenne (et de 6,7 %, soit - 1,0 % par an en moyenne, en excluant les biocarburants).

4.2.4 Consommation finale à usage non énergétique

Les usages non énergétiques de produits pétroliers se concentrent essentiellement dans l’industrie pétrochimique de premier niveau, avant d’entrer dans la fabrication de produits synthétiques (matières plastiques, cosmétiques, etc.).

La consommation finale non énergétique de produits pétroliers a diminué en 2020 (- 6,1 %), à 11,3 Mtep, en raison notamment de la baisse de la demande due à la crise sanitaire. Elle atteint ainsi son niveau le plus bas depuis 25 ans.

Environ 2,4 Mtep de bitumes sont consommées chaque année dans le secteur de la construction. Les autres produits correspondent à des lubrifiants, utilisés dans les transports, l’agriculture et l’industrie, ainsi qu’à des quantités limitées de coke de pétrole, à usage industriel.

La facture associée à cette consommation s’élève à 5,7 Md€ en 2020, soit une chute de 23,0 % par rapport à 2019, en euros constants, dans le sillage du recul important des prix. Déjà en baisse sensible en 2019 (- 9,5 %), elle atteint un minimum depuis au moins dix ans.

4.2.5 Consommation par produit

Le gazole routier représente près de la moitié de la consommation de produits pétroliers (y compris biocarburants) en 2020 (45 %), devant le fioul domestique et les autres gazoles (18 %), puis les produits non énergétiques (12 %), les supercarburants (12 %) et le GPL (6 %) - (figures 4.2.5.1 et 4.2.5.2). Les mêmes produits sont aussi les principaux facteurs de dépense, mais le gazole routier est encore plus prédominant qu’en énergie (55 % y compris biodiesel) et l’essence (20 % y compris bioéthanol) devance nettement le fioul domestique (12 %), car la fiscalité sur les carburants est plus lourde que celle sur les autres combustibles.

En 2020, la consommation de gazole routier (- 14,6 %, y compris biodiesel) baisse au même rythme que celle de supercarburants (- 14,2 %, y compris bioéthanol). Cette évolution ne remet toutefois pas en cause le rééquilibrage progressif depuis 2013 du marché des voitures particulières neuves vers les motorisations essence, qui modifie dans ce sens la structure de consommation des carburants routiers depuis 2016. Elle est liée à ce que les entreprises (dont la consommation est quasi exclusivement du gazole) ont été moins affectées que les ménages par la crise sanitaire. La consommation de gazole des seuls ménages baisse ainsi plus fortement (- 18,6 %, y compris biocarburants) que celle de supercarburants (- 14,2 %, y compris bioéthanol).

Figure 4.2.5.1 : consommation de produits pétroliers raffinés par type de produit (hors biocarburants)

* Gaz de pétrole liquéfié (butane, propane), hors GPL carburant.
** Autres : lubrifiants, paraffines et cires, white-spirit et essences spéciales, pétrole lampant, essence aviation, gaz de raffinerie, éthane, autres produits.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES

Figure 4.2.5.2 : consommation par type de produit (y compris biocarburants, données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2016

2017

2018

2019

2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

Gazole routier

35,2

44 128

35,2

48 461

33,9

53 277

33,3

51 709

28,4

37 276

Fioul domestique et autres gazoles

12,6

8 238

12,6

9 546

11,9

10 798

11,4

10 360

11,3

7 950

Supercarburants*

7,7

14 192

8,0

15 522

8,3

17 384

8,9

18 385

7,6

13 933

Jet kérosène

1,7

684

1,8

854

1,9

1 112

1,9

1 077

1,3

401

Gaz de pétrole liquéfié (GPL)

4,3

3 336

4,2

3 696

4,2

3 920

4,6

3 848

3,8

3 148

Fioul lourd

1,3

412

1,2

496

1,0

465

0,9

443

0,8

317

Produits non énergétiques**

7,0

4 657

7,7

5 375

6,9

5 754

7,1

5 354

7,6

4 630

Autres***

2,6

934

2,6

1 181

2,5

1 303

2,4

1 068

2,0

622

Total

72,3

76 581

73,3

85 131

70,6

94 012

70,5

92 243

62,9

68 277

* Y compris essence aviation.
** Naphta, bitumes, lubrifiants.
*** Coke de pétrole, pétrole lampant, autres.
Source : calculs SDES