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Indicateurs clés pour le suivi
de l’économie circulaire
- Édition 2021 avril 2021

Dépenses des ménages consacrées à l’entretien et à la réparation des produits
(hors entretien des véhicules)

Les dépenses des ménages français sont marquées par une consommation toujours plus importante de biens qui consomment des ressources et génèrent des émissions de CO2 pour leur fabrication, leur transport et leur distribution. L’allongement de la durée de vie des produits est un levier mobilisé pour alléger l’impact environnemental de la consommation en optimisant l’utilisation des produits. Privilégier la réparation au renouvellement permet de prolonger leur durée d’usage et donc de limiter leur remplacement, consommateur de ressources. Le suivi des dépenses de consommation par habitant consacrées à l’entretien et à la réparation de leurs biens domestiques permet d’analyser l’évolution des pratiques des ménages dans ce domaine.

Pilier

Allongement de la durée d’usage

Objectif

La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoit un renforcement des obligations des producteurs en matière d’information du consommateur sur les caractéristiques environnementales de leurs produits, au regard d’un grand nombre de critères (durabilité, réparabilité, possibilités de réemploi, recyclabilité, etc.). A été notamment créée l’obligation d’afficher une information simple sur le caractère réparable des équipements électriques et électroniques, sous la forme d’un « indice de réparabilité » dès 2021. À partir de 2024, cet indice de réparabilité sera complété ou remplacé par un « indice de durabilité » incluant de nouveaux critères, tels que la fiabilité et la robustesse du produit. Selon une étude de l’Ademe, 36 % des Français réparent ou font réparer leurs produits quand ils tombent en panne. Le Gouvernement a pour objectif de faire passer ce taux à 60 % d’ici 2025.

Tendance

Depuis 1960, les dépenses des ménages par habitant consacrées aux biens domestiques (hors entretien et réparation des véhicules) ont progressé. La croissance a été plus forte s’agissant de l’acquisition de nouveaux biens (+ 130 %) que des dépenses d’entretien et de réparation (+ 14 %).

Sur la période 1990-2019, la part des dépenses consacrées à l’entretien et à la réparation diminue de 2 points, mais elle reste stable depuis 2010.

Évolution des dépenses de consommation par habitant consacrées à la consommation et à la réparation de biens domestiques, entre 1960 et 2019

Note : consommation effective des ménages par fonction, en volume, aux prix de l’année précédente chaînés en euros 2010.
Source : Insee, comptes nationaux base 2014. Traitements : SDES, 2020

Analyse

En 2019, les ménages ont consacré 107 euros par habitant à la réparation et à l’entretien de leurs biens domestiques, hors véhicules particuliers (les dépenses pour l’entretien et la réparation des véhicules particuliers s’élèvent pour leur part à 529 €/hab.). Ce montant est douze fois moins élevé que les dépenses consacrées à l’acquisition de nouveaux biens pour ces mêmes catégories de produits (1 296 €/hab. en 2019).

Près de 40 % du montant de ces dépenses d’entretien et de réparation - hors véhicules) concernent le matériel audiovisuel, photographique et de traitement de l’information (42 €/hab.). Entre 1990 et 2019, ce montant a doublé. Il s’agit de la seule catégorie de produits où les dépenses de réparation sont en augmentation, principalement en raison de l’essor des technologies de l’information et des communications entre 1990 et 2000. Ces dépenses restent cependant faibles au regard du budget des ménages consacré à l’achat de nouveaux biens pour cette catégorie (186 €/hab. en 2019, soit quatre fois le montant des dépenses de réparation).

Sur la période 1990-2019, la part des dépenses consacrées à l’entretien et à la réparation (hors véhicules) diminue de 2 points (de 10 % à 8 %). Cette part décroît pour toutes les catégories de produits (de - 17 points pour les « Autres biens durables culturels et récréatifs » à - 2 points pour les vêtements, chaussures et meubles).

Toutefois, depuis 2010, la part des dépenses consacrées à l’entretien et à la réparation reste stable ; elle augmente même de 2 points pour le matériel audiovisuel, photographique et de traitement de l’information passant de 16 % à 18 %.

D’après une étude de l’Ademe réalisée en mai 2019, 81 % des Français ont une bonne image de la réparation (+ 7 points par rapport à 2014). Pour 91 %, cela permet de réduire les déchets et pour 87 %, c’est un moyen de faire des économies en temps de crise. Les principaux freins à la réparation mentionnés par les ménages sont le coût (68 %), l’obsolescence programmée (51 %), les craintes sur le professionnalisme (42 %) et la complexité/lourdeur de la réparation (40 %).

Les Repair Cafés

L’entrée des Repair Cafés est ouverte à tous. Le concept est de réparer ensemble, avec l’aide d’experts bénévoles et d’outils et matériel disponibles. Meubles, appareils électriques, vêtements, bicyclettes, vaisselle, jouets et autres peuvent être réparés.

Le premier Repair Café a ouvert ses portes en 2009 à Amsterdam. Aujourd’hui, le mouvement est mondial et le nombre de Repair Cafés ne cesse d’augmenter. Le 2 000e café a ouvert ses portes fin 2019 et entre cette date et début juin 2020, il s’en est créé environ 80.

Les Repair Cafés sont implantés majoritairement dans quatre pays : l’Allemagne (24 %), les Pays-Bas (23 %), la France (16 %) et la Belgique (16 %).

En France, le mouvement est né au printemps 2013. Début 2020, on compte 334 Repair Cafés en France. Le département le mieux pourvu est le Nord avec 27 Repair Cafés, suivi du Maine-et-Loire, de l’Isère et de l’Ille-et-Vilaine avec 18 établissements chacun.

Évolution du nombre de Repair Cafés dans le monde

Année

Nombre

2012

63

2013

200

2014

657

2015

943

2016

1 190

2017

1 426

2018

1 653

2019

2 000

Source : Repaircafe.org, février 2020

Comparaison internationale

Selon l’Eurobaromètre sur les attitudes des Européens envers la gestion des déchets et l’efficacité des ressources, en 2013, 41 % des personnes déclarant ne pas faire d’efforts pour réduire leurs déchets ménagers (soit 7 % des personnes interrogées) estimaient que c’était au producteur de réduire les déchets et non à eux. Arrivaient en deuxième position, la difficulté et le coût pour faire réparer un bien (39 %). Les enquêtés français se situaient légèrement au-dessus de la moyenne européenne (42 %) sur cette question. Cette difficulté était évoquée par 41 % des Allemands interrogés, 50 % des Britanniques et 24 % des Italiens.

Principales raisons pour ne pas essayer de réduire les déchets ménagers

Source : Flash Eurobarometer 388, Attitudes of Europeans towards Waste Management and Resource Efficiency. Traitements : SDES, 2020

Pour en savoir plus

 Ménages & Environnement - les chiffres clés - édition 2017, CGDD/SDES, Datalab, octobre 2017, 68 p.
 Perceptions et pratiques des Français en matière d’autoréparation, Ademe, novembre 2017
 Évolutions du comportement des Français face au développement de l’économie circulaire, Ademe, juin 2014

 Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : Thème > Conditions de vie, société > Consommation et équipement des ménages
 Attitudes of europeans towards Waste management and resource efficiency, Commission européenne, Flash Eurobaromètre, n° 388, décembre 2013
 Site internet des Repair Cafés
 Panorama de l’offre de réparation en France - actualisation 2018, Ademe, novembre 2018
 Les Français et la réparation - Faits et chiffres, infographie Ademe, juin 2020