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Indicateurs clés pour le suivi
de l’économie circulaire
- Édition 2021 avril 2021

Gaspillage alimentaire

Le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire de mai 2013 définit le gaspillage alimentaire comme étant « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée ou dégradée ». Cette pratique, signe d’une économie linéaire, constitue une perte de ressources directe et indirecte (matières premières, eau, énergie). Cet indicateur fait partie des cibles relatives aux objectifs de développement durable 2030 définies par l’ONU.

Pilier

Consommation responsable

Objectif

Afin de lutter contre ces pertes tout au long de la chaîne alimentaire, la France a adopté en 2013 un premier pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire et s’est fixé l’objectif de diviser par deux le gaspillage alimentaire d’ici à 2025. Ce premier pacte a été reconduit pour la période 2017-2020. La lutte contre le gaspillage alimentaire a également été inscrite comme l’une des quatre grandes priorités du nouveau programme national pour l’alimentation et comme l’un des 13 axes stratégiques du programme national de prévention des déchets 2014-2020. Enfin, la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire fixe comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d’ici 2025 et dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale d’ici 2030. Elle crée également un label « anti-gaspillage alimentaire » visant à valoriser les initiatives vertueuses et à accompagner les objectifs définis. Un décret adopté le 24 décembre 2020 encadre ce dispositif.

Répartition des pertes et gaspillages alimentaires en France au long de la chaîne alimentaire

Source : Ademe, Pertes et gaspillages alimentaires : l’état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire, 2016

Analyse

Selon une étude de 2016, l’Ademe évalue à 10 millions de tonnes (Mt) l’ensemble des pertes et gaspillages alimentaires en France, soit 150 kg par habitant et par an. Cela correspond à 18 % du total des produits alimentaires. Une partie est valorisée en alimentation animale (moins de 2 Mt, soit moins de 20 % des pertes et gaspillages).

La valeur théorique des pertes et gaspillages alimentaires, s’ils étaient valorisés en alimentation humaine, est estimée à 16 milliards d’euros. Toutes les étapes de la chaîne alimentaire (production, transformation, distribution et consommation) sont concernées par les pertes et gaspillages. Les pertes en production représentent 32 % du total, la transformation 21 %, la distribution 13 % et enfin la consommation à domicile et en restauration collective et commerciale 33 %. Sur cette dernière étape, le gaspillage serait quatre fois plus important en restauration collective ou commerciale (restaurants et cantines) qu’au domicile (136 g contre 34 g par repas).

Le gaspillage alimentaire a des impacts très importants sur l’environnement car il s’accompagne d’un gaspillage de ressources, en plus des pollutions liées à la production des aliments qui finissent à la poubelle sans passer par l’assiette. Pour sa production, cette nourriture nécessite des terres cultivées inutilement, auxquelles il faut ajouter une importante consommation d’eau, de carburant, d’engrais et de pesticides, sans oublier toute l’énergie nécessaire à son transport, sa transformation et sa distribution. D’après l’Ademe, l’impact carbone annuel du gaspillage alimentaire est évalué à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3 % de l’ensemble des émissions de l’activité nationale.

De nombreuses actions

La France s’est engagée à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025. Si le dispositif d’observation permettant de suivre l’évolution du gaspillage alimentaire à l’échelle nationale reste encore à construire, de très nombreuses actions sont d’ores et déjà en place et obtiennent des résultats positifs, par exemple :

  • Opération « santé témoin » : expérience auprès de 17 établissements de santé et médico-sociaux qui a permis de réduire le gaspillage alimentaire de 90 tonnes/an dont 2,5 tonnes de pain ;
  • « Maison gourmande et responsable » accompagne 500 Ehpad dans toute la France pendant 2 ans sur les principaux enjeux liés à la restauration ;
  • Appel à projet du ministère de l’Écologie « 1 000 écoles et collèges luttent contre le gaspillage alimentaire » : en Nouvelle-Aquitaine, cette opération a fait baisser de 20 % en moyenne le gaspillage pour les 33 écoles inscrites et de 23 % en moyenne pour les 52 établissements accompagnés de Grenoble-Alpes Métropole.

Comparaison internationale

La lutte contre le gaspillage alimentaire est également un enjeu politique majeur au niveau européen, en particulier dans le cadre du plan d’action de la Commission européenne en faveur de l’économie circulaire, publié le 5 décembre 2015 et de la stratégie « De la ferme à la table » qui vise à établir des objectifs juridiquement contraignants pour réduire le gaspillage alimentaire dans l’ensemble de l’Union européenne d’ici 2023. L’engagement international se traduit également par la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 19 décembre 2019 proclamant le 29 septembre, Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture.

En 2016, une étude estimait les pertes alimentaires dans l’Union européenne en 2012 à 173 kg par habitant. L’origine de ces pertes était très différente de celle estimée par l’Ademe : moindre part de la production (10 % contre 32 %) et poids beaucoup plus élevé des pertes au niveau des ménages (53 % contre 19 % dans l’étude Ademe), du fait notamment de différences de champ et de méthodologie (non prise en compte des pertes à la récolte et des détournements de produits vers la consommation animale ; prise en compte des morceaux non consommables tels que les os, etc.).

Estimation des pertes alimentaires dans l’Union européenne, en 2012

Millions de tonnes

Kg/habitant

Production

9,1

18

Transformation

16,9

33

Distribution

4,6

9

Restauration

10,5

21

Ménages

46,5

92

Total

87,6

173

Source : Estimates of european food waste levels (étude Fusions), 2016

D’ici 2030, la cible 12.3 des objectifs de développement durable (ODD) demande que le volume mondial de déchets alimentaires par habitant soit divisé par deux au niveau de la distribution et de la consommation et que les pertes de produits alimentaires soient réduites tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récolte.

Une estimation du gaspillage, réalisée pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2011, évaluait à environ un tiers la part comestible des aliments destinés à la consommation humaine produits dans le monde qui était perdue ou gaspillée chaque année.

Selon le rapport de la FAO publié en 2013, l’empreinte carbone annuelle du gaspillage alimentaire est estimée à 3,3 milliards d’équivalent CO2, soit 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. La nourriture produite non consommée occuperait 1,4 milliard d’hectares de terres, soit près de 30 % des terres agricoles mondiales et 250 km3 d’eau seraient utilisés pour produire de la nourriture gaspillée.

La FAO et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) mesurent les progrès dans la réalisation de la cible 12.3 des ODD à travers deux indices distincts : l’indice des pertes alimentaires (pertes après récolte et avant la vente au détail), piloté par la FAO et l’indice du gaspillage alimentaire (vente au détail et consommation), piloté par le PNUE. Les premières estimations établies par la FAO en 2019 pour les pertes alimentaires indiquent que 14 % environ des aliments produits dans le monde seraient perdus, du stade de la production à celui qui précède la vente au détail. Les estimations nécessaires à l’indice du gaspillage alimentaire sont en cours d’élaboration par le PNUE.

Pour en savoir plus

 Portail de l’information environnementale notre-environnement : le gaspillage alimentaire
 Pertes et gaspillages alimentaires, l’état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire, Ademe, mai 2016, 165 p.
 Campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés en France, Ademe, mars 2019, 8 p.
 Estimates of European food waste levels, mars 2016 (estimation du gaspillage alimentaire au niveau européen)
 Pertes et gaspillages alimentaires dans le monde - Ampleur, causes et prévention, FAO, 2012, 41 p.
 Food wastage footprint : impacts on natural resources, FAO, 2013, 63 p.