L’analyse combinée de ces deux ensembles de données permet de dresser le panorama des rénovations énergétiques en France le plus complet à ce jour.
Résumé
Ce rapport vise à présenter l’état actuel de la connaissance. Il se compose de deux dossiers, offrant des éclairages complémentaires à partir de deux types de sources :
- L’enquête sur les travaux de rénovation énergétique dans les maisons individuelles (Tremi) 2020, copilotée par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et le service des données et études statistiques (SDES), qui interroge des ménages résidant en maison individuelle sur les travaux qu’ils ont réalisés entre 2017 et 2019.
- Les données relatives aux principales aides à la rénovation sur la période de 2016 à 2019, et, plus particulièrement, le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE) ainsi que les aides Habiter mieux (HM) de l’Agence nationale pour l’habitat (Anah). Ces données ont été appariées entre elles pour identifier le nombre de logements ayant bénéficié d’au moins une aide (plusieurs aides pouvant être perçues pour le même geste de travaux) et estimer les économies d’énergie associées à ces gestes aidés.
L’analyse combinée de ces deux ensembles de données permet de dresser le panorama des rénovations énergétiques en France le plus complet à ce jour, bien qu’il ne soit pas encore exhaustif du fait notamment de l’exclusion des rénovations en habitat collectif et n’ayant bénéficié d’aucune des aides précédemment mentionnées.
Schéma : la rénovation énergétique des logements
Note : certains logements peuvent faire l'objet de travaux aidés et de travaux non aidés. La différence entre les économies d'énergie déduites de l'enquête Tremi et celles estimées à partir des aides correspond à celles générés par les travaux non aidés. Une partie a cependant pu être réalisée dans les 1,6 million de maisons individuelles aidées.
Champ : France métropolitaine.
Sources : enquête Tremi 2020 (Ademe, SDES) ; fichiers d’aides à la rénovation (DGFip, Anah, DGEC), calculs SDES
Les principaux enseignements tirés des analyses conduites sont les suivants :
- Des rénovations sont réalisées dans de nombreux logements et aboutissent souvent, mais pas systématiquement, à une amélioration de leurs performances thermiques
L’enquête Tremi couvre l’ensemble des travaux susceptibles d’améliorer la performance énergétique du logement, en touchant l’enveloppe du bâti ou les systèmes de chauffage, l’eau chaude sanitaire, la ventilation ou la climatisation. On dénombre ainsi 3,1 millions de maisons individuelles ayant fait l’objet d’une rénovation « potentiellement » énergétique en 2019 en France métropolitaine, soit 19 % du parc de maisons individuelles. Une modélisation des performances thermiques avant et après travaux permet d’estimer que, parmi ces rénovations de maisons individuelles, 2,3 millions ont effectivement conduit à une réduction de la consommation d’énergie finale conventionnelle. L’écart entre ces deux nombres met en évidence que beaucoup de travaux négligent l’amélioration des performances thermiques (voire conduisent à une augmentation de la consommation comme la première installation d’un climatiseur par exemple).
L’analyse des données relatives aux aides à la rénovation sur la période 2016-2019 permet de comptabiliser les rénovations énergétiques en restreignant leur champ à celles ayant bénéficié d’une aide publique : 2,4 millions de logements au total (8 % du parc), dont 1,6 million de maisons individuelles (9,8 % du parc), ont ainsi fait l’objet d’une rénovation aidée en 2019.
- La rénovation énergétique concerne principalement les maisons individuelles et les propriétaires occupants
Si l’enquête Tremi ne concerne que les maisons individuelles, l’analyse des aides à la rénovation sur la période 2016-2019 montre que, à l’exception des CEE ciblant de l’habitat collectif en location (22 % des logements rénovés bénéficiant de CEE, contre 14 % pour l’ensemble des aides), la grande majorité des logements rénovés grâce aux aides sont des maisons individuelles occupées par leur propriétaire (65 % des logements rénovés bénéficiant d’une aide). Par ailleurs, l’analyse des résultats de l’enquête Tremi montre que les travaux sont un peu plus fréquents que la moyenne dans les grands logements, dans ceux construits avant 2000, dans ceux occupés par des ménages aisés et surtout dans ceux ayant fait l’objet d’un emménagement récent.
- Les différents dispositifs d’aides ciblent des catégories de ménages contrastées en matière de niveau de vie
Si le dispositif « Habiter mieux » est, du fait de ses critères d’éligibilité, concentré sur les ménages modestes, le CITE profite davantage aux ménages aisés tandis que les CEE présentent un profil de bénéficiaires assez équilibré. La montée en puissance du dispositif des CEE sur la période 2016 à 2019 conduit à un rééquilibrage en faveur des ménages les plus modestes (37 % des ménages ayant réalisé une rénovation aidée font partie des quatre premiers déciles en 2019, contre 32 % en 2016), même s’ils réalisent toujours en proportion moins de gestes que le reste de la population.
- Les rénovations énergétiques réduisent de manière significative la consommation d’énergie conventionnelle des logements
Selon l’enquête Tremi, les travaux réalisés en 2019 par les ménages habitant en maison individuelle auraient ainsi conduit à des économies conventionnelles d’énergie finale de 8,1 TWh/an. Cela représente 2,5 % de la consommation conventionnelle d’énergie finale de l’ensemble du parc de maisons individuelles. La contribution estimée des rénovations aidées à la réduction de la consommation conventionnelle totale des résidences principales en 2019 en France métropolitaine est, elle, de 1,8 %.
- Les travaux de rénovation effectués sont très divers et ne permettent pas tous les mêmes économies
Parmi les 2,3 millions de rénovations ayant engendré des gains énergétiques dans les maisons individuelles en 2019, les systèmes de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire constituent presque la moitié des économies d’énergie (49 %), tandis que les rénovations des parois opaques (toitures, murs, planchers) totalisent 38 % des économies d’énergie et celles des parois vitrées et ouvertures 5 %.
Sur le champ des rénovations aidées, la tendance entre 2016 et 2019 est à la hausse des changements de système de chauffage ou d’eau chaude sanitaire (47 % des économies d’énergie en 2016, contre 57 % en 2019) et surtout des travaux sur les parois opaques (34 % en 2016, 39 % en 2019).
- La proportion de rénovations bénéficiant d’aides est variable suivant les postes
C’est le cas d’une grande majorité de changements de systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire mais d’une très faible part des rénovations portant sur la ventilation. Certaines réfections peuvent améliorer, même légèrement, la performance énergétique sans pour autant satisfaire aux critères techniques d’éligibilité aux aides. En outre, un nombre important de travaux sont réalisés directement par les particuliers sans faire appel à un professionnel (particulièrement concernant les murs).
- Les travaux portant sur les systèmes de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire apparaissent globalement les plus efficaces
avec une économie d’énergie moyenne par logement deux à trois fois plus élevée que ceux portant sur les parois opaques et six à huit fois plus élevée que ceux sur les ouvertures. L’installation d’une pompe à chaleur apporte en particulier des gains très élevés dans la majorité des cas. Parmi les gestes portant sur l’enveloppe du bâti, l’isolation des murs, par l’intérieur ou l’extérieur, présente la plus grande efficacité en moyenne. Bien qu’assez peu fréquemment aidés, les travaux relatifs à la ventilation génèrent souvent des gains significatifs.
- La plupart des ménages ayant rénové sont satisfaits des travaux mais estiment que d’autres sont encore nécessaires
Les ménages confient majoritairement la réalisation des travaux à des professionnels, dont ils se déclarent globalement satisfaits. Les rénovations les plus importantes sont souvent liées à l’achat et à l’emménagement dans un nouveau logement, tandis que celles de moindre ampleur sont plus fréquemment provoquées par la nécessité de remplacer un équipement défectueux. La plupart des ménages ayant rénové estiment avoir encore des travaux à réaliser mais sont souvent freinés par leur situation financière.
Données
Les données à télécharger concernent :
- les données sur les rénovations énergétiques aidées du secteur résidentiel entre 2016 et 2019 (données mises à jour en mars 2022)
- les résultats nationaux de l'enquête Tremi 2020
- les résultats régionaux de l'enquête Tremi 2020
- les données individuelles de l'enquête Tremi 2020
- le dictionnaire des variables de l'enquête Tremi 2020
- la note méthodologique d'accompagnement de l'enquête Tremi 2020