Elle est estimée à 12,5 tonnes par habitant en France en 2020, en-dessous de la moyenne européenne (13,7 t/hab). Entre 2008 et 2020, elle a diminué de 11 %.
Concept
La consommation de matières n’intègre pas l’ensemble des matières mobilisées pour la fabrication des biens importés, en particulier l’énergie utilisée pour les fabriquer et les transporter jusqu’à la frontière. Des travaux récents d’organismes internationaux, basés sur la consommation de matières en termes d’équivalent matières premières, permettent de prendre en compte la masse de l’ensemble des matières premières utilisées durant les processus de production et de transport pour répondre à la demande intérieure finale d’un pays.
L’empreinte matières comptabilise ainsi l’ensemble des matières premières mobilisées pour satisfaire la consommation finale d’un pays, y compris les flux indirects (matières premières utilisées lors de la production à l’étranger, lors du transport, etc.), ce qui distingue cet indicateur de la consommation intérieure apparente. La prise en compte de ces flux indirects contribue à affiner la connaissance des besoins en matière d’un pays.
L’empreinte matières est ainsi calculée comme la somme de l’extraction domestique et des importations exprimées en équivalent matière première (RME, Raw Material Equivalent), diminuée des exportations exprimées en équivalent matières premières. La France utilise l’outil développé et mis à disposition par Eurostat (RME tool), qui exploite notamment des moyennes européennes pour les métaux, le recyclage, les prix, ainsi que le bouquet énergétique.
Une empreinte supérieure de 21% à la consommation intérieure de matières
En 2020, la France a extrait sur son territoire 575 millions de tonnes (Mt) de matières, soit 8,5 tonnes par habitant (t/hab).
Cette extraction intérieure est majoritairement composée de minéraux non métalliques (près de 60 %) et de biomasse (près de 40 %). L’extraction intérieure de matières, augmentée des importations (majoritairement des ressources énergétiques fossiles et des minerais métalliques) et diminuée des exportations (notamment des produits agricoles) constitue la consommation intérieure apparente de matières de la France (Domestic Material Consumption, DMC). Celle-ci s’élève à 693 Mt en 2020, année particulière en raison de la crise sanitaire, soit une baisse de 10 % par rapport à 2019.
La prise en compte des flux indirects de matières dans l’empreinte matières de la France conduit à augmenter fortement le chiffrage des flux apparents tels que calculés dans la consommation apparente (DMC, Domestic Material Consumption). Contribuent notamment à cette hausse, la prise en compte des importations de combustibles fossiles et de minerais métalliques.
Une fois pris en compte l’ensemble des matières mobilisées pour la fabrication et le transport des biens importés et exportés, les flux extérieurs pèsent de 2,6 à 3 fois plus que leurs tonnages douaniers, ce qui alourdit la consommation en équivalent matières premières. La consommation intérieure de matières en équivalent matières premières, aussi appelée empreinte matières ou RMC ou Raw Material Consumption, atteint ainsi 843 Mt en 2020 (12,5 t/hab), après 915 Mt en 2019. Cette empreinte est supérieure de 21% à la consommation intérieure apparente (10,3 t/hab) et de 47 % par rapport à l’extraction intérieure.
Dans la plupart des pays européens, à l’exception des Pays-Bas et de l’Irlande, l’empreinte matières est supérieure à la consommation apparente de matières, ces pays important davantage de matières premières qu’ils n’en exportent.
Comparaison européenne de l’empreinte matières et de la consommation intérieure des pays en 2020
En tonne par habitant
Source : Eurostat. Traitement, SDES, 2023.
12,5 t/hab en 2020
Stable autour de 12 t/hab au début des années 2010, la consommation intérieure de matières diminue légèrement pour s’établir aux alentours de 11,6 t/hab. entre 2017 et 2019 avant de chuter à 10,3 t/hab en 2020 en raison du ralentissement de l’économie suite au Covid-19.
S’agissant de l’empreinte matières, celle-ci fluctue autour de 14 t/hab au long de la décennie 2010, avant de chuter à 12,4 t/hab dans le contexte de la crise sanitaire.
Évolution de la consommation intérieure et de l’empreinte matières en équivalent matières premières (RMC) par principales catégories en France
Sources : SDES ; Douanes ; Eurostat. Traitement : SDES, 2023.
Comparaison internationale
L’UNEP-IRP (United Nations Environment Programme - International Resource Panel), groupe international d’experts sur les ressources du programme pour l’environnement de l’Organisation des Nations unies) calcule également des empreintes matières par pays pour l’ensemble des pays du monde.
Sa méthodologie diffère légèrement de celle d’Eurostat et les valeurs obtenues sont donc différentes (17,1 t/hab pour la France en 2019 contre 13,8 t/hab selon Eurostat). Ces estimations présentent toutefois l’intérêt de positionner la France par rapport aux pays non européens.
Comparaison internationale de l’empreinte matières et de la consommation intérieure des pays en 2019
En tonne par habitant
Notes : les calculs de l’UNEP ne donnent pas les mêmes résultats qu’Eurostat pour la DMC et l’empreinte matières des pays européens.
Source : United Nations Environment Programme, International Resource Panel, Global Material Flows Database, 2023. Traitement : SDES, 2023.
En 2019, selon l’UNEP-IRP, la moyenne mondiale (12,5 tonnes par habitant) de l’empreinte matières est inférieure de moitié à celle des pays développés.
Si l’Inde atteint 5,2 t/hab et la Russie 9,5 t/hab, la Chine dépasse 20 t/hab quand les USA ont une empreinte de 29,7 t/hab et l’Australie 46,8 t/hab. La France avec une valeur de 17,1 t/hab se situe 37 % au-dessus de la moyenne mondiale.
Si les pays industrialisés tendent à présenter un certain découplage entre croissance et mobilisation de matières, les pays en voie de développement et les BRICS voient leur empreinte matières fortement augmenter en raison de leur rattrapage de niveau de vie et/ou de leur démographie.
L’extraction mondiale a plus que triplé depuis 1970 et continue de s’accroître. Selon les experts, si les tendances passées se poursuivaient, en 2050, l’empreinte moyenne mondiale atteindrait près de 20 t/hab, soit le double du niveau actuel.
Données
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