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Les matières mobilisées par l’économie française en 2020

Environnement
Publié le 13/11/2023
La demande de biens et services sur le territoire national impose d’extraire des matières premières du territoire et d’importer des matières premières ainsi que des biens manufacturés. Ces flux, desquels sont déduits les exportations, constituent la consommation intérieure de matières.
En 2020, année particulière liée à la crise sanitaire, la consommation intérieure apparente de matières s’élève à 693 millions de tonnes, en baisse de 10 % par rapport à 2019. Plus de 50 % de cette consommation est composée de matériaux de construction (graviers et sables, granulats) nécessaires à la réalisation des infrastructures de transport et des bâtiments. Stable autour de 12 tonnes par habitant au début de la décennie 2010, la consommation intérieure de matières baisse légèrement pour s’établir à 11,6 t/hab entre 2017 et 2019. En 2020, elle chute à 10,3 t/hab en raison du ralentissement exceptionnel de l’économie suite au Covid-19. En 2020, la moyenne européenne est de 13,4 t/hab.

Près de 700 Mt de matières consommées

La consommation intérieure apparente de matières de la France (Domestic Material Consumption, DMC) est constituée de l’extraction intérieure de matières, augmentée des importations (majoritairement des ressources énergétiques fossiles et des minerais métalliques) et diminuée des exportations (notamment des produits agricoles).

En 2020, elle s’élève à 693 millions de tonnes (Mt). Plus de 50 % de cette consommation est constituée de matériaux de construction (graviers et sables, granulats) nécessaires à la réalisation des infrastructures de transport et des bâtiments. Avec la crise sanitaire de 2020, et notamment la forte réduction de l’activité du BTP, la consommation intérieure de matières est inférieure de 10 % à son niveau de 2019 (773 Mt).

Sur plus longue période, la consommation intérieure de matières connaît une inflexion nette après la récession de 2008 : proche de 900 Mt au début de la décennie 2000 (908 millions de tonnes en 2007 à son point le plus haut) dans un contexte de fort dynamisme du secteur de la construction, elle fluctue autour de 770 Mt depuis 2009, avec le retour à un rythme de croissance plus modéré du BTP après la crise de 2008.

 

Consommation intérieure de matières, extraction intérieure, importations et exportations de matières en France
En million de tonnes

© SDES

Sources : SSP, Agreste ; douanes françaises ; Insee. Traitement : SDES, 2023.

Pour moitié des minéraux non métalliques et un tiers de biomasse

Parmi les matières consommées, certaines sont renouvelables comme la biomasse (produits issus de l’agriculture et de la pêche ainsi que le bois) alors que d’autres ne le sont pas comme les minerais (métalliques ou non) et les combustibles fossiles (l’eau n’étant pas comptabilisée).

Les minéraux non métalliques, utilisés principalement dans la construction, constituent près de la moitié des matières consommées en France (52 %). Près d’un tiers de la consommation de matières est constitué par la biomasse. Les combustibles fossiles (dont 2/3 de produits pétroliers) représentent 15 % du total.

 

Évolution de la composition de la consommation intérieure apparente de matières
En million de tonnes

© SDES

 Sources : SSP, Agreste ; Douanes françaises ; Eurostat. Traitement : SDES, 2023.

Les matières extraites du territoire français

L’extraction intérieure apparente correspond aux matières extraites ou produites sur le territoire français et utilisées par l’économie. Elle s’établit à 575 Mt en 2020 (l’eau n’étant pas comptabilisée).

L’extraction de minéraux non métalliques (industriels ou utilisés principalement dans la construction : graviers, sables, ardoises, grès, granit...) constitue à elle seule 343 Mt en 2020, soit près de 60 % de l’extraction intérieure, et 5,1 tonnes par habitant. Les minéraux extraits sont principalement utilisés dans la construction et composés en grande partie des graviers et sables. En comparaison, l’extraction de minerais métalliques (fer, or, aluminium, uranium...) est peu élevée (près de 0,2 Mt).

Avec 206 Mt, soit 3,0 t/hab, extraites en 2020, la biomasse provenant de l’agriculture et de la pêche (blé, canne à sucre, fruits, fourrage, paille…) et destinée à une utilisation humaine (consommation, semences, usages industriels, transformation) ou animale (alimentation, litière), constitue le deuxième flux de matières extraites du territoire (36 %). Elle varie entre 200 Mt et 250 Mt selon les années, en lien notamment avec les conditions météorologiques. La production de bois (grumes, bois de trituration…) est, pour sa part, stable autour d’une moyenne de 25 à 26 Mt par an, à l’exception de l’année 2000 suite à la tempête de décembre 1999.

La production de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel), déjà faible au début des années 1970, est aujourd’hui quasi nulle du fait de l’arrêt de l’extraction du charbon, pour des raisons de coût (Lorraine, Nord, etc.) et de la fin d’exploitation des gisements de gaz. Les besoins relatifs à ces matières énergétiques sont comblés par des importations très importantes (pétrole, gaz). L’extraction de minerais métalliques est également quasi nulle.

Ces extractions de matières peuvent s’accompagner d’impacts défavorables sur l’environnement, comme le déboisement, la perte de sol arable et d’habitats écologiques, la pollution des eaux, l’atteinte à la survie d’espèces endémiques, etc.

Les volumes comptabilisés ici sont ceux directement utilisés pour satisfaire la demande intérieure. L’extraction de ces matières premières suppose toutefois souvent la mobilisation ou le déplacement d’autres matières non valorisées économiquement, appelées « extraction intérieure inutilisée » (résidus de récoltes laissés sur place, terres déplacées lors de constructions, matière inutilisée issue de l’extraction et de l’exploitation minière, etc). Ces extractions de matières non valorisées peuvent, comme les précédentes, s’accompagner d’impacts néfastes sur l’environnement.


Évolution des matières extraites du territoire français
En million de tonnes

© SDES

Sources : SSP, Agreste ; SDES. Traitement : SDES, 2023

Les matières importées : 50 % de combustibles fossiles et dérivés

Les matières importées en France sont comptabilisées sous toutes leurs formes, qu’il s’agisse de matières brutes (pétrole, céréales, coton brut, minerai de cuivre, fruits, liège naturel, etc.), de produits semi-finis (pré-alliages de cuivre, de zinc, gasoil, mélange bitumineux, bois scié, copeaux de bois, etc.) ou de produits finis (équipements de transport, marchandises en verre, préparations alimentaires diverses, tissus, jouets, vêtements, instruments de musique, etc.). Ne sont en revanche pas prises en compte les matières premières utilisées pour extraire ou produire ces biens importés (approche « empreinte »).

Les importations ont globalement augmenté de près de 30 % entre 1990 et 2008 pour atteindre 370 Mt, soit 5,8 t/hab en 2008. Après une forte chute en 2009 (- 18 %) du fait de la baisse de l’activité économique, elles sont reparties à la hausse pour se stabiliser autour de 344 Mt depuis 2012. L’année 2020, marquée par la crise sanitaire, se caractérise par une baisse exceptionnelle des importations qui retrouvent leur bas niveau de 2009 (302 Mt soit 4.5 t/hab).

 

Évolution des importations françaises
En million de tonnes

© SDES

Source : Douanes françaises.Traitement : SDES, 2023.

 

Les combustibles fossiles et dérivés représentent près de 50 % des importations (46 % en 2020). Ils comprennent le pétrole, le charbon et le gaz naturel, ainsi que des produits qui en sont majoritairement composés, comme les produits chimiques organiques, les plastiques sous forme primaire ou non, le caoutchouc synthétique. Le pétrole, sous sa forme brute ou raffinée (gasoil et fioul domestique), est la première matière importée, constituant près de 40 % du total des importations.

Les minerais métalliques et produits composés principalement de métal (machines et équipements de transport, dont les voitures, certains articles électroménagers…) totalisent 15 % des importations. Le fer (dont l’acier) constitue 55 % de ce flux.

L’importation de biomasse et produits issus de la biomasse (agriculture, sylviculture et pêche) représente entre 13 % et 18 % des importations selon les années. Fluctuant autour de 52 Mt depuis 1990, elle est 50 % plus élevée que dans les années 1990. Le bois et les produits dérivés, tels que les panneaux de fibres de bois ou encore les bois plaqués et stratifiés plus ou moins composés de bois tropicaux, représentent un peu moins de 15 % des importations de biomasse.

La répartition entre les matières premières, les produits semi-finis et finis dans les importations tend à se modifier. Au cours des trois dernières décennies, la part des matières brutes et semi-finis a diminué. Elle passe de près de 60 % à un peu moins de 50 % de la masse totale des importations (48 % en 2020) pour la première, et de 30 % à 26 % pour la seconde. A contrario, la part des produits finis s’est accrue, représentant aujourd’hui 26 % des importations.

Les matières exportées : 40 % de biomasse d’origine agricole

Comme les importations, les matières exportées de France sont comptabilisées sous toutes leurs formes (matières brutes, produits semi-finis et produits finis). Sur longue période, les matières exportées par la France sont globalement en hausse, si l’on excepte la récession de 2009 et la baisse de 2020 liée à la crise sanitaire.  Au cours de la décennie 2010, les flux de matières exportées se situent légèrement en deçà de 200 Mt, soit un niveau supérieur de 19 % à celui observé dans la première moitié des années 1990. Dans le même temps, les exportations se sont diversifiées en nature. L’année 2020 est marquée par une chute des exportations, dans le contexte de la crise sanitaire, celles-ci passant de 202 Mt en 2019 (3,0 t/hab) à 184 Mt (soit 2,7 t/hab).

La biomasse issue de l’agriculture et de la pêche représente le principal flux de matières et produits exportés (37 % en 2020). C’est la seule catégorie pour laquelle les exportations sont supérieures aux importations (69 Mt contre 44 Mt en 2020). L’exportation de biomasse et produits issus de la biomasse (agriculture, sylviculture et pêche) représente entre 38 % et 44 % des exportations selon les années. Fluctuant autour de 77 Mt depuis 1990, elle est 17 % plus élevée que dans les années 1990. Le bois et les produits dérivés, tels que les panneaux de fibres de bois ou encore les bois plaqués et stratifiés plus ou moins composés de bois tropicaux, représentent un peu moins de 8 % des exportations de biomasse.

Les exportations de combustibles fossiles et des produits qui en dérivent (essentiellement le pétrole raffiné, les matières plastiques et les produits chimiques organiques) représentent autour de 20 % des exportations. Les volumes exportés ont progressé de 60 % entre 1990 et 2019, avant de connaître une forte baisse en 2020 (- 15 %), passant de 40 Mt à 34 Mt.

Les produits finis et semi-finis, qui représentaient environ 55 % de la masse totale des exportations en 1990, en représentent 68 % en 2020 (respectivement 36 % pour les produits finis et 32 % pour les semi-finis).

Au total, les matières exportées en 2020 par la France représentent près de 2,7 t/hab de matières, soit environ 40 % de moins que pour les importations (4,4 t/hab).

 

Évolution des exportations de la France
En million de tonnes

© SDES

Source : Douanes françaises. Traitement : SDES, 2023.

Des objectifs de baisse de consommation de matières

La consommation intérieure apparente de matières (DMC) fait partie des cibles relatives aux Objectifs de développement durable (ODD) 2030 définies par l’ONU.

Rapportée à la population nationale, elle rend compte de l’une des pressions exercées sur l’environnement. La France a pour objectif de diminuer la consommation intérieure de matières par habitant (article 74 de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte). Relativement stable dans les décennies 1990 et 2000, autour de 14 t/hab, la consommation intérieure de matières baisse ensuite fortement après de la récession économique de 2008, dans un contexte de moindre dynamisme du BTP. Elle se stabilise autour de 12 t/hab entre 2009 et 2013 avant de repartir à la baisse pour s’établir aux alentours de 11,6 t/hab entre 2017 et 2019. En 2020, elle chute en raison du ralentissement de l’économie suite au Covid-19 et atteint 10,3 t/hab.

La productivité matières (rapport du PIB sur la consommation de matières) permet, pour sa part, de mesurer la transition de la société vers une organisation plus économe en ressources naturelles. L’article 74 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 fixe comme objectif une hausse de 30 % de la productivité matières de la France sur la période 2010-2030, ce qui revient à produire davantage de valeurs avec moins de matières premières. En 2020, cette productivité atteint 3,1 €/kg et est de 2,2 €/kg à l’échelle européenne. La cible 2030 est de 3,42 €/kg.

Importations et exportations apparentes par catégorie de matières

En tonnes par habitant en 2020 

© SDES
© SDES

 Source : Douanes françaises. Traitement : SDES, 2023.

Auteure : Lise COLARD, SDES

Données

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