Progrès accomplis par la France vers les cinq objectifs de développement durable "Planète" - Synthèse des connaissances en 2022

Environnement
Publié le 29/05/2023
193 États se sont engagés collectivement en 2015 pour définir, suivre et atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030 onusien. Ces objectifs constituent une démarche universelle et transversale. Cinq ODD contribuent à la partie « planète » de cet agenda : l’ODD 6 (eau propre et assainissement), l’ODD 12 (consommation et production responsables), l’ODD 13 (lutte contre les changements climatiques), l’ODD 14 (vie aquatique) et l’ODD 15 (vie terrestre). Parmi eux, les ODD 12 et 13 affichent les progrès les plus importants, compte tenu de l’évolution récente de leurs indicateurs : une majorité progresse favorablement vers les objectifs.

Exemples (1) d’évolution (2) de quelques indicateurs des cinq ODD « Planète »

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1 Ce tableau comprend 15 des 36 indicateurs relatifs aux 5 ODD « Planète » analysés.
2 L’évolution est observée sur une période de 5 ans depuis la dernière valeur disponible. Selon la disponibilité des données, la longueur de la période d’observation peut varier.
3 Le taux de rendement des réseaux d’eau potable est de 80,1 % en 2020 (dernière valeur connue). Elle a progressé de 0,4 point par rapport à 2015.
4 Données provisoires.
5 En prenant en compte les sept gaz à effets de serre suivants : CO2 + CH4 + N2O + HFC + PFC + SF6 + NF3.
6 L’indicateur « Aires terrestres protégées » fournit la proportion du territoire français terrestre bénéficiant d’une protection forte. Cet indicateur ne concerne pas l’ensemble des différents types d’aires protégées, mais uniquement les cœurs de parc national, les réserves naturelles, les réserves biologiques et les sites faisant l’objet d’un arrêté préfectoral de protection de biotope ou de géotope.
Source : Insee, Indicateurs pour le suivi national des objectifs de développement durable, janvier 2023. Traitements : SDES, 2022

Eau propre et assainissement

Depuis la loi sur l’eau de 1992 qui a consacré l’eau « patrimoine commun de la Nation », l’implication de la France dans le domaine de l’eau douce est forte. Cependant, pour répondre à l’ODD 6, des progrès sont nécessaires en amont du cycle de l’eau et de son usage. Les prélèvements en eau diminuent, mais des efforts restent à réaliser pour atteindre les objectifs fixés en 2019 par les Assises de l’eau en vue de réduire les prélèvements de 10 % en 5 ans et 25 % en 15 ans, tous usages confondus. Si le rendement moyen des réseaux d’eau potable et le taux de conformité des dispositifs d’assainissement non collectif progressent entre 2015 et 2020, le taux de conformité des dispositifs d’assainissement collectif diminue. En 2020, en moyenne, 2,3 % des analyses de l’eau du robinet sont non conformes par rapport aux limites de qualité physico-chimiques en matière de pesticides, nitrates, chrome ou bromate.

Consommation et production responsables

L’ODD 12 affiche une situation plus favorable avec quatre indicateurs sur sept qui progressent favorablement. La part des déchets traités augmente, notamment celle des déchets dangereux. La consommation de matières diminue de 0,3 tonne par habitant pour s’établir à 11,5 tonnes en 2019 mais l’empreinte matières reste stable à 13,7 tonnes par habitant. Ces indicateurs restent toutefois très sensibles à l’activité économique (BTP et agriculture notamment), alors que les besoins individuels et collectifs peinent à diminuer. Le défi futur sera par conséquent de faire évoluer les modes de consommation et de tendre vers des biens et des services encore plus durables.

Mesures relatives à la lutte contre le changement climatique

Concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES), l’ODD 13 affiche des progrès significatifs mais qui doivent s’intensifier. En 2019, la France s’est engagée avec la loi énergie et climat à atteindre la neutralité carbone en 2050 en divisant les émissions par un facteur supérieur à six par rapport à 1990. Pour atteindre cet objectif, la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), révisée en 2020, définit la trajectoire cible de baisse. Sur la période 2015-2018, les émissions de GES ont excédé de 3 % le budget défini par la première version de la SNBC (2015). Celles de la période 2019-2021, impactée par la crise sanitaire, sont en revanche inférieures au niveau annuel moyen du budget 2019-2023.


L’empreinte carbone permet d’apprécier plus finement les progrès de la France au regard de la lutte contre les dérèglements climatiques. En tenant compte du contenu en GES des importations, elle permet d’apprécier les pressions globales de la demande intérieure française sur le climat quelle que soit l’origine géographique des produits consommés. Sur la période 2016-2021, l’empreinte carbone, ramenée au nombre d’individus, baisse de 2,5 %, soit de 0,5 % par an. L’empreinte carbone se compose à 48 % des émissions associées aux biens et services importés.

Vie aquatique

Concernant le milieu marin, les politiques visant à préserver les ressources marines continuent de se déployer, mais les défis demeurent. Entre 2017 et 2022, les aires marines protégées couvrent 10,6 % de superficie marine supplémentaire. Fin 2022, trois quarts des façades maritimes et des bassins ultramarins disposent d’un document stratégique. Selon le dernier état des lieux disponible (2018), 51 % des eaux côtières ont un bon ou un très bon état écologique, contre 41 % des eaux de transition. Les 22 masses d’eau de qualité médiocre ou mauvaise sont surtout concentrées dans les baies de Loire-Bretagne (5 masses d’eau) et dans les Antilles (10 masses d’eau). Le milieu marin reste fragile du fait des activités terrestres et des pollutions en mer que cela peut engendrer.

Vie terrestre

Si les surfaces boisées et protégées tendent à progresser, ce n’est pas le cas des systèmes peu anthropisés et des indicateurs relatifs à l’état de la biodiversité. Considérées comme un facteur de perte de biodiversité, les espèces exotiques envahissantes sont de plus en plus nombreuses. Parallèlement, les populations d’oiseaux communs spécialistes diminuent. Ces derniers ont en effet des exigences écologiques plus strictes que les espèces généralistes et leur abondance est ainsi corrélée significativement à l’intensité de la perturbation des habitats. Entre 2016 et 2021, si la population d’oiseaux des milieux agricoles se maintient, celles des milieux forestiers et des milieux bâtis diminuent de plus de 12 % en métropole. Ce phénomène s’explique par la dégradation ou la perte des habitats et par une diminution des populations d’insectes. Ces tendances conduisent à une homogénéisation des communautés d’oiseaux et à un appauvrissement des espèces.

Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2022 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2022