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L’empreinte carbone de la France de 1995 à 2022

Changement climatique
Publié le 20/10/2023
En 2022, selon des estimations provisoires, l’empreinte carbone de la France est estimée à 623 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 eq). Après la chute historique des émissions liée à la crise sanitaire, les émissions retrouvent un niveau équivalent à celui de l’année 2019. Ramenée à l’ensemble de la population, l’empreinte carbone est estimée à 9,2 t CO2 eq par personne. Les émissions associées aux importations représentent plus de la moitié (56 %) de l’empreinte. L’empreinte carbone est composée pour 78 % de CO2, 16 % de CH4 et 5 % de N2O. Par rapport à 1995, l’empreinte carbone de la France a diminué de 7 %. Les émissions intérieures se sont réduites de 33 % tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues de 32 %.

L’empreinte carbone estimée à 9,2 t CO2 eq par habitant en 2022

En 2022, selon des estimations provisoires, l’empreinte carbone est estimée à 623 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 eq). Après la baisse historique des émissions entre 2019 et 2020 (- 9,0 %) liée à la crise sanitaire, l’empreinte repart à la hausse (+ 8 % par rapport à 2021) et retrouve le niveau de l’année 2019.

Les émissions associées aux importations représentent un peu plus de la moitié (56 %) de l’empreinte. Elles proviennent :

  • des biens et services importés et destinés à la demande finale intérieure (164 Mt CO2 eq) ;
  • des matières premières ou des produits semi-finis importés et consommés par l’appareil productif intérieur (184 Mt CO2 eq).

Le reste de l’empreinte carbone (44 % en 2022) est composé d’émissions intérieures :

  • 106 Mt CO2 eq émises directement par les ménages ;
  • 169 Mt CO2 eq associées à la production intérieure de biens et services destinées à la demande finale française hors exportations.

Par rapport à 1995, l’empreinte carbone de la France a diminué de 7 %. Les émissions intérieures ont nettement baissé (- 33 %), tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues de 32 %. Après une progression entre 1995 et le milieu des années 2000, le niveau de l’empreinte amorce une décroissance sur la dernière décennie.

En 2022, l’empreinte carbone par personne est estimée à 9,2 t CO2 eq (estimation provisoire). Compte tenu de l’augmentation de la population, l’évolution de l’empreinte carbone rapportée au nombre d’habitants diminue significativement (- 19 %) entre 1995 (11,3 t CO2 eq/personne) et 2022. Entre 1995 et 2005, l’empreinte carbone par personne s’est maintenue à un niveau d’environ 11 t CO2 eq, avant d’amorcer une décroissance.

En 2019, année pour laquelle le dernier calcul dit « détaillé » est disponible (voir méthodologie), l’empreinte carbone est estimée à 625 Mt CO2 eq, en baisse de 6,8 % par rapport à 1995. En 2019, les émissions associées aux importations représentent 50 % de l’empreinte. Rapportée à la population, l’empreinte carbone par personne est estimée à 9,3 t CO2 eq en 2019.
 

L’empreinte carbone selon l’origine des émissions de 1995 à 2022
En Mt CO2 eq

© SDES

(e) = estimations provisoires.
Note : l’empreinte carbone couvre les trois principaux gaz à effet de serre : le CO2, le CH4 et le N2O ; données non-corrigées du climat.
Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les outre-mer appartenant à l’UE.
Sources : Citepa ; Eurostat ; Insee ; Douanes ; AIE ; Edgar-JRC ; FAO. Traitement : SDES, 202
3.

L’empreinte carbone est constituée à 78 % de CO2

En 2022, comme en 2019, l’empreinte carbone est composée à 78 % de CO2, 16,0 % de CH4 et près de 6 % de N2O.


L’empreinte carbone par type de substance entre 1995 et 2022
En Mt CO2 eq

© SDES

(e) = estimations provisoires.
Note : l’empreinte carbone couvre les trois principaux gaz à effet de serre : le CO2, le CH4 et le N2O ; données non-corrigées du climat.
Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les outre-mer appartenant à l’UE.
Sources : Citepa ; Eurostat ; Insee ; Douanes ; AIE ; Edgar-JRC ; FAO. Traitement : SDES, 2023
.

Les émissions directes des ménages, 18 % de l’empreinte

L’empreinte carbone peut être décomposée en biens et services consommés pour satisfaire la demande finale, et en émissions directes des ménages. Cette décomposition s’appuie sur la nomenclature des activités françaises (NAF) désagrégée en 64 classes de produits (biens et services).

Les gaz à effet de serre sont ici affectés aux biens ou services consommés en tenant compte des émissions de toutes les branches d’activités ayant contribué à la production de ces biens ou services.

12 des 64 classes de produits, représentant 19 % du total de l’empreinte carbone en 2019, ont plus de 90 % de leurs émissions importées.

C’est notamment le cas des produits de l’industrie textile, des produits pharmaceutiques, des produits informatiques et électroniques, des produits en caoutchouc et plastique, des produits métallurgiques, du matériel de transport, des machines et équipements, des produits de la cokéfaction et du raffinage.

Les émissions directes des ménages (consommation de carburants pour les véhicules et chauffage des logements), par nature exclusivement sur le territoire national, représentent quant à elles 18 % de l’empreinte carbone.


Décomposition de l’empreinte carbone en fonction du contenu en GES des biens et services consommés et des émissions directes des ménages en 2019
En kt COeq

© SDES

Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les outre-mer appartenant à l’UE.
Sources : Citepa ; Eurostat ; Insee ; Douanes ; AIE ; Edgar-JRC ; FAO. Traitement : SDES, 2023.

¾ de l’empreinte concernent les déplacements, l’habitat et l’alimentation

Les émissions associées aux biens et services consommés peuvent être affectées à de grands « postes de consommation » afin de mieux identifier l’impact sur le climat de nos modes de vie.

Les déplacements, l’habitat et l’alimentation représentent les trois quarts de l’empreinte carbone (voir La décomposition de l’empreinte carbone de la demande finale de la France par postes de consommation, Document de travail, juillet 2022).


Décomposition de l’empreinte carbone par poste de consommation en 2019
En tonnes de COeq par an et par personne

© SDES

Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les outre-mer appartenant à l’UE.
Sources : Citepa ; Eurostat ; Insee ; Douanes ; AIE ; Edgar-JRC ; FAO. Traitement : SDES, 2023.

Comparaison des estimations d’empreinte carbone

Les modalités de calcul de l’empreinte carbone ne sont ni normées ni standardisées à l’échelle internationale. L’approche développée par le service des données et études statistiques (SDES) est fondée sur une modélisation macro-économique input-output également mobilisée par la plupart des organismes statistiques internationaux.

Les trois principales autres estimations proviennent d’Eurostat (modèle « FIGARO » qui ne porte que sur le CO2), de l’OCDE (modèle « ICIO » couvrant uniquement le COd’origine énergétique) et du modèle « Exiobase » qui porte sur l’ensemble des GES.

 

  • La comparaison des estimations d’empreinte du SDES, d’Eurostat, de l’OCDE et du modèle « Exiobase »
     

    Compte tenu des sources de données et hypothèses propres à chaque modèle, les niveaux d’empreinte ne sont pas identiques selon les estimations. Les comparaisons montrent toutefois une forte similarité des évolutions, tant sur le périmètre des trois GES que pour le COseul.


    Comparaison des estimations d’empreinte de la France : modèle SDES, modèle Exiobase, modèle Icio (OCDE) et modèle Figaro (Eurostat)
    En Mt COeq

    © SDES

    Champ : émissions de CO(COénergétique pour l’OCDE) et émissions des 3 GES (CO2, CH4, N2O).
    Sources : SDES ; Exiobase 3.8. ; Eurostat ; OCDE. Traitements SDES, 2022.


    La hausse tendancielle de la part des émissions importées est également commune aux quatre modélisations.


    Part des importations dans l’empreinte carbone : comparaison entre les différents modèles
    En Mt COeq

    © SDES

    Champ : émissions de CO CH4 et N2O (SDES et Exiobase) ; CO(Eurostat) ; COénergétique (OCDE).
    Sources : SDES ; Eurostat, Exiobase ; OCDE. Traitements SDES, 2023.

 

  • L’empreinte carbone de la demande finale estimée par Eurostat (COuniquement)
     

    L’estimation de l’empreinte COissue du modèle FIGARO d’Eurostat pour la France est un peu supérieure à l’estimation du SDES pour l’année 2019 : 7,6 t CO2/habitant contre 7,3 t CO2/habitant.

    Selon l’estimation d’Eurostat, l’empreinte COde la France est inférieure à la moyenne européenne (8,3 t CO2/habitant) ainsi qu’à celle de certains grands pays développés (États-Unis, Japon, Allemagne notamment). Elle est en revanche supérieure à la moyenne mondiale (4,8 t CO2/habitant).


    Comparaison internationale d’empreintes COen 2019 (Eurostat-FIGARO)
    En t CO(COuniquement)

    © SDES

    Source : Eurostat 2023. Traitements SDES, 2023.

Auteur : Manuel Baude, SDES

Sources et méthodologie

Le calcul de l’empreinte carbone par le service des données et études statistiques (SDES) couvre le CO2, le CH4 et le N2O qui représentent 96 % (en équivalent CO2) des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto. Le champ géographique porte sur la France métropolitaine et l’outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin), soit le « périmètre Kyoto ».

L’empreinte est calculée à partir d’une méthode d’analyse input-output étendue à l’environnement, promue par Eurostat et l’OCDE.

Elle permet d’exprimer un niveau d’émissions en fonction de la demande finale. L’empreinte carbone est calculée pour l’ensemble des composantes de la demande finale intérieure (consommation des ménages, des administrations publiques, des institutions sans but lucratif au service des ménages et la formation brute de capital fixe).

  • Pour les années 1995, 2000, 2005, 2010 à 2019
     

    L’empreinte carbone résulte d’un calcul détaillé fondé sur la combinaison de « Tableaux Entrées Sorties symétriques » (TES symétriques) de la Comptabilité nationale avec des comptes environnementaux d’émissions de GES ventilés par branches d’activités (comptes d’émissions dans l’air - AEA) selon la nomenclature d’activités économiques française (NAF).

    Les émissions de GES associées aux importations résultent du calcul input-output précité appliqué aux données économiques et environnementales de l’UE.

    Les conditions de production des pays exportateurs sont estimées par zone géographique. Le modèle utilisé distingue 19 zones géographiques dans le monde.

    Les émissions de GES des pays hors UE résultent d’un ajustement des intensités en émissions des différentes branches d’activités des différentes zones exportatrices comparées à celles de l’UE (intensité en COdu kWh pour la production d’électricité, intensité en CH4 ou N2O de la valeur ajoutée de l’agriculture, et intensité en CO2, CH4 et N2O du PIB pour les autres branches d’activités – sources AIE, EDGAR-JRC et FAO).

    Pour les activités extractives étrangères, l’intensité en émission des branches est déterminée en se référant aux analyses en cycle de vie. Afin de supprimer un effet prix lié à la volatilité des prix, l’intensité de référence est corrigée des variations du cours du pétrole brut.

    Les statistiques d’importations françaises par branche d’activités et par pays exportateur permettent de ventiler les émissions importées en fonction de leur zone géographique d’origine.

  • Pour les années 2020 à 2022
     

    L’empreinte carbone fait l’objet d’une estimation provisoire en raison de l’indisponibilité des « Tableaux Entrées Sorties » pour les années récentes.

    L’estimation se fonde ainsi sur les évolutions en valeur de la demande finale, des importations et de l’intensité en émissions de la production de la France et l’UE. Les évolutions de la demande et des importations sont ventilées en 64 branches pour 2020 et 2021 et en 38 branches pour 2022.

    Pour 2022, seules sont disponibles des estimations agrégées relatives aux intensités d’émission pour la France ; pour l’UE, ce sont les données relatives aux intensités d’émission de l’année 2020 qui sont appliquées. Pour ces estimations, la structure de l’appareil productif national et celle des pays exportateurs (coefficients techniques des branches d’activités) sont ajustées depuis le tableau entrées-sorties disponible (2019) afin de tenir compte de l’évolution des prix des combustibles fossiles.

    Les estimations d’empreinte reposant sur des estimations provisoires peuvent donner lieu à des révisions sensibles lorsque les données détaillées deviennent disponibles.

Données

Consulter les données détaillées sur le calcul de l'empreinte carbone.

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