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Émissions de gaz à effet de serre et empreinte carbone en 2022 - Synthèses des connaissances en 2023

Environnement
Publié le 30/11/2023
Dans le cadre des négociations sur le climat, les parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques se sont accordées sur la nécessité de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre (GES). L’Union européenne s’est ainsi fixée en 2021 un objectif de réduction des émissions de GES de 55 % entre 1990 et 2030 dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe (Green deal et fit for 55). La France s’est dotée d’une stratégie nationale bas-carbone et de budgets carbone, en cours de révision, afin de mettre en œuvre la transition vers une économie sobre en GES et atteindre la neutralité carbone en 2050.

Les émissions de GES en France et dans le monde

Malgré l’adoption de l’Accord de Paris en 2015 visant à contenir la hausse des températures nettement en deçà de 2 °C d’ici 2100 par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts en vue de limiter cette augmentation à 1,5 °C, la concentration atmosphérique en CO2 s’accroît d’année en année, y compris en 2020, pour atteindre 417 parties par millions (ppm) en 2022. Le seuil moyen pour ne pas dépasser les 2 °C de réchauffement se situe à 450 ppm.

En 2022, les émissions mondiales de GES se sont établies au niveau record de 53,8 gigatonnes (Gt) équivalent CO2. En 2020, en lien avec la crise sanitaire, les émissions mondiales diminuaient de 3,7 %, interrompant une tendance à la hausse continue depuis 10 ans. Depuis les émissions de GES ont augmenté pour désormais dépasser les niveaux enregistrés en 2019 avant la crise sanitaire. 71 % des émissions proviennent de la combustion d’énergie fossile (pétrole, gaz et charbon). Depuis 1990 les émissions ont progressé de 62 %. Compte tenu des émissions passées, et quels que soient les scénarios d’émissions à venir, les températures continueront d’augmenter jusqu’au milieu du siècle et le réchauffement de + 1,5 °C et de + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle sera vraisemblablement atteint au cours du XXIe siècle. Même si la totalité des engagements actuels, pris par les États dans le cadre de l’Accord de Paris, étaient mis en œuvre, la température mondiale moyenne en 2100 risque d’être comprise entre + 2,4 °C et + 2,8 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

En 2022, les émissions totales françaises de GES sont estimées à 404 millions de tonnes équivalentes CO2 (Mt CO2 éq), hors utilisation et changement d’affectation des terres et foresterie – UTCATF, contre 415 Mt CO2 éq en 2021.
Les émissions ont diminué de 3 % par rapport à 2021 et restent en deçà du niveau constaté en 2019 (- 6 %) avant la crise sanitaire liée à l’épidémie de covid-19. Entre 2019 et 2020 les émissions de GES ont connu une chute historique de 9 % suivie d’une hausse de 6 % entre 2020 et 2021. En 2022, les émissions nationales hors UTCATF, sont inférieures au budget fixé par la Stratégie nationale bas carbone (422 Mt CO2 éq / an en moyenne pour la période 2019-2023) mais dépassent ce dernier en tenant compte des émissions et du stockage du secteur de l’UTCATF (387 Mt CO2 éq d’émissions nationales, y compris UTCATF, pour un budget fixé à 383 Mt CO2 éq.). Depuis 2020, l’estimation de la capacité d’absorption des GES par le secteur de l’UTCATF (forêts en particulier) a quasiment été divisée par deux par rapport à la décennie 2010-2019 (- 46 %). Les transports demeurent la plus importante source de GES (32 % des émissions totales). Le secteur agricole, principal émetteur de méthane (CH4) avec l’élevage et de protoxyde d’azote (N2O) avec l’utilisation d’engrais, est responsable de 19 % des émissions totales de GES. La contribution des autres secteurs est de 18 % pour l’industrie manufacturière, de 16 % pour le secteur du résidentiel/tertiaire, de 11 % pour la production d’énergie et de 4 % pour le traitement des déchets.

Sur la période 1990-2022, les émissions de GES hors UTCATF sur le territoire national ont baissé de 25 %. Cette diminution résulte de la réduction des émissions dans l‘industrie. Elles ont quasiment été divisées par 2 depuis 1990 : - 43 % pour l’industrie de l’énergie et - 48 % pour l’industrie manufacturière. Le secteur résidentiel/tertiaire a également sensiblement réduit ses émissions depuis 1990 (- 31 %). L’agriculture baisse également ses émissions de 13 % sur cette même période. Seul le secteur des transports a vu ses émissions progresser depuis 1990 (+ 5 %). La diminution globale des émissions s’est accompagnée d’une réduction de la quantité de GES émise par unité de valeur ajoutée (- 50,7 % entre 1990 et 2021).

 

Évolution des émissions de gaz à effet de serre en France et objectifs de réduction
En millions de tonnes CO2 équivalent

© SDES

(e) = estimations provisoires.
Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les Outre-mer appartenant à l’UE.
Source : Citepa, inventaires des GES au format Secten, avril 2023

L’empreinte carbone de la France

Dans une économie mondialisée, il est important de tenir compte des émissions liées à l’ensemble des biens et des services consommés, y compris lorsque ces biens et services ont été produits à l’extérieur du territoire national. En agrégeant les émissions directes des ménages (logements, voitures), celles de la production intérieure (hors exportations) et celles associées aux produits importés, l’empreinte carbone permet d’élargir le suivi des émissions de GES au contenu carbone des échanges extérieurs.


En 2022, selon des estimations provisoires, l’empreinte carbone (CO2, CH4 et N2O) de la France est estimée à 623 Mt CO2 éq. Après une baisse historique des émissions entre 2019 et 2020 (- 9 %) liée à la crise sanitaire, puis une légère hausse entre 2020 et 2021, l’empreinte carbone augmente de 8 % entre 2021 et 2022. L’empreinte carbone retrouve en 2022 un niveau comparable à celui précédent la crise sanitaire en 2019. Rapportée à la population, l’empreinte carbone est estimée à 9,2 t CO2 éq par personne en 2022.


Après une progression entre 1995 et le milieu des années 2000, le niveau de l'empreinte amorce une décroissance sur la dernière décennie. Sur la période 1995-2022, l’empreinte carbone a ainsi diminué de 7 %. Les émissions intérieures ont sensiblement diminué (- 33 %), tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues (+ 32 %). En 2022, les émissions associées aux importations représentent plus de la moitié de l’empreinte carbone (56 %).

 

Comparaison de l’empreinte carbone et des émissions sur le territoire national (inventaire national)
En millions de tonnes CO2 équivalent (échelle de gauche) – En tonnes de CO2 équivalent par personne (échelle de droite)

© SDES

(e) = estimations provisoires.
Note : l’empreinte et l’inventaire portent sur les trois principaux GES (CO2, CH4, N2O) hors UTCATF.
Champ : périmètre « Kyoto » soit la France métropolitaine et les Outre-mer appartenant à l’UE.
Sources : Citepa ; AIE ; FAO ; EDGAR-JRC ; Douanes ; Eurostat ; Insee. Traitements : SDES, 2023

 

À eux seuls, nos déplacements représentent 31,6 % de notre empreinte, à travers la consommation en carburant. Le logement est responsable de 22,6 % de nos émissions, avec le chauffage au gaz et au fioul comme poste important, ainsi que la construction. En troisième position, presque à égalité avec le logement, notre alimentation (produits agricoles et produits transformés par l’industrie agroalimentaire) représente environ 21,2 % de notre empreinte carbone. Vient ensuite l’achat de biens d’équipement (9,9 %), notamment informatiques, mais aussi vêtements et meubles. Enfin, les 14,7 % restant de notre empreinte carbone sont portés par les services : services marchands, activités de recherche et développement, médias, événements sportifs, santé, enseignement, etc.

Une politique de réduction des émissions de GES

En adoptant la loi relative au climat et à l’énergie du 8 novembre 2019, la France s’est fixée pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 en divisant les émissions de gaz à effet de serre par un facteur supérieur à six entre 1990 et 2050. Les trajectoires d’atténuation des émissions sont déclinées dans la stratégie nationale bas-carbone, en cours de révision. L’objectif de neutralité carbone vise la compensation des émissions incompressibles (environ 80 Mt CO2 éq par an) par les puits constitués par les terres agricoles, les forêts et des solutions technologiques nouvelles (capture et stockage de carbone). Cette ambition fait écho au Pacte vert pour l’Europe de 2021 qui vise la neutralité climatique de l’Union européenne à l’horizon 2050, en menant notamment des actions pour décarboner le secteur de l’énergie, rénover les bâtiments, aider les entreprises à innover dans le domaine de l’économie verte ou déployer des modes de transports plus propres.

La baisse des émissions de GES nécessite, outre des comportements individuels plus sobres, des investissements orientés vers une amélioration de l’efficacité énergétique dans l’ensemble des secteurs d’activité et un développement massif de la production d’énergie décarbonée. L’institut de l’économie pour le climat (I4CE) évalue le montant des investissements en France en faveur du climat. En 2022, ces investissements, provenant des ménages, des entreprises et des administrations publiques, sont estimés à 100 milliards d’euros (Md€), en augmentation de 12 % par rapport à 2021. La hausse des prix des équipements est responsable de la moitié de cette augmentation. Ces financements concernent les infrastructures, équipements et véhicules de transport bas carbone (33,9 Md€), la performance énergétique dans les bâtiments neufs (23,7 Md€), la rénovation énergétique des bâtiments (22,1 Md€) et la production d’énergie décarbonée (20,1 Md€).
 

Investissements favorables au climat, par secteur, en 2022
En milliards d’euros

© SDES

Source : I4CE, Panorama des financements climat, Édition 2023, décembre 2023

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Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2023 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

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Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

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